World Series ’24 : Yankees vs Dodgers, le match des franchises XXL

De nouvelles World Series signifient un nouveau match des franchises. Et quel match ! C’est une affiche exceptionnelle que nous offrent ces World Series 2024 avec le 12ème duel à ce niveau entre les New York Yankees et les Los Angeles Dodgers, deux franchises mythiques du baseball. Comme chaque saison, le match des franchises revisite l’ancienneté, le palmarès, les Hall of Famers, l’impact sportif, le poids économique et l’impact dans la culture populaire de chaque équipe. Qui sortira vainqueur de ce duel de légendes ? La réponse ci-dessous !

Ancienneté

Dodgers : Les Dodgers ne furent pas toujours l’équipe emblématique de Los Angeles (Angels who ?). Tous les fans de baseball le savent. Avant d’arriver dans la Cité des Anges, les Boys in Blue étaient les gars de Brooklyn, les représentants des petites gens du quartier de Flatbush et les pensionnaires d’Ebbets Field. Ils furent longtemps l’une des deux grandes équipes de New York avec les Giants, avant la prise de pouvoir des Yankees durant les années 1920 puis leur déménagement sur la côte Ouest en 1958 (quatre ans après les Giants).

Il faut dire que l’histoire des Dodgers remonte presque aux débuts de la MLB. La franchise est créée en 1884, sous le nom des Brooklyn Atlantics, au sein de la jeune American Association (1882) qui cessera ses activités en 1891. En 1890, les Dodgers rejoignent la première des Ligues Majeures, la National et ne la quitteront plus jamais. En revanche, ils quittent leur premier nom en 1885 et vont en changer souvent : Grays, Bridegrooms, Grooms, Bridegrooms (à nouveau), Superbas, Trolley Dodgers, Superbas (encore), Robins et enfin Dodgers dès 1932. En même temps, ça prend du temps de trouver un surnom cool !

Yankees : Les Yankees sont créés la même année que la Ligue Américaine, en 1901. Mais ils ne s’appellent pas encore les Yankees. À vrai dire, ils ne sont même pas à New York. Les plans de Ban Johnson pour créer une nouvelle franchise dans la Grosse Pomme sont bloqués par les New York Giants. Johnson fonde alors un club à Baltimore, les Orioles (qui n’ont rien à voir avec les Orioles d’aujourd’hui évidemment). Le club va vivre deux saisons là-bas, se permettant de piquer bon nombre de joueurs des Giants au passage.

Une conférence de la paix entre les deux ligues permet en 1903 de déménager le club à New York qui prend le nom officiel de Highlanders. Yankees n’est alors qu’un surnom mais celui-ci ayant les préférences de la presse, il devient le nom officiel du club en 1913.

Résultat : Les Yankees sont quasiment des petits jeunots comparés aux Dodgers, qui ont même débuté dans une ligue majeure aujourd’hui disparue. Les anciens de Flatbush remportent le premier point.

Palmarès

Dodgers : Malgré leur ancienneté, les Dodgers ne comptabilisent que 7 titres en World Series dont le premier n’arrive qu’en 1955 contre les Yankees. Il faut dire que les Bronx Bombers furent les bêtes noires des Dodgers en World Series, les Yankees étant les responsables de 6 de leurs 12 défaites dans les Séries Mondiales. Leurs 7 titres les placent quand même au 6ème rang des vainqueurs des World Series, derrière les Yankees (27), les Cardinals (11), les Athletics et les Red Sox (9), et leurs rivaux des Giants (8). Cela dit, dans le cœur des fans, les Dodgers comptent un 8ème titre après le scandale de triche des Astros de Houston en 2017. Là où le bât blesse, c’est sur le ratio « 7 titres en 22 apparitions en World Series ». Les Dodgers sont la 2ème franchise la plus présente à ce niveau après les Yankees (41) mais loin d’être la plus prolifique donc.

En revanche, avec 25 titres en National League, dont celui de cette saison, les Dodgers ont tout de même une étagère à trophées garnie depuis le premier fanion en American Association en 1889.

