Les 5 meilleurs matchs par un lanceur partant en 2019

Une nouvelle année commence ! 2020 est arrivée et tel le rêve de tout écolier, c’est le moment de distribuer les bonnes notes. Au Nouvel An, juste après voir vu “la balle” tomber dans Times Square à New York, nous vous proposions un classement des meilleurs lanceurs des années 2010 sur l’ensemble de leur œuvre ces dix dernières années.

Comme, à proprement parler, la nouvelle décennie n’a pas encore démarré, aujourd’hui nous revenons sur l’année 2019 et les lanceurs qui ont réussi sur un match à dominer le plus les frappeurs adverses. La question se pose alors : quels lanceurs ont fait les meilleurs matches l’an dernier ? Surtout, comment mesurer la domination d’un lanceur ?

A première vue, empêcher le batteur de faire le moindre contact avec la balle semble être le but ultime du lanceur. Dans ce sens, le match avec le plus de swings manqués serait le plus impressionnant, ou celui avec le plus de strikeouts. Après tout cette stat est plus facile à trouver que la précédente. Dans ce cas nous devrions couronner Chris Sale, auteur de 17 strikeouts le 14 mai face aux Rockies. Aucun lanceur n’en a obtenu autant depuis les 20 K de Max Scherzer en mai 2016, et Chris Sale n’a eu besoin que de 7 manches ! Un record. Mais Chris Sale a aussi concédé un 2-run home run dans ce match et ce qui se passe lorsque le batteur réussit à frapper la balle est tout aussi important.

En 2019 en MLB, les records de home runs et de strikeouts se sont une nouvelle fois envolés. A l’inverse, les lanceurs partants atteignent toujours aussi rarement la fin des matches. 45 Complete Games et 26 Shutouts seulement sont ainsi à comptabiliser sur l’année, c’est légèrement mieux que les records de 2018 (42 CG et 19 CGSHO).

Par sa rareté, c’est donc la capacité à aller au bout qui sera un critère déterminant de notre liste. Le tout en ayant supprimé au mieux les chances de marquer de l’adversaire. Heureusement pour nous, il existe une stat qui prend tout cela en compte et s’adapte parfaitement à la durée d’un match. Il s’agit du Game Score. Développée dans les années 80 par la légende vivante Bill James, cette stat prend la ligne de stats d’un lanceur partant et en fait sortir, tel un jus multifruits de stats, un nombre unique pour évaluer la réussite de ce lanceur lors de ce match. Plus tard, Tom Tango (autre grande figure de l’analyse moderne du baseball) reprendra les travaux de Bill James avec une méthode permettant de mieux distinguer les performances exceptionnelles. Naturellement, le Game Score de Tom Tango atteint des valeurs plus élevées. Ci-dessous, les formules (simplissimes) permettant de calculer le Game Score selon ces deux méthodes :

  • Version de Bill James (utilisée à Baseball Reference) : Game Score = 50 + Outs + 2*(IP après la 4ème) + Strikeouts – Hits – 4*Earned Runs – 2*Unearned Runs – Walks
  • Version de Tom Tango (utilisée à FanGraphs) : GSv2 = Constante (42 dans l’AL et 40 dans la NL en 2019) + 2*Outs + Strikeouts – 2*Walks – 2*Hits – 3*Runs – 6*HR

Pour répondre à la question posée plus haut dans cet article, nous vous présentons le Top 5 des matches avec le plus haut Game Score en 2019. Avant de commencer cependant, n’oublions pas de mentionner quelques performances inoubliables de la saison passée.

  • Kyle Hendricks le 5 mai face aux Cardinals : CGSHO en 81 lancers, 4 hits et 3 strikeouts. Game Score = 82 (89 d’après GSv2). Redoutable d’efficacité.
  • Stephen Strasburg le 31 août face aux Marlins : 8 manches, 0 run, 2 hits et 14 strikeouts. Tout près de notre Top 5. Game Score = 92 (98 selon GSv2).
  • Gerrit Cole en Game 2 des ALDS face aux Rays : 7 2/3 manches, 0 run, 4 hits, 1 walk, 15 strikeouts. Game Score = 86 (93 selon GSv2). Démonstration en playoffs.
  • Max Scherzer en Game 2 des NLCS face aux Cardinals : 7 manches, 0 run, 1 hit, 2 walks, 11 strikeouts. Game Score = 84 (87 selon GSv2). Une autre démonstration en playoffs.

Sans trop de surprise, le Top 5 est exclusivement constitué de Complete Game Shutout. Plus étonnant, dans ces 5 matches c’est le lanceur partant de l’équipe jouant à l’extérieur qui s’est illustré, réduisant les battes et les supporters au silence.

#4 et 5 (exæquo) : 9 manches, aucun run, aucun walk, 3 hits, 12 strikeouts. Game Score = 93, (GSv2 = 102)

Ils sont deux à avoir réussi cette même exacte performance hors-du-commun cette saison. Chris Sale le 5 juin face aux Kansas City Royals et Lucas Giolito des White Sox le 21 août face aux Minnesota Twins. Difficile de les départager. S’il faut choisir, on pencherait volontiers Giolito face à l’armada des Twins (307 homeruns en 2019, record historique MLB) en notant que les Royals n’ont remporté que 59 victoires l’an dernier.  Soulignons toutefois l’immaculate inning de Chris Sale dans la 8ème manche (9 lancers, 3 strikeouts), sa seconde de la saison ! Le gaucher des Red Sox a retiré les 15 derniers batteurs des Royals, après un hit à l’entame de la 5ème manche. Aucun runner n’a atteint la 2ème base contre lui, tandis que Giolito a concédé un double dans la 8ème manche et une frappe à 110mph de Nelson Cruz qui a fini dans le gant d’Adam Engel dans le champ centre. Même si la ligne de stats est identique, d’autres facteurs semble indiquer que Sale a dominé les Royals plus que Giolito les Twins, ce qui devrait ne surprendre personne.

