Après 99 jours de lockout, de fermeture complète de toutes les opérations relatives aux Ligues Majeures (dont une bonne moitié perdus par l’inaction des différentes parties au cœur de l’hiver) nous y sommes. Les ultimatums, les meetings tronqués, les discussions houleuses et finalement les négociations constructives ont fini par accoucher d’un résultat qui satisfait presque tout le monde. Les discussions ont abordé tous les aspects du baseball, des salaires à la question des shifts défensifs en passant par la draft, l’arbitration ou encore le format de la postseason. On fait le point sur tout ce qui va changer.

On sentait l’issue proche ces dernières semaines, alors que s’accumulaient les « deadlines de la dernière chance ». Deux séries avaient déjà été annulées, mais elles pouvaient encore être jouées à condition de respecter une nouvelle date limite, et encore une autre. Finalement, ce jeudi, les parties sont tombées d’accord sur un accord encore incomplet, assorti d’une période de 45 jours pour discuter de nouveaux changements (qui n’entreraient en vigueur qu’en 2023), mais suffisant pour satisfaire presque tout le monde.
Presque, puisque si les représentants des joueurs de chaque franchise ont voté pour le nouveau CBA à une écrasante majorité (26-4), tout comme les propriétaires qui l’ont ratifié à l’unanimité, les huit joueurs composant le comité exécutif des joueurs de la MLB l’ont eux rejeté à 0-8. Le décor est d’ores et déjà planté pour les prochaines négociations, qui devraient se tenir au terme de la saison 2026.
Avant de rentrer dans le détail de ce qui va changer, je ne vais pas revenir sur la nature des relations entre la Ligue, les propriétaires et les joueurs, ni sur les positions des deux parties à l’ouverture des négociations. Je n’en parlerai pas puisque mon collègue Math Seaver s’en est occupé il y a quelques mois déjà, au fil des deux articles ci-dessous :
- Propriétaires, ligues et joueurs : la lutte des classes
- Collective Bargaining Agreement : Les grandes manœuvres commencent
On en reviendra pas non plus sur la nature des négociations, les six semaines de silence radio et les positions des deux camps qui ont paru absolument impossible à rapprocher jusqu’à ce qu’elles se rapprochent. Et bien entendu je ne choisirai pas de camp ici bien que je n’en pense pas moins. Les faits, rien que les faits. Alors sans plus tarder allons-y : qu’est-ce qui va changer en 2022 ?
Sur l’aspect sportif : DH Universel et Postseason à 12 équipes
Commençons donc par l’aspect sportif, puisque c’est le sujet qui nous concerne véritablement, nous autres, pauvres spectateurs et téléspectateurs. Et on commence par une bonne nouvelle, la MLB va revenir en Europe, et il y aura des matchs à Paris et Londres au cours des cinq prochaines saisons. On attend avec impatience d’obtenir des informations sur le calendrier de ces évènements ! Mais d’après ESPN, un match serait prévu à Paris en 2025 et trois à Londres (2023,2024 et 2026)
Sinon c’est LA grosse news la nuit. Selon ESPN, la MLB fera une escale à Paris pour un match en 2025. C’est à dire que dans 3 ans, oui, oui seulement 3 ans, on aura la chance de voir de la MLB chez nous ! Hype ! https://t.co/Mg4lEd71eg
— The Strike Out (@TheStrikeOutFr) March 14, 2022
Outre cette fantastique nouvelle pour nous tous, fans européens de baseball, les négociations ont débouché sur toute une série de changements, dont certains absolument majeurs pour le jeu de baseball, même si la plupart étaient attendus depuis longtemps.
