2020 sera-t-elle l’année du renouveau à Chicago South? Si la saison a lieu, l’équipe des White Sox fait figure de favorite pour la grande majorité des observateurs / experts / journalistes dans deux catégories : “Equipe gagnante du marché hivernal” et “Equipe attendue avec la plus grande progression entre 2019 et 2020”. Vous avez aussi pu lire dans notre preview que nous mettons beaucoup d’espoirs dans cette franchise, championne en 2005 mais engluée depuis des années dans les bas-fonds de la MLB. Alors pourquoi tant d’attente et de “hype” autour des White Sox? Éléments de réponse.
Les hommes en place : le duo Hahn-Renteria
Champions en 2005 sous les ordres d’Ozzie Guillen, les White Sox ont connu par la suite une fin de cycle très rapide, suivi par des années de tentatives infructueuses de revenir sur le devant de la scène. C’est simple, ils n’ont plus disputé la postseason depuis la saison 2008! En 2012, ils terminent 2e de la Division AL Central avec un bilan de 85 victoires et 77 défaites, c’est à ce jour la dernière saison avec un bilan positif! Ils ont donc enchaîné en 2019 (72-89) avec une septième saison consécutive avec moins de 50% de victoires. On est certes encore très loin des vingt années de purgatoire des Pirates entre 1992 et 2013, mais quand même ça fait beaucoup et surtout très long pour le public du Guaranted Rate Field qui a peu à peu déserté. L’affluence des White Sox n’était que la 24e sur 30 franchises en 2019.
En 2012 toujours, à la suite de cette dernière saison positive (même si bien sûr il ne pouvait pas le savoir), Rick Hahn est promu GM des White Sox. Il était entré dans l’organisation une décennie plus tôt après quelques années à exercer la profession d’agent de joueurs. Hahn rêve depuis son enfance d’être General Manager d’une franchise, le voici donc récompensé. Mais sa prise de fonction et sa politique managériale ne vont pas améliorer la situation : il affiche un très faible bilan général de 491 victoires et 642 défaites.

Sur le banc, Rick Renteria a conclu en septembre dernier sa 3e saison de manager des White Sox après en avoir été le bench coach en 2016. Son bilan à lui c’est 201 victoires et 284 défaites. Avant son arrivée à Chicago South, Renteria avait officié un an à Chicago North chez les voisins et rivaux des Cubs. L’aventure ne dura qu’une saison, en 2014, pas suffisante donc pour vivre l’ultime push vers les sommets de la MLB jusqu’au titre de 2016. Va-t-il revivre la même mésaventure chez les White Sox? C’est à dire placer l’équipe sur de bons rails mais sans connaître l’apothéose? Avec les Girardi et Maddon disponibles cet hiver, des rumeurs de départ ont été entendues mais Renteria est bien là avant cette saison 2020. A lui de prouver qu’il peut être l’homme de la renaissance.
2013-2015 : Années noires et premiers gros ratés
On l’a vu, Hahn a pris ses fonctions de GM entre les saisons 2012 et 2013 avec l’objectif clair de ramener les White Sox vers les sommets. Ses premières décisions et mêmes celles qui ont suivi sur les années suivantes n’ont pas été couronnées de succès, loin de là! Baptême du feu déjà extrêmement compliqué en 2013 malgré la présence encore dans l’équipe de capitaine Konerko. Les Gordon Beckham, Alexei Ramirez, Alex Rios, Adam Dunn, Chris Sale, José Quintana, Jake Peavy, Addison Reed réalisent une saison catastrophique : 63 victoires et 99 défaites! A l’intersaison, Hahn fait de gros choix ambitieux : trade de Peavy, arrivées de José Abreu, Eaton, Davidson, Downs, Belisario ou encore Guerra… pour un bilan final en 2014 de 73-89… dix victoires de plus donc sur une saison c’est déjà ça mais bien entendu pas suffisant.

