World Series ’19 : Les Cerbères prêts à mordre !

Pour la première fois depuis bien longtemps, les World Series vont être le théâtre de duels formidables entre les tous meilleurs lanceurs de la planète. On se croirait presque à un All-Star Game tant les forces en présences sur la butte sont omniprésentes. Et chez « The Strike Out », comme son nom l’indique, on aime les « K’s » en folie accompagnés du fameux « swiiiiing and a miss » électrique de commentateurs déchainés ! Justin Verlander, Gerrit Cole et Zack Greinke d’un côté, Max Scherzer, Stephen Strasburg et Patrick Corbin de l’autre, place à des World Series uniques où les aces détiennent la clé du match. N’ayons pas peur des mots. Sur le papier, les Word Series 2019 affichent un plateau de starting pitchers (SP) jamais vu depuis plusieurs décennies à ce niveau. Play Ball !

Si vous aimez le pitching vous allez vous régaler. Bien sûr on a vu sur ces dernières années des performances monstrueuses sur la plus belle des scènes. On pense notamment à Madison Bumgarner et son ERA impitoyable de 0.25 en 3 participations, un record All Time évidemment. On a déjà connu des lanceurs avec le statut d « ace » lancer à ce stade, et ce presque chaque année. Rien que sur les trois dernières éditions nous avons eu le droit à des Chris Sale, Clayton Kershaw, Corey Kluber, Jakie Arrieta ou Justin Verlander sur la butte pour des réussites diverses. Mais on a très rarement vu des World Series réunir autant d’étoiles que cette cuvée 2019. Et on peut, sans prendre de risque, affirmer qu’on ne verra plus un tel condensé de talents avant un (très) long moment. Du moins à ce niveau de compétition.

ERA ranking : 6 dans le top 20

Chacune des deux franchises s’avancent avec un Big Three incroyable. Houston amène un ticket 1-2 impossible à départager pour le Cy Young entre JV (21-6, 12.1 K/9) et Cole (20-5, 13.82 K/9) qui enchaînent les strikeouts par dizaine suivi d’un ex Cy Young acquis lors de la trade deadline : Zack Greinke (18-5, 8.1 K/9). De son côté Washington a fait toute sa saison avec son trio MadMax – Stras – Corbin. Débarqué en 2015, Scherzer (11-7, 12.7 K/9) a récolté depuis deux Cy Young chez les Nats en étant élu All-Star sur chaque exercice pendant que Stras (18-6, 10.8 K/9) braquait deux sélections au ASG et un podium au CY. Quant à la troisième tête de l’Hydre, Corbin (14-7, 10.6 K/9), il sort d’une saison statistique en tous points semblable à celle de 2018 récompensée d’un top 5 au Cy Young.

En 2019, les six partants ont tous terminé dans le top 20 à l’ERA. Avec respectivement la 3e place pour Cole, la 4e pour Verlander, 8e pour MadMax, 9e pour Greinke, 13e et 16e pour Corbin & Strasburg. Dit autrement, quasiment un-tiers des 20 meilleurs partants de MLB joueront ces World Series. La dernière fois que six pitchers classés dans le top 20 ERA prenaient part à des World Series, la seconde guerre mondiale venait tout juste de se terminer. Une autre époque. Surtout, en 1945, la MLB réunissait non pas 30 mais 16 équipes uniquement au sein de son championnat. Cela signifie qu’il était bien plus facile d’obtenir la crème de la crème lors des World Series qu’il ne l’est aujourd’hui. Surtout avec la densité actuelle que l’on retrouve chez les Pitching Staff. D’où l’importance de remettre cette donnée en perspective : statistiquement, cette cuvée 2019 est une première historique dans le baseball moderne.

CP : Compte twitter MLBStats

WAR ranking : 6 aux portes du top 10

On prend les mêmes et on recommence. Si on se penche sur une, voire la, donnée statistique majeure en MLB, le WAR pour Wins Above Replacement, on retrouve nos 6 larrons en tir groupé de la 1e place (Cole) à la 12e (Corbin). Entre, et dans l’ordre, on tombe sur MadMax (4e), Verlander (5e), Strasburg (7e) et Greinke (9e). Un feu d’artifice pour ce qui s’apprête à être seulement les 3e World Series disputées avec six pitchers dans le top 15 WAR. La dernière fois ? Encore en 1945, encore une autre époque. Quant à la première fois, elle date de… 1905 ! Un autre monde, cette fois.

