Tokyo 2020 : Le Guide du Tournoi Olympique de Baseball – Groupe A

C’est l’heure : pour la première fois depuis 2008, le baseball redevient un sport Olympique. Après le retour du Softball, qui verra ce mardi matin le Japon et les Etats-Unis se disputer la médaille d’or, le pays du Soleil Levant aura les yeux rivés vers Yokohama et Fukushima où se déroulera le tournoi olympique de baseball. Ultra-favori domicile, le Japon – qui a interrompu son championnat pour l’occasion – fera figure d’épouvantail dans un tournoi qu’il n’a, incroyablement, jamais gagné. Mais attention à l’adversité dans cette compétition ultra-relevée où la Corée du Sud, tenante du titre, les Etats-Unis, la République dominicaine, le Mexique et même le petit poucet Israël auront tous leur mot à dire. Alors à challenge exceptionnel, dispositif exceptionnel, comme on est sympa, on vous a préparé un guide complet du tournoi, de son format, de ses qualifications, et bien entendu une présentation des six équipes, de leurs stars et des joueurs à suivre pour la semaine à venir. On commence aujourd’hui par le Groupe A, celui du Japon, du Mexique et de la République dominicaine

Le Yokohama Stadium, où se dérouleront les finales des Tournois Olympiques de Baseball et Softball (Photo : 横浜1978 – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=93094271)

De Saint Louis à Tokyo : le Baseball aux Jeux Olympiques

Inscrit au programme Olympique pour la première fois en 1904, lors des jeux de Saint Louis, le baseball n’a pourtant connu que cinq champions olympiques à ce jour, en raison d’une relation plus que compliquée entre le Baseball et le mouvement olympique. Inclus régulièrement en tant que sport de démonstration (1904 donc, mais aussi 1912, 1936, 1952-56, 1964, 1984-88) selon la volonté du comité organisateur, le baseball sera pour la première fois inclus au programme officiel en 1992, lors des Jeux Olympiques de Barcelone. Une compétition qui verra Cuba l’emporter contre Taiwan, le Japon s’imposant face aux Etats Unis pour la médaille de Bronze.

Cuba, qui est d’ailleurs à ce jour LA nation phare du baseball olympique au cours des cinq premiers tournois officiels, puisque les Caribéens remporteront le titre à trois reprises (1992, 1996, 2004) et seront finalistes des deux autres tournois (2000, défaits par les Etats-Unis et 2008, battus par la Corée du Sud). Mais Cuba qui, pour la première fois, ne défendra pas ses chances après avoir fini 8e du Premier 12 en 2019 et troisième de son groupe de qualifications de la Zone Amérique, derrière le Venezuela et le Canada.

Un match de baseball lors du tournoi Olympique de Stockholm, en 1912

Pour ce tournoi des Jeux Olympiques 2020, qui se déroulera tout comme le tournoi de Softball au Fukushima Azuma Baseball Stadium et au Yokohama Stadium, ce sont donc six équipes qui s’affronteront, d’abord séparées en deux groupes de trois, puis sous la forme d’un tableau à double élimination, suivi de demi-finales et de deux finales pour l’Or et le Bronze.

Le Groupe A se composera du Japon, pays hôte de la compétition, du Mexique et de la République dominicaine. Le Groupe B inclura, lui, Israël et deux anciens champions : les Etats-Unis, champions en 2000 et les Champions en titre, la Corée du Sud, vainqueurs en 2008.

Mais avant de vous présenter ces équipes, faisons un point rapide sur les qualifications : Comment sont-ils arrivés là ?

Premier 12, tournois régionaux et Covid : des qualifications perturbées

Première nation au classement de la WBSC sans discontinuer depuis 2018, mais aussi et surtout pays hôte, le Japon n’a pas eu à disputer les qualifications pour le tournoi olympique. Si cela avait été nécessaire, les coéquipiers de Masahiro Tanaka n’auraient toutefois eu aucun souci à se faire leur place pour le tournoi olympique, puisqu’ils ont remporté le Premier 12, premier tournoi qualificatif pour les jeux, en 2019.

Lors de ce tournoi la Corée du Sud, médaille d’argent, et le Mexique, médaille de bronze, ont également décroché le précieux sésame, tous deux aux dépens des Etats-Unis, battus par le Mexique à deux reprises lors de ce tournoi, et notamment dans le match pour la médaille de bronze et la qualification (3-2).