Donc pendant l’hiver 2014, encore de grandes manœuvres : signatures de LaRoche, Melky Cabrera, David Robertson.. et surtout, celui qui devait former un trio de feu avec Sale et Quintana : Jeff Samardzija! Le lanceur arrive d’Oakland en échange d’un jeune infelder de 24 ans et 85 matchs de MLB au compteur : Marcus Semien. Sur cette saison 2015, les White Sox ne remportent que trois petites victoires de plus qu’en 2014 : 76 pour 86 défaites. Samardzija ne jouera que cette année-là en noir et blanc avant de signer chez les Giants, pour 11 victoires, 13 défaites et une ERA médiocre de 4.96… Quand un certain Semien a terminé sur le podium du AL MVP en 2019… On peut parler du premier gros trade raté par Hahn et son équipe mais il y en aura d’autres, en premier lieu celui qui suit.
Le dossier qui fait tâche : le trade de juin 2016
Cette même année 2015, en juillet précisément, un adolescent dominicain de 16 ans se présente sur le marché des agents libres internationaux. Il est signé par les White Sox pour 825 000 dollars. Son nom? Fernando Tatis Jr., fils d’un ancien Major Leaguer. Le jeune garçon est alors classé 30e du Top 30 des prospects internationaux selon le site MLBPipeline. Les autres noms qui font tilt à la relecture de ce classement : Vlad Guerrero Jr. (7e), Christian Pache (14e, attendu très bientôt dans le roster des Braves) et Juan Soto (25e).

Début juin 2016, un an donc après son arrivée dans l’organisation chicagoane, Tatis Jr. est envoyé à San Diego en compagnie du lanceur Erick Johnson (26 ans) en échange du starter vétéran (34 ans passés) James Shields. En ce début d’été, les White Sox sont à la lutte pour la première place de la Division Centrale et sentent le besoin de renforcer leur rotation derrière Sale et Quintana pour rattraper les Royals. Un peu à la va-vite, car la trade deadline est encore très loin, le front office jette son dévolu sur Shields, très moyen avec les Padres depuis le début de saison avec une vélocité en recul et une propension inquiétante à concéder des HR. Les Padres sont tellement ravis de s’en débarrasser qu’ils acceptent de prendre en charge 31 des 58 millions restants sur le contrat du lanceur! Ce deal satisfait pleinement les White Sox malgré les grosses interrogations qu’il suscite parmi les observateurs. Le reste de la saison ne va pas y répondre, ou plutôt si, mais très négativement. Shields est catastrophique avec Chicago.
Avec un bilan final de 78 victoires et 84 défaites, les White Sox n’iront pas en playoffs à l’automne 2016, ni dans les années suivantes. En deux saisons et demi, Shields affichera une ERA moyenne de 5.31… autant dire que ce trade n’a pas du tout été gagnant pour Chicago! Faut-il pour autant blâmer le front office? Shields n’était sans doute pas, a priori même, la meilleure option, mais qu’en est-il du départ de Tatis Jr.?

Au moment du trade, le joueur dominicain n’a que 17 ans et quasiment aucun match de Ligues Mineures comme référence. Il fait partie des prospects intéressants sans pour autant être parmi les plus attendus. Ce qui pêche notamment à ce moment-là c’est son physique très frêle, mais cela est voué à changer avec sa croissance définitive. Dans les articles relatant le trade (comme celui-ci, dans lequel les grades sont plutôt moyens), les journalistes évoquent souvent le très jeune âge de Tatis Jr. et donc les incertitudes quant à son futur possible en MLB. Les White Sox savaient qu’ils avaient un potentiel bon joueur mais ils étaient dans l’optique du win now et ont donc sacrifié leur espoir. Le lanceur Erick Johnson, autre pièce du trade, connaîtra un destin bien triste puisque après 4 starts (4 défaites) avec les Padres en cette mi-saison 2016, il se blessera au coude et ne rejouera jamais en MLB.
“That was probably the last deal we made with having a short-term mindset in mind”. [C’est sans doute le dernier transfert que nous avons fait en ayant uniquement en tête le court-terme”] – Rick Hahn, GM des White Sox.