Les changements pour 2022
LE changement qui domine tous les autres, c’est bien entendu la disparition des « Pitchers Who Rake », des lanceurs qui passent au bâton en National League, et l’adoption du Designated Hitter Universel. Certains, j’en fais partie, verront disparaitre les pitchers du lineup avec un peu de tristesse et de nostalgie (On ne vivra plus jamais de moment comme le Home Run de Bartolo Colon ou le 2-RBI Triple d’Archie Bradley), d’autres l’accueilleront comme une bénédiction, à une époque d’hyperspécialisation des athlètes qui fait de la frappe un danger potentiel pour le corps des lanceurs. On aura tous un peu raison. Shohei Ohtani, quant à lui, ne changera rien à sa routine de Lanceur / DH.
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Autre changement majeur : l’adoption des play-offs à douze équipes, au lieu de dix jusqu’en 2021. Dès Octobre 2022, il n’y aura plus un Wild Card Game unique mais deux séries en trois matchs qui opposeront le troisième vainqueur de Division (les deux meilleurs vainqueurs de Division seront directement qualifiés pour les Division Series) et trois Wild Cards.
Les Wild Card Series se disputeront sur un terrain unique comme suit :
– le troisième vainqueur de division (#3) recevra l’équipe qualifiée via la Wild Card avec le moins bon bilan (#6).
– l’équipe qualifiée via la Wild Card avec le meilleur bilan (#4) recevra l’équipe qualifiée via la Wild Card avec Le second bilan (#5)
Les deux équipes qualifiées continueront leur chemin en Division Series ou le vainqueur du match #3 vs #6 rencontrera la tête de série numéro 2, et le vainqueur du match #4 vs #5 affrontera la tête de série numéro 1. Le format des Division Series reste le même.
La méthode pour départager deux équipes à égalité au terme de la saison va elle aussi évoluer. L’extension des playoffs avec deux jours supplémentaires consacrés au Wild Card Series sonne la fin du match 163, une autre « charmante bizarrerie » si spécifique au baseball. Plus de match de la mort avant les playoffs donc, le Match 163 sera remplacé par un tie-breaker statistique similaire à celui utilisé en NFL, dont la nature exacte n’a pas encore été révélée.
Enfin, changement cosmétique mais loin d’être anodin, les équipes pourront désormais ouvrir des espaces très limités sur leurs uniformes et sur leurs casques aux annonceurs. Une première depuis la création des Ligues Majeures. On peut imaginer que ce n’est que le début.
Par ailleurs, deux changements de règle mis en place lors de la saison 2020 tronquée par la pandémie prennent fin en 2022 : cette saison, les double-headers dureront de nouveau 9 manches, et il n’y aura plus de coureur automatiquement placé au second but pour débuter les manches supplémentaires
A partir de 2023
Un changement est garanti pour 2023, c’est la refonte des calendriers pour y ajouter beaucoup, beaucoup plus de confrontations inter-leagues. A partir de 2023, chaque équipe disputera au moins une série contre chacune des 29 autres équipes des Ligues Majeures. Certains y voient, en convergence avec l’adoption du DH Universel, la fin annoncée des Ligues Nationale et Américaine comme entités séparées. Et vous ?
Une batterie supplémentaire de changements est encore en discussion, et un comité sera créé a partir de 2023 pour planifier leur implémentation. Des changements qui pourraient modifier sensiblement le rythme et la nature du jeu, avec l’intention de voir plus souvent la balle en jeu et d’accélérer le rythme des partis notamment.

Interdiction des Shifts Défensifs : devenu une pratique courante depuis quelques saisons, les shifts, portés par une capacité analytique de plus en plus grande, ont largement complique la tâche des frappeurs de moyenne dans la recherche des line-drives. Empêcher l’infield de se replier sur un coté de l’infield aurait pour but de permettre plus de balles en jeu et de permettre de revitaliser le jeu sur bases.
Elargissement des Bases : Le jeu sur bases, justement. On vous parlait il y a quelques mois des tests conduits en Ligues Mineures pour favoriser le vol de bases. S’ils n’ont pas encore abouti au changement de règles au niveau Majeur, les bases elles-mêmes devraient changer de taille en 2023. Rien de spectaculaire, mais ces quelques centimètres pourraient être une véritable différence lorsque le succès d’un vol se joue à quelques fractions de secondes sous l’œil impitoyable de la VAR.