Dès lors, il restait trois places à prendre lors de trois derniers tournois de qualification. Lors du tournoi de qualification Europe/Afrique, c’est l’équipe d’Israël qui l’emportait de justesse devant les Pays Bas, qualifiés, eux, pour le tournoi de qualification final. Les Etats-Unis se qualifiaient à leur tour lors du tournoi de qualification des Amériques, lavant l’affront en disposant de la République dominicaine et du Venezuela, à leur tour reversés dans le tournoi de qualification final

Ils y retrouvaient donc les Pays-Bas mais aussi la Chine et Taiwan, qualifiés grâce à leurs 2e et 3e place aux Championnats d’Asie, ainsi que l’Australie, représentante de l’Océanie. Las, les trois représentants d’Asie/Océanie décidaient de ne pas participer au tournoi final, qui opposait donc au Mexique les équipes de République dominicaine, du Venezuela et des Pays-Bas.

Dans ce tournoi à double élimination, ce sont les Dominicains qui s’imposaient, au terme d’un tournoi très indécis, pour compléter le line-up de ce tournoi olympique :

Groupe A :

Japon (#1 WSBC), Mexique (#5), République dominicaine (#7)

Groupe B :

Corée du Sud (#2 WSBC), Etats Unis (#4), Israël (#24)

Poules, double élimination et finales : le déroulement du Tournoi Olympique

Malgré le faible nombre de participants, pas moins de 16 matchs seront disputés lors de ce tournoi Olympique de Baseball pour désigner le nouveau Champion Olympique et les places d’honneur. Les six équipes seront tout d’abord divisées en deux groupes de trois équipes (Groupe A : Japon, Mexique, République dominicaine ; Groupe B : Corée du Sud, Etats-Unis, Israël) qui se rencontreront toutes une fois.

Les second et troisième de chaque poule se rencontreront ensuite lors d’un premier tour d’éliminations, les vainqueurs de ces duels se partageant ensuite le droit de défier en demi-finale le vainqueur du match entre les deux vainqueurs de groupe. L’autre vainqueur de groupe défiera lui le gagnant d’un match entre le perdant du match entre les deux meilleurs deuxièmes et le perdant du deuxième tour entre les deuxièmes et troisièmes.

Vous êtes perdus ? Ne vous inquiétez pas, nous aussi

On reprend : le vainqueur de ce repêchage entre perdant des premiers et gagnant du match des perdants entre les non-vainqueurs de groupes se qualifiera donc pour une demi-finale dans laquelle il sera opposé, vous l’aurez deviné…   au perdant de la demi-finale déjà disputée au début du paragraphe précédent.

Le gagnant de cette deuxième demi-finale ira donc disputer la médaille d’or au gagnant de l’autre demi-finale tandis que le perdant disputera la médaille de bronze non pas au perdant de la première demi-finale, bien entendu, puisque celui-ci jouait également la seconde demi-finale, mais à celui du deuxième tour de repêchages.

Je… je vous offre un schéma made in Wikipédia ?

Le Groupe A : Japon, Mexique, République dominicaine

Si le Japon, première nation mondiale, pays hôte à la recherche d’un premier titre olympique dans la discipline, est le grandissime favori de ce groupe, et de l’épreuve dans son ensemble, la phase de groupes sera tout sauf une partie de plaisir pour les coéquipiers de Masahiro Tanaka tant le niveau de ce Groupe A semble relevé, avec, comme outsider, le Mexique d’Adrian Gonzalez, médaille de bronze du dernier Premier 12 et une équipe de République dominicaine qui offre un bel alliage de jeunes talents et d’expérience, et n’aura rien à perdre lors de ce tournoi.

Le Japon,  1e nation mondiale

On l’a dit, le Japon est la meilleure nation du monde et le restera au moins tant que les joueurs clés des Ligues Majeures Américaines n’auront pas l’opportunité de participer à un tournoi international. Première nation au classement WBSC, champions du monde en titre en tant que vainqueurs du Premier 12, les Japonais s’avanceront, chez eux, en tant que grandissimes favoris, et ce malgré l’absence totale d’un public qui aurait permis de chauffer à blanc les stades de Fukushima et Yokohama.

