La saison régulière touche à sa fin et c’est le moment que tous les fans de MLB attendent : la postseason est là! Jusqu’aux matchs des wild-cards mardi (NL) et mercredi (AL), The Strike Out vous présente chaque jour une franchise qualifiée pour ce mois d’octobre et en quête du titre suprême. Aujourd’hui, les St Louis Cardinals, qui auront attendu le Match 162 pour remporter la division NL Central .
Bilan de la saison
Ils sont de retour. Après trois saisons sans sentir le parfum des playoffs, une éternité pour une franchise qui n’avait pas connu telle disette depuis la fin des années 90, les Cardinals ont pris leur revanche, en sortant vainqueurs des Chigago Cubs et des Milwaukee Brewers dans ce qui était peut-être la division la plus disputée du baseball majeur cette saison. Au coude a coude avec leurs deux principaux adversaires tout au long de l’exercice, les Cardinals auront réussi à tenir le coup jusqu’au bout, grace notamment à un sweep des Cubs fatal aux hommes de Joe Maddon la semaine dernière.
Emmenés par le Manager « rookie » Mike Schildt, qui avait succédé à Mike Matheny au cours de l’été 2018, les Cards ont su faire preuve de patience pour décrocher un nouveau fanion et s’inviter au festin des NLDS. Et avec un alliage quasi-parfait de jeunesse, d’expérience et de roublardise, ils ont brillé par leur stabilité et leur régularité. Les Cardinals ne sont pas simplement le second pitching staff de National League (3.77 ERA, .237 BAA, 1.26 WHIP), ils possèdent aussi le second bullpen (3.83 ERA, .219 BAA) de la Ligue et le troisième des Majors emmenés par le quatuor Gallegos, Hicks, Martinez, Gant. Ajoutons à cela que Mike Schildt n’a utilise que sept lanceurs partants différents au cours de la saison, et cela donne une idée du niveau de sérénité et de solidité physique et mentale chez les lanceurs du Missouri.

Avec un pitching staff de ce niveau, l’offense des Cardinals a pu se permettre d’être au mieux dans la moyenne-basse de la ligue au fil de la saison régulière : 10e de National League au niveau des points marqués et de la moyenne au bâton, 9e au niveau de la présence sur base… mais cependant meilleur élève au niveau des vols de base (116), grâce notamment aux 24 buts volés par Kolten Wong. Face aux meilleures équipes de MLB, les Cardinals devront hausser leur niveau de jeu dans ce secteur du jeu. La bonne nouvelle pour les Redbirds ? Ils sont en progrès dans ce domaine puisqu’ils sont, à l’heure d’affronter la postseason, la cinquième franchise de National League en termes de points marqués sur le mois de Septembre (131), au meilleur moment donc. Et on ne sait que trop bien les dégâts que peuvent causer Paul Goldschmidt, Marcell Ozuna, Mike Carpenter, Yadier Molina et les autres si la confiance et l’enthousiasme d’un retour en postseason leurs permettent de se hausser au niveau de l’évènement.
Le moment clé de la saison
19 Septembre 2019, Wrigley Field. Avant de débuter une série de quatre rencontres chez le rival historique, les Chicago Cubs, les Cards ont absolument tout à perdre. Avec trois victoires d’avance sur les Cubbies et les Brewers, ils peuvent non seulement perdre leur place de leader de Division, mais aussi une potentielle place au Wild Card Game. Car Milwaukee, qui se prépare alors à recevoir les Pirates puis les Cubs, semble dans une forme étincelante malgré la perte sur blessure de son MVP, Christian Yelich.
La suite ? quatre victoires au couteau face aux hommes de Joe Maddon, quatre victoires d’un petit point chacune. St Louis aura été rejoint dans la neuvième manche avant de s’imposer dans la dixième lors du Match 1, menés lors des trois matchs suivants, faisant deux fois la différence lors de la dernière levée. St Louis aura su garder ses nerfs quand les Cubs craquaient dans les grandes largeurs. Dans ce match qui ressemblait comme deux gouttes d’eau, pour les Cardinals, a une première série de playoffs, les coéquipiers de Yadier Molina ont enterré de haute lutte les espoirs de postseason des Cubs.
