The Strike Out – Le Baseball en Français

Ils ont beau monter en puissance au fil des années, les Blue Jays de Toronto étaient trop justes la saison dernière. Une fois de plus, le front office a procédé à quelques ajouts très intéressants durant l’intersaison. Est-ce que ce sera suffisant pour enfin décrocher un titre dans cette folle division de l’AL East ? Rien n’est moins sûr. Sur le papier le roster offensif est impressionnant, mais il reste quelques interrogations concernant la rotation et les releveurs. Si au global les étoiles sont plutôt bien alignées pour les Blue Jays, il ne faudrait pas trop tarder à en profiter sous peine de voir la fenêtre de tir se refermer…

Retour sur 2022 : l’Oktober Fest a tourné court

La saison dernière, les Blue Jays, après avoir remporté 92 matchs en saison régulière, se sont qualifiés en postseaon pour la première fois depuis 2016. Malheureusement, Toronto s’est ensuite effondré contre Seattle dans la série des Wild Card de l’AL suite à une combinaison de mauvaises décisions de gestion et d’incompétence générale de l’enclos des releveurs en perdant notamment le dernier match malgré une confortable avance de 8-1 ! En dépit de ce résultat décevant, cette expérience devrait les motiver à revenir et à faire mieux cette année. 

Sur le plan individuel, plusieurs joueurs ont largement dépassé les espérances. Alek Manoah (voir plus bas) par exemple, a terminé sa première saison complète dans la ligue avec une fiche brillante de 16-7, 2,24 ERA et 0,99 WHIP. Il a enregistré 196,2 manches, avec au moins cinq innings lors de ses 31 départs. Le nouveau venu Kevin Gausman a, de son côté, été à la hauteur de l’énorme contrat de cinq ans qu’il avait signé pendant l’intersaison en enregistrant une MPM de 3,35 et 205 retraits au bâton en 31 départs. Ross Stripling a également excellé, tout comme Jordan Romano. 

Captain CRUSH 🚀

Kirky wins his first #SilverSlugger Award! pic.twitter.com/Es9sSRtMBd

— Toronto Blue Jays (@BlueJays) November 10, 2022

L’attaque a été emmenée par Alejandro Kirk qui a sorti une moyenne au bâton de .285 et impressionnant OBP de .372. Georges Springer a également répondu présent, lorsqu’il n’était pas blessé, affichant 25 HR, 76 points produits et 14 bases volées. Même s’il est parvenu à racheter ses stats offensives à la baisse avec un mois de septembre fantastique, Bo Bichette a encore une fois lutté défensivement à l’arrêt-court avec 23 erreurs. Son explosion à la fin de la saison a néanmoins contribué pleinement à amener Toronto à 92 victoires. Enfin, contributeur majeur de cette attaque de Toronto, on ne peut pas passer à côté de Vladimir Guerrero Jr. On est obligé de mentionner sa régression en terme de performance, mais il faut bien dire, pour sa défense, qu’il sortait d’une saison 2021 stratosphérique. Vlad a montré que celle-ci n’était pas un hasard, même s’il a pris du recul par rapport aux 48 home runs, 166 wRC + qu’il a affiché à l’époque, il a malgré tout collecté 32 home runs et une fiche à  .274/.339/.480 (et 132 wRC+).

Après les bons points, voici maintenant le moment de pointer du doigt les faiblesses. A commencer par José Berrios, qui rappelons-le vient de signer une énorme prolongation de sept ans, a enregistré la pire saison de sa carrière avec une ERA atroce de 5,23 et un WHIP de 1,42, permettant 199 coups sûrs sur 32 départs. Frustrant ! Pas mieux du côté de Yusei Kikuchi, acquis pour renforcer la rotation, et qui a affiché un triste record de 5.19 d’ERA et une WAR  -1.1. 

Le vrai gros souci des Blue Jays en 2022 a été l’enclos des releveurs. En dehors de Jordan Romano, Adam Cimber et Yimi Garcia qui ont affiché des lignes de statistiques respectables, ensuite cela reste bien pâle par rapport aux rivaux de division. New York, Tampa Bay et Baltimore ont tous de bien meilleures options pour clôturer les matchs. Vous me direz, pourquoi ne pas aller chercher des bras à l’intersaison ? Et bien malheureusement, parce qu’ils ont déjà un bon paquet de billets immobilisés pour trois énormes points d’interrogation : Berrios, Kikuchi et Ryu.

Preview 2023 : un objectif clair, la postseason 

Ces dernières années, les Blue Jays se sont véritablement épanouis pour se positionner comme un véritable concurrent à la première place de la redoutable AL East. Très solide, leur roster dispose d’une défense exceptionnelle, de gros frappeurs et d’un banc fourni et performant. Vladimir Guerrero Jr. , Bo Bichette et George Springer devraient continuer à être les points forts de cette équipe en attaque. Et si Vladdy a connu une année avec un peu moins de production, sa batte continuera d’être au niveau élite et déterminante. Le reste de la formation comprend de brillants défenseurs avec notamment Matt Chapman et les nouveaux venus Daulton Varsho (voir plus bas) et Kevin Kiermaier, de quoi devenir une équipe défensive plus équilibrée et solide cette saison. Il faut malgré tout mentionner les départs de Teoscar Hernandez et de Lourdes Gurriel Jr qui, de par leur expérience, étaient de vrais mentors pour certains des plus jeunes et talentueux frappeurs de l’équipe. Du côté de l’attaque, viennent compléter le tableau Alejandro Kirk, Whit Merrifield et Santiago Espinal, ce qui nous amène à une équipe davantage prête à affronter octobre qu’elle ne l’a été au cours des saisons passées.

