Le Tournoi Olympique de Softball fait son grand retour, après deux olympiades sans sports de batte. Six équipes vont tenter de remporter la médaille d’or, remportée par le Japon lors des JO de Pékin en 2008, dernière apparition du softball dans la plus grande compétition sportive du monde. Si les États-Unis et le Japon sont les grands favoris, les quatre autres équipes comptent bien se mêler à la lutte pour l’une des trois médailles en jeu. Une compétition resserrée qui promet des joutes intenses sur les terres de l’autre pays du baseball… et du softball.
Malgré de nombreux efforts depuis la fin des années 1940, le softball a régulièrement échoué à intégrer les Jeux Olympiques en tant que sport officiel ou de démonstration, même en 1984 à Los Angeles, alors que le baseball est sport de démonstration, et en 1992 à Barcelone, alors que le baseball était devenu sport olympique à part entière. Une double discrimination envers le softball et envers la pratique féminine d’un sport de batte.
Néanmoins, le softball intègre enfin les Jeux en 1996 à Atlanta. Les États-Unis vont dominer les éditions de 1996, de 2000 et 2004 avant que les Japonaises ne s’adjugent la dernière médaille d’or à Pékin, devant les États-Unis et l’Australie. Puis le softball, comme le baseball, disparaît des JO.
Pour son retour, le softball présente une édition resserrée à six équipes :
Japon
États-Unis
Italie
Australie
Mexique
Canada
La compétition se déroule du 21 au 27 juillet avec un mini-championnat jusqu’au 26 et des matchs en 7 manches comme pour toutes compétitions de softball. Le 27, les deux premières équipes au classement joueront le match pour l’or, et les équipes 3 et 4 la médaille de bronze. L’épreuve se déroulera dans deux stades : le Azuma Baseball Stadium de Fukushima et le Yokohama Stadium, ballpark des BayStars en Nippon Pro Baseball. C’est dans ce dernier que se dérouleront les deux matchs pour les médailles.
Etats-Unis – WBSC ranking : 1
Les Américaines se sont qualifiées en 2018 en remportant le championnat du monde qui se déroulait à Chiba. Aux Etats-Unis, terre natale du softball, les femmes intègrent très tôt cette pratique. Alors qu’elles sont mises à l’écart du baseball dans les années 30 puis dans les années 50, le softball va devenir « le baseball féminin » aux États-Unis puis à travers le monde. Aux USA, des championnats nationaux amateurs se développent ainsi que des équipes semi-pros.
Le softball universitaire féminin va croître dans les années 70 après l’adoption du célèbre Title IX en 1972. Le championnat NCAA va voir de nombreuses championnes éclore en son sein, qui vont permettre aux USA de dominer le monde du softball au féminin, telles Jennie Finch, Jessica Mendoza, Monica Abbott et Cat Osterman. Puis, dans les années 90, le softball se professionnalise à nouveau, avec difficultés, avant que la National Pro Fastpitch ne permette à un championnat de perdurer, et ce depuis 2004. Récemment, une nouvelle compétition professionnelle a vu le jour, la Athletes Unlimited.
With 2408 points, 95 Ks through 64 IP, a 1.53 ERA and a record of 13-1, Cat Osterman led not only in the circle but also in the circle all season long.
Let’s look back at some of those moments. pic.twitter.com/gpKrxQjKUU
— Athletes Unlimited (@AUProSports) September 29, 2020
La star : Cat Osterman
Difficile de ne choisir qu’un nom dans une équipe de stars mais celui de Cat Osterman s’impose au final. C’est l’un des noms les plus connus du softball après Jennie Finch. La lanceuse a eu une carrière exceptionnelle. Médaille d’or à Athènes puis d’argent à Pékin, Osterman a également marqué de son empreinte la NCAA et la NPF, qu’elle a remporté deux fois avec le Rockford Thunder puis la USSSA Pride. Elle fut d’ailleurs numéro 1 de la draft en 2007. En NCAA, elle remporte deux fois le Honda Sports Award, décerné aux meilleures athlètes des douze sports pratiquées par les étudiantes, trois fois le USA Softball Collegiate Player of the Year, et quatre fois le titre de meilleure lanceuse de sa conférence, la célèbre Big 12, où elle officia avec les Longhorns de l’université du Texas.
