
Jeune lanceur au talent précoce, membre d’un 1-2 punch dont tout le monde parle en université et dans le monde du baseball en général, Jack Leiter a aussi la particularité d’être un “fils de”. Sur la pente descendante après des performances exceptionnelles, où et comment situer le natif de Plantation en Floride, dans cette cuvée 2021?
Dès le départ de cet article, je vous manipule. Jack Leiter n’est pas l’ace des Commodores de Vanderbilt, il laisse cet honneur à Kumar Rocker, le puissant lanceur junior du Tennessee. Mais il est considéré comme tel, faisant du duo de Vanderbilt le 1-2 punch que toute la Nation craint.
Si Kumar fut pendant longtemps le favori des deux, notamment à l’orée de la saison 2021, Jack a continué d’amasser les louanges alors qu’il réalisait des performances de plus en plus exceptionnelles. Mais avant même d’en parler, repartons plus de 35 ans en arrière…
L’esprit de famille

Jack Leiter est à la fois l’héritier et l’opposé de son paternel, l’ancien lanceur “southpaw” AL Leiter. Le papa, drafté par les Yankees en 1984, à sa sortie de lycée à Bayville dans le New Jersey, a sauté la case universitaire en acceptant le deal avec les Yankees, et s’est baladé dans les mineures pendant deux ans, principalement Fort Lauderdale et Oneonta. Le fils, drafté également par la franchise du Bronx, 35 ans plus tard, a, quant à lui, suivi la voie universitaire, en respectant son engagement avec Vanderbilt, équipe titrée cette même année!
La dualité entre la père et le fils se retrouve même jusqu’à leur main dominante puisque si papa est gaucher, le fiston est droitier.
Un papa dont la très belle carrière a pris véritablement son envol chez les Blue Jays, après une gestion des Yankees pour le moins douteuse du jeune homme de l’époque, l’amenant à jongler entre blessures et retours, jusqu’à cette fameuse saison 1993. Double champion avec les Canadiens dont une fois de manière active, il réussira même à devenir all star à son arrivée à Miami, en 1996, ainsi qu’à son passage chez les Mets, en 2000. A noter également: il a été le premier lanceur à battre les 30 équipes des majeures, et il a terminé sa carrière en MLB là où il avait commencé, chez les Yankees.

Mais je le sais vous êtes là avant tout pour parler du fils, également neveu et cousin de deux autres Leiter* ayant joué en MLB…
Prophète en son pays
Jack Leiter naît donc en Floride pendant que papa joue l’une des meilleures saisons de sa carrière dans le Queens. Jack va cependant très vite rejoindre “l’Etat familial” puisqu’il grandit à Summit dans le New Jersey, avant d’aller au lycée à Morristown, ville connue pour avoir été une place stratégique lors de la guerre d’indépendance.

A la Delbarton School, il va jouer avec un autre joueur affecté par les Yankees, devenu depuis leur prospect, Anthony Volpe. Il va surtout être le lanceur star, le lanceur phare, le lanceur … (pardon) du New Jersey, participant au All America Baseball Game en 2018, avant de devenir joueur de l’année du New Jersey, l’année suivante. La suite, je vous en ai parlé, il est sélectionné par la franchise la plus célèbre du baseball, dans la ville la plus célèbre de l’état voisin, tout en sachant qu’il va rejoindre la meilleure fac de l’année 2019, afin de faire profiter Nashville de ses talents.
Performances saisissantes puis décevantes
Lorsque l’on est fils de, que l’on a été le meilleur joueur de son état, et que l’on arrive dans l’une des meilleures fac du pays, qui plus est réputée pour développer des lanceurs de talent, les attentes sont forcément énormes.
En effet, Vanderbilt est ce que l’on appelle une “factory” de lanceur, avec récemment des joueurs tels que Sonny Gray, Walker Buehler ou encore David Price, pour ne citer qu’eux, sortis de ce programme. Jack Leiter est lui l’un des meilleurs lanceurs du lycée. L’union tant attendue se matérialise en 2019 pour des débuts officiels en février 2020.
2020 commence donc sur les bancs de la fac pour Jack, et ça commence plutôt bien: les cinq premières manches de sa carrière universitaire sont un doux mélange de domination et d’application puisqu’il ne concède aucun coup sûr tout en réalisant douze retraits, ce qui lui permet notamment de remporter le titre honorifique de joueur SEC (la conférence Southeastern, l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure du pays actuellement) de la semaine. Il faut dire que le “gamin” est déjà incroyable de contrôle et de précision, avec une balle rapide se plaçant allègrement dans les 90 mph, mais pas seulement: il possède également un joli petit arsenal, à commencer par une balle courbe qui fait office de piège, ainsi qu’une balle glissante utilisée de temps à autre.
La covid lui coupe les ailes, tout comme celles de la compétition universitaire, ne lui permettant de jouer qu’un petit échantillon de quatre matchs, dont trois en qualité de starter, afin de nous donner un aperçu de son talent et de son avancée dans son développement.
Il termine cette courte saison avec les louanges des observateurs, réussissant 22 retraits, tenant ses adversaires à une moyenne au bâton de .098, en quatre apparitions dont trois départs.
Rendez-vous donc en février 2021, avec un statut d’ace numéro 2 à assumer!
Et, aucune surprise je le sais, mais il va être au rendez-vous lors de ce début de saison. Je ne vais pas vous faire toutes ses performances match par match, mais je suis obligé de vous parler de deux performances “pivot”, lui ayant permis de dépasser son compère de rotation dans les mocks draft. Pour son premier départ en carrière dans une rencontre entre concurrents SEC, il se permet de réaliser un no-hitter face à South Carolina, retirant 16 joueurs, ne concédant qu’un seul but sur balle, rien que ça, pour une fiche statistique présentant 0.00 ERA avant d’enchaîner avec une nouvelle performance de choix face à Missouri, avec 10 retraits, aucun coup sûr et 2 buts sur balle concédés, en 7 manches, pour une fiche statistique présentant de nouveau 0.00 ERA avant de laisser place à la relève.