Rick Hahn n’a jamais caché, a posteriori, son malaise quant à ce trade complètement manqué, se traitant lui-même publiquement de jackass. Cet échange était en tout cas l’apothéose de la politique en place depuis plusieurs années : signatures hors de prix d’agents-libres vétérans et sacrifices de prospects dans des trades. Une stratégie qui ne s’est pas du tout, mais alors pas du tout révélée payante. Mais ce Tatis Jr. vs Shields a au moins eu le mérite de changer les mentalités à Chicago!
Le virage de l’hiver 2016 et de l’été 2017
Après son échec marquant de l’été 2016, Rick Hahn décide de rebattre complètement les cartes. Conscient qu’il est dans l’échec total depuis sa prise de fonction, et sentant sans doute les premières rumeurs concernant un possible licenciement, il décide de tout faire exploser. En deux jours de décembre, la reconstruction des White Sox est enclenchée! Tout d’abord, l’Ace de la franchise, Chris Sale, est envoyé à Boston en échange d’un package de prospects duquel émerge les noms de Yoan Moncada et Michael Kopech. Le lendemain, l’outfielder Adam Eaton est lui envoyé à Washington. Les Nats proposent en échange trois prospects, trois lanceurs, dont Lucas Giolito et Reynaldo Lopez.

Le grand ménage continue pendant la saison 2017, à la Trade deadline, les deux clubs de Chicago montent un échange (chose très rare). Les Cubs récupèrent le starter José Quintana contre un package de prospects parmi lesquels Eloy Jimenez et Dylan Cease. Moins médiatisé, un autre échange est réalisé en ce mois de juillet : le vétéran Todd Frazier est envoyé chez les Yankees avec les releveurs Robertson et Kahnle en échange du lanceur à lunettes Tyler Clippard et de trois prospects dont Blake Rutherford (18e choix de la Draft 2016). Ce trade là est un peu plus contesté et contestable en raison du retour peu intéressant dont a au final bénéficié Chicago (voir ci-dessous).
En sept mois, Hahn s’est donc séparé de ses deux meilleurs lanceurs (Sale et Quintana) et de deux vétérans (Eaton et Frazier) contre une pelletée de prospects. La reconstruction des White Sox passera donc par la jeunesse.
Les débuts – difficiles puis prometteurs – des jeunes pousses
Arrivés chez les White Sox dans les trades de décembre 2016 pour Sale et Eaton, Yoan Moncada et Lucas Giolito vont à peu de chose près connaître le même parcours sinueux pour leurs débuts dans la grande Ligue.

Le premier nommé, infielder cubain, jouissait d’une énorme cote parmi les prospects de son âge. Ses débuts et surtout son installation en MLB étaient vraiment très attendus. Ses débuts, Moncada (21 ans) les faits dès la saison 2016, soit quelques mois à peine, après son arrivée à Chicago : 8 petits matchs seulement. Il en disputera 54 en 2017 avec notamment de gros manques dans son jeu offensif. C’est en 2018 qu’il réalise sa première saison complète en MLB mais se distingue malheureusement par une stat peu flatteuse : 217K en 149 matchs soit le plus gros total en MLB. Ses moyennes offensives sont justement très moyennes (.235/.315/.400) et les premières critiques ou en tout cas questions autour de cet ancien top prospect commencent à poindre. Le Cubain décide de s’en servir comme d’une force et surtout prend une décision qui a peut-être changé le cours de sa jeune carrière : il décide de passer l’hiver 2018-2019 au camp de base des White Sox dans l’Arizona pour travailler sur son jeu offensif en premier lieu mais aussi plus globalement. Résultats immédiats en 2019 : un AVG de .315 soit le 3e meilleur en American League, 25HR, 7RBI, 83R et un % de K en recul de 33 à 28%. La machine Moncada est lancée!
