En octobre 2019, on quittait les Astros à trois petites manches d’un 2e titre en trois ans. Mais depuis ce HR concédé par Will Harris, tout va de travers pour la franchise de Houston. Le départ de son ace Gerrit Cole et son nouveau contrat record signé du côté des Yankees, un mercato très calme mais surtout l’ouverture d’une enquête pour triche lors du sacre 2017. Et bien 2020 est reparti sur les mêmes bases puisque le commissionnaire de la MLB, Rob Manfred, a dévoilé les résultats de ses investigations le lundi 13 janvier, ainsi que les sanctions à l’encontre du club texan. Outre la triche, le rapport expose clairement de gros défauts dans les fondations de la franchise.

On est le lundi 13 janvier et Jim Crane, propriétaire des Astros, s’avance, visage sombre malgré la lumière aveuglante des flashs et des lumières de caméras. On le sent, il n’est pas là pour annoncer une bonne nouvelle. Bien au contraire. Le couperet tombe en direct à la télévision, il va mettre un terme à 5 ans d’une idylle qui semblait si parfaite. De façon soudaine et avec un froid à réchauffer nos nuits d’hiver, il informe la presse qu’il se sépare de son GM, Jeff Luhnow, et de son coach, AJ Hinch. Cette intervention fait suite aux révélations du commissionnaire de la MLB, Rob Manfred, sur l’affaire de triche des Astros lors de la saison 2017, celle du seul et unique titre de la franchise. Dans un communiqué qui a fait l’effet d’une bombe, le patron de la Ligue dévoile les sanctions qui découlent des résultats de son enquête. Et c’est du lourd :
🚨🚨🚨 Breaking News 🚨🚨🚨
Les sanctions contre les Astros sont tombées !! Et c’est du lourd.
– Le GM, Jeff Luhnow et le coach, AJ Hinch sont suspendus pour la saison 2020
– 5 millions d’amende
– Pas de premier ET de deuxieme tour de draft en 2020 et 2021— The Strike Out (@TheStrikeOutFr) January 13, 2020
Jim Crane n’avait pas le choix, il devait éteindre l’incendie. Il doit donc se séparer des deux piliers de sa franchise. Selon Tom Verducci de Sports Illustrated : AJ Hinch a été prévenu juste avant l’intervention de son président et a été choqué par cette décision, même s’il s’attendait à une sanction de la part de la MLB pour ne pas avoir empêché son équipe d’employer ce vol de signe. Car, dans le rapport de la Ligue il est stipulé que le coach des Astros n’est absolument pas à l’origine de cette pratique. Malgré sa surprise, le désormais ex-coach des Astros, à la tête d’une équipe qui a remporté au moins 100 victoires sur 3 saisons consécutives, est parvenu à répondre à son président qu’il comprenait cette décision et qu’il souhaitait le meilleur aux Astros pour la suite. Tout le contraire de Jeff Luhnow qui, toujours selon Tom Verducci, est resté de marbre après l’annonce de son président. Un exemple du mal qui ronge le front office de Houston.
Une perte d’âme
Car oui, après un lourd rebuild, Jeff Luhnow est tout de même parvenu à instaurer la mentalité de la gagne. Mais à quel prix ? Car on se rend compte que c’est finalement une mentalité avec énormément de défauts et surtout déconnectée du monde réel dans ses relations avec le public, les médias et les autres franchises. Vouloir gagner à tout prix a poussé les Astros à franchir la ligne et le rapport de Manfred est accablant dans ce sens. Selon ce dernier : “Houston a utilisé de nombreuses techniques pour tricher et voler les signes : une montre intelligente, des smartphones, le téléphone du dugout, une poubelle, siffler, applaudir, l’écran du replay […].” La liste continue, continue et continue. A ce niveau, on peut presque parler d’espionnage industrielle tant l’ensemble de la franchise semble impliquée. Dans sa quête presque maniaque du titre suprême, le club en a perdu sa décence et sa morale afin d’acquérir ne serait-ce qu’un petit avantage supplémentaire. “Une mentalité de seul contre le monde s’est installée, privilégiant la réussite et le succès plutôt que la considération. Cela combiné à un front office qui a souvent manqué de supervision et de ligne directrice. Et on se retrouve dans cette situation” continue le rapport de la MLB, qui n’y va pas de main morte avec le front office.

