Preview 2024 – Baltimore Orioles : Bis repetita ?

Il y a un an à cette même période, le monde du baseball était en pleine effervescence avec la perspective de la World Baseball Classic et le début de la saison MLB. Et on peut dire que l’année 2023 nous a régalés entre le titre du Japon d’Ohtani face à Team USA, le retour des London Series et la première victoire en World Series des Texas Rangers. Nous avons eu droit à notre lot d’émotions, de beau jeu, de surprises, de déceptions, de rencontres, d’au-revoir (bye-bye Waino et Miggy)… et nous voilà déjà au départ de la saison 2024! Même sans compétition internationale à venir (il faudra attendre 2028 pour revoir le baseball/softball au programme des JO), on a hâte d’entendre PLAYBALL. Et pour tout savoir de cette saison MLB qui approche aussi vite qu’une balle lancée par Nolan Ryan, la rédac de The Strike Out vous propose sa traditionnelle série de previews. Aujourd’hui, on s’intéresse aux Orioles, champions sortants de l’AL East : la belle histoire va-t-elle reprendre en 2024 ?

Petit bilan chiffré pour commencer ce récap :
Record :  101-61, 1er de AL Est.
Postseason :  Défaite en AL Division Series contre les Texas Rangers (3-0)
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Bien qu’ils aient été balayés lors des Divisions Series de l’American League, les Orioles de Baltimore ont connu une saison inoubliable en 2023. La reconstruction tant attendue a enfin commencé à porter ses fruits. Les O’s ont réussi l’un des plus grands revirements de l’histoire du sport en passant de 110 défaites en 2021 à 101 victoires deux ans plus tard seulement ! Ils avaient déjà commencé à être compétitifs en 2022 et se sont considérablement améliorés la saison dernière, raflant par la même occasion le meilleur bilan de la l’American League. La saison dernière, Baltimore a remporté son premier titre de champion de division depuis 2014, et s’est offert sa première saison à plus de 100 victoires, en 40 ans. Les fans en souffrance depuis de longues années sont enfin récompensés !

Retour en images sur cette incroyable saison 2023

Ce qui est intéressant à propos de l’attaque des Orioles, c’est qu’il n’y a pas eu de performances individuelles incroyables. De nombreux joueurs ont bien frappé, mais personne n’a affiché les chiffres exceptionnels de stars d’autres équipes, chez les Braves d’Atlanta par exemple. Rutschman a mené l’équipe avec un 128 OPS+, ce qui est plutôt bas pour le leader d’une bonne équipe. À titre de comparaison, les Braves et les Dodgers avaient chacun deux joueurs supérieurs à 160 OPS+.

Une partie du succès de 2023 est issue de deux performances sorties de nulle part ou presque. Lors de ses cinq saisons avec les Royals de Kansas City, le 1B Ryan O’Hearn affichait -2,8 WAR. Arrivé aux Orioles, il a modifié son swing et s’est véritablement révélé. O’Hearn a ainsi disputé 112 matchs avec un OPS de .801, après avoir affiché pendant quatre années consécutives .650 ou moins. Dans la même veine, les Orioles ont signé l’OF Aaron Hicks à la mi-saison. Et Hicks aussi a considérablement amélioré son swing et par là même sa production, loin des projecteurs du Bronx. Chez les Yankees il affichait un OPS de .524 en 76 apparitions au marbre, aux Orioles il est passé à .806 en 236 PA. De toute évidence, ces deux paris valaient le coup pour Baltimore.

Les O’s ont corrigé le swing de Ryan O’Hearn et probablement donné un nouveau souffle à sa carrière – Photo Reggie Hildred-USA TODAY Sports

Cette saison 2023 a vu Adley Rutschman consolider son statut de meilleur receveur de l’AL pour sa seconde saison en Ligue Majeure. Il a réalisé des progrès notables au marbre et a même disputé son premier All Star Game. Titulaire indiscutable à son poste, il a aussi été utilisé ponctuellement comme frappeur désigné, disputant ainsi tous les matchs de saison régulière de l’équipe sauf huit ! Pour faire court, Rutschman a rendu une ligne de statistiques bien propre : 154 matchs joués, 163 coups sûrs (1er parmi les receveurs de la MLB), 20 HR (à égalité au 8e rang parmi les receveurs de la MLB), 80 points produits (2e toujours parmi les receveurs de la MLB) tout en atteignant .277/.374/.435 avec un OPS de .809.

