Baseball5 : de la street culture à l’inclusion

The Strike Out est parti à la découverte du Baseball5, nouvelle discipline officielle de la fédération internationale de baseball et softball. Entre street culture, développement de masse et inclusion, le Baseball5 rassemble des enjeux fondamentaux pour l’avenir des sports de batte.

C’est trop lent. Voilà une remarque que tout passionné de baseball a déjà entendu quand il parle de son sport favori. La temporalité du baseball, avec ses matchs de 3 heures, semble d’une autre époque, avant qu’Internet et les smartphones ne réduisent l’intérêt d’une activité humaine à quelques secondes d’attention. Ce qui fait dire à certains que le baseball est en crise ou, du moins, une crise larvée.

Si les revenus de la MLB sont toujours au beau fixe, la concurrence nouvelle de la Major League Soccer, et du soccer en général, et le vieillissement de la fan base, estimée en moyenne autour des 50 ans, fait craindre un avenir plus sombre pour le baseball, même dans les terres sacrées du baseball que sont les Etats-Unis, le Japon et Cuba. La NBA est la ligue professionnelle qui attire la fan base la plus jeune aux US et le soccer vole de nombreux enfants à la pratique du baseball de l’Amérique au Japon en passant par Cuba.

Conséquence, la MLB souhaite raccourcir la durée des matchs et accélérer le rythme du jeu comme nous vous en avons déjà parlé dans plusieurs articles. La Fédération Internationale, la World Baseball & Softball Confederation, qui travaille aussi à des changements de règles, a également choisi une autre voie. Sous l’impulsion de la Fédération Française de Baseball Softball, elle a créé en 2017 une nouvelle discipline officielle, le Baseball5.

Le Baseball5, nouvel porte-étendard du baseball/softball

L’une des personnes qui a participé à la création du Baseball5 est Elliot Fleys. Responsable de la vie fédérale et du développement à la FFBS et membre de la commission Baseball5 de la WBSC, il nous explique ce qui a poussé à la création de cette nouvelle discipline : « La réflexion a été entamée lors d’une recherche d’outils de « massification » de la pratique. Un constat sur l’image du Baseball/Softball hors de la communauté a été dressé. Les points négatifs ressortis ont été les suivants : trop long, trop lent, règles difficiles à comprendre pour un non initié, besoin de trop d’espace (terrains), coût matériel trop important, etc. Quand on a transposé le Baseball5 sur ces questions, voici ce qui est apparu : court, rapide, facile d’accès au niveau des règles et du matériel (une balle), peut être joué partout ».

Le baseball subit en France et ailleurs une image, erronée, de sport vieillot et conservateur alors que son histoire a toujours démontré chez lui une capacité à s’adapter aux difficultés pour se réinventer et conquérir les faveurs du public. Le Baseball5 s’intègre parfaitement à cette histoire. D’autant plus que d’autres sports ont emprunté cette voie, tant pour conquérir de nouveaux publics et de nouveaux marchés que pour dynamiser leur image ou encore intégrer le giron olympique. Ce fut le cas avec le Rugby Seven ou le format T20 au cricket. Le football, malgré sa domination mondiale, aime à se réinventer dans le cadre urbain avec de multiples formules indoor/outdoor.

Le basket a décidé de remettre au goût du jour le 3×3. C’est ce que prône François Gadre, président et coach des Suricates, le club de baseball/softball de Clamart, qui travaille depuis longtemps avec différentes formes de street baseball : « Je suis de la génération où le Basket à commencé à être connu grâce aux tournois de Basket de rue. Même chose avec le Street Hockey et le Flag Football. Nous devons suivre ces exemples et développer toutes les pratiques pour mettre « l’entonnoir » dans le bon sens. Recruter large pour avoir à terme des joueurs performants ».