Elle prit sa retraite de joueuse après la saison 2015 mais elle revint au jeu pour viser une nouvelle médaille olympique. Elle fit partie notamment de la première saison de la Athletes Unlimited en 2020 où elle afficha un record de 13 victoires pour une seule défaite, et un ERA de 1.53 pour un retour fracassant. Osterman est donc l’une des meilleures pitchers de l’histoire du softball et ses stats parlent pour elle : 20 no-hitters (record) dont 7 perfect games en NCAA, 0.50 d’ERA et 2265 K en universitaire pour 136 victoires, pour ne citer que celles-là. Elle lancera également 4 no-hitters avec Team USA dont un perfect game et un no-hitter aux JO de 2004. Enfin, en NPF, elle enregistrera pas moins de 6 no-hitters.
Autres joueuses à suivre : la légende Monica Abbott (pitcher), la jeune star du moment N° 1 de la draft Athletes Unlimited Rachel Garcia (pitcher), la NPF Player of the Year 2019 Amanda Chidester (C/INF)
Japon – WBSC ranking : 2
Le Japon fut qualifié d’office en tant qu’hôte de la compétition. Mais ne pensez pas que les Nippones ont volé leur place. Médaille d’or aux Jeux de Pékin, vice-champion du monde en titre, le Japon c’est également trois titres de championnes du monde, dont le dernier en 2014, de nombreux titres continentaux et, quand il n’est pas sur la plus haute marche du podium, une présence sur les deux autres. Le Japon est tout simplement la deuxième plus grande nation du softball au féminin après les États-Unis.
Si des femmes japonaises ont joué au baseball avant la Seconde Guerre Mondiale, le softball a pris son essor dans l’archipel après la guerre quand se crée la Japan Softball Association en 1949. Le sport intègre rapidement les activités scolaires et, à l’instar du baseball japonais à la fin du 19ème siècle, le sport scolaire et universitaire va donner un coup de boost au développement de la discipline. En 1970, à Osaka, l’équipe nationale remporte son premier championnat du monde.
Depuis 1968, la fédération organise la Japan Softball League, chez les femmes et les hommes. La compétition s’est professionnalisée et accueille, côté féminines, des joueuses des États-Unis, d’Australie, du Mexique, du Brésil ou de Chine.

La star : Yukiko Ueno
A 38 ans, la lanceuse continue d’être le grand nom du softball japonais. Évoluant dans la Japan Softball League au sein de l’équipe des BicCamera Bee Queen, elle est également l’ace du Japon depuis le milieu des années 2000. Elle lança notamment le premier match parfait des Jeux Olympiques en softball lors des Jeux d’Athènes, face à la Chine, médaille d’argent à Atlanta. Ueno est surtout connue pour ses affrontements légendaires face à Team USA. Que ce soit des défaites ou des victoires, ce furent des matchs de très haut niveau.
Son tournoi olympique de 2008 fut particulièrement extraordinaire. En playoffs, Ueno perd son duel face à Monica Abbott encaissant 4 points en 9ème manche après 8 manches blanches. Les Japonaises jouent plus tard dans la journée l’Australie, l’une des meilleures équipes au monde. Faisant face à l’élimination, le Japon décide de remettre Ueno au lancer. Elle va lancer 12 manches, concédant 3 runs. Mais c’est bien le Japon qui l’emporte 4-3 et retrouve les Américaines en finale le lendemain. Et une nouvelle fois, c’est Ueno au pitching.
Cette fois-ci, malgré une seule nuit de repos, Ueno ne faiblit pas. Elle n’encaisse qu’un seul run et le Japon, mettant fin à 22 victoires de suite des USA aux Jeux, remporte sa première et seule médaille d’or olympique. Quant à Ueno, en deux jours, elle lancera pas moins de 413 balles!
Autres joueuses à suivre : la capitaine expérimentée Eri Yamada (OF), la MVP JSL 2020 Nozomi Goto (pitcher) et la Leading Batter Award en JSL 2020 Saki Yamazaki (OF)
Canada – WBSC ranking : 3
Voisin des États-Unis, la pratique du baseball comme du softball est très ancienne au Canada. Plusieurs joueuses canadiennes ont évolué dans la célèbre All American Girls Professional Baseball League entre 1943 et 1954, venant du softball. Aujourd’hui encore, de nombreuses canadiennes évoluent en NCAA D1 ou dans les ligues pros NPF et Athletes Unlimited.
La Canada a participé aux quatre éditions précédentes du tournoi olympique avec une 4ème place en 2008 comme meilleure performance. L’équipe canadienne possède un très beau palmarès avec de nombreux podiums internationaux, notamment deux finales en championnats du monde et quatre médailles de bronze dans la compétition, notamment dans la dernière édition en 2018.