World Series (7) : 1955, 1959, 1963, 1965, 1981, 1988, 2020.

American Association (1) : 1889.

National League (25) : 1890, 1899, 1900, 1916, 1920, 1941, 1947, 1949, 1952, 1953, 1955, 1956, 1959, 1963, 1965, 1966, 1974, 1977, 1978, 1981, 1988, 2017, 2018, 2020, 2024.

Yankees : 27. Fin du game.

Vous en voulez plus ? Les Yankees, c’est la franchise la plus titrée du baseball et l’un des palmarès les plus glorieux du monde sportif. 27 World Series. 41 fanions de ligue remportés. Une domination sur le monde du baseball durant 4 décennies des années 1920 au début des années 60 puis durant une partie des années 70 et 90/2000. Autant de dynasties qui ont construit l’histoire du baseball comme aucune autre équipe.

World Series (27) : 1923, 1927, 1928, 1932, 1936, 1937, 1938, 1939, 1941, 1943, 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1956, 1958, 1961, 1962, 1977, 1978, 1996, 1998, 1999, 2000, 2009.

American League (41) : 1921, 1922, 1923, 1926, 1927, 1928, 1932, 1936, 1937, 1938, 1939, 1941, 1942, 1943, 1947, 1949, 1950, 1951, 1952, 1953, 1955, 1956, 1957, 1958, 1960, 1961, 1962, 1963, 1964, 1976, 1977, 1978, 1981, 1996, 1998, 1999, 2000, 2001, 2003, 2009, 2024.

Résultat : Vous voyez quand un perso de Mortal Kombat fait une fatality à la fin du combat contre le perdant. A vous d’imaginer la fatality que viennent de se prendre les Dodgers. Forcément violente.

Hall of Famers

Dodgers : De très nombreux joueurs et managers de légende, introduits au Hall of Fame, sont passés par les Dodgers (56) comme Tony Lazzeri, Casey Stengel, Al Lopez, Greg Maddux, Pedro Martinez ou Rickey Henderson. Sur l’ensemble de ces joueurs d’exception, 14 joueurs et 2 managers ont été introduits comme membres des Dodgers. Le plus connu de ces joueurs est assurément Jackie Robinson, dont le numéro 42 est le seul retiré dans tous les équipes. Le dernier en date : Gil Hodges en 2022.

On y trouve aussi Sandy Koufax, aka Le Bras Gauche de Dieu, l’un des meilleurs lanceurs de l’histoire de la MLB. Suivent Pee Wee Reese (que tout le monde a vu dans le film « 42 », short-stop légendaire), Roy Campanella (l’un des premiers Negro Leaguers à rejoindre Robinson en MLB), Burleigh Grimes, Willie Keeler, Wilbert Robinson, Don Sutton, Duke Snider, Dazzy Vance, Zack Wheat, Walter Alston et Don Drysdale. Les deux managers sont les mythiques Léo Durocher et Tommy Lasorda. A côté d’eux, quatre commentateurs sont à Cooperstown avec le trophée Ford C. Frick : Red Barber, Ernie Harwell, Jaime Jarrin et Vin Scully, qui nous a quittés en 2022.

Yankees : Côté Bronx Bombers, on ne sera pas étonné d’exploser tous les records avec 61 joueurs, managers ou propriétaires passés par le club, introduits au Hall of Fame. 24 l’ont été avec la casquette des Yankees dont 19 joueurs. Soit le meilleur total de la MLB.

Si la liste des Dodgers est impressionnante, celle des Yankees est hallucinante. Elle possède le meilleur joueur de tous les temps, Babe Ruth, et d’autres considérés comme le top du top du top : Lou Gehrig, Joe DiMaggio, Yogi Berra, Mickey Mantle, Mariano Rivera. Derrière, on complète la liste avec Tony Lazzeri, Bill Dickey, Jack Chesbro, Earle Combs, Whitey Ford, Lefty Gomez, Waite Hoyt, Goose Gossage, Joe Gordon, Red Ruffing, Reggie Jackson et Phil Rizzuto. Captain Clutch ou The Captain, aka Derek Jeter, a complété la liste en 2020, manquant d’une voix l’unanimité au premier tour mais terminant avec la deuxième meilleure élection à Cooperstown, derrière son coéquipier Mo Rivera.