Et si les deux dernières séries de la saison ont ressemblé à un bizarre jeu du chat et de la souris, avec quatre défaites consécutives avant de sauver leur titre de division à la dernière journée, grâce au craquage de Brewers jusqu’alors en feu, la qualification était acquise et ce petit incident de parcours reste anecdotique. Saint Louis a montré a qui en doutait encore, que cette équipe n’a pas que du talent, mais également une énorme dose de caractère.
Le joueur surprise
Il avait pu lancer quelques manches prometteuses en fin de saison 2018, mais on ne pouvait pas forcement s’attendre à une telle saison de la part du rookie Dakota Hudson. En confiance au cœur d’une rotation stable et bien installée, Hudson a fait plus que tenir son rang : il termine la saison avec un ERA de 3.35 (seul Jack Flaherty, 2.85 a fait mieux pour les Cardinals), un bilan de 16-7 et une moyenne adverse de .245 pour sa première saison pleine dans les Ligues Majeures, contribuant largement à la réussite des siens.
Il faut dire que le jeunot des Cardinals est plutôt bien entouré dans la rotation des Redbirds, avec pour mentor un certain Adam Wainwright, de retour à son meilleur niveau, et pour exemple Jack Flaherty qui, à seulement 23 ans, vient de s’offrir une saison pour se débarrasser du costume de grand espoir et endosser celui d’As en puissance.
Mais revenons-en à Dakota Hudson : drafté en 2016, élu All-Star et lanceur de la saison pour sa première saison au niveau AA, il fut de nouveau élu lanceur de la saison avec les Memphis Redbirds au niveau AAA avant d’être appelé en Ligues Majeures. Il s’appuie sur un arsenal de cinq lancers, avec un sinker toujours autour des 95 Mph comme base de travail, et un cutter dévastateur pour les grandes occasions.
Seule ombre au tableau pour le jeune lanceur des Cardinals, s’il ne concède que peu de hits et s’est distingué avec pas moins de 17 Quality Starts cette saison, il concède beaucoup trop de buts sur balles : avec 86BB, il est même le pire élève parmi les lanceurs pris en compte cette saison. Voilà donc le principal axe de progression pour un jeune lanceur qui a bien l’intention de jouer un rôle majeur dans le futur – qui s’annonce radieux – des St Louis Cardinals.
Le MVP
Si je vous dis Cardinals, le premier nom qui vous viendra à l’esprit n’est probablement pas celui de Kolten Wong. Et pourtant, dans l’ombre des Molina, Goldschmidt et Carpenter, le joueur de deuxième base s’est affirmé comme l’un des éléments les plus essentiels, sinon le taulier de sa franchise. Leader de son équipe en termes de bases volées (24), sa production offensive sur l’ensemble de la saison est certes, bien inférieure à celle de Paul Goldschmidt (.256, 33 HR et 95RBI pour Goldy, .285, 11 HR et 59 RBI pour Wong), le leader offensif des Cards, mais ces données brutes ne rendent pas justice à la saison de l’infielder hawaïen.
Disclaimer : tous les exploits défensifs dans cette vidéo “2019” de Kolten Wong ne sont pas de 2019. Mais ils sont tous authentiques.
Tout d’abord, parce qu’après un départ quelque peu poussif, comme en 2018, Kolten Wong est l’homme en forme de la franchise de St Louis depuis le All Star Break, et l’un des grands artisans de la deuxième moitié de saison de très bonne facture des Redbirds (44-44 avant le All Star Break, 46-27 depuis) et du retour des siens en postseason. S’il ne brille pas par sa puissance, Wong (qui a été replacé en seconde position de l’ordre de batte des Cards pendant l’été) tourne en revanche à .346 de moyenne au bâton depuis le Summer Classic, avec 68 Hits au compteur, comme Goldschmidt, et il possède le meilleur OPS des titulaires habituels du lineup de Mike Schildt, tout en douceur.