Adley Rutschman est devenu le premier receveur de l’histoire de la MLB à afficher un OPS+ de 125 lors de chacune de ses deux premières saisons.

A Baltimore, un autre talent s’est confirmé la saison dernière en la personne de Gunnar Henderson, qui a décroché le précieux trophée de Rookie Of The Year. Henderson est l’une des deux têtes d’un duo particulièrement dynamique formé avec Heston Kjerstad. Respectivement SS et OF, ils émergent comme les piliers de la résurgence des Orioles. Le puissant bâton de Kjerstad ainsi que ses prouesses défensives complètent l’agilité et la polyvalence de Henderson, jetant les bases d’un formidable tandem dont on n’a pas fini d’entendre parler à mon avis.

Les Rookies des Orioles, Heston Kjerstad, à gauche, et Gunnar Henderson à droite, célèbrent leur titre de champions de l’AL East – Photo Kenneth K. Lam/Baltimore Sun

Cette vague de jeunesse se propage jusqu’au monticule où le lanceur Grayson Rodriguez, espoir n ° 1 des Orioles de Baltimore, a été dominant sur toute la seconde partie de la saison. Et il est à la tête d’un groupe de bras fort prometteur. Kyle Bradish a éclaté cette saison. De son côté, John Means a effectué un retour au sein de la rotation après son opération Tommy John. Kyle Gibson a également prouvé sa valeur en avalant des manches. Et Dean Kremer a pris chaque départ, comme prévu. Ce n’est pas mentir de dire que l’ensemble de ces lanceurs partants a surpassé les attentes en 2023. En tout cas jusqu’en playoffs… Car Means n’a pas participé aux séries éliminatoires en raison d’une douleur au coude. Puis, Bradish, Rodriguez et Kremer se sont combinés pour lancer seulement 8 des 27 manches de postseason, accordant 13 points sur 20 coups sûrs ! Je ne sais pas si l’enjeu était trop élevé, car aucun n’avait déjà lancé lors d’un match de série éliminatoire, ou s’ils étaient simplement surmenés après avoir tout donnés en saison régulière… Quoi qu’il en soit, les lanceurs de départ n’ont malheureusement pas atteint le niveau nécessaire pour exceller en octobre.

Grayson Rodriguez a effectué ses début en big league en avril dernier!
Distribution de K contre les Rays : 7 en 8 manches, sans encaisser le moindre point

Côté front office, le directeur général Mike Elias a bâti une stratégie gagnante derrière un groupe de joueurs expérimentés et un nombre élevé de jeunes talents développés en interne. Son sens du management s’accordait bien aux qualités du skipper Brandon Hyde qui a navigué parfaitement avec ce mélange de vétérans chevronnés qui fournissent des conseils et tirent vers le haut le jeune noyau des Orioles. Tous les regards, y compris le mien, sont tournés vers ces jeunes pousses O’s, symboles de la renaissance de la franchise. J’avoue être impatiente d’assister à cette métamorphose et voir le potentiel se transformer en succès palpable. Baltimore développe non seulement son farm system mais également d’autres joueurs acquis au cours des dernières saisons, prouvant qu’une reconstruction à grande échelle porte ses fruits à Camden Yards. Et grâce à cette jeunesse qui va continuer à progresser et qui reste verrouillée à Baltimore pour plusieurs années, cette équipe ne fera que s’améliorer. Et il y a fort à parier que les Orioles seront mieux préparés et fin prêts pour les matchs d’octobre dorénavant. 

Finalement, Baltimore a émergé bien plus tôt que ce que beaucoup d’experts pensaient, au cours de la saison régulière et s’est éteint une fois arrivé en postseason. Malgré une saison régulière à 101 victoires, les Orioles ont été balayés en ALDS par les Rangers en seulement trois matchs. Au crédit de Baltimore, l’équipe a perdu contre les futurs vainqueurs des World Series. Rappelons-le aussi que ces Rangers n’ont pas perdu un seul match à l’extérieur durant les playoffs, soit 10 rencontres ! Peut-être saisi par l’enjeu, le noyau de jeunes joueurs de Baltimore tend à prouver que cette franchise a encore un peu de chemin à parcourir avant de défier les grands pour obtenir leur bague. Une chose est sûre en revanche, Baltimore sera dans le haut du tableau pour les années à venir, avec probablement la meilleure équipe de l’AL East et encore une grande marge de croissance en perspective.