Une des légendes des Yankees, Mickey Mantle.

On citera pour votre culture personnelle d’autres grands noms passés par les Bombers : Dave Winfield, Herb Pennock, Rickey Henderson, Catfish Hunter, Phil Niekro, Tim Raines, Ivan Rodriguez, Mike Mussina, Randy Johnson ou encore Johnny Mize.

A cela, il faut ajouter le propriétaire Jacob Ruppert qui fit des Yankees dans les années 20 la première force du baseball, en achetant notamment Babe Ruth et les autres stars des Red Sox entre 1920 et 1923. Autre dirigeant élu : George Weiss qui fut directeur du farm-system puis General Manager des Yankees de 1932 à 1960, grand artisan de la domination des Pinstripes. Et enfin, quatre managers légendaires des belles années Yankees : Joe McCarthy, Casey Stengel, Miller Huggins et Joe Torre.

Pour les récipiendaires du trophée Frick, trois élus : Red Barber, Buck Canel et surtout le mythique Mel Allen.

Résultat : Que de légendes ! Quel choix cornélien ! Mais, même si les Dodgers alignent Jackie Robinson et Sandy Koufax, les Yankees alignent Babe Ruth, Lou Gehrig, Joe DiMaggio, Mickey Mantle, Yogi Berra, Derek Jeter ainsi que le seul joueur élu à l’unanimité à sa première année, Mariano Rivera. Désolé, les Dodgers sont comptés et c’est le KO technique.

Impact Sportif

Dodgers : Au contraire des Yankees, et même des Athletics, des Reds ou des Orioles, les Dodgers n’ont jamais possédé une équipe considérée comme l’une des meilleures de l’histoire de la MLB mais certaines de leurs saisons sont rentrées dans l’histoire comme celle de 1942 où ils ont passé les 100 victoires avec 104 parties gagnées… mais ce sont les Cardinals avec 106 victoires qui remporteront le fanion de la NL cette année-là! Bien sûr, les Dodgers dominent quasiment à chaque fois la saison régulière depuis le milieu des années 2010 mais un seul titre, sur une saison tronquée, est venu couronné de succès cette domination souvent en papier, avec de véritables chokes en postseason.

Les vraies saisons historiques des Dodgers resteront à jamais 1947 et 1955 (première victoire en World Series avec un vol de marbre de Jackie Robinson dans le match 1). La première saison citée est bien entendu celle de l’arrivée de Jackie Robinson en MLB après une saison en Ligues Mineures. Les courages de Branch Rickey, alors General Manager des Dodgers qui décida de son recrutement, et de Jackie Robinson, qui vécu un chemin de croix pour se faire accepter, permettront à la MLB de rentrer pleinement dans le 20ème siècle en brisant la Color Barrier ségrégationniste. C’est un événement historique qui a marqué l’ensemble du sport US et, au-delà, la société américaine, célébré depuis chaque 15 avril avec le Jackie Robinson Day.

La fin de la barrière raciste a également libéré un potentiel sportif, celui des Negro Leagues où se jouait un baseball aussi bon qu’en MLB et possédant parmi les meilleurs joueurs de tous les temps, au premier rang desquels se trouvaient Satchel Paige et Josh Gibson. D’ailleurs, même si certaines équipes tarderont à s’y mettre, de nombreuses stars et prospects des Negro Leagues vont rapidement débarquer en MLB avec succès : Don Newcombe, Roy Campanella, Larry Doby pour ne citer qu’eux.