Malgré tout, « le motif pour lequel nous avons songé à développer cette pratique, au niveau français comme au niveau international, n’est absolument pas la candidature pour les JO 2024 » nous rappelle Elliot Fleys. Rajeunir l’image du baseball/softball ne pouvait qu’être un plus, même si finalement ces deux sports de batte n’ont pas été choisis pour Paris2024. Malgré la déception de la FFBS à l’annonce des sports retenus pour les JO parisiens, les objectifs du Baseball5 sont ailleurs puisque la double cible prioritaire reste les jeunes et la ville.

Le Baseball5 souhaite intégrer la street culture, celle où on trouve les jeunes, ce public qui boude le baseball. Un souhait logique puisque son origine provient de la rue, du street baseball cubain, le cuatro esquinas, mais aussi d’autres formes de baseball de rue comme la pelotas de gomma vénézuelienne. Il reste désormais à transposer cette culture de rue d’Amérique Latine au reste du monde, et notamment à la street culture française. Les Urban Games 2019 devraient aider la WBSC dans ce sens, le Baseball5 y figurant comme sport de démonstration, en attendant mieux.

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Cuatro esquinas à Cuba – crédit : Yaniel Tolentino / On Cuba News

Cuatro esquinas à Cuba – crédit : Yaniel Tolentino / On Cuba News

L’intégration pleine et entière aux Urban Games serait un juste retour des choses car le baseball, sport qui s’est développé dans les villes américaines au 19ème siècle, a toujours connu, en parallèle, un street baseball dans les rues de New York Chicago ou Philadelphie comme le stickball, pouvant être jouer avec une balle de tennis ou une paire de chaussette entourée de ruban adhésif et un manche à balai. Les formes de street baseball sont nombreuses comme le Fuzzball, le Wiffle Ball, le Vitilla en République Dominicaine, le CorkBall et bien d’autres versions dans les rues du continent américain. Si la mythologie américaine donne du baseball une image bucolique, dans les faits, c’est un sport créé pour les citadins.

Un développement tout azimut

Pour atteindre cet objectif d’investir la rue et le champ de la jeunesse, la fédération française compte sur les clubs. Un appel à projets pour des financements fédéraux a été lancé cette année et les projets se multiplient entre tournois et animations. Le Baseball5 se révèle parfait pour toucher de nouveaux publics et monter des projets innovants comme le rappelait Stephen Lesfargues, DTN baseball/softball, en octobre dernier dans SportMag « Il n’y a pas besoin de matériel, juste d’une balle. Ce sport mixte peut être adapté en milieu carcéral, dans les EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou pour les personnes en situation de handicap. » Même son de cloche chez François Gadre : « J’ai en projet de travailler avec des publics différents comme des jeunes handicapés (déficients mentaux). Je souhaite aussi travailler avec les écoles et les centres de loisirs pour mettre en place des tournois inter quartiers et inter villes. Je vais essayer de mettre en place des initiations et des tournois corporatifs ».

Pour la FFBS, l’intérêt du Baseball5 est multiple. Simple et peu coûteux, très ludique, il peut servir à aller vers de nouveaux publics tout comme être une ressource en interne pour diversifier l’offre aux licenciés et résoudre des problèmes d’organisation en termes d’effectifs ou d’infrastructures comme le rappelle Elliot Fleys pour qui le Baseball5 est « une pratique adaptable à tous les lieux et toutes les périodes. Le Baseball5 peut se jouer aussi bien en intérieur qu’en extérieur, sur des revêtements différents. Cela peut donc permettre aux clubs d’offrir de la pratique à des licenciés malgré des problématiques éventuelles de terrain, de lieu de pratique ou de météo. Une vraie option pour la période hivernale par exemple ».

« C’est un excellent outil pour apprendre pas à pas la discipline du baseball/softball », renchérît Pauline Prade, internationale française en softball et Baseball5, « il est possible de s’en servir et de l’adapter aux différents publics pour comprendre les bases de nos disciplines ».