Après une telle saison, les Orioles ambitionnent donc logiquement de maintenir leur succès. La question que tout le monde se pose c’est est-ce que cela peut être durable ? L’équipe a réalisé des ajouts importants à son roster, notamment en faisant de Corbin Burnes son nouvel ace. Cependant, des inquiétudes persistent sur la rotation et sur des joueurs clés confrontés à des blessures, soulevant ainsi des questions sur la performance globale de l’équipe. A cela s’ajoute l’impact éventuel de l’arrivée de leur nouveau propriétaire sur la franchise.

Un nouvel ace est sur le point de sévir à Baltimore

Les Orioles sont la première équipe à détenir le top prospect de MLB sur trois années consécutives. Gunnar Henderson a été nommé meilleure recrue AL de l’année la saison dernière tandis qu’Adley Rutschman est rapidement devenu l’un des meilleurs receveurs du baseball. Rutschman a 25 ans. Henderson en a 22 ans et Jackson Holliday, qui a maintenant une chance de se présenter en Ligue Majeure très bientôt, n’en a que 20. Si Holliday est prêt à prendre le post de shortstop, il ne peut qu’ajouter encore plus d’explosivité au roster. J’ai tendance à radoter mais le noyau de cette équipe est donc non seulement jeune mais aussi talentueux et affamé. Pour ceux qui ont des doutes sur la régularité de ce groupe, je dois reconnaître que ce n’est pas totalement injustifié. Le groupe étant jeune, c’est normal de spéculer sur sa capacité à répéter un tel succès, surtout lorsque l’éclatement initial semblait un peu prématuré.

Jackson Holliday, auteur d’un grand slam pour son premier HR, c’était contre les Blue Jays pendant le Spring Training – Photo Julio Aguilar/Getty

Avec une grande flexibilité financière et un farm system solide, les Orioles peuvent faire à peu près tout ce qu’ils veulent. Baltimore était ainsi dans une position avantageuse cette offseason en tant que grande équipe disposant d’une petite masse salariale. Le plus gros point d’interrogation était la rotation des lanceurs partants. Pendant la majeure partie de l’intersaison, l’organisation s’est contentée de recruter des agents libres et a hésité à puiser dans son système de prospects toujours stellaire. Juste avant l’ouverture du camp d’entraînement, les Orioles ont annoncé à la fois un nouveau propriétaire – le gestionnaire de fonds spéculatifs David Rubenstein reprendra l’équipe en avril – et un nouvel ace, décrochant Corbin Burnes dans le cadre d’un accord avec les Brewers.

Il manquait encore aux Orioles une véritable star en tête de rotation, c’est désormais chose faite. Baltimore a envoyé aux Brewers deux espoirs, dont un seul classé dans le Top 100, et a reçu en échange l’un des meilleurs lanceurs de la Ligue. Burnes fait partie d’une espèce en voie de disparition en tant que bon lanceur partant qui reste en bonne santé. Il a lancé 193,2 manches en 2023 et 202 l’année précédente. Il n’a raté aucun match depuis 2021, année où il a reçu le Cy Young. Dans cette course au précieux award, il a été un sérieux candidat pendant quatre saisons consécutives et a terminé huitième la saison dernière. En résumé, Burnes valait clairement la peine d’être acquis, même pour une durée d’un an. Les O’s ont maintenant une rotation de premier plan avec Burnes suivi de Kyle Bradish, Grayson Rodriguez, John Means et Dean Kremer.

Si les Orioles ont de l’avenir, tout le monde est d’accord là-dessus, le bullpen, lui, cristallise encore des incertitudes. Felix Bautista a connu une saison historique mais malheureusement il s’est blessé en fin d’année (opération Tommy John). Il aura beaucoup manqué aux Orioles en séries éliminatoires et son absence va continuer à se faire sentir cette saison. En son absence, les Orioles ont confié à Craig Kimbrel le rôle de closer. Le neuf fois All-Star se classe huitième dans l’histoire de la MLB avec 417 saves. Le vétéran n’est peut-être plus aussi dominant qu’avant, mais il a enregistré un WHIP de 1.04 et un taux de retrait au bâton de 33,8 % (10e meilleur parmi les releveurs de la MLB) alors qu’il lançait pour les Phillies en 2023.