Pitch Clock : L’indice est dans le nom. Pour éviter des matchs qui s’éternisent, et parce que les lanceurs prennent parfois beaucoup trop leur temps, la MLB devrait voir la mise en places d’un chronomètre qui limite le temps disponible avant chaque pitch.
Strike Zone Automatisée : Les « arbitres robots » dont nous vous parlions il y a un an se rapprochent des Ligues Majeures à grand pas. Testés en Double-A l’an dernier, ils seront utilisés en Triple-A cette saison avant une arrivée attendue dans les Majors dans les années a venir. Ils sonneront une nouvelle ère de justice infaillible, mais aussi la fin du framing comme compétence clé des receveurs . Une évolution logique au final, qui ne manquera pas de faire râler les puristes et les nostalgiques de tous poils (comme votre serviteur)
Sur l’aspect financier : Revalorisation des salaires et Luxury Tax
Le volet financier est bien entendu celui qui a dominé les débats au cours de ces négociations. L’argent, en baseball comme ailleurs, reste le nerf de la guerre et les demandes étaient nombreuses de la part des joueurs, des dirigeants face aux joueurs et même des dirigeants face à d’autres dirigeants (coucou Uncle Steve).

En particulier, les joueurs demandaient une revalorisation significative des salaires et bonus offerts aux rookies et joueurs n’ayant pas encore l’accès au mécanisme d’arbitration, et aux anciens Major Leaguers reprenant le fil de leur carrière au moyen d’un contrat de Minor League.Le premier volet, et le plus évident, est la revalorisation du salaire minimum pour un contrat de Ligues Majeures, qui avait augmenté moins vite que l’inflation depuis le dernier CBA signé en 2016. Les joueurs ont obtenu une augmentation de 22.7% (ou $129,500) du salaire minimum qui sera de $700,000 pour 2022. Il augmentera ensuite de $20,000 par an pour atteindre $780,000 lors de la saison 2026.
Pour les joueurs ayant déjà signé un contrat de Ligues Majeures et repassant par la case Minor Leagues, le « salaire minimum » est également revalorisé de $93,000 en 2021 à $114,110 en 2022. Là encore, les joueurs ont obtenu une augmentation progressive jusqu’à atteindre $127,100 en 2026.
Enfin, et c’était l’un des grands chevaux de bataille de l’association des joueurs, le Pre-Salary Arbitration Pool, un fonds de $50m est créé destiné exclusivement aux joueurs n’ayant pas encore atteint la première année d’arbitration, est créé pour récompenser les performances sportives des joueurs concernés.
Ainsi, un joueur pas encore éligible pour l’arbitration obtiendra un bonus – non cumulable la même année – de $2.5 million pour un titre de MVP ou Cy Young, $1.75 million pour une deuxième place, $1.5 million pour une troisième place, $1 million pour une place dans le Top 5, $750,000 pour un titre de Rookie of the Year et $500,000 pour une seconde place. Si vous êtes Kris Bryant (RoY 2015, MVP 2016), cela représente $3.25 million en deux ans, plutôt sympa.
Et puisque les primes ne sont pas cumulables sur une seule saison et que ce processus est fait pour profiter au plus grand nombre, les primes non attribuées seront distribuées proportionnellement à un Top 100 des joueurs éligibles, au moyen d’un calcul base sur le WAR et dont les formules restent à confirmer.
Enfin, il ne s’agit pas tant de revalorisation salariale que de valorisation dans le temps, mais le CBA inclut également une mesure visant à empêcher les franchises de « manipuler » le temps de service de leurs joueurs. Cette méthode, dont Kris Bryant est la aussi une illustration parfaite, vise à retarder l’entrée dans le Show d’un joueur, le plus souvent un top prospect, afin d’obtenir une année de contrôle supplémentaire.
