Après les 30 previews en 30 jours, voici le second rendez-vous de l’année chez TSO. Ils nous font marrer, on se prend au jeu et on revient chaque hiver à l’approche de décembre sur nos résultats pour constater à quel point nous ferions de mauvais voyants ou de parfaits charlatans c’est selon. Mis sous pression saison après saison par notre rédac chef qui ambitionne toujours naïvement de faire un 8 sur 8, nous revoici plein d’ambitions pour cet exercice 2021 ! Bon ok… à défaut du pronostique parfait, nous tenterons ici surtout de faire mieux que l’an passé, ce qui au passage ne devrait pas être si compliqué vu nos piteuses prestations 2020 avec un terrible 3 sur 8. Après les Managers de l’année et les Rookies de l’année et avant les MVP, voici les fameuses prédictions TSO version 2021 pour les meilleurs lanceurs en American League !

J-Sé Gray – Hyun Jin Ryu, Toronto Blue Jays
Dans l’optique d’une saison où Toronto fait figure d’underdog assumé de par son recrutement cinq étoiles (Springer, Semien) ou ses jeunes pépites (Vlad, Bo), un homme peut faire passer le cut d’outsider à véritable contender : Hyun Jin Ryu. A 34 ans, le sud-coréen est aujourd’hui au sommet de son art, lui qui a décroché un très beau contrat au Canada (80M$/4 ans) suite à un dernier exercice dans la cité des Anges stratosphérique récompensé d’une seconde place au Cy Young (2019). Une ERA à 2.32 il y a deux ans, 2.69 l’an passé propulse naturellement HJR comme un candidat crédible au trophée suprême.
Bien qu’il n’ait jamais brillé en octobre, son expérience des play-offs (plus de 40 manches en carrière) combinée à son intégration ultra rapide à l’American League et ses DH lui confèrent une certaine aura sur les batteurs adverses. Le nouveau chouchou des Jays est craint et respecté et sort de deux saisons énormes qui l’auront vu passer d’un statut d’espoir décevant à l’un des tous meilleurs de sa génération. 2e du CY il y a deux ans, 3e l’an passé pour sa première à Toronto, il pourrait encore être dans la course si le CY échappe aux quatre hommes qui vont suivre, favoris chez les bookmakers. Finalement Ryu est à l’image de son équipe : un underdog !

Marion Jeterette : Lucas Giolito (Chicago White Sox)
A 27 ans (il les aura en juillet), c’est l’âge parfait pour se hisser au sommet de l’American League à titre individuel et pour porter les White Sox vers l’objectif affiché : les World Series! Retour sur un parcours entamé au lycée Harvard-Westlake en Californie où Lucas Giolito a comme coéquipiers Max Fried (Braves, mon choix en NL) et Jack Flaherty (Cardinals), 3 garçons qui sont entrés dans l’histoire le 1er avril dernier en devenant le premier trio d’ex-teammates à lancer pour l’Opening Day.
Une aventure au lycée qui se termine brutalement en mars 2012 pour Lucas qui se blesse au coude droit. Malgré cela, il tombe d’accord avec l’université d’UCLA mais en juin est sélectionné au premier tour de la Draft par les Washington Nationals (#16). Les négociations sont longues et la signature officielle sur le contrat (pour un peu moins de 3 millions de dollars) est apposée seulement 30 secondes avant la Deadline. Les Nats envoient dans la foulée leur nouvel espoir sur la table d’opération (Tommy John) et c’est donc un an après sa Draft, à l’été 2013, que Giolito débute sa carrière pro (ERA 2.78 en 8 starts en Rookie-level League puis 16 IP et 1 seul point concédé en Class-A short-season).
La progression se poursuit en Class A (10-2 ; ERA 2.20 et 110 K pour 28 BB en 20 starts) en 2014 avec un spot au All-Star Futures Game et deux trophées de Most Valuable Pitcher et Top Minor League Prospect. Giolito continue de grimper les échelons en 2015 et 2016 de le Class A-Advanced jusqu’en AAA. Les fans des Nats découvrent leur pépite le 28 juin 2016 lors d’un match face aux Mets (4 shutout innings, 1H, 2BB, 1K). Ses autres apparitions seront moins convaincantes (ERA 6.75, 11K et 12BB en 21.1IP), mais les chiffres en MiLB de cette saison 2016 sont eux très convaincants (ERA 2.97, 116K et 44BB en 115.1IP).
Alors qu’il est le top pitching prospect à l’issue de cette année 2016, 3e du Top 100 selon le ranking du site MLB.com, il est envoyé par le FO des Nats chez les White Sox en compagnie de deux autres lanceurs prospects (Reynaldo Lopez et Dane Dunning), en échange de l’outfielder Adam Eaton. Pour sa première saison à Chicago en 2017, Giolito concède 8 HR en 7 starts mais le potentiel est toujours là (ERA 2.38). Mais le contrecoup en 2018 est terrible : 118 points concédés et 90 BB en 32 starts, soit les pires totaux en MLB d’un côté et en AL de l’autre! Une première saison complète qui fait mal (ERA 6.13).