Bien sûr, en plus des joueurs afro-américains, la voie sera ouverte pour les joueurs hispaniques puis asiatiques. Willie Mays, Ernie Banks, Felipe Alou, Roberto Clemente, Hideo Nomo, Ichiro Suzuki… merci qui ? Merci les Dodgers ! D’ailleurs, les Dodgers seront la première équipe à engager un coréen (Chan Ho Park, 1994) et un taïwanais (Chen Chin-Feng, 2002) ainsi que le deuxième japonais (Hideo Nomo, 1995).

De la fin des années 40 aux débuts des années 80, les Dodgers furent l’une des meilleures équipes de la MLB, régulièrement en World Series bien que peu victorieux. Que ce soit dans les Séries Mondiales ou dans les Séries de la Nationale, les Dodgers vont se frotter aux meilleures équipes de l’histoire, les Yankees de DiMaggio ou des M&M Boys, bien entendu, mais aussi les incroyables Athletics et Reds des années 1970 qui vont donner quelques unes des meilleures équipes de la MLB. Des obstacles qui les empêcheront de glaner bien des trophées avant de baisser de niveau durant les années 80 et la décennie suivante.

Yankees : Si on regarde la MLB sur le temps long, les Yankees riment avec gloire et domination.

Les Yankees ont tout d’abord outrageusement dominé le baseball des années 1920 aux prémices des sixties, remportant 20 World Series durant cette période dont les premiers triplés (1936-1938), quadruplé (1936-1939) et quintuplé (1949-1953). Elle est encore aujourd’hui la seule équipe à avoir réalisé un quadruplé et un quintuplé. Un autre triplé fut réalisé entre 1998 et 2000, période où les Yankees ont de nouveau trôné tout en haut du baseball majeur.

Ces épopées sportives sont rentrées dans la légende et on débat encore aujourd’hui de savoir qu’elle fut la meilleure équipe des Yankees et, in fine, de l’histoire de la MLB. Pour certains, il s’agit du Murderers’ row de 1927 avec Babe Ruth et Lou Gehrig notamment. D’autres évoquent le Fearsome Four de 1939 avec DiMaggio, Bill Dickey, George Selkirk et Charlie Keller ; les Yankees des M&M’s Boys en 1961 (Mickey Mantle, Roger Maris et leur fabuleuse course aux homeruns pour battre le record du Babe) et enfin la Nouvelle Dynastie du Core Four et leur saison exceptionnelle de 1998 (Derek Jeter, Mariano Rivera, Jorge Posada et Andy Pettitte) ; sans oublier le Bronx Zoo de 1977-1978 ou la Stengel’s Squad de 1951-1959.

De plus, les Yankees ont révolutionné le jeu comme aucune autre équipe. Bien sûr, d’autres franchises ont apporté beaucoup au baseball au niveau sportif. On pense aux Dodgers, cités plus haut, qui ont ouvert la voie aux joueurs afro-américains et donc au jeu pratiqué dans les Negro Leagues puis dans les pays latino-américains. Mais les Yankees ont changé radicalement l’histoire du baseball quand, en engageant le lanceur Babe Ruth, ils l’ont repositionné en joueur de champ pour en faire un frappeur à temps complet (même si les Red Sox avaient déjà entamé ce changement la saison précédent son arrivée dans le Bronx). Ce dernier s’est donc transformé en power hitter, et à vrai dire, il fut le premier power hitter de l’histoire du baseball moderne.

En 1920, ce changement amène la fin de la Dead Ball Era et le début de la Live Ball Era. Le baseball n’est plus uniquement un jeu défensif et de gagne-terrain mais un jeu de puissance où le duel lanceur-frappeur change de dimension. Le baseball que l’on connaît aujourd’hui est issu directement de ce changement et ce sont les Yankees qui en sont à l’origine avec les Red Sox.