Pour Lucas Giolito aussi il a fallu passer par une année très compliquée avant de se faire un nom. 16e choix de la Draft 2012 par les Nationals, c’est avec l’équipe de Washington qu’il fait ses débuts en MLB en 2016 à l’âge de 21 ans : 6 matchs dont 4 starts pour découvrir la réalité du boulot (ERA 6.75 en 21.1IP)! Sous le maillot de Chicago cette fois, quelques mois après son trade, il remonte sur le monticule avec plus de réussite (7 matchs, tous des starts, pour une ERA très correcte de 2.38 en 45.1IP). Le natif de Californie a gagné sa place dans la rotation chicagoane pour la saison 2018 mais cela ne va pas vraiment se passer comme prévu : 32 matchs (tous en starter) et une ERA cataclysmique de 6.13, soit la pire parmi les “qualified starters” de la Ligue, soit ceux qui ont le nombre de IP suffisantes pour être classés. Giolito est le lanceur qui concède sur la saison le plus de points mérités (118) et de BB (90). Mais comme Moncada, les critiques ne font que décupler son avis de s’améliorer et d’apprendre. Il passe l’hiver 2018-2019 à travailler sur son mental mais aussi sa motion (il l’a raccourcie). Résultats là encore immédiats en 2019 : 14 victoires pour 9 défaites et une ERA bien plus flatteuse à 3.41. Il abaisse son taux de walks de 4.7 à 2.9/9IP. Il est récompensé d’une place au All-Star Game!

Arrivé lui à l’été 2017 à Chicago dans le trade de Quintana, Eloy Jimenez a fait ses débuts en MLB l’an dernier. Des débuts à la fois remarqués et discrets. Remarqués avec 31HR et des actions de grande classe mais discrets car le jeune dominicain de 22 ans (désormais 23) a été limité à 122 matchs en raison de blessures (cheville puis coude) et a aussi pâti de la mauvaise saison globale de son équipe . Il n’est plus un rookie ni un prospect mais désormais un titulaire indiscutable des White Sox et sera rejoint dès le début de saison, ou dans quelques mois, par les noms ci-dessous.
Dans la lignée des progressions spectaculaires de Moncada et Giolito, l’éclosion de Jimenez, et même l’inattendue régularité de Tim Anderson (AVG. 335, n°1 en MLB), les White Sox ont remporté dix matchs de plus entre les saisons 2018 et 2019, insuffisant pour prétendre à disputer la postseason, mais enfin des signes encourageants pour la suite. On attend désormais à Chicago les débuts (ou pour Kopech une saison complète) d’autres prospects arrivés dans des trades. Ajoutez à cela deux excellents choix de Draft en 2018 et 2019, plus une signature remarquée sur le marché des agents libres internationaux et vous obtenez un farm-system de tout premier plan.
Les pépites de Chicago
- Luis Robert, 22 ans, CF
A l’image de Jimenez la saison dernière (voir plus bas), Robert est attendu comme titulaire pour l’Opening Day quelle que soit la date de celui-ci. Le Cubain qui joue champ extérieur a fait ses débuts pros à l’âge de 16 ans dans son pays et même porté le maillot de l’équipe nationale à 19 ans pour disputer la Can-Am League. En cette même année 2016, Robert s’enfuit de Cuba pour rejoindre les Etats-Unis et est déclaré agent-libre au printemps suivant. En mai 2017, il s’engage avec les Chicago White Sox pour 27 millions de dollars, une somme très importante pour un gamin de 20 ans qui a encore tout à prouver… ce qu’il ne va pas manquer de faire très rapidement.
Pour son premier été en Rookie League, il dispute 28 matchs pour une moyenne de .310 avec 3HR, 14RBIs, 22BB et 12 bases volées! Invité au Spring Training 2018, Luis est pour la première fois titularisé face aux Reds : avec 2 retraits dans la 8e manche, il frappe un Grand Slam qui offre la victoire aux siens 14-12… la légende est née. Handicapé pendant de longues semaines par une blessure au pouce, il est limité pour sa saison dans les Ligues Mineures mais prend sa revanche en 2019. En quatre mois, il passe de la Class A-Advanced à la Double A puis la Triple A en martyrisant les lanceurs et les défenses adverses : 32HR, 36SB, 92RBIs, 165 hits (74Xbase), 108 runs en 122 matchs au total sur la saison ; avec en plus une moyenne de .328, un SLG de .624 et un OPS de 1.001! Tout simplement monstrueux!