Pourtant Houston c’était la belle histoire de la MLB ces dernières années. Une franchise de la lose qui entame une révolution pour aller chercher un titre contre les gros mastodontes de la Ligue. Le public et les médias s’étaient même mis à aimer cette équipe, composée à majorité de joueur de son cru. Mais cette affection s’est lentement étiolée. D’abord et surtout avec l’arrivée de Roberto Osuna, accusé et condamné pour violences conjugales. Un transfert qui a fait réagir négativement l’ensemble de la Ligue et même ses propres joueurs. Une levée de boucliers qui a dû accentuer le sentiment d’isolationnisme du club, déjà critiqué pour sa façon de faire, largement basée sur les stats. Un autre événement découle de la collaboration avec le closer mexicain. En octobre 2019, alors que Houston commence à être sérieusement dans l’oeil du cyclone, l’assistant GM Brandon Taubman ne trouve rien de mieux à faire que de faire des blagues sur Roberto Osuna devant des femmes journalistes. Le pire, c’est que Houston dans un premier temps nie en bloque les révélations en défendant son homme avant de faire machine arrière et de renvoyer le bras droit de Luhnow. Une nouvelle preuve des défauts relationnels des membres du front office. Et enfin désormais les preuves de triche lors de la quête du titre en 2017. En seulement trois ans, Houston a réussi à passer de la petite préférée de l’Amérique à l’ennemi honni. L’amour dure 3 ans, c’est ça ?
C’est quoi la suite ?
Jim Crane a surement pris la bonne, même si difficile, décision de renvoyer Luhnow et Hinch. Histoire de faire table rase du passé. Même si on le répète, et le rapport a été clair la-dessus, le seul “crime” de l’ex-manager des Astros est de ne pas avoir su (pu ?) mettre un terme à cette pratique. Le monde du baseball pourra lui pardonner et il ne fait aucun doute qu’il devrait retrouver un poste dès que sa suspension d’une année prendra fin (après les World Series 2020). En revanche pour Luhnow ce sera beaucoup plus dur de retourner dans le monde du baseball tant le rapport est accablant. Toutes ses méthodes sont démontées par la MLB. Surtout qu’en septembre 2017, la Ligue a fait passer un message à l’ensemble des franchises sur l’utilisation de l’électronique pour le vol de signes. Et qu’en cas d’utilisation les sanctions seront lourdes. Selon plusieurs sources, Jeff Luhnow aurait décidé de ne pas prendre en compte ce message. C’est ballot.
Pour la franchise, c’est également un gros coup. Non pas financièrement, malgré l’amende, puisque le club n’est pas à plaindre à ce niveau mais plutôt sportivement. Vous le savez, je suis un grand fan des équipes de Houston (oui je passe un très mauvais début d’année, p***** de fake punt) mais il me semble évident que la fenêtre de tir pour un nouveau titre se réduit. En effet, à la fin de cette saison, George Springer sera libre, tout comme Josh Reddick, Michael Brantley ou encore Yuli Gurriel. Pour celle d’après, c’est encore pire puisque c’est Verlander, Greinke, Carlos Correa et Lance McCullers qui se retrouveront libres. Un gros coup pour l’équipe et sans premier ni deuxième tour de draft, difficile de reconstruire une équipe. D’autant que le farm system est bien loin de son lustre d’antan. On peut se diriger vers une période difficile.
Alors que les beaux jours arrivent et que le Spring Training pointe le bout de son nez, Houston reste dans le noir. Jim Crane a annoncé que Joe Espada, bench coach de l’équipe en 2019, va assurer l’intérim pour le moment. Mais pour combien de temps ? Une année en attendant le retour de Hinch ? Ou quelques semaines avant qu’un candidat extérieur ne soit retenu. Mais avant tout, le propriétaire des Astros va devoir désigner un nouveau GM. Une chose qu’il n’a fait qu’une fois depuis qu’il a pris le contrôle de la franchise. C’était en 2011 avec un certain Jeff Luhnow. Même si le front office regorge de personnes compétentes, peut-il vraiment repartir avec une équipe à l’image aussi ternie ? Pour que le bateau reprenne le large, il faudrait un vent nouveau. Un vent pour s’éloigner de tout ces problèmes.
7 réflexions sur “Houston Astros : la fin d’un mythe …”