Le rebond n’en sera que plus bas et le garçon montre qu’il a du caractère puisqu’en 2019, il décroche une place méritée au All-Star Game et termine avec un bilan de 14 victoires et 9 défaites pour une ERA de 3.41. Ses 3 matchs complets dont 2 shutouts le placent en haut de la MLB dans cette catégorie là. ERA quasi identique en 2020 avec surtout cette masterpiece réalisée le 25 août : 19e no-hitter de l’histoire des White Sox, le premier signé avec plus de 10K (13 au total pour un BB et une victoire 4-0 face aux Pirates). Un trophée de Cy Young serait une suite plus que logique dans cette ascension.
Bastien LeGrom : Tyler Glasnow (Tampa Bay Rays)
Blake Snell parti briller à San Diego, Charlie Morton parti boucler la boucle chez les Braves, il n’y avait qu’un choix possible pour prendre la tête de la rotation des Tampa Bay Rays et devenir le nouvel as de la franchise floridienne, et cet homme est, bien entendu, le redoutable Tyler Glasnow. Attendu comme une future star dès son arrivée dans le show sous l’uniforme des Pirates, Glasnow a connu des débuts relativement compliqués en Pennsylvanie avant d’être tradé chez les Rays en 2018.
Dans la fabrique d’As de Tampa Bay, Glasnow a rapidement trouvé le contrôle qui lui manquait, affichant un ERA de 1.78 en 11 starts en 2019 avant de voir sa saison interrompue par une vilaine blessure au bras. Après une saison 2020 correcte (5-1 4.08 ERA, 3.66 FIP), malheureusement conclue par deux nettes défaites en World Series face aux Dodgers, Tyler Glasnow aborde 2021 avec une soif de revanche et toute la maîtrise de son arsenal.
En 2021, Glasnow semble avoir atteint un palier à tous les niveaux: une balle rapide plus rapide, qui dépasse les 97 MPH avec un Whiff/Rate de 33% pour le moment, lui qui n’avait jamais dépassé les 25% en carrière, un spin-rate plus élevé sur tous ses lancers, et un nouveau lancer à mi-chemin entre slider et cutter, surnommé le “Slutter”, qui donne des cauchemars à ses adversaires en ce début de saison.
En quatre matchs lancés cette saison, Tyler Glasnow affiche un ERA de 0.73 pour un FIP de 1.03, le meilleur WHIP de MLB (0.649) et, en 24.2 manches lancées, il affiche un K/9 de 13.1 et un K/BB de 5.14, soit 36 retraits sur prises pour seulement 7 buts sur balles. Des statistiques de closer, tout simplement, pour un lanceur qui s’est déjà permis un match à 14 K en ce début d’exercice.
Il y a un nouvel ace à St Petersburg, FL, et Tyler Glasnow a bien l’intention d’inscrire son nom trois lignes en dessous de celui de son ex-coéquipier Blake Snell, au palmarès du Cy Young d’American League.
Martin Keuchel – Shane Bieber (Cleveland Indians)
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Shane Bieber, Cy Young 2020, est juste stratosphérique en ce moment. Il est parti sur les mêmes bases que l’an dernier et empile les records. C’est simple, au moment où j’écris ces lignes (les choix ont été arrêtés plus ou moins au début de la saison) il vient de devenir le premier lanceur de l’Histoire à commencer sa saison avec 4 matchs à plus de 10 K. C’est la 8e fois qu’il réalise cette performance depuis 2020.
Sur ses 4 premiers matchs, il affiche un total de 48K soit autant qu’un lanceur plutôt pas trop mal, un certain Nolan Ryan. Quand on sait qu’en plus il lance pour les Indians qui sont loin d’avoir une équipe ultra compétitive augmentant ainsi la pression sur ses épaules, on ne peut être qu’admiratif. Bref pour faire simple, il domine déjà la course au trophée. Il serait le premier lanceur de l’AL à faire le back to back depuis Pedro Martinez encore un autre grand nom. Ça commence à faire beaucoup là non ?
Gaétan Jeter – Gerrit Cole, New York Yankees
Un choix facile. Un choix évident. Gerrit Cole est l’un de ces noms qui sont obligatoirement associés aux pronostics du Cy Young ces dernières saisons, particulièrement depuis son incroyable année 2019, où il aurait pu le remporter s’il n’avait pas eu un coéquipier tout aussi exceptionnel, un certain Justin Verlander, qui l’a relégué à la 2ème place. Son meilleur classement, lui qui avait déjà fait une 5ème et deux 4èmes places au Cy Young, dont l’année dernière pour sa première saison chez les Pinstripes.
Arrivé dans le Bronx avec un contrat record et d’énormes attentes sur ses épaules, Gerrit Cole a su faire face malgré une pandémie et une équipe en déconfiture : 2.84, 7W-3L, 2 complete game dont 1 shutout en 2020. Il a fait du bien à des Yankees en difficulté et cela se passe de la même manière en 2021 alors que son attaque et sa défense sont, pour le moment, aux abonnés absents. Le gars sûr.