Luis Robert est le prospect de champ extérieur le plus attendu du côté des White Sox depuis un certain Harold Baines, intronisé au Hall of Fame l’été dernier. Classé prospect n°2 chez Baseball America avant cette saison 2020, n°3 pour MLB Pipeline, il est considéré comme un joueur quasi sans faiblesse dans son jeu (“few holes in his game”) : il a le contact, la puissance, les jambes, la défense, et le bras… un vrai five-tool player qu’on a vraiment hâte de voir parmi les grands. Avant même cette échéance, le front office a fait nouvelle preuve de la confiance placé en lui : le 2 janvier dernier, le jeune cubain signait une extension de contrat de six ans pour 50 millions de dollars… contrat le plus important de l’histoire pour un joueur qui n’a pas encore un seul AB en MLB!
- Michael Kopech, 23 ans, RHP
Drafté au premier tour en 2014 (n°33) par les Red Sox à l’issue de ses années lycée dans son Texas natal, le lanceur fait donc ses débuts pros à l’âge de 18 ans dans le farm-system de Boston avec 8 matchs lancés. Il commence à se faire un nom les années suivantes avec de belles perfs : ERA 2.63 en 16 matchs en Class A en 2015 ; puis une ERA de 2.08 en 12 matchs en Class A-Short Season et Class A-Advanced en 2016 avec 13.7K/9IP! Il enchaîne avec succès sur la Arizona Fall League avec 6 starts : 3 victoires, 26K et une ERA de 2.01.
En décembre de cette année 2016, Kopech fait partie du package de prospects (avec notamment Yoan Moncada) envoyé à Chicago par le front office de Boston en échange d’un certain Chris Sale (voir ci-dessus). C’est donc dans les équipes de Ligues Mineures chicagoanes qu’il continue son apprentissage avec le même succès : 25 matchs (25 starts) en Double A et Triple A en 2017 : ERA 2.88, WHIP 1.169 et 11.5K/9IP ; 24 matchs (24 starts) en Triple A en 2018 : ERA 3.70 et 12.1K/9IP!
Mais ce qui fait beaucoup parler au sujet de Kopech, c’est sa vitesse de balle. Sa fastball est souvent hronométrée à plus de 90mph très tôt dans sa formation, avant de se stabiliser autour des 98mph avec même quelques pics à 100mph, ce qui lui vaut d’être qualifié de “flamethrower“. Le 13 juillet 2016, il a donc 20 ans, au cours d’un match de Class-A Advanced, deux radars du stade de Salem mesurent un de ses lancers à 105mph!!! L’un des lancers les plus rapides jamais enregistrés en match officiel!
Après ses excellentes sorties en Triple A en 2018, Michael Kopech – 13e prospect dans le Top 100 de MLB Pipeline – est appelé en MLB pour faire ses grands débuts. L’annonce de son start prévu le 21 août provoque un afflux aux guichets du Guaranted Rate Field : plus de 8 000 billets vendus en 48h! La pluie joue les trouble-fêtes mais offre quand même un bel aperçu du talent du garçon : 4K, 3H, 0R en 2IP avant l’interruption du match. Ses 40 fastballs lancées sont chronométrées à une moyenne de 96.8mph! Au cours des semaines suivantes, le lanceur aux cheveux longs dispute trois matchs supplémentaires mais gros coup dur pour lui, l’équipe et le public quand le 7 septembre, le staff médical des White Sox annonce que Kopech doit subir une opération Tommy John! Sa carrière est donc mise en suspens puisqu’il manque toute la saison 2018. Malgré ce stepback, il est toujours considéré comme l’un de tout meilleurs espoirs de la Ligue (n°33 pour Baseball America et n°20 pour MLB Pipeline) avant cette saison 2020. Il pourrait prendre place dans le bullpen de Chicago en début de saison avant d’intégrer la rotation et de former avec Lucas Giolito une doublette de droitiers très très prometteuse pour l’avenir de la franchise.