Mais il mérite surtout l’accolade par son travail défensif incroyable dans l’infield. Avec son partenaire de défense Paul DeJong, l’arrêt-court qui pourrait tout aussi bien être le sujet de ce paragraphe, Kolten Wong s’est prouvé non seulement comme le meilleur joueur de deuxième base défensif de MLB, mais bien comme l’un des tous meilleurs défenseurs des Ligues Majeures. Avec 14 DRS (Points défensifs sauvés), qui forment une belle part de son WAR de 4.7 sur la saison régulière, il est de loin le leader de tous les joueurs de seconde base des Ligues Majeures dans cette catégorie.
Victime d’une légère blessure musculaire à la cuisse lors du sweep des Cubs (voir ci-dessus), il est spectateur malheureux de la course entre les Cards et les Brewers pour le titre de division, mais il devrait faire son retour pour les séries de postseason, et apporter toute son excellence tranquille au bâton et en défense.
Performances récentes en postseason
Cela fait quatre ans que les Cardinals n’ont pas pu humer le parfum du baseball d’octobre. Une éternité pour la franchise du Missouri. Quatre ans de frustrations, de presques et de petites galères, mais les voilà de retour avec une série à venir face aux Atlanta Braves.
Alors, que faut-il attendre de ces Cardinals à partir de la semaine prochaine ? Wainwright, Wacha, et Martinez chez les lanceurs, Molina, Carpenter et Wong chez les frappeurs, sont les survivants des dernières séries disputées par St Louis, face aux Cubs en 2015. Wainwright (2006) et Molina (2006, 2011) ont même le privilège d’avoir connu la victoire en World Series avec leur franchise de toujours, mais seront-ils capables d’apporter leur expérience monumentale aux jeunes pousses de leur équipe ?
C’est cette expérience, celle différente du multiple all-star Paul Goldschmidt, la solidité défensive d’un infield en titane et la fougue d’une jeunesse sans complexes qui permettront aux Cardinals d’aller chercher leurs adversaires lors des séries à venir. En attendant, on revient huit ans en arrière, et on revit le moment ou les Cards ont aspiré l’âme de leurs adversaires presque champions et quasi-scellé leur dernière victoire en World Series :
Points forts
- Une rotation vraiment sous-estimée ou cinq lanceurs ont fait pratiquement tout le boulot sans pression ni panique.
- Le meilleur bullpen des Ligues Majeures, si on oublie les Dodgers qui jouent dans un autre univers
- L’experience des Molina, Carpenter, Wainwright, Goldschmidt et consorts, et un des – sinon le – meilleur infield des Ligues Majeures en défense.
Points faibles
- Peut-on vraiment prétendre à s’inviter au festin des rois avec une attaque anémique qui se place, au mieux, dans le second tiers des Ligues Majeures ? Ce serait tellement dommage de ne pas profiter de la principale faiblesse des Braves, leur bullpen parfois parfaitement aux fraises, alors que les Goldschmidt, DeJong et Carpenter (entre autres) sont capables de faire tellement mieux…
- Les jeunes stars Flaherty et Hudson tiendront-elles la pression ? Les « vieux », Wainwright et Wacha, tiendront-ils le coup physiquement ? La rotation des Cardinals oscille entre deux âges, et impossible de dire comment elle se comportera dans les situations à haute tension.
Pronostic
La postseason est un monde à part ou rien n’est impossible, ou presque. Battre les Atlanta Braves lors des Division Series, les Cardinals en sont parfaitement capables. Après tout, ils sont bien venus à bout des Cubs et des Brewers dans la division la plus disputée des Major Leagues.
Mais c’est la suite qui pose question : la suite, et cela semble ne faire aucun doute, ce sera les Dodgers : est-il possible de battre les Dodgers quand on est une équipe dont le point fort est le pitching staff sans véritable force de frappe offensive ? Cela semble vraiment, vraiment compliqué.
Mon pari va pour des Division Series en cinq manches face aux Braves, ou les deux équipes auront leurs chances de qualification. Mais autant les Braves pourraient faire vaciller les Dodgers en NLCS, à l’instar des Brewers l’an dernier, autant cela semble une marche trop haute, aujourd’hui, pour des Cardinals talentueux mais pas encore arrivés à maturité.
Mike Schildt, lui, vise un tout petit peu plus haut:
Une réflexion sur “[Preview Postseason 2019] : St Louis Cardinals – Le début d’une nouvelle ère?”