A l’inverse de la MLB, la NPB a interrompu sa saison après ses All Star Series – la saison ne reprendra qu’à la mi-août pour permettre à ses superstars de se préparer au mieux pour ce tournoi olympique crucial pour le baseball japonais. Nous aurons donc la chance de voir à l’œuvre, sur le monticule, le nouveau prodige des Oryx Buffaloes, Yoshinobu Yamamoto (22 ans, lire plus bas), l’ancienne gloire des Yankees Masahiro Tanaka ou encore l’as des Hanshin Tigers, Koyo  Aoyagi (ERA 1.79 en 14 matchs cette saison).

Dans le bullpen, s’aligneront également deux énormes jeunes talents : Kaima Taira, qui affiche un ERA de 0.23 en 39.2 manches lancées cette saison pour les Saitama Seibu Lion, ainsi que Ryoji Kuribayashi, 18 saves et un ERA de 0.53 en 2021 pour les Hiroshima Carp.

On notera en revanche l’absence de Tomoyuki Sugano (Yomiuri Giants), l’un des tous meilleurs lanceurs du championnat japonais ces dix dernières années. MVP de Central League en 2014 et 2020, tout proche de s’engager avec les Blue Jays l’hiver dernier, Le lanceur de 31 ans connait une saison plus compliquée (2-4 et 3.29 ERA en 52 manches lancées) et ne sera pas de la fête à Tokyo.

Avant de s’attaquer aux Ligues Majeures (dès 2022 ?), Yoshinobu Yamamoto, déjà une superstar en NPB, a bien l’intention de marquer les Jeux Olympiques de son empreinte.

Au bâton, le Japon n’offrira pas forcément de grands noms mais un bon mix de jeunesse, d’expérience et de puissance, mené notamment par le Rookie of the Year 2019, Munetaka Murakami (Tokyo Yakult Swallows), second de toute la NPB en termes de Home Runs ET de Buts sur Balles (26 et 61) cette saison.

Son coéquipier Tetsudo Yamada (25 HR) et Yuki Yanagita (Fukuoka SoftBank Hawk, 22 HR, .296) l’accompagneront en puissance au cœur du lineup tandis que le métronome Yoshida Masataka (Orix Buffaloes), batting champion de Pacific League en 2020 avec une moyenne de .350 et titulaire en 2021 d’une slash-line de .343/.431/.559 sera le principal atout régularité de cette équipe nipponne.

Il sera accompagné par un trio d’aficionados de la présence sur base Hideto Asamura (Tohoku Rakuten Golden Eagles, 70 BB, .427 OPS), Kensuke Kondoh (Nippon Ham Fighters, 0.418 OPS) et Seiya Suzuki (Hiroshima Carp, .308 ERA, 0.407 OPS).

Et pour être parfaitement complet, le sélectionneur japonais Atsunori Inaba a également fait appel au meilleur voleur de bases de NPB, Sosuke Genda (Saitama Seibu Lion, 18 SB, 90% de succès) pour assurer les tâches de pinch-hitting et pinch-running lors de rencontres indécises.

La Star : Masahiro Tanaka

Si, à 32 ans, ses meilleures années de baseball professionnel sont déjà derrière lui, Masahiro Tanaka n’en reste pas moins l’un des personnages incontournables et emblématiques du baseball japonais, en compagnie entre autres d’Ichiro Suzuki et désormais de Shohei Ohtani. Deux fois All Star en 7 saisons pour les New York Yankees, Tanaka a brillé par sa régularité et quelques performances électriques, notamment lors de la postseason 2019, sans toutefois confirmer les gigantesques attentes placées en lui.

De retour dans son premier club des Tohoku Rakuten Golden Eagles, Tanaka réussit pour le moment sa première saison de retour au pays avec 85 manches lancées pour un total de ERA de 2.96 et 76 strikeouts. Mais surtout, pour son premier tournoi international majeur depuis le World Baseball Classic 2013, Tanaka va apporter à ses coéquipiers toute son expérience de sept saisons passées au cœur de la rotation des Yankees, un club où la pression est intense et permanente. Nul doute que cette expérience sera précieuse au moment de répondre aux attentes du public japonais : la médaille sinon rien.

Le joueur à suivre : Yoshinobu Yamamoto

Il est la nouvelle étoile montante du baseball japonais. A bientôt 23 ans, Yoshinobu Yamamoto participe à sa cinquième saison en Nippon Baseball League, dont il est déjà l’une des superstars et un lanceur trois fois All Star. Actuel leader de Pacific League avec les Oryx Buffaloes, Yamamoto pointe son puissant bras en tête de tous les classements.