- Nick Madrigal, 23 ans, 2B
“His bat control is magnificient”, “A valuable old-school player”, “A tough-to-strikeout hitter”, “He has the best bat-to-ball skills on the system“… Les compliments ne manquent pas quand il s’agit de parler du futur joueur de 2e base des White Sox. On ne sait pas si les débuts de Nick Madrigal seront pour les derniers mois de 2020 ou pour 2021 mais, à l’image de ceux de Robert, ils sont très très attendus, même si on est bien sûr dans un registre très différent. Juste quelques données pour poser le personnage : en 120 matchs en 2019 (sur 3 niveaux entre Class A-Advanced et Triple A), Madrigal a obtenu trois fois plus de BB (44) que de K (16), avec un pourcentage de strikeout ridiculissime de 3%!
Cette incroyable discipline à la batte n’est pas une nouveauté pour celui qui a été drafté n°4 par les White Sox en juin 2018. Déjà pendant ses trois années de fac à Oregon State, il se distinguait par sa facilité à se rendre sur base : 58BB pour 37K en 151 matchs universitaires! Des moyennes OBP à .380, .449 et .428 au cours de son cursus. Alors oui, Nick Madrigal ce n’est pas de la puissance (seulement 8 HR en trois ans de fac) en raison d’un tout petit gabarit : 1m70 pour 74 kg selon Baseball Reference. Mais avec Abreu, Moncada, Jimenez, Robert, et même Encarnacion (Chicago a une team option sur le vétéran pour 2021) derrière lui dans le lineup, il aura du monde pour le faire avancer base après base voire même directement au marbre sur un HR!
- Andrew Vaughn, 22 ans, 1B
Après Madrigal en #4 en 2018, la cellule détection des White Sox a jeté son dévolu sur Andrew Vaughn avec le pick #3 lors de la Draft 2019, avec un contrat de plus de 7 millions de dollars à la clé! Considéré par la majorité des observateurs comme “the best pure hitter in the draft”, le garçon de tout juste 22 ans devrait se faire un chemin très très rapidement vers les Ligues Majeures. Il y est attendu dès 2021 mais est déjà classé prospect n°30 par Baseball America et même n°16 pour MLB Pipeline!
En quelques semaines de baseball professionnel après sa draft, l’ancien de la faculté de UCLA (Californie) est passé de la Rookie League, à la Class A puis la Class A-Advanced avec des résultats plus que corrects : .278/.384/.449 en 55 matchs. Ses années de fac + ses premiers matchs pros lui ont valu, en novembre, d’être sélectionné dans l’équipe nationale américaine pour le tournoi “WBSC Premier 12”, qualificatif pour les JO 2020 (désormais reportés en 2021). Il y a brillé avec notamment une moyenne de .321.
Andrew Vaugn devrait débuter cette saison (quand?) en Double A avant de continuer de grimper les échelons, et donc avant la grande Ligue l’année prochaine si tout va bien pour lui. Du côté de Chicago, on l’imagine déjà récupérer le premier coussin de José Abreu, et décaler ce dernier au poste de DH. Beaucoup de supporters de la franchise rêvent pour le jeune californien d’un avenir à la Paul Konerko : 1B mais surtout joueur emblématique, capitaine des White Sox et champion en 2005!
- Blake Rutherford, 23 ans, OF
Si Kopech est arrivé à Chicago en décembre 2016 dans le trade de Sale, Blake Rutherford a lui rejoint Windy City en juillet 2017 dans un pack de joueurs en provenance de New York (voir ci-dessus).