Pour obtenir une année de service complète, un joueur doit avoir passé 172 jours d’une saison (sur un total de 187) dans le roster actif ou sur la liste des blessés. Ainsi, en retardant la promotion d’un joueur de quelques semaines après l’Opening Day, une franchise évite que le joueur en question obtienne une année de service des sa première saison, retardant l’arbitration et la free agency du joueur d’une année pleine.
Avec cette nouvelle règle, un joueur terminant premier ou second au Rookie of the Year obtiendra automatiquement une année de service, qu’il ait joué une saison entière ou une demi-saison.
Sur l’aspect financier (2) : La Luxury Tax… et la Cohen Tax
Ce n’est un secret pour personne. Pour gagner, il faut généralement mettre de l’argent, beaucoup d’argent, même si cela ne suffit pas. Face à la politique de dépense a outrance des Dodgers ces dernières saisons, mais surtout parce que Steve Cohen, le nouveau patron des Mets, a décidé d’attaquer le plafond salarial les deux pieds en avant, les patrons s’inquiètent.

C’est qu’il y a deux écoles qui s’affrontent en MLB. Les propriétaires « économes » qui cherchent à construire une équipe plus ou moins compétitive tout en maitrisant les dépenses , quitte à se retrouver avec des fenêtres de compétitivité réduites à l’extrême (Orioles, Guardians, Marlins) ou en s’appuyant intégralement sur une compétence unique, notamment analytique (Rays, Athletics). Et puis il y a ceux qui ont le carnet de chèque facile et pour qui la construction d’un roster d’élite n’est qu’une question de zéros sur le chèque.
Alors forcément, les propriétaires (sauf Cohen et quelques autres) sont généralement pour le status-quo en terme de palier au-delà duquel une équipe devra payer la Luxury Tax (Competitive Balance Tax), une taxe/amende faisant office de fair-play financier, bien conscients qu’elle les protège – partiellement – d’un gouffre financier encore plus gigantesque dans les années à venir.
Les joueurs, quant à eux, voient un palier de Luxury Tax inchangé en temps d’augmentation des salaires et de tous les coûts annexes comme un danger, un risque de perte d’opportunité pour le Free Agents et « d’austérité » dans la construction des rosters. Moins de voilure salariale signifie bien entendu, le plus souvent, sacrifier les contrats d’appoint, l’Utility-Player qui reçoit $4m sur 2 ans ou le releveur en contrat court.
Finalement, les deux parties sont arrivées à un accord satisfaisant la encore presque tout le monde. Le palier a partir duquel la taxe doit être payée augmente de presque 20%, de $210m a $230m en 2022. Et la encore, l’augmentation continuera de manière progressive jusqu’à atteindre $244m en 2026. Mais en contrepartie, les propriétaires ont obtenu la mise en place d’un palier supplémentaire au-delà duquel un niveau maximal pourra être applique. Un niveau Boss de Fin d’ores et déjà surnommé la « Cohen Tax ».
Actuellement, et cela continuera en 2022, les propriétaires dont le payroll total dépassera la limite de $230m devront payer 20% de la somme par laquelle ils ont dépassé ce palier la première année, 30% la deuxième année et 50% la troisième année et les suivantes. Ainsi, une équipe dont le payroll annuel serait chaque année de $10m au-dessus du palier se verrait imposer une amende de $2m la première année, de $3m la seconde et de $5m.
Pas pire me direz-vous, mais cela se complique bien entendu au fil des paliers supplémentaires (+$20m, +$40m, +$60m) jusqu’à atteindre un maximum absolu de 105% après trois ans au plus au-delà du dernier palier:
Au cas ou vous vous poseriez la question, Steve Cohen a déjà confirmé que le payroll des Mets serait supérieur à $290 millions en 2022. Il y a, peut-être, une idée de respecter le CBT à terme, mais pas avant d’avoir construit un bulldozer et si possible d’avoir acheté un ou deux titres.