Cette saison, il est premier de NPB en termes de manches lancées (113.2), second (et premier de Pacific League) parmi les lanceurs partants de NPB en termes d’ERA (1.82, juste derrière Koyo Aoyagi, 1.79), premier en termes de Strikeouts (121), premier en victoires (9-2). Bref, du lourd…

Yamamoto, qui pourrait être posté dès cet hiver pour un transfert vers la MLB, après déjà cinq années de service en NPB, possède un arsenal remarquable avec une balle rapide atteignant les 97 mph, un splitter absolument diabolique, mais également un Cutter et une balle courbe déjà redoutables bien qu’encore perfectibles.

Il devrait être l’as de cette équipe japonaise, et aura l’honneur d’ouvrir le tournoi dès cette nuit, mercredi matin, face à la République dominicaine. Surveillez-le de près, ce petit gars pourrait bien être l’une des prochaines stars de la Major League.

Le Mexique,  5e nation mondiale

Médaillée de Bronze lors du dernier Premier 12, l’équipe olympique du Mexique se retrouve embarquée contre son gré dans une drôle de course contre la montre, l’une de ces situations inconfortables auxquelles la Covid-19 nous a malheureusement habitués. En effet, l’ensemble du roster mexicain est isolé, depuis le 18 juillet, dans un hôtel de Mexico City à la suite des contrôles positifs des lanceurs Hector Velazquez et Sammy Solis, qui ont d’ores et déjà été retirés du roster mexicain.

Depuis, les nouvelles sont rares de la part du comité olympique mexicain mais la période d’isolation semble avoir permis de maîtriser la transmission du virus et les Mexicains devraient pouvoir être présents pour l’ouverture de leur tournoi olympique, ce vendredi contre la République dominicaine. Si la Covid épargne le roster mexicain, les coéquipiers d’Adrian Gonzalez s’avanceront comme des candidats très sérieux pour une médaille, et, pourquoi pas, se battre pour le titre.

Pour cela, ils ont fait appel une délégation hybride, issue de la Liga Mexicana de Beisbol, des Minor Leagues et du championnat chinois, sous la direction de l’ancien infielder Benji Gil, vainqueur des World Series 2002 avec les Angels et actuel Manager des Mariachis de Guadalajara en BML, nommé à la tête de l’équipe nationale au mois de juin.

Si la star de l’équipe sera bien entendu le joueur de première base Adrian Gonzalez, 5 fois All Star en Major League et aujourd’hui sous les ordres de Gil avec Guadalajara, le roster mexicain ne manque pas d’arguments et d’expérience pour tirer son épingle du jeu dans ce tournoi olympique, avec un très beau mix de joueurs mexicains et de joueurs américains d’origine ou d’ascendance mexicaine, comme l’ancien infielder des Blue Jays Ryan Goins, appelé de dernière minute dans le roster, ou encore les lanceurs Manuel Barreda (Orioles) et Daniel Duarte (Reds), tous deux riches de plusieurs années d’expérience dans les Ligues Mineures américaines.

Adrian Gonzalez et le Mexique seront un sérieux outsider pour la victoire finale à Tokyo

L’infield du Mexique devrait être un atout majeur avec également, entre autres, l’utility player de Tijuana, Efren Navarro (ex Angels, Tigers et Cubs), qui affiche un OPS de .470 en LMB cette saison avec presque 35% à la moyenne, ou Ramiro Peña, (ex  Yankees, Braves)qui évolue aujourd’hui sous les couleurs des Sultanes de Monterrey (.321 avec 7 HR en 2021), le Shortstop Danny Espinosa (Acereros del Norte, ex Nationals) ou encore Isaac Rodriguez, 4e de LMB à la moyenne et second en termes de vols de bases (.387 AVG, 17 SB).

Côté lanceurs, Benji Gil a sélectionné un groupe plus que cosmopolite avec, en plus de Barreda et Duarte cités ci-dessus, les partants Manuel Banuelos (ex Braves et White Sox) et Teddy Stankiewicz, tous deux passés par Taïwan et qui ont rejoint la BML ces dernières semaines pour pouvoir rejoindre le roster olympique, ou Edgar Arredondo qui évolue avec les Reno Aces dans le farm system des Diamondbacks.