Cet autre Californien (comme Vaughn) était l’un des meilleurs lycéens attendus à la Draft 2016 : preuve en est sa sélection au 1er tour (#18) par les Yankees qui lui proposent un contrat de plus de 3 millions de dollars pour s’assurer ses services et le faire renoncer à son engagement verbal avec la fac de UCLA (comme Vaughn). Il fait des débuts pros très intéressants en Rookie League à l’âge de 19 ans : .351/.415/.570 en 33 matchs pour 3HR et 12RBI. Rutherford dispute 77 matchs en Class A au printemps 2017 (AVG .281) avant donc de voir sa carrière changer de parcours. Direction la Class A des White Sox avec moins de réussite : .213/.289/.254 en 30 matchs pour finir la saison.
Dans le Top 50 des meilleurs prospects en mars 2017 pour Baseball America et MLB Pipeline, l’outfielder a reculé dans les charts à l’entame de la saison 2018 (n°99 pour MLB Pipeline, hors Top 100 pour BA). Il dispute 115 matchs en Class A-Advanced (.293/.345./.436) puis 118 matchs en Double A en 2019 (.265/.319/.365). Il doit à tout prix concéder moins de K (118 la saison dernière). Rutherford a du mal à émerger dans le pool très talentueux – on l’a vu avec les noms précédents – des White Sox. Mais le front office croit encore en sa réussite puisqu’il a été inclus dans le Roster des 40 joueurs à l’issue de la saison 2019 pour éviter la Rule 5 Draft et ainsi rester dans le farm-system de la franchise. 2020 (ou 2021 selon les événements) devra être l’année de l’explosion pour rejoindre ses (anciens) camarades de formation dans les Bigs.
Un recrutement hivernal de qualité : des ambitions en 2020

Quand on ajoute à son roster déjà en place (Abreu, Anderson, Moncada, Jimenez) des rookies/prospects (Robert, Kopech, Madrigal) et qu’on récupère sur le marché hivernal Yasmani Grandal (catcheur/batteur n°1 en MLB?), Dallas Keuchel (ancien Cy Young), Gio Gonzalez (starter vétéran de luxe), Edwin Encarnacion (32HR minimum sur les huit dernières saisons),Steve Cishek (releveur vétéran) et Nomar Mazara (ancien gros prospect et à l’éclosion attendue) – soit des joueurs référencés en MLB – on peut légitimement aborder les mois à venir avec envie et ambition. Et puis, on n’a pas encore mentionné son nom mais Carlos Rodon va lui aussi réintégrer le roster après une saison 2019 quasi entièrement blanche après une opération Tommy John.
Attention, on l’a vu et dit, ce n’est pas la première fois que les White Sox réussissent à réussir leur recrutement sur le papier pour finalement beaucoup décevoir. Mais tout de même, il y a à l’amorce de cette saison pas mal de voyants au vert du côté de Chicago South. Autre élément important à prendre en compte : la division de laquelle ils jouent. La AL Central est l’une, si ce n’est, LA plus faible de MLB avec deux équipes (Tigers et Royals) qui ont fini la saison 2019 avec plus de 100 défaites.
La mission des Chicagoans est donc : 1/ d’engranger un maximum de victoires contre Detroit et Kansas City ; 2/ jouer les poils à gratter auprès des Indians annoncés en fin de cycle et 3/ gratter la place de dauphins des Twins qui semblent un ton au-dessus pour dans ce cas rivaliser avec Rays, Red Sox, Angels, A’s, Rangers… pour un ticket de Wild-Card.
Les années noires sont a priori derrière les White Sox. Tout est en place pour les voir revenir au plus haut niveau. Les attentes sont immenses à Chicago, à l’heure où les voisins des Cubs sont eux sur la pente plutôt déclinante. Le minimum attendu cette saison c’est de finir avec un bilan positif avant d’enclencher encore la marche supérieure et enfin mettre fin à cette série sans postseason. Qui dit grosses attentes, dit aussi grosse pression et en cas de nouvel échec, il y a fort à parier que Renteria mais aussi Hahn seront tenus pour responsables et qu’ils pourraient faire leurs valises. En tout cas je ne sais pas vous, mais moi je vais suivre un paquet de matchs des White Sox dans les prochains mois!

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