Côté pitching, la rotation est solide mais malheureusement pas aussi fiable. Alek Manoah et Kevin Gausman sont tout simplement excellents, mais ensuite cela manque cruellement de profondeur. Chris Bassit a montré de belles choses mais Jose Berrios n’est pas franchement à la hauteur des espoirs fondés en lui. Déception aussi concernant Hyun-jin Ryu entre saison raccourcie et blessures, même chose pour Yusei Kikuchi qui a signé une saison 2022 fort démoralisante. Cela semble difficile d’imaginer Toronto rivaliser avec les Yankees ou les Rays à ce niveau par exemple. Dans l’enclos des releveurs par contre, la situation est plus confortable : Jordan Romano, Anthony Bass et Yimi Garcia sortent d’excellentes saisons et semblent fiables. 

Les Blue Jays ne manquent pas de joueurs de talent sur leur roster et les attentes donc sont naturellement élevées pour cette nouvelle saison à Toronto.

Le joueur à suivre : Daulton Varsho

Inutile de le répéter, mais je vais quand même le faire, les joueurs à suivre sont nombreux au sein des Blue Jays. Pour varier un peu les plaisirs, j’ai choisi de me concentrer sur LE nouvel arrivant : Daulton Varsho. Débarqué à Toronto, juste avant Noël, en provenance des Diamondbacks et en échange de Lourdes Gurriel Jr. et Gabriel Moreno. Puissant au bâton, gaucher, polyvalent et performant en défense, il constitue un ajout majeur au roster de Toronto. Mais vu le prix payé pour l’acquérir, les yeux sont rivés sur lui et autant dire qu’il a un peu la pression. Et jusqu’à présent, lors du Spring Training, il a eu du mal à briller au marbre avec une moyenne au bâton de 0,188 et un seul point produit sur les six premiers matchs. Pour certains fans des Blue Jays, on peut imaginer une légère déception, mais on ne peut raisonnablement pas douter qu’il devrait se montrer sous un meilleur jour dès le début de la saison régulière.

Avec 283 matchs en carrière au compteur, il semble qu’on puisse compter sur Varsho pour apporter un surplus d’énergie à Toronto. En 2022, sa meilleure saison pour l’instant, il a affiché 27 home runs, 74 points produits ainsi qu’une moyenne de 0,235 au bâton. Et on s’attend franchement à ce qu’il apporte aussi son aide dans chaque autre aspect du jeu, que ce soit en vols de base, grâce à sa vitesse, à et ses performances élite en défense. Pour rappel, il peut d’ailleurs jouer à toutes les positions du champ extérieur et au marbre ! De mon point de vue c’est une excellente acquisition dont les Blue Jays peuvent espérer une retour sur investissement rapide.

La star : Alek Manoah

Sans prendre trop de risque, on peut avancer qu’Alek Manoah a été l’un des tous meilleurs joueurs de la saison dernière. A moins de 25 ans, il a donc été sélectionné en All-Star, 17ème du vote AL MVP et 3ème du vote AL Cy Young, pas mal non ? Manoah a connu une excellente deuxième saison dans laquelle il a réussi à élever son niveau de jeu tout au long de l’année. En suivant un rythme et une constance de folie, il a présenté une fiche de 16-7, un ERA de 2,24 et il a également réussi 180 strikeouts. En septembre surtout, il a été spectaculaire avec un résultat de 4-0 et un ERA de 0,88. 

Pour aller encore plus loin dans les statistiques, sachez qu’il se classe 92ème en Hard Hit rate et 73eme en Avg Exit Velocity. Concrètement, cela signifie que lorsque les frappeurs réussissent à toucher sa balle, cela se révèle rarement être un contact solide. Son ERA était quatrième de la MLB derrière, excusez du peu, Justin Verlander, Julio Urías et Dylan Cease qui ont tous eu des saisons exceptionnelles. Vous l’aurez compris, les  performances de Manoah ont grandement aidé les Blue Jays à obtenir une place en séries éliminatoires. On parie que 2022 n’était que le début ? Il est encore tout jeune et surtout sous contrôle des Blue Jays jusqu’en 2027. Asseyez-vous et profitez, Alek Manoah est là pour un petit moment !

Le prono

Petit point travaux pour commencer, avec les modifications apportées au Rogers Centre :  les murs du champ extérieur ont été surélevés, mais ils ont également été ramenés à l’intérieur de manière assez significative. On s’attend à ce que cela soit profitable pour les 3 recrues gauchères Dalton Varsho, Brandon Belt et Kevin Kiermaier mais aussi pour le reste de la puissance de frappe de leur roster. Par contre, forcément, cela fera sans doute un peu mal aux lanceurs… Si l’attaque semble efficace, c’est donc le pitching qui pose clairement question. Toronto compte sur l’expérience acquise par ses jeunes joueurs et sur ses renforts intelligemment signés durant la offseason pour se positionner en contender comme l’un des plus grands rivaux de Yankees, pour le titre de l’AL East. 

Projection : 90-72, 2ème place de la division