Avec tout ça on en oublierait presque Aníbal Sánchez, classé 27e à l’ERA (3.85) et coupable du démantèlement des Cardinals lors du 1e match des NLCS. Avec un no-hitter emmené jusqu’aux portes de la 8e manche avant que José Martínez ne vienne frapper un simple. Sa postseason 2019 se résume à un seul run encaissé en plus de 12 manches lancées (0.71 ERA). Rien que ça.

Du « K » en veux-tu en voilà

Attendez-vous à voir la fameuse lettre « K » s’afficher durant dix jours sur vos écrans ! Sur cette postseason 2019 nous avons les cinq plus gros lanceurs de strikeouts avec :

  • Strasburg (33 K – 1.64 ERA – 22 IP)
  • Cole (32 K – 0.40 ERA – 22.2 IP)
  • Verlander (29 K – 3.70 ERA – 24.1 IP)
  • MadMax (27 K – 1.80 ERA – 20 IP)
  • Corbin (26 K – 7.43 ERA – 13.1 IP)

On notera que Justin Verlander est à 4 petits SO de devenir le premier homme de l’histoire à lancer 200 Ks en postseason pour dépasser la célèbre marque de John Smoltz et ses 199 Ks en playoffs.

Ce top five made in playoffs regroupe la moitié du top ten de saison régulière. Cette fois dans un ordre différent. Là encore, Cole (326 K) et Verlander (300) trustent les deux premiers rangs pendant que Strasburg (6e 251 K), Scherzer (8e 243 K) et Corbin (10e 238 K) complètent le top 10. Ce sera la première série de l’histoire en postseason qui réunira 5 membres du top 10. Oui vous avez bien lu. On parle ici de série et non pas de… World Series. Une première non plus en WS mais sur une série en postseason tout court, donc. Affolant !

D’ailleurs en termes de strikeouts, les deux franchises combinent 2 073 Ks en saison régulière. Et je ne parle là que des « SO » engrangés par les starters des deux équipes, de loin le record en la matière même si celui-ci ne cesse de progresser année après année depuis 2016.

World Series matchup : record de strikeouts envoyés par les SP en saison régulière

2019: Nationals vs. Astros — 2,073
2018: Dodgers vs. Red Sox — 1,870
2017: Dodgers vs. Astros — 1,843
2016: Indians vs. Cubs — 1,806

Ce n’est que la sixième fois que les deux équipes avec dans leur rotation les SP ayant le plus éliminé un batteur sur strike out s’affrontent (Astros 1e, Nationals 2e MLB). Sur les cinq cas précédents, trois fois l’équipe possédant les SP avec le plus de SO au compteur l’a emporté. Avantage Astros donc. Il faut tout de même remonter au début des années 2000’s pour trouver trace d’une telle affiche lors des WS 2001 mythiques entre Dbacks et Yankees. Mais avant ça, aucune Série Mondiale avec un tel plateau depuis les années 30…

CP : Compte twitter MLBStats

S’il est presque impossible de dégager une rotation au-dessus de l’autre tant les deux Managers disposent d’or en barre, les chiffres peuvent parfois nous donner un aperçu de ce qui peut nous attendre. D’ailleurs au niveau de l’ERA collectif des starters, seuls les Dodgers ont fait mieux que les Stros (3e) ou les Nats (2e). Là encore c’est assez rare que deux top trois au starting staff ERA se rencontrent. Ça sera la 5e fois avec une grande première depuis 38 ans et les WS 1981 entre Dodgers et Yankees (encore eux !). Mais dans chacune des WS disputées dans ce contexte (1981, 1978, 1974 et 1969), l’équipe avec la plus petite ERA affichée par ses SP lors de la régulière a soulevé le Commissioner’s Trophy. Avantage Nationals cette fois.

On vous l’a dit, cette affiche sent la poudre et les gros swings dans le vent. Bien malin celui qui pourra donner un avantage à telle ou telle rotation. Et même lorsque l’on regarde dans le grand livre de la MLB pour dégager une tendance, on arrive vite à la conclusion d’un match nul parfait. MadMax et Justin Verlander en légendes vivantes, Cole et Strasburg en machine à « K », et Corbin et Greinke en 3e tête du monstre. Lâchez les fauves, et faites rentrer les Cerbères ! Il n’en restera qu’un et ça s’annonce dantesque !

 

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Publié dans MLB

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