C’est, en autres, pour ces raisons que le club des Vipères de Valenciennes s’est lancé dans le Baseball5, alors que le club compte déjà des sections en baseball (dont une équipe en 1ère division), softball et cricket. Pour son président Marc Williamson « le Baseball5 est facile à mettre en place, peu onéreux, facile à assimiler. Il est une bonne approche vers le baseball. On se rend compte aussi qu’il est excellent pour progresser au baseball. Les matchs sont rapides et nécessitent des capacités physiques particulières comme l’explosivité . Il faut aussi toujours savoir où lancer la balle car si on ne sait pas quoi faire de la balle avant de la recevoir c’est trop tard. Il aide aussi à l’apprentissage stratégique car comme on choisit où frapper en fonction des coureurs, du score et des retraits, il est important de frapper au meilleur endroit stratégique ».

Le Baseball5 ne fait pas l’unanimité pour les puristes pour qui le baseball et le softball ce sont des gants et des battes mais selon Elliot Fleys, l’accueil est globalement favorable : « De façon générale, l’accueil est plutôt positif. Au niveau national, on commence à voir fleurir de nombreux tournois, le Baseball5 a été utilisé lors de forums pour la rentrée des associations, certains clubs ou ligues l’ont pratiqué en gymnase durant l’hiver ». Pour le co-inventeur du Baseball5, ce dernier ne peut avoir qu’une image valorisante pour les sports de batte auprès du grand public.

Les retours sur le terrain semblent effectivement positifs comme le confirme Marc Williamson : « On a beaucoup d‘aprioris sur la discipline. Soit on adore, soit on ne s’y intéresse pas. Mais en tout cas, tous ceux qui essayent, même les sceptiques, sont conquis très rapidement après un premier match ». François Gadre abonde dans ce sens « en général, avec des personnes découvrant l’activité pour la première fois, il y a un bon retour. Le fait de pouvoir mettre la balle facilement en jeu et de ne pas avoir la pression de la balle lancée rend l’activité attractive et à la portée de tout le monde. Le retour des éducateurs et animateurs sportifs est aussi très positif. C’est facile à mettre en place et ça ne coûte rien ».

C’est tout de même plus compliqué au début avec les licenciés poursuit-il « en revanche, c’est plus difficile de proposer l’activité aux personnes déjà en club. Très souvent soit les personnes sont totalement contre parce qu’il n’y a pas de batte et de gants ou tout simplement parce que c’est nouveau soit au début il faut les pousser un peu », mais à la fin « ils finissent par se laisser convaincre ». L’essayer, c’est l’adopter.

Le Baseball5 se veut de la plus grande simplicité vis à vis de son grand frère, le baseball. C’est l’un de ses atouts majeurs. « Cela contribue à rassurer les participants quant à la jouabilité » soutient Benoît Turjman qui a dispensé plusieurs animations dans la région lyonnaise, « très vite, les joueurs de baseball s’approprient le jeu, les règles : et c’est vraiment fun. Les joueurs vont très vite jouer avec les subtilités du jeu. Pour les débutants, les néophytes, il existe des blocages qui je trouve ne sont pas liés au jeu en soi, mais au mot « baseball » : ils l’associent à un sport compliqué. Pour Pauline Prade « avec le Baseball5, le plus « compliqué » est retiré de la pratique, ainsi toute personne, de tout niveau, peut aisément jouer et prendre plaisir ».

Comme les règles du cricket, du rugby ou du hors-jeu au football, la complexité des règles du baseball est régulièrement mise en avant voire moquée en France, agissant comme un véritable épouvantail pour celles et ceux qui voudraient le pratiquer ou, tout simplement, le regarder.

Pour passer l’obstacle de cette fameuse complexité, Benoît Turjman choisit la ruse « Ma première attention est d’éviter de parler de baseball, mais d’aller directement aux règles et de dresser des parallèles avec des jeux d’enfants, comme les jeux de « chat », notamment le chat perché, et de raconter les règles un peu comme si c’était un jeu nouveau. Et alors les participants font eux-mêmes des comparaisons avec des sports qu’ils ont pratiqué à l’école, en centre de loisir ou à l’université : comme le baseball bien entendu, mais aussi la thèque ou encore le flag (dérivé du foot américain). Expliquer toutes les règles en loisir n’est pas nécessairement important à mon avis : elles s’apprennent en jeu. Et c’est lors d’une 2e partie que les participants peuvent vraiment jouer ».

