The Strike Out – Le Baseball en Français

Les saisons se ressemblent dans la baie de Tampa. Depuis désormais cinq saisons, les Rays enchainent des saisons positives. Et depuis quatre saisons, Tampa Bay connaît le plaisir de jouer du baseball en octobre. Et malgré cette constance ponctuée de 2 titres de division en 2020 et 2021 ainsi qu’une apparition malheureuse en Worldseries, les Rays coincent chaque année à enfin toucher le graal. Quid de 2023 ? 

Retour sur la saison 2022 : 

Il y a un an, quasiment jour pour jour, bien heureux était celui en mesure de pronostiquer l’avenir des Rays lors de cette saison 2022. Les plus optimistes les cataloguaient contenders et les moins sereins les imaginaient en dehors des clous.

Pourtant, dans une division de plus en plus dense, très vite maitrisée par les Yankees, eux-mêmes mis sous pression par des Blue Jays, et avec des Orioles opportunistes, Les Rays ont tenu leur rang : 86 victoires,  une troisième place et une qualification pour la postseason grâce au nouveau système de wild card.

Trop court malheureusement pour faire chuter des Guardians lors du premier tour des playoffs, Cleveland étant à l’époque sur une dynamique qui ne laissait que peu de chances à l’upset.

Tout au long de la saison, Tampa Bay aura tenu grâce à son pitching staff, mais aura pêché par une attaque en délicatesse : 20ème en OBP, 25ème en OPS, 25ème en HR, 21ème en runs. L’attaque, en parlant d’elle, a enfin son leader en la personne de Randy Arozarena. Le cubain, rookie de l’année en 2021, a fait taire ceux qui ne voyait en lui qu’un feu de paille : 20 HR, 89 RBI, 32 bases volées (!), .263 AVG et .327 OBP. S’ajoute à cela 41 doubles pour une saison très complète à la batte, tout du moins.

Derrière l’outfielder cubain, si Harold Ramirez (6HR, 58RBI, .300 AVG, .343 OBP) et le 3ème base Yandy Diaz (9HR, 57 RBI, .296AVG, .401 OBP !!) ont tenu leur rang, le reste de l’effectif à quelque peu déçu. Wander Franco, ménagé, a tout de même réalisé 8 HR, 33 RBI en .277 AVG .

L’équipe ne comptant pas de joueurs reconnus pour leur slugging ou capables de renverser le cours d’un match, les Rays se sont surtout appuyés sur un monticule 5 étoiles. 3ème en ERA, 4ème en WHIp, 1er en BB9. La marque de fabrique de Tampa Bay a encore marqué les esprits. En commençant par Shane McLanahan, le grand oublié lors de la remise du titre de meilleur lanceur : 2.54 ERA, 3.00 FIP, 0.926 WHIP, 194 K en 166.1 IP et seulement 38 BB.

Drew Rasmussen réalisait lui aussi une saison ultra solide : 2.84 ERA, 3.26 FIP, 31 BB en 146 manches. Quant à Corey Kluber, à défaut de dominer, l’ancien Cy young assurait en fin de rotation 164 manches sur la saison, pour une ERA moyenne de 4.24, mais une FIP à 3.57.

La surprise venant de Jeffrey Springs. Lanceur de 30 ans, drafté au …30ème tour en 2015, il  ne connaissait depuis que des montées et descentes entre ligues mineures et quelques apparitions en MLB avec les Rangers, RedSox puis Rays. Ces derniers l’obtiennent de Boston contre du cash et quelques joueurs de ligues mineures. Il réalise en 135.1 manches, 2.46 d’ERA, 1.07 en WHIP, 3.05 de FIP, 144 K et 31 BB ! Comme d’habitude, la magie du Front office des Rays.

Son ascension compense les absences de Tyler Glasnow, out en 2022.

Pour suppléer une rotation qui ne disputait en moyenne que 5 manches par rencontre, les Rays ont pu compter sur un bullpen lui aussi de grande qualité : 7ème en ERA, 6ème en WHIP, 2ème en BB9, 9ème en H9. Derrière ces statistiques collectives solides, un closer d’exception : Jason Adam. En délicatesse aux Cubs, il signe un contrat de 1.5 million seulement avec la franchise floridienne qui en fera son arme numéro 1 en relève : 63.1 IP, 1.56 ERA, 0.75 WHIP, 10.7 K9 !

L’ancien Astro et gaucher, Brooks Raley, lancera 53 manches : 2.68 ERA, 0.969 WHIP, 10.2 K9. Les Rays s’appuyeront aussi sur Jalen Beeks, 7 starts et 35 relèves pour 2.80 ERA. Ou encore sur Matt Wisler : 2.25 ERA en 44 manches lancées.

Aucun nom ronflant mais une armada de pitchers qui ont assuré aux Rays une saison au final réussi, et qui permet d’entrevoir 2023 avec sérénité.

Qu’attendre en 2023 ? 

Les Rays devaient combler leur défaillance à la batte … mais ils ont choisi cet hiver de densifier la rotation ainsi que le bullpen  ! Arrive donc Zac Eflin de Philadelphie. On le connait sérieux et après 7 saisons chez les Phillies, le natif d’Orlando espère profiter de la magie du pitching staff des Rays pour faire parler son arsenal de lancers à la maison !

Dans le bullpen débarquent Kevin Kelly obtenu lors de la rule5 draft lui qui n’a jamais foulé un terrain de MLB. Certains s’accordent à dire que lorsque les Rays ciblent un pitcher ainsi, c’est qu’il y a de bonnes raisons d’espérer… . Trevor Kelley débarque de Milwaukee où il n’a jamais pu s’installer durablement dans le bullpen.