#3 : 9 manches, aucun run, 1 walk, 1 hit, 10 strikeouts. Game Score = 94, (GSv2 = 102)

Deux semaines après avoir été nommé MVP du All Star Game à domicile à Cleveland (3 strikeouts dans une manche parfaite), Shane Bieber des Indians rencontre les Blue Jays le 24 juillet au Rogers Centre. Ce n’est pas la seule fois que les Blue Jays apparaissent du mauvais côté dans ce Top 5… Avec le score à 1-0 en faveur des Indians dans la 7ème manche, Eric Sogard frappe un double, le premier et dernier hit des Blue Jays dans ce match. Puis une fastball de Bieber percute la main et la batte de Lourdes Gurriel Jr. Après avoir vérifié le ralenti, les umpires accordent un HBP à Gurriel, plaçant un second runner en base pour les Blue Jays avec 1 out. Bieber se sortira brillamment de cette situation en retirant Vladimir Guerrero Jr et Justin Smoak, ainsi que les 6 derniers frappeurs des Blue Jays.

Bieber et Giolito sont les deux seuls lanceurs avec 3 Complete Games en 2019. Sandy Alcantara est le seul autre lanceur avec 2 CGSHO en 2019. Il n’y en avait aucun en 2018. Le second shutout de Bieber paraît peut-être même plus impressionnant que celui-ci (15 strikeouts, 5 hits et 0 walk) jusqu’à ce qu’on se rende compte que ses adversaires étaient les Orioles de Baltimore, auteurs d’une triste saison à 108 défaites.

#2 : 9 manches, aucun run, aucun walk, 1 hits, 9 strikeouts. Game Score = 94 (GSv2 = 101)

Vous l’avez sûrement oublié, ce quasi no-hitter intervenu en début de saison était le premier CGSHO de l’année. Son auteur est German Marquez face aux San Francisco Giants le 14 avril pour son 3ème match de la saison. C’est aussi le seul match de ce Top 5 ayant eu lieu dans un stade de Ligue Nationale, ce qui a permis à Marquez de ressentir brièvement la douleur de ses adversaires avec une performance à la batte de 0 sur 3 avec 2 strikeouts, un sacrifice bunt manqué et un autre réussi.

Marquez élimine les 15 premiers Giants mais un changeup s’abat droit sur Kevin Pillar dans la 6ème manche pour un HBP signifiant la fin du Perfect Game. Le droitier des Rockies continue malgré tout son no-hitter jusqu’en 8ème manche. Le premier lancer est frappé par Brandon Crawford et brillamment rattrapé par Arenado. 3 lancers plus tard, avec le compte à 0-2, Evan Longoria profite d’une balle courbe restée suspendue en plein milieu de la zone pour frapper le seul hit des Giants dans ce match. Marquez n’aura aucun mal à retirer les 5 derniers batteurs des Giants pour compléter ce chef d’œuvre.

#1 : 9 manches, aucun run, aucun hit, 1 walk, 14 strikeouts. Game Score = 100 (GSv2 = 108)

Justin Verlander réussit cet exploit le 1er septembre face aux Toronto Blue Jays, un No-Hitter ! Son troisième en carrière (et second sur le terrain de Toronto) devenant ainsi le 6e lanceur de l’histoire à avoir réussi plus de deux “no-no”. Et pas n’importe lequel puisque plus de la moitié des retraits obtenus n’ont demandé aucune participation défensive, si ce n’est celle du catcher. On peut comparer au no-hitter de Mike Fiers avec ses 6 strikeouts, 2 walks et quelques sauvetages défensifs spectaculaires. Cette performance historique a sûrement joué pour le vote d’AL Cy Young que Verlander a remporté devant son (désormais ancien) coéquipier Gerrit Cole.

Ce Game Score tout rond place ce match 4ème meilleur des 20 dernières années d’après Baseball Reference, à égalité entre autres avec le Perfect Game de Randy Johnson en 2004 et le lauréat de l’an dernier (CGSHO à 1 hit et 16 strikeouts par Gerrit Cole). Et dire que cela faillit ne pas suffire pour offrir la victoire aux Astros face aux Blue Jays ! En effet, le score était toujours de 0-0 avec 2 outs dans le haut de la 9ème manche. Le rookie Abraham Toro, originaire du Québec et qui n’avait appris sa titularisation qu’une heure avant le début du match, fit se lever tout le banc des Astros en frappant un 2-run homerun. Grâce à ces deux runs, Verlander était ainsi en position de clotûrer son no-hitter, plutôt que de simplement faire prolonger le match jusqu’en extra innings, malgré avoir déjà atteint 106 lancers sur les 8 premières manches. Après un walk en 1ère manche, le droitier de 36 ans retira consécutivement 26 frappeurs des Blue Jays, et comme un symbôle, Toro fut l’auteur de la dernière action défensive du match.

N’hésitez pas à nous dire ce que vous pensez de ce Top 5 ! Est-ce juste de ne regarder que le Game Score pour classer les meilleures prestations de SP ? Quel aspect ignoré par le Game Score aimeriez-vous voir pris en compte ? Quelle importance accorder à la force de l’adversaire ? A la défense ?


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