Le Baseball5 se fait sa place sur tous les continents

En tant que fédération pionnière, la France a souhaité développer rapidement cette nouvelle discipline et peut s’enorgueillir d’avoir le premier terrain permanent de Baseball5 au monde, un espace situé au CREPS de Montpellier qui accueille notamment l’un des pôles espoirs du baseball français. Néanmoins, le Baseball5 a rapidement franchi les océans pour se pratiquer sur tous les continents. Il a été introduit dans plus de 40 pays, y compris là où le baseball et le softball ont une pratique confidentielle comme en Afrique. Ce continent connaît peu de pratiquantes et de pratiquants mais il pourrait prochainement devenir l’une des puissances sportives du Baseball5.

D’ailleurs, la WBSC a l’objectif d’inscrire cette jeune discipline aux Jeux Olympiques de la Jeunesse qui se dérouleront à Dakar (Sénégal) en 2022. « Son identité est adaptée à ces Jeux : jeunes, modernes, innovants » précise Elliot Fleys « et l’Afrique pourrait devenir une terre majeure de la discipline ».

Les sports de batte africains sont contraints par des ressources financières limitées, un manque d’encadrement et d’infrastructures. Le Baseball5 leur offre la possibilité de développer le baseball/softball à moindres frais. Plusieurs fédérations se montrent particulièrement dynamiques comme la Tunisie ou le Burundi. C’est également le cas de la Tanzanie.

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World Friendship Games 2017 au Burundi

World Friendship Games 2017 au Burundi

Pour Mussa Mbugi, Directeur Technique de la Fédération Tanzanienne, le Baseball5 permet de résoudre tous les problèmes que pose le baseball en termes de terrain, d’équipements coûteux ou d’apprentissage du jeu, notamment chez les plus jeunes : « Le baseball5 ne nécessite pas beaucoup d’équipements coûteux et dangereux, comme une balle de baseball/softball. Il est utilisé comme un outil d’introduction pour les enfants qui s’initient au monde du baseball et du softball. C’est parce que nous considérons le baseball5 comme beaucoup plus sûr. Ainsi, nous pouvons amener les enfants à comprendre facilement les dynamiques du jeu, telles que la défense, la course sur base et jouer sans avoir à s’inquiéter qu’un enfant se blesse. Cela crée la confiance dont l’enfant a besoin pour jouer au baseball et au softball ».

En Palestine, dans la bande de Gaza, la situation est similaire. Le promoteur du baseball5 dans cette région chaotique du monde, s’appelle Mahmoud Mahmoud. Ce dernier a appris le baseball via… Youtube. Pour lui, le Baseball5 à « l’avantage d’être facile car il n’y a pas besoin de beaucoup d’équipements ou d’une grande aire de jeu », ce qui à Gaza « impressionne tout le monde ».

En Tanzanie comme en Palestine, l’objectif est de participer à des compétitions internationales, comme celles mises en place par la WBSC, à l’instar d’un des premiers tournois internationaux qui s’est tenu en octobre dernier à Cuba où la France a brillé en remportant la médaille d’or en féminin, l’argent en mixte et le bronze en masculin. Un premier championnat du monde devrait également voir le jour fin 2020 ou début 2021. Et avant ça, un championnat d’Europe début 2020.

Si le Baseball5 représente une opportunité pour des pays où la culture baseball est peu implantée voire inexistante, elle peut aussi représenter une aubaine pour les pays majeurs du baseball, où la nécessité de séduire un public jeune se fait pressante. Le Baseball5 pourrait faire partie de la solution alors que des démonstrations et des clinics ont déjà eu lieu en partenariat avec la MLB (lors de la All-Star Week 2018), la NPB et la Fédération Japonaise de Baseball. Pour Elliot Fleys, les ligues professionnelles ne voient pas le Baseball5 d’un mauvais œil puisque « leur intérêt est de voir la communauté mondiale se développer d’une façon ou d’une autre. Cela fait grandir le marché et donc les revenus ». Le business avant tout.