Les Yankees devinrent tellement dominants qu’ils finirent par faire fuir les deux équipes historiques de la ville, les Giants et les Dodgers, qui préférèrent tenter la ruée vers l’or en Californie dans les années 1950, modifiant à jamais le visage de la National League et des Ligues Majeures. Ce sont aussi les Yankees, grâce ou à cause de la voracité et la volonté de gagner de Georges « The Boss » Steinbrenner, qui vont accélérer la mise en place de la Free Agency au milieu des années 1970. Ce seront également les premiers à utiliser un Designated Hitter avec Ron Bolmberg en 1973. Par la performance ou par le chéquier, les Yankees ont profondément participé à transformer la MLB pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui, pour le meilleur comme le pire selon comme on voit les choses.

Résultat : Dodgers et Yankees ont façonné le baseball d’aujourd’hui, ont participé à transformer le jeu et ses à-côtés. Comment alors les départager alors que leur impact respectif sur ce sport fut si grand. IM-POS-SI-BLE ! Je prononce une égalité !

Jackie Robinson… tout changea grâce à lui et aux Dodgers !

Poids économique

Dodgers : Les Dodgers sont un monstre économique. Le magazine Forbes a évalué la valeur de la franchise à 5,45 milliards de dollars en 2024 (contre 3 en 2020) soit la franchise la plus chère et la plus puissante économiquement après les Yankees de New York (et 15ème mondiale, tous sports confondus en 2023). Normal puisque, si New York est logiquement le premier marché MLB, Los Angeles, deuxième ville du pays, est tout logiquement le deuxième marché. Et ce, malgré la « concurrence » des Angels. Comme les Pinstripes, les Boys in Blue font marcher à fond le merchandising, le logo du club étant devenu le logo de la ville comme dans la Big Apple. Il suffit de voir en France : casquettes, sweat, tee-shirt avec les logos des Yankees et des Dodgers sont légion, bien plus que les autres franchises de la MLB.

De plus, le Dodger Stadium, alias Chavez Ravine, fait le plein avec plus de 3,9 millions de spectateurs cumulés et une moyenne de 48657 spectateurs en match cette saison, ce qui en fait le leader MLB devant les Yankees. En fait, il domine ce classement des affluences MLB depuis 2013 sans discontinuer. Et les droits TV des Dodgers, qui ont atteint les 8,35 milliards, assurent un bel avenir pour l’ex-équipe de Brooklyn.

Yankees : Oui, The Evil Empire est blindé de pognons. Normal pour la franchise qui domine le classement MLB en valeur économique (7,55 milliards $ en 2024) et revenus (679 millions $ en 2023), devant son dauphin de Los Angeles (les Dodgers, pas les Angels, soyons sérieux). Une puissance économique due au premier marché sportif d’Amérique avec New York et à la ville elle-même dont l’équipe est devenue le symbole, s’exposant sur des millions de casquettes (en autres) à travers le monde depuis des décennies. Autant de rentrées d’argent qui accompagnent la deuxième affluence au stade de la MLB en 2024 (3,3 millions) et le premier rang au niveau des retransmissions TV.

Tout ceci permet aux Yankees de dominer le baseball et même le monde sportif, sa valeur étant la deuxième au monde derrière les Dallas Cowboys (NFL) et devant les cadors du football que sont les Real Madrid, FC Barcelone et Manchester United (je n’ai pas parlé du PSG car je parle des cadors), ou encore les équipes NBA.

Résultat : Deux équipes très très riches mais les Yankees le sont plus. Ils sont l’équipe de baseball la plus connue au monde, en dehors des fans du jeu, et le symbole de New York, un avantage marketing indéniable. Elle est la seule franchise MLB à dominer les clubs de football et seuls les Dallas Cowboys de la NFL font mieux. Même les franchises NBA ne font pas le poids. Alors, certes, les Dodgers semblent mieux gérer leur fortune en matière de recrutement mais, sur le papier qui sert à imprimer des dollars, ce sont les Yankees qui raflent la mise de deux milliards.

Impact dans la culture populaire

Dodgers : J’en ai parlé précédemment mais l’image de marque des Dodgers est et restera Jackie Robinson. Un des actes fondateurs de la réconciliation nationale pour lutter contre la ségrégation. L’histoire de Jackie Robinson, de Branch Rickey et des Brooklyn Dodgers a été plusieurs fois portée à l’écran, notamment par Jackie Robinson lui-même en 1950 et récemment avec le film « 42 ». Il a fait l’objet également de nombreuses publications et, même en France, son histoire est régulièrement reprise.