La Draft Lottery, pour décourager le tanking
Comme dans tous les sports américains, le système de draft et de premier choix pour la pire équipe a montré ses limites il y a bien longtemps déjà. Balancer un maximum de matchs pour récupérer la superstar du futur, c’est un concept qui appartiendra bientôt au passé de la MLB.
En effet, à partir de l’an prochain (vous pouvez respirer les Orioles), toucher le fond ne garantira plus le jackpot. Comme la NBA et la NHL, la MLB a décidé d’adopter un système de loterie qui donnera une chance de récupérer l’un des six premiers picks à chacune des 18 équipes non qualifiées pour les play-offs.
All 18 non-playoff clubs will enter a lottery for the top six picks. The percentage chances of each team getting the No. 1 choice, in reverse order of winning percentages: pic.twitter.com/lzWR3PeOqW
— Jim Callis (@jimcallisMLB) March 11, 2022
Les 18 équipes recevront cependant un coefficient de participation avant le tirage au sort, donnant aux trois équipes avec le pire bilan une probabilité de 16.5% de recevoir le premier pick, contre 1.80% pour la dixième et 0.23% pour la dix-huitième (la meilleure équipe a n’avoir pas atteint les playoffs)
Alors oui, être sportivement inepte reste une avantage certain pour récupérer des futurs superstars, mais on ne se plaindra pas du fait que la nullité ne soit plus le Ticket d’Or absolu pour y parvenir.
Restent à traiter : la Draft Internationale et la Qualifying Offer
Voila deux questions qui se sont retrouvées mêlées on ne sait trop comment au cours de la dernière semaine de négociation, alors que tous les dossiers majeurs semblaient plus ou moins bouclés ou en passe d’être bouclés.
La disparation de la Qualifying Offer (qui permet aux équipes de faire une offre d’un an pour un montant fixe à un joueur devenant free-agent pour la première fois, et d’obtenir un tour de draft supplémentaire si le joueur refuse pour signer dans un autre club) était l’une des revendications des joueurs et est devenue, sur proposition de la MLB, la contrepartie pour une refonte du système de recrutement d’agents libres internationaux.
Max Scherzer, l’un des représentant des joueurs tweetait notamment que l’introduction de la question de la draft internationale par la MLB, alors que les négociations semblaient approcher une issue était une manœuvre pour créer la confusion et faire porter le chapeau de l’échec des négociations aux joueurs.
I was in FL. We never offered the Int’l Draft. We did discuss it, but MLB told us they were NOT going to offer anything for it. At that point, we informed all players & agreed to no draft.
This is MLB muddying the waters & deflecting blame. Fans, pls hang in there with us.
— Max Scherzer (@Max_Scherzer) March 10, 2022
Mais devant l’urgence, celle de trouver un accord qui permette au baseball de reprendre ses droits, les deux parties ont accepté de différer les discussions sur ces deux sujets, tout en les gardant attachées l’une à l’autre.
D’un côté, donc, un système d’Offre Qualifiante que les joueurs voient comme un manque à gagner d’environ 100 millions de dollars par an, collectivement, et qui semble offrir des picks de draft à partir de pas grand-chose (et soyons clairs, la Qualifying Offer, qui doit être placée au mois de Novembre est presque toujours refusée par les joueurs qui ont toute la Free Agency devant eux pour trouver un contrat un peu plus juteux)

De l’autre, la refonte d’un système malade de sélection de jeunes joueurs, particulièrement originaires d’Amérique latine, qui sont repérés a l’adolescence et le plus souvent recrutés avant leurs seize ans pour intégrer le farm system des équipes de Ligues Majeures. Mais les garde-fous sont rares et les abus sont nombreux entre petits arrangements, réseaux d’agents pas trop fiables, tentation d’accelerer le développement de jeunes joueurs aux moyens de produits dopants et, jusqu’à 2016, des primes parfois absolument faramineuses offertes par les franchises pour s’offrir les meilleures pépites (Les Red Sox n’ont pas hésité à dépenser 63 millions de dollars – dont plus de 30 millions de pénalités pour recruter Yoann Moncada en 2014, il effectua un total de 20 passages au bâton pour Boston avant d’être envoyé chez les White Sox dans le trade pour Chris Sale).