Un sport inclusif

Pourtant, le Baseball5 va bien au-delà du business ou d’une simple offre sportive. Il est aussi un outil d’inclusion, de lutte contre les discriminations. C’est particulièrement vrai pour la promotion de la pratique féminine et de la mixité. « Pour ce qui est de la pratique féminine ou mixte, c’est une pratique idéale. Aucune raison ne justifierait particulièrement que les femmes jouent moins ou que les hommes et les femmes ne jouent pas ensemble » déclare Elliot Fleys. Comme l’indique Pauline Prade, le Baseball5 « est un outil pour promouvoir la pratique, et avoir des équipes mixtes ne biaise en rien le plaisir du jeu, au contraire, cela permet de jouer contre différents types d’équipe et d’apprendre par la même occasion ».

En France, la mixité est bien rentrée dans les mœurs au niveau du softball puis, plus récemment, du baseball. La pratique féminine du softball s’est structurée avec deux divisions nationales et la France va accueillir à Rouen, du 31 juillet au 3 août, le premier championnat d’Europe féminin de baseball. Le Baseball5 ne pouvait que suivre cette voie.

Le Baseball5 peut-il aussi avoir valeur d’exemple positif pour l’inclusion ? Angélique André, membre des équipes nationales de softball et Baseball5 le pense « La pratique du baseball5 féminine et en mixité a été un exemple lors du tournoi international de baseball5 à La Havane en octobre 2018. En effet, l’équipe de France féminine termine première du tournoi, et l’équipe mixte finit en 2ème position derrière Cuba. Ce tournoi a été une réussite, tant au niveau féminin que mixte. Depuis ce tournoi, de nombreux clubs de baseball/softball ont ouvert des sections Baseball5. Cette pratique tend à se développer de plus en plus et peut permettre de promouvoir la pratique féminine et mixte ».

Qu’en est-il en Tanzanie ou en Palestine ? Pour Mahmoud Mahmoud « le Baseball5 est un sport idéal pour tous, en particulier les filles. Nous avons trouvé beaucoup d’intérêt pour ce jeu ». « Le Baseball5 comprend des hommes et des femmes, des enfants et des adultes. Normalement, il faudrait que les femmes jouent au softball et les hommes au baseball, mais avec le Baseball5, les deux parties sont incluses dans le même jeu » rappelle Mussa Mbugi pour qui le Baseball5 est autant un outil d’inclusion qu’une pratique sportive, « cela soulève l’esprit de compétition et l’inclusion des femmes car dans le pays elles sont les plus exclues du sport ».

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Initiation mixte au Baseball5 dans le camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie – crédit : WBSC

C’est également dans ce sens que la WBSC mène un certains nombres d’actions avec le Baseball5. En janvier dernier, elle a organisé, avec l’association Peace and Sport, une session de formation en Jordanie dans le camp de réfugiés syriens de Zaatari, géré par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU. Pour la première fois dans l’histoire de ce camp, les activités sportives proposées furent mixtes. Pour Riccardo Fraccari, président de la WBSC, « le Baseball5 a augmenté la capacité de la WBSC à capitaliser sur la puissance du sport à faire du bien dans le monde ».

Il suffit de lire les publications de la WBSC ou de nombreuses fédérations nationales pour se rendre compte que le Baseball5 dépasse le cadre purement sportif et ne s’arrête pas à des intérêts marketing ou de massification. L’inclusion est un enjeu central de la discipline.

Quel avenir pour le Baseball5 ?

Compétitions internationales, Jeux Olympiques de la Jeunesse, Urban Games, le Baseball5 vise haut. La FFBS n’avait pas réussi à faire décoller la pratique du Wiffle Ball au début des années 2010. La plus grande simplicité du Baseball5 semble mieux s’adapter aux contraintes des clubs. Ce qui est vrai en France l’est aussi à l’étranger où certains pays rencontrent encore plus de difficultés.