Les lanceurs Stars de ce roster mexicain devraient cependant être Fernando Salas, vainqueur des World Series 2011 avec St Louis et titulaire d’un ERA de 3.95 en 10 saisons dans les Major Leagues, de 2010 à 2019 et le closer Carlos Bustamante , deuxième de LMB en termes de Saves (13/13) derrière l’inépuisable Fernando Rodney.

La Star : Adrian Gonzalez

Il est LA Superstar du baseball mexicain et l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du pays. Né à San Diego, Adrian Gonzalez a grandi de l’autre côté de la frontière, à Tijuana, où il a frappé ses premières balles avant de revenir aux Etats-Unis où il a été drafté avec le premier pick par les Florida Marlins, en 2000.

Jamais apparu au niveau MLB pour Florida, il est passé par les Rangers, les Padres, les Red Sox, les Dodgers et finalement les Mets en 15 années d’une solide carrière de Major Leaguer qui l’aura vu obtenir 5 participations au All Star Game, 4 Gold Gloves, 2 Silver Sluggers et une ribambelle de places d’honneur au classement du MVP.

Retraité après son départ des Mets en 2018, il est revenu en mars pour une seule saison et deux dernières missions : aider les Mariachis de Guadalajara, nouveaux venus en LMB, à se battre pour le titre national, et aider la sélection mexicaine dans ce qui ressemble une opportunité unique d’aller chercher une médaille olympique.

A mi-saison, Gonzalez affiche une slash-line de .340/.412/.531, les Mariachis dominent la Division Nord du championnat mexicain… et Adrian Gonzalez arrive en pleine forme pour aider le Mexique à créer, pourquoi pas, la plus grande surprise de l’histoire du baseball international.

Le joueur à suivre : Isaac Rodriguez

Joueur cadre des Toros de Tijuana depuis la saison la saison 2016, Isaac Rodriguez s’est imposé ces dernières saisons comme l’un des tous meilleurs frappeurs et coureurs de bases de la Ligue Mexicaine. S’il ne brille pas forcément par sa puissance, Rodriguez, 31 ans, est une véritable machine à coups-surs, affichant une moyenne au bâton de .387 cette saison (.318 en carrière) et une petite centaine de bases volées en 430 matchs avec les Toros.

Rodriguez, qui, à l’inverse de ses nombreux coéquipiers, a joué toute sa carrière professionnelle au Mexique, ne sera pas forcément surveillé par les lanceurs et défenseurs adverses et pourrait profiter de l’opportunité pour laisser parler toute sa vitesse une fois installé sur bases.

Dans un tournoi indécis où chaque opportunité devra être saisie et exploitée au maximum, on l’observera de près, dans le haut du lineup ou dans un rôle de pinch-hitter. Rodriguez pourrait être l’un de ces joueurs inattendus qui créent des différences insoupçonnées.

La République dominicaine, 7e nation mondiale 

En République dominicaine, le baseball est plus qu’un sport, il est une religion et un miracle permanent pour cette petite île de 10 millions d’habitants qui vit, respire, mange et dort « pelota ». Les Ligues dominicaines sont un point de rendez-vous hivernal des prospects de Ligues Majeures (LIDOM) et un centre de performances estival pour les farm systems, qui ont tous une équipe dans les Dominican Summer Leagues.

Omniprésents en MLB comme dans les ligues mineures, les Dominicains forment le deuxième plus grand contingent de joueurs de MLB, avec pas moins de 85 Dominicains dans les rosters actifs au début de la saison 2021 et non des moindres : Juan Soto, Fernando Tatis Jr., Manny Machado, Jose Ramirez, Ketel Marte, Luis Castillo… la liste est longue, vous l’aurez compris.

Bien entendu, comme les Etats-Unis ou le Mexique, la République dominicaine ne pourra pas compter sur ses superstars actives dans les majeures, et le roster dominicain se composera donc de nombreux prospects de Double et Triple-A, de joueurs locaux et d’anciennes gloires comme l’ancien artilleur des Blue Jays, Jose Bautista, ou encore Melky Cabrera.