La rotation restera donc la même en 2023 : Shane McLanahan, Drew Rasmussen, Zac Eflin, Jeffrey Springs et une 5ème place qui pourrait se jouer entre Yonny Chirinos et Kevin Kelly en attendant le retour de Glasnow.

The 25th season of Rays baseball is here and it's gonna be awesome, baby!https://t.co/22HUXEjvvI @DickieV #RaysUp pic.twitter.com/3w8zjTQTmd

— Tampa Bay Rays (@RaysBaseball) February 16, 2023

Derrière le marbre, Christian Bethancourt et Francisco Mejia alterneront. En Première base, exit Ji-man Choi, envoyé à Pittsburgh. Yandy Diaz prendra ce poste et laissera la 3ème base à l’ancien espoir des Tigers, Isaac Paredes. Ce dernier a d’ailleurs montré toute l’étendue de son talent en 2022 : 20 HR, 45 RBI, 16 doubles en 331 AB.

Brandon Lowe, exceptionnel en 2021 (10ème pour le titre de MVP !) a du lui aussi jongler avec des blessures. Il assurera avec Wander Franco une charnière intenable offensivement et défensivement.

Enfin en champ, pour entourer le fantasque Arozarena, Manuel Margot et l’ancien astro Jose Siri auront fort à faire. Car là est sans doute le point faible de cette équipe : la défense en champ extérieur : -1.3 de war défensive pour Randy, 0.00 pour Margot et 0.00 pour Siri… .

Pour espérer garder leur rang dans cette division East de l’American League qui n’aura sans doute jamais été aussi dense dans l’histoire du baseball, les Rays devront espérer. Espérer que Franco porte l’attaque à la batte, mais aussi qu’Arozarena maintienne son niveau de jeu. Le succès passera également par un retour au premier plan de Brandon Lowe. Kevin Cash devra préserver l’agressivité sur bases de ses joueurs car il a sous sa main de très bons voleurs de bases.

La défense, quant à elle, ne pourra pas se faire uniquement sur le monticule. Le champ reste trop faible malgré quelques coups d’éclats vus dans les highlights en 2022. Et la perte du multiple gold glove, Kevin Kiermaier, risque de se faire très vite sentir.

Mais si l’attaque hisse son niveau de jeu, alors les Rays pourraient très vite déjouer les pronostics qui envoient déjà Yankees et BlueJays se concurrencer pour le titre de division.

Le joueur à suivre : Shane McLanahan

2.54 ERA, 3.00 FIP, 0.926 WHIP, 194 K, 38 BB en 166.1 manches et une WAR de 4.00, … . Le jeune lanceur de 25 ans termine 6ème du vote de meilleur lanceur de l’American League. Il ne concèdera qu’une moyenne à la batte de .194 par ses adversaires, 1HR9 et 6.3H9.

Sélectionné au All-star Game, il comptabilisait à cette date 10W-3L, 1.72 ERA ! Il s’agissait en 2022 seulement de sa deuxième saison en MLB. En 2021, la fiche de Shane Mclanahan était déjà annonciatrice d’un avenir radieux : 3.43 ERA, 3.31 FIP, 10.3 K9, 1.27 WHIP.

Le succès de l’ace floridien est passé par sa faculté à changer plus souvent de lancers. Alors qu’il utilisait en 2021 sa balle rapide (4 seam) 41% du temps et sa slider à 38% , Shane Mclanahan a totalement modifié ses habitudes en 2022 : une 4 seam composant 35,7% de ses lancers, puis sa changeup et sa curveball à 25% chacune, toutes les deux dévastatrices (respectivement .145 et .139 OBA). Le pourcentage de WHIFF  sur sa changeup montant à 44.6% ! En prenant confiance en lui et en sa changeup, Mclanahan apporte à son arsenal une arme destructrice, entre sa 4seam (96.7 mph de moyenne) et sa curveball (2628 spin).

Rien ne semble donc perturber l’ascension du pitcher originaire de Baltimore et qui endossera pour de bon le costume d’ace de cette rotation.

La star : Wander Franco

Le messie Wander Franco était très attendu en 2022. Mais c’était sans compter sur des blessures mineures qui ont obligé et contraint joueur et front office à ménager la future star floridienne.

Car parler de stars le concernant est un euphémisme tant il est suivi par les médias du pays tout entier et des fans des Rays depuis sa signature en 2017 avec Tampa Bay. En 83 matchs et 344 apparition au marbre, Wander a toutefois montré qu’il avait un potentiel hors norme. A seulement 21 ans, et alors que la pression subie par des jeunes joueurs explique le nombre important de K encaissés, Wander Franco ressemble plus à un Juan Soto. Seulement 33 K et 26 BB, un ratio étonnant pour son âge, preuve de sa maturité. Sur 314 AB, le cubain comptait 20 doubles, 3 triples, 8 HR.

Mais Wander n’est pas qu’une machine à frapper : 8 bases volées en 2022 ce qui laisse présager, si les blessures l’épargnent, une saison 2023 solide voir all-starisante !

Notre Prono : 

Les Rays vont devoir s’appuyer sur un retour de Brandon Lowe et sur l’éclosion de Wander Franco pour se frayer à nouveau un chemin vers la postseason. L’équipe dispose d’un monticule redoutable qui a été renforcé. Mais il ne peut faire gagner les Rays seuls. La division étant par ailleurs plus dense que jamais, la bataille sera rude. La bonne nouvelle pour les Rays est la modification du calendrier qui leur permettra de plus voyager et d’affronter moins souvent Yankees, Blue Jays ou Orioles.

Si l’attaque se met au diapason du pitching, les Rays pourraient à nouveau goûter au baseball en octobre prochain.

Le prono TSO : 3ème AL East : 88-74