Alors à son apogée, érigé en numéro 1 de la prochaine draft, ses deux performances vont pourtant amorcer un virage un peu plus inquiétant, rappelant qu’il reste humain avant tout, et que même les meilleurs lanceurs peuvent être pris à défaut. Il va commencer cinq matchs durant lesquels il va concéder un run à minima, allant crescendo dans le délicat: si son ERA reste exceptionnel lors des deux premiers matchs de ce cycle, 1.50 à LSU puis 1.29 face à Georgia, il va ensuite augmenter jusqu’à atteindre 11.25 lors de son opposition à Florida, début mai, passant tout d’abord par un ERA à 4.26, concédant 3 points mérités sur 3 home runs à Tennessee, avant d’enchainer avec 4 points mérités concédés, dont 2 home runs, 3 buts sur balle, pour un ERA à 7.20, et une première défaite en carrière face à Mississipi State. Et alors qu’il avait réussi à retirer un minimum de 7 joueurs par matchs, il n’en retirera “que” 4 lors de la déroute à Gainesville, face à Florida, enchaînant par ailleurs une deuxième défaite consécutive.
Il est revenu, après une pause lors de la série face à Alabama, avec une rencontre dominée face à Ole Miss, retirant 13 joueurs en 6 manches, ne concédant qu’un point mérité, affichant un ERA de 1.50, et renouant avec la victoire.
Le monde du scouting, et le monde du baseball remet aussi vite en question le joueur qu’ils ont plébiscité un mois auparavant, notamment sur l’aspect mental, une métrique difficile à vérifier, et on se retrouve aujourd’hui avec des prévisions de draft lui préférant le talentueux short stop lycéen Jordan Lawlar.
Pourtant Jack Leiter, en carrière universitaire c’est:
10 victoires pour 2 défaites, un ERA à 1.99, un WHIP à 0.872, un match complet sans encaisser de point, 141 retraits pour 40 buts sur balle concédés en 86 manches lancées.
Je vous le dis ici et maintenant, Jack Leiter n’a pas perdu son talent. Même si la draft dépend également des orientations des franchises, il a toujours selon mon humble avis, les qualités d’un pick numéro 1 et, si les Pirates le laissent passer, je doute que les Rangers passent également leur tour avec le 2ème pick. Annoncé même comme un lanceur capable de vite contribuer en MLB pendant un temps, la force de ses balles rapides, la diversité de ses lancers de soutien ainsi que le travail qu’il abat afin d’améliorer sa changeup, balle qu’il utilisait pas mal au lycée, font toujours de lui un prospect de qualité. Malgré une taille qui faisait douter nombre d’observateurs, le jeune homme avoisinant le mètre 85, ses performances avaient su mettre tous les observateurs d’accord. Récemment dans le dur, ayant même été laissé au repos lors d’une récente série universitaire, il faut maintenant, pour le fils d’Al Leiter, réussir à surmonter les difficultés, comme son père le fit au début de sa propre carrière. Mais dans cette famille baseball, on sait rebondir, et c’est ce que va surtout devoir démontrer la dernière merveille du New Jersey.
*Mark Leiter, ancien lanceur des Yankees et Brewers notamment, et grand frère d’Al, ainsi que son fils Mark Leiter Jr, passé notamment par les Blue Jays ou les Phillies et actuellement en possession d’un contrat de Minor League avec les Tigers de Detroit
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