Benoît Turjman se montre très enthousiaste quant à la possibilité pour le Baseball5 de s’imposer : « ce jeu peut vraiment devenir viral ou connaître une mode, comme le croquet à une époque, ou le 3×3 au basket ou le beach volley. Je crois que tous les participants devraient repartir avec une balle, pour pouvoir prolonger l’expérience au sein de leur communauté, de leur famille ». Il y voit un double avantage selon les niveaux : « Je pense que le Baseball5 donne rapidement de l’expérience et de la ruse à un joueur classique. Pour les néophytes, c’est la possibilité de jouer à un jeu d’une richesse folle, qui est la croisée des chemins entre le sport, le jeu d’enfant et même le jeu de plateau ! »

Côté FFBS, Stephen Lesfargues expliquait au site Acteurs du Sport que le Baseball5 serait « la pierre angulaire de la politique de développement » d’une culture baseball pour les années à venir. C’est aussi un outil pour augmenter le niveau de jeu du baseball français en recrutant de nouveaux talents comme le déclarait David Meurant, conseiller technique FFBS et ex-international français de baseball, au micro de la chaîne Youtube du club parisien des Patriots de Paris : « on peut recruter plus de personnes et mettre la main sur des talents, que l’on ne voyait pas, dans les écoles ou les centres périscolaires. On peut y repérer des talents ».

Inclusif, accélérateur de développement, outil de massification, le Baseball5 est également une discipline au service du baseball et du softball, permettant d’améliorer le jeu des pratiquantes et pratiquants de ces deux disciplines, comme le souligne Angélique André « Le Baseball5 apporte beaucoup de contrainte au niveau du temps et nous force, en tant que joueur, à être plus rapide et dynamique sur chacun de nos mouvements afin de nous adapter à la taille du terrain beaucoup plus petite ».

Pour cette pratiquante de haut niveau en softball « les deux disciplines se complètent car le softball est plus technique et stratégique à mon sens, mais le Baseball5 permet de rencontrer beaucoup plus de situations de jeu différentes en moins de temps. Il permet de prendre très rapidement de nombreux automatismes dans certaines situations mais également de penser le jeu en fonction des situations que l’on n’avait pas imaginé ».

Sa coéquipière chez les Bleues, Pauline Prade, partage son avis « je trouve que le Baseball5 rend les joueurs plus rapides dans leur prise de décision. Comme les mises en jeu sont rapides au Baseball5 et que les distances et les séquences de jeu sont courtes, les joueurs sont amenés à rencontrer de nouvelles situations très rapidement et à prendre des décisions plus vite encore. Ils emmagasinent en 20 minutes de jeu autant d’expérience que 2-3 matches de Baseball ou de Softball. Je pense que le Baseball5 donne rapidement de l’expérience et de la ruse à un joueur classique ». Pour l’internationale française, la nouvelle discipline est idéale pour travailler la dextérité et les transitions main/gant.

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L’avenir du Baseball5 ne semble pas se réduire aux seuls néophytes mais il pourrait devenir un outil de développement des joueurs et des joueuses, y compris au haut niveau, pour créer des athlètes plus rapides et réactifs, tant sur le plan physique que celui de l’intelligence de jeu. Ce qui va dans le sens de l’histoire car c’est une recherche observable dans tous les sports.

La structure même du baseball, porte-étendard des sports de batte US, semble se dissocier de la société actuelle, de la jeune génération, d’une actualité qui se bouscule dans l’hyperinformation, d’un temps d’attention en baisse, où les tendances se succèdent à un rythme effréné et où chaque sport finit par prendre conscience qu’il doit s’adapter pour rester dans la course. La MLB elle-même l’a compris en multipliant les nouvelles règles et les tests pour réinveter le jeu et rajeunir sa fanbase.

Le baseball doit s’adapter. Le Baseball5 sera-t-il la réponse darwinienne au mal qui ronge le baseball ?

Photo en Une – crédit Glenn Gervot/FFBS


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