Si des garde-fous, principalement une limite ferme du budget disponible pour les recrutements internationaux, ont été intégrés lors du dernier CBA, le projet présenté par les propriétaires va beaucoup plus loin, en faisant de la draft internationale un repêchage réglementé sur le modèle de la Rookie Draft. Ils proposent une draft en 20 tours, avec plus de 600 sélections au total, des bonus garantis pour chaque positions dans l’ordre de choix, et un bonus à la signature estimé à $5.25 millions pour le tout premier choix. A noter aussi que tous les joueurs concernes devraient se soumettre à un contrôle anti-dopage avant de pouvoir prendre part a la selection.
Une manière de structurer le recrutement international, de supprimer les intermédiaires et de faire en sorte que le marché des jeunes joueurs d’Amérique latine ressemble un peu moins à une foire aux bestiaux et un peu plus à un recrutement au mérite parmi les meilleurs jeunes joueurs prêts à faire le grand saut.

Mais du coté des joueurs, plusieurs voix se sont fait entendre sur le sujet dont celle de David Ortiz ou celle de Fernando Tatis Jr., affirmant tous les deux que la mise en place d’une draft internationale risquerait de tuer le baseball dominicain, notamment en privant les entraineurs de jeunes de bonus obtenus lors de la formation de futurs Major Leaguers et en pénalisant les infrastructures de formation de ces jeunes joueurs.
Si la MLB s’est engagée à fournir des ressources et des infrastructures suffisantes pour continuer à offrir aux jeunes joueurs de République dominicaine, du Venezuela et d’autres nations une formation d’élite comme celle qu’ils reçoivent aujourd’hui, David Oritz et les joueurs d’Amérique latine demandent surtout du temps, quelques années pour permettre une transition sereine entre les deux systèmes.
Le deal est donc le suivant : la MLB a jusqu’au 25 juillet de cette année pour convaincre l’association des joueurs d’accepter la mise en place d’une draft internationale, qui n’entrerait pas en vigueur avant 2024. Si ils acceptent, la compensation par un tour de draft pour la Qualifying Offer disparaitra. Si ils refusent, le status quo demeurera sur les deux sujets jusqu’aux prochaines négociations, en 2026, ou elles devraient de nouveau être débattues.
Santé des joueurs
Dernier point, qui aussi une importance majeure pour la santé des joueurs et de leur entourage, la MLB et la MLBPA ont annoncé une augmentation du nombre de test anti-dopage urinaires ainsi que l’utilisation de sang séché pour détecter le dopage aux hormones de croissance. La MLB est la première ligue professionnelle à utiliser cette méthode.
Les deux parties se sont également mises d’accord pour mettre à jour le programme de traitement des joueurs en cas de comportements violents hors terrain. Ce programme qui ne concernait que les offenses relatives à l’alcool inclura désormais celles concernant la prise de marijuana.
Si le sujet des opiacés n’a pas été abordé lors de ces négociations, il est probable qu’il revienne sur la table rapidement et avant les négociations pour le prochain CBA, après les révélations faites, par Matt Harvey notamment, lors de l’enquête sur le décès de Tyler Skaggs.
On peut aussi imaginer (rêver) que la sante mentale des athlètes prendra plus d’importance lors des futurs agréments collectifs.
Voilà, félicitations si vous êtes arrives au bout de cet article que j’ai voulu le plus exhaustif possible sur les décisions attachées à ce nouveau CBA. N’hésitez pas a nous poser toutes vos questions si vous avez besoin de clarifications ou si vous ne comprenez pas l’une de ces décisions ou si mes explications ne sont pas claires. Et maintenant que nous sommes tranquilles pour cinq ans, place au baseball. Play Ball !