Les Canadiennes se sont qualifiées lors du tournoi pour les Amériques. L’équipe a survolé son groupe avec 5 victoires puis a terminé 2ème du groupe final derrière le Mexique pour prendre le 2ème ticket du tournoi avec 4 victoires et une défaite (une courte défaite 1-2 face au Mexique). S’il semble difficile d’imaginer les Canadiennes défier les Américaines et les Japonaises, elles sont en lice pour le bronze. A moins que leur groupe de lanceuses talentueuses et professionnelles, puisse les amener plus loin que prévu.
La star : Danielle Lawrie
Avec Lauren Bay-Regula, Lawrie est la grande star de l’équipe canadienne, grâce notamment à une carrière bien remplie. Chez les Huskies de l’université de Washington, elle va lancer quatre no-hitters dont trois matchs parfaits, remporter deux USA Softball Collegiate of the Year et deux Honda Sports Award, seule joueuse à réaliser cette performance avec Cat Osterman. Elle poursuit ses aventures en pro au sein de la NPF avec USSSA Pride de 2010 à 2014 (All Star 2011) puis avec le Canadian Wild à partir de 2019. Elle intègre l’équipe nationale en 2005 et participe aux JO de 2008. Comme de nombreuses joueuses, elle décide de sortir de sa retraite pour tenter une nouvelle aventure olympique.
Autres joueuses à suivre : la co-Pitcher of the Year NPF 2005 Lauren Bay-Regula (pitcher), la All-NPF Team 2019 Victoria Hayward (OF)

Mexique – WBSC ranking : 5
Comme le Canada, le Mexique profite de sa proximité avec les États-Unis, mais d’une manière différente. En effet, la presque totalité de l’équipe est composée de joueuses américaines d’origine mexicaine. Ceci permet au Mexique d’avoir en son sein des joueuses excellant dans les grandes équipes universitaires de la NCAA, ainsi que de joueuses professionnelles de la NPF et de la Athletes Unlimited. En effet, le softball féminin est loin du développement du baseball masculin qui possède l’un des meilleurs championnats pros du monde, la Liga Mexicana de Beisbol, qui profite d’une véritable ferveur populaire, sans compter les joueurs mexicains en MLB. 5ème nation mondiale en softball féminin au ranking WBSC, l’équipe a connu un bond de 5 places entre 2016 et 2018, notamment grâce à de belles cinquième puis sixième places au championnat du monde 2016 et 2018.
Pour se qualifier, le Mexique a remporté le tour de qualification des Amériques devant le Canada, en étant invaincu en 10 matchs. Force montante du softball international, l’équipe mexicaine, nourrie à la NCAA et au softball pro, pourrait bien jouer les trouble-fêtes entre les deux équipes favorites.
La star : Dallas Escobedo
Originaire de l’Arizona, l’américano-mexicaine a excellé en NCAA avant de faire le saut en professionnel. Elle fait les beaux jours d’Arizona State. Avec les Sun Devils, elle remporte les College World Series 2011 et y obtient le titre de MVP. Elle collectionne également les récompenses personnelles dans sa conférence, la NFCA, et établit une fiche de 115 victoires pour seulement 26 défaites (ERA 2.00) en NCAA D1. En 2014, elle rejoint la NPF avec les Philadelphia Rebellion, puis en 2017 avec les Texas Charge. En 2018, elle intègre le Scrap Yard FastPitch, ancienne équipe NPF devenue indépendante. Actuellement, elle est l’ace des Toyota Shining Vega en Japan Softball League.

Autres joueuses à suivre : la lanceuse pro (NPF puis AU) Danielle O’Toole (pitcher), la 2 fois championne NCAA et All-NPF team 2019 Sydney Romero (3B), la 2 fois championne NCAA (dont les College World Series 2021) Nicole Mendes (Utility Player)
Australie – WBSC ranking : 8
L’Australie est une nation sportive par excellence. Même si le baseball et le softball sont loin d’avoir la popularité du cricket, cela n’empêche pas l’Australie de posséder son championnat pro de baseball, l’ABL, et une équipe féminine de baseball parmi les meilleures au monde. Il en est de même en softball. En quatre éditions, les Australiennes ont obtenu quatre médailles dont une en argent lors des JO d’Athènes en 2004. Même si leur seule titre de championne du monde remonte à 1965, elles ont plusieurs podiums à leur actif, notamment une 3ème place en 2014. Elles ont également terminé 4ème en 2018 après une décevante 10ème place en 2016.