Le regretté Chadwick Boseman dans « 42 »

Sandy Koufax fut également important et marquant dans l’histoire du club, de la MLB et des États-Unis. Lanceur extraordinaire, il permettra aux LA Dodgers d’avoir un joueur les sortant de l’ombre de Jackie Robinson et des Brooklyn Dodgers. Ayant lancé un perfect game, refusant de jouer un match de World Series durant Yom Kippour et considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, il reste un monument de la culture populaire sportive US.

Mais les Dodgers, comme les Giants, représentent bien plus dans une Amérique nostalgique d’un passé glorieux et sans tâche (bien que fantasmé). Le déménagement des Giants et des Dodgers sur la côte Ouest fut vécu comme une trahison à New York. Le départ des Dodgers donna même le goût à la politique et au militantisme au démocrate Bernie Sanders. Leur stade, Ebbets Field, fut détruit comme le Polo Grounds des Giants. Cette destruction leur conférera une dimension à la fois poétique et mythique d’une Amérique nostalgique, une dimension bien explorée dans le livre culte de WP Kinsella, « Shoeless Joe ».

D’ailleurs, malgré leur déménagement, la rivalité Dodgers-Giants reste l’une des plus âpres du baseball et du sport américain, bien plus qu’avec les Angels, derby de moindre valeur. La rivalité avec les Yankees reste également vivace mais plus par nostalgie, renvoyant à un passé glorieux de la franchise et à une époque rêvée du baseball.

On peut mentionner que les Dodgers seront l’équipe perdante d’un match considéré comme l’un des plus importants du baseball, le Miracle de Coogan’s Bluff de 1951 où fut frappé « The Shot Heard ‘Round The World ». Un autre homerun, celui si victorieux, garnit également la légende des Dodgers dans la culture populaire américaine, le walk-off homerun d’un Kirk Gibson blessé, pinch hitter malgré tout, lors du match 1 des World Series 1988. Et rendons hommage à Fernando Valenzuela, qui vient de décéder à quelques jours des World Series 2024, lanceur iconique des Dodgers, et qui fut à l’origine de la FernandoMania qui embrasa la MLB dans les années 1980.

Enfin, on ne peut parler culture populaire des Dodgers sans évoquer Vin Scully, légendaire commentateur de la franchise qui a pris sa retraite en 2016 après 66 ans de bons et loyaux services à suivre l’équipe, de Brooklyn à Los Angeles. Une retraite qui donna même des articles en France tant il fut une institution à lui seul, à l’instar de Harry Caray aux Cubs. Il nous a quitté en 2022.

Yankees : Du côté du Bronx, la grande rivalité est avec les Red Sox de Boston, considérée comme la plus grande du monde sportif américain. Cette rivalité eut, d’abord, une saveur particulièrement goûteuse jusqu’en 2004, la saveur de la gloire et d’une gloire sans partage. Tandis que les Red Sox allaient de désillusions en désillusions, les Bronx Bombers accumulaient les titres et leurs joueurs de légende devenaient des demi-dieux de la mythologie américaine de Babe Ruth à Derek Jeter, en passant par Lou Gehrig, Joe DiMaggio, Mickey Mantle et Mariano Rivera. Chacun d’entre-eux représentaient plus que lui-même ou que le baseball. Ils furent une sorte de photographie de la société américaine, réelle ou fantasmée. L’appétit de Babe Ruth pour les records, la nourriture, les femmes et la joie de vivre représenta les années folles. Lou Gherig fut un modèle comme plus tard Mickey Mantle, Derek Jeter et Mariano Rivera à des périodes où les États-Unis se cherchaient des repères de vertu face aux ténèbres. Ces personnalités dépassèrent le cadre du baseball et cela fit des Yankees plus qu’un club, particulièrement des années 20 aux sixties, alors que le baseball était une religion interconfessionnelle pour tous les américains et le Yankee Stadium sa première église.