Sur le monticule, la République dominicaine aura dans son pitching staff de douze unités pas moins de huit joueurs ayant goûté aux Big Leagues lors de la dernière décennie, parmi lesquels José « Jumbo » Diaz (168 manches en MLB, principalement pour les Reds) et les journeymen Jhan Marinez (134 IP en MLB, pour 7 clubs) et Raul Valdes (140 manches pour 5 clubs).

Le reste du staff se composera d’un lanceur de NPB (Cristopher Chrisostomo) et de trois prospects de niveau AAA et AA. Autant dire que ces garçons, anciennes gloires ou à la recherche d’un destin majeur, ont tous les bras et la tête pour envoyer le feu lors de ce tournoi olympique si la mayonnaise prend dans le roster.

Jose Bautista et Julio Rodriguez, deux générations d’excellence du baseball dominicain

Même topo côté batteurs, puisque l’on retrouve dans le roster six anciens des Big Leagues. Bautista et Cabrera (15 saisons chacun) donc, mais aussi Emilio Bonifacio (12 saisons), Juan Francisco (6 saisons), Yefri Perez (1 saison) et l’Utility-man Erick Mejia (2 saisons), le seul de ces Major Leaguers à évoluer encore, actuellement, dans un farm system des Majors, celui des Kansas City Royals.

Mais le roster de la République dominicaine ne se compose pas juste d’anciens Major Leaguers, puisqu’il cache aussi en son sein l’un des prospects les plus excitants du baseball mondial et le prospect numéro 5 de toute la MLB, Julio Rodriguez, un Outfielder d’une puissance et d’un talent rares dont on vous parlera un peu plus bas.

Alors certes, les incertitudes sont nombreuses sur le niveau actuel et la cohésion d’un groupe principalement composé d’anciens Major Leaguers aujourd’hui en pré-retraite au pays ou au Mexique, mais attention, le talent est là, les Facteurs X aussi, et la République dominicaine ne vient pas au Japon pour beurrer les sandwichs.

La Star : Jose Bautista

A 40 ans, les grandes années de Jose Bautista sont loin derrière lui, et il n’évolue plus qu’en équipe nationale depuis 2018, malgré son intention annoncée de continuer puis reprendre sa carrière en club.  Pour autant, « Joey Bats » a encore tout plein d’envie et de puissance à offrir à son pays, et un maximum d’expérience à partager avec ses coéquipiers.

Quatre fois Top 10 au classement MVP, six fois All Star, Jose Bautista reste surtout célèbre pour l’un des moments les plus iconiques de la dernière décennie du baseball, quand il enchaînait un Home Run clutchissime puis un bat-flip cultissime, lors du match 5 des ALDS entre les Blue Jays et les Rangers.

Joueur de cœur, joueur de clutch et joueur de puissance, Jose Bautista pourrait avoir un rôle crucial à jouer si la qualification devait se jouer au couteau au fin fond de la neuvième manche. Et ce tournoi pourrait aussi servir de passage de témoin vers un autre Outfielder surpuissant qui représente, lui, le futur du baseball dominicain.

Le joueur à suivre : Julio Rodriguez

Je parle bien entendu ci-dessus de Julio Rodriguez, prospect numéro 5 de toute la MLB et prospect numéro 2 des Mariners, juste derrière son compère de l’outfield Jarred Kelenic. Choisi par Baseball America cette année pour faire la couverture de son Prospect Handbook, Julio Rodriguez coche toutes les cases dans la checklist de la parfaite future Superstar.

Rodriguez, qui aura 21 ans en décembre prochain, s’amuse pour le moment en Minor Leagues, où il vient d’atteindre le niveau AA. En trois saisons dans les Minors, il affiche une Slash-line de .319/.399/.539 tous niveaux confondus avec 26 Home Runs et 152 RBIs en 185 matchs.

Diamant brut à la puissance folle, il possède également une défense de très grande qualité grâce au canon qui lui sert de bras droit. Seul défaut notable, un relatif manque de vitesse en défense comme sur bases, qui ne l’empêche pas de voler une base ici ou là, mais qui devrait le fixer sur un poste de Champ Droit plutôt que de Champ Centre.

Avant de découvrir la MLB, probablement l’an prochain, avec les Seattle Mariners, Julio Rodriguez a lors de ces Jeux Olympiques une occasion en or de s’annoncer en fanfare au monde du baseball. Alors ouvrez bien les yeux, parce que cela pourrait déménager.

A suivre demain, avec la preview du Groupe B de ce Tournoi Olympique de Baseball


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