Pour obtenir leur qualification, en terminant invaincue de leur Qualifier Asie/Océanie (5 victoires – 0 défaite, devant Taïwan et la Chine), l’Australie s’appuie sur un groupe de joueuses aux expériences diverses. Certaines sont dans l’équipe depuis les Jeux d’Athènes et de Pékin. Plusieurs ont joué en NCAA, notamment avec l’université d’Hawaï et quelques-unes ont eu des expériences professionnelles, notamment en NPF. Un groupe qui pourrait se mêler à la lutte pour la 3ème place même si l’Australie ne semble plus aussi forte qu’avant.
La star : Stacey Porter
Stacey Porter n’a pas eu une grande expérience professionnelle mais l’infieldeuse (1B/3B) de 39 ans a déjà connu les Jeux et les joies de la médaille olympique avec l’argent en 2004 et le bronze en 2008. Passée par l’université d’Hawaï, où elle a battu le record de homeruns en une saison de sa conférence, la NFCA, et de son université, elle a également joué en 2008 en Japan Softball League.
En 2004, elle fut la première aborigène à représenter l’Australie en softball aux JO. A ce tournoi olympique, elle frappa un double en finale contre les États-Unis, permettant à une coéquipière de scorer un point. C’était la première fois qu’une lanceuse américain abandonnait un run dans la compétition. Avec une telle expérience, c’est naturellement que Porter a été nommée capitaine pour ces JO.

Autres joueuses à suivre : la finaliste 2018 des College World Series avec les Huskies de Washington U Gabbie Plain (pitcher), l’ancienne joueuse de San Diego State University Michelle Cox (OF), l’ancienne lanceuse de Hawaï U et des Aussie Peppers en NPF Kaia Parnaby (pitcher)
Italie – WBSC ranking : 9
L’Italie est le petit poucet de ce tournoi olympique, l’équipe qui a le moins de chances de monter sur le podium au regard du palmarès ou du roster des cinq autres équipes. Pourtant, elle n’arrive pas désarmée. Dans une moindre mesure que le Mexique, l’Italie profite aussi de l’importante communauté italo-américaine pour garnir ses rangs de talents issus d’outre-Atlantique. Ce qui permet au roster d’avoir de nombreuses joueuses ayant connu la NCAA. Quelques-unes ont même eu une expérience professionnelle. Sans compter bien sûr l’expérience de haut niveau en Europe, avec les clubs italiens ou l’équipe nationale.
Avec les Pays-Bas, l’Italie est la grande nation du baseball-softball en Europe. Les deux nations se partagent les titres avec 12 titres pour les Italiennes, dont les deux derniers en 2019 et 2021, contre 10 pour les Néerlandaises. Au niveau mondial, l’Italie tourne autour du top 10-15 mondial avec une 8ème place au championnat du monde 2018 et une 13ème en 2016. L’équipe a également deux JO à son actif, en 2000 (6ème) et 2004 (8ème). L’Italie a obtenu sa qualification lors du qualifier Afrique/Europe dans lequel évoluait la France. L’Italie a fini invaincue de la compétition avec 5 victoires dont une sur nos Bleues 5-1.
La star : Erika Piancastelli

Receveuse et 3ème base, Erika Piancastelli est la star actuelle de l’équipe. L’italienne, née en Italie mais qui a grandi en Californie, a participé à la première saison de la nouvelle compétition professionnelle, la Athletes Unlimited frappant .327 de moyenne en 15 matchs avec 9 homeruns. Pas étonnant de voir performer chez les pros l’une des neufs joueuses de l’histoire de la NCAA D1 à avoir frappé au moins .400 de moyenne, 50 homeruns, 200 RBI et .800 de slugging. Elle a même fait mieux que cette ligne « minimum » : .401, 212 RBI, 75HR et .868 SLG. Sans parler de ses 70 bases volées. L’ancienne des Cowgirls de la MCNeese State University (Louisiane) devrait animer de son talent la compétition.
Autres joueuses à suivre : la finaliste NCAA 2016 avec les Tigers d’Auburn et All-NPF avec les Chicago Bandits en 2018 Emily Carosone (2B)
Le programme des rencontres :
Une réflexion sur “Jeux Olympiques Tokyo 2020 : suivez le guide pour l’épreuve de Softball”