Ceci marcha également pour leurs dynasties sportives qui rentrèrent dans le panthéon de la mythologie américaine, du Murderers’ row de 1927 au Core Four de 1998. On pense souvent aux Fearsome Four de 1939, aux M&M’s Boys de 1961 mais n’oublions pas le Bronx Zoo de 1977/78 où les Yankees retrouvèrent les joies de la victoire après une décennie de disette alors que la ville de New York vivait l’une des périodes les plus sombres de son histoire entre criminalité galopante, faillite de la ville et misère sociale.

Cette longue domination, bien aidée par des moyens financiers plus importants que les autres franchises, fit des Pinstripes l’Empire du Mal, The Evil Empire, notamment à partir des années 50 (Damn Yankees). Les Yankees acceptèrent ce rôle et aujourd’hui encore s’en amusent dans leur communication, reprenant l’univers de Star Wars. Ce rôle, à la fois d’opposant maléfique et de club numéro 1, au centre de l’Histoire et des légendes, a permis aux Yankees de truster les références dans la culture populaire, le cinéma, la télévision, la littérature.

Les Yankees est l’équipe qui a le plus investi le monde du cinéma avec des films comme « 61* » de Billy Crystal (sur l’année 1961 des M&M’s Boys et le record contesté de 61 homeruns de Roger Maris), « The Pride of the Yankees » avec Gary Cooper (sur la vie de Lou Gehrig), « Gentleman Babe » avec John Goodman (sur qui vous savez), « La Révélation » avec Brendan Fraser, « Bronx is Burning » ou encore « Bang the Drum Slowly » avec Robert De Niro où l’équipe des NY Mammoths s’inspire des Yankees. C’est aussi l’équipe préférée pour être l’antagoniste des films de baseball. C’est le cas dans « Major League », « Rookie of the Year » ou encore « For the Love of the Game ».

« The Pride of the Yankees », biopic sur la vie de Lou Gehrig avec Gary Cooper jouant The Iron Horse. Le film sort l’année suivant le décès de la légende des Yankees.

Que ce soit ses équipes ou ses joueurs de légende, le club du Bronx a également inspiré la littérature, la musique et bien d’autres formes d’art. On pourrait aussi parler Joe DiMaggio et Marylin Monroe ou du discours de retraite en 1939 d’un Lou Gehrig condamné à mort par la SLA, qu’on appelle ici maladie de Charcot mais qui prend le nom de maladie de Lou Gehrig outre-Atlantique (« je me considère comme l’homme le plus chanceux à la face du monde »). Autant de moments qui ont dépassé le cadre du monde sportif pour écrire la mythologie de la nation américaine.

Après 2004 et la vict… la victoi…. enfin, après 2004, le règne des Yankees fut malmené mais la franchise reste considérée comme la plus mythique du baseball, le symbole de New York et d’une certaine idée de l’Amérique.

Résultat : Nouvelle égalité. Évidemment ! On parle de deux franchises iconiques, qui ont raconté l’histoire moderne américaine, sombre et lumineuse à la fois, mais qui l’ont aussi écrite. On ne peut départager leur impact sur la société américaine et sa culture populaire.

Verdict

Sur le plan comptable, ce duel se termine sur une victoire 5 à 3 des Yankees sur les Dodgers. Mais, soyons honnête, une égalité n’aurait pas été une si grande injustice. Cependant, les Yankees gagnent plus. Plus de titres, plus de joueurs de légendes, plus d’argent. Ils restent LA franchise du baseball au-delà même de la MLB. Ce sont deux mythes qui se sont affrontés dans ce match des franchises mais un des mythes a brillé plus intensément dans l’histoire du baseball. Le duel fut serré, peut-être à l’image des World Series qui arrivent. Avec le même résultat ?

Pour en savoir plus, écouter et ré-écouter notre épisode du podcast En Toute Franchise sur les New York Yankees.


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