Craig Kimbrel est aussi devenu en 2023 le huitième lanceur de l’histoire de la MLB avec atteindre les 400 saves en carrière.

Compte tenu de la jeunesse du roster à Baltimore, il reste de nombreuses années avant de devoir commencer à sortir de l’argent pour signer de gros contrats. Bien sûr, les nouveaux propriétaires pourraient choisir une autre stratégie pour suivre la voie des Braves d’Atlanta et décider de sauter le pas des achats. Les Birds ont ce qu’il faut pour réussir en 2024, au moins jusqu’en octobre.

Le joueur à suivre  : Cedric Mullins

2024 sera-t-elle l’année du rebond pour Cedric Mullins ? Lorsqu’il est en bonne santé, c’est un joueur de champ hors pair doté de solides capacités offensives comme défensives. Sa blessure à l’aine la saison dernière avait entraîné une baisse de ses performances malgré un début de saison assez impressionnant. Cette année, les Orioles devraient chercher à s’appuyer plus sur sa défense que son bâton. D’autant plus que les jeunes joueurs des Orioles assument un rôle offensif plus important avec brio (cf. plus haut).

Cedric Mullins vole un homerun dans le 9e, produit deux points dans le 10e et permet aux Orioles, de s’imposer chez les Mariners – Photo AP/John Froschauer

Ses projections ZiPS pour la saison vont en tout cas dans ce sens et se montrent optimistes quant à un retour en bonne forme. Elles indiquent un juste milieu entre ses performances en 2023, affectées par des blessures donc, et ses résultats constants auparavant. Très rassurant sur le papier pour Baltimore.

Statistiques de Mullins en 2023 : .233/.305/.416, 15 circuits, 101 OPS+, 19 bases volées.
Projections ZiPS pour 2024 : .258/.322/.425, 17 HR, 23 SB, 106 wRC+, 3.2 fWAR
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La star : Gunnar Henderson

Le Rookie de 22 ans a pris d’assaut la Ligue, claquant 28 HR avec un OPS de .814, tout en jouant une défense incroyable. Sans surprise, il a donc remporté à l’unanimité le titre de Rookie AL de l’année. Henderson a également décroché le Silver Slugger et il ne faut pas oublier qu’il a quand même terminé huitième lors du vote MVP de l’AL. Lors d’une interview, Henderson a déclaré que l’objectif 2024 de son équipe, après avoir goûté aux séries éliminatoires l’an dernier, était de remporter les World Series, rien que ça ! C’est bien de se fixer des objectifs élevés, et en sachant que les Orioles n’ont pas gagné le titre depuis 1983, c’est très exactement ce que les fans veulent entendre.

AL Rookie Of Year, Silver Slugger, Gunnar Henderson a déjà tout d’une superstar et nous a livré une saison 2023 impressionnante !

Sur le plan personnel, Henderson a été clair, il vise le trophée de MVP de l’AL pour cette saison. Étant donné les votes qu’il a obtenus l’an dernier, c’est certainement possible. Surtout s’il a travaillé dur pendant l’intersaison et qu’il continue de progresser lors de sa deuxième saison au sein des Orioles.

Le prono

La quête d’un succès durable des Orioles est confrontée à plusieurs défis : de petites incertitudes au pitching, un changement de propriétaire et des doutes quant à la capacité des joueurs à maintenir leur niveau de performance par rapport à une folle année 2023.

Quoi qu’elle réserve, la saison des Orioles va être très excitante à suivre pour toutes ces raisons !

Prédiction 2024 : 95-67, champions de l’AL East, défaite en ALCS

Le pari fou

Je ne sais pas pour vous, mais moi j’ai bien envie d’exaucer le vœu d’Henderson, celui d’être élu MVP. Ce ne serait peut-être pas si fou après tout…

Et pour finir sur une douce note, une compilation de hugs de Rutschman pour fêter chaque victoire, c’est cadeau !

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