Dans une division NL Central plus incertaine que jamais (désolé, chers supporters des Pirates, vous pouvez retourner en hibernation), les rivalités historiques reviennent au goût du jour en ce début de saison. Que ce soit lors des récentes séries entre les Cubs et les Brewers ou celles de début de saison entre les Cardinals et les Reds, la tension est palpable, les tempéraments prompts à s’enflammer et les petites provocations omniprésentes. A l’aube d’un week-end qui verra deux séries sous haute surveillance entre les Brewers et les Cubs d’un côté et les Cardinals et les Reds de l’autre, focus sur des inimitiés historiques qui, pour certaines, remontent aux origines du baseball et même avant.

Commençons par la Rivalité de la route 66 ou la Rivalité de l’Interstate-55, l’une des plus anciennes, opposant les Cubs et les Cardinals et qui dure depuis la fin des années 1800. Ces 2 villes, toutes deux situées sur la route 66, se veulent être la capitale du Midwest, bien que distantes de 500 km.
La rivalité vient aussi du fait de la géographie des 2 villes. L’Illinois et le Missouri sont voisins. Chicago est au nord de l’état et St Louis à l’est, juste au bord de la frontière. Ainsi, des personnes au sud de l’Illinois préfèrent supporter l’équipe la plus proche (les Cards) plutôt que l’équipe de l’état, et vice versa, divisant parfois des familles, amis ou voisins…
Un peu d’histoire :
St Louis a été fondée en 1764, en tant qu’établissement français.
Son activité économique la plus importante étant le commerce de fourrure.
Chicago, elle, a été fondée en 1833, et devient rapidement un lieu central du réseau ferroviaire.
La création des franchises s’est faite dans les années 1870 -1880. C’est à cette époque que Chicago dépasse St Louis en nombre d’habitants et s’impose comme une ville plus dynamique.
Le premier incident entre les 2 équipes a lieu lors des World Series de 1885, où les Chicago White Stocking (ancêtres des Cubs, jouant en Ligue Nationale) affrontent dans une série de 7 matchs les Browns de St Louis (ancêtres des Cards, et jouant dans l’American Association). Le 1er match se solde par un match nul 5-5, le match étant arrêté par la nuit. Durant le 2ème match, le manager des Browns retire ses joueurs du terrain en protestation d’un appel de l’arbitre, et les Browns sont déclarés forfaits.
Après 7 matchs, les 2 équipes sont à 3 victoires partout et donc un nul, mais les Cards s’estiment vainqueur de la série, ne reconnaissant pas le forfait. Les clubs finissent par se partager les 1 000 $ promis au vainqueur… L’année suivante, St Louis remporte les World Series, toujours face aux White Stockings.
Les Cubs vont mener les premières années, avec un record de victoires en 1906, record qui tient toujours, avec 116 victoires contre 36 défaites. Ils perdront en World Series cette année là, pour finir par les gagner en 1907 et 1908.
A partir de 1910, renversement de tendances, les Cards vont commencer à dominer régulièrement, et les Cubs perdront 7 fois en World Series entre 1910 et 1945. Les Cards, eux, gagneront 11 fois les World Series.
En 1998, nouvelle tournure dans la rivalité avec le duel pour le titre de meilleur frappeur entre Sosa des Cubs et Mc Gwire des Cards, qui tous les 2 battront le record de Home Runs en une saison, détenu depuis 1961 par Roger Maris, avec 61 coups de circuit. Et en plus, quand Mc Gwire a frappé son 62ème coup de circuit, c’était évidemment contre… les Cubs ! Mc Gwire finira à 70 et Sosa 66, mais ce dernier sera élu MVP de National League. On sait désormais maintenant pourquoi ces 2 totaux prêtent à controverse, mais ça, c’est une autre histoire…
En 2015, 1ère confrontation en playoffs entre les 2 équipes. Les Cards finissent 1er de la NL Central et les Cubs 3ème, mais gagnent la Wild Card puis la série contre les Cards 3-1. Durant l’intersaison suivante, les Cubs ont fait signer 2 joueurs des Cards : le lanceur John Lackey et le champ droit Jayson Heyward, les 2 pour 216 millions de $. Heyward parlant du pari de la jeunesse avec Bryant, Rizzo, Russell, Baez, alors prometteurs, contre des Cards vieillissants avec des joueurs plus que trentenaires…
Les échauffourées sont fréquentes : trash talks par médias interposés (on se souvient que le receveur des Cards Yadier Molina a traité le 3B des Cubs Kris Bryant de ‘’pleurnicheuse’’ avant le début de la saison 2020), et bien sûr, amabilités sur le terrain.

Concernant la rivalité Cubs / Brewers, elle a vraiment pris de l’importance depuis peu.
Plus proches encore que Chicago et St Louis, les 2 villes sont séparées par 134 km, ce qui font d’elles quasiment des voisines. Mais cette rivalité s’est aggravée à partir de la saison 2018. Les Cubs, vainqueur de la division (et des World Series) en 2016, ont récidivé en 2017, terminant juste devant Milwaukee. Désireux de ravir cette première place, les Brewers ont recruté en conséquence, avec, en particulier, Lorenzo Cain et Christian Yelich. Le résultat fut sans appel : une première place à la fin de la saison, à égalité parfaite avec les Cubs… Pourtant, les Cubbies avaient tout pour finir premiers. 5 victoires d’avance à quelques matchs de la fin, mais 9 victoires et 1 défaite pour terminer la saison contre 6 victoires et 4 défaites permettront à Milwaukee de rejoindre les oursons. Le match de barrage a eu lieu au Wrigley Field, car les Cubs avaient un meilleur ratio victoire / défaite contre les Brewers. Mais ce sont ces derniers qui l’emportent 3-1 et Chicago perdra ensuite en Wild Card, encore à domicile…
Depuis, c’est chaud entre les 2 équipes, et ce, à chaque confrontation.
Les Bench clearings et hit by pitch (volontaires ?) sont nombreux, sans compter les noms d’oiseaux qui fusent des 2 cotés. Le parfait exemple : les nombreux HBP sur Contreras, dont deux (un en plein casque) cette saison, lancers non intentionnels selon les joueurs des Brewers.
En représailles, c’est Brandon Woodruff, le lanceur des Brewers qui fut la cible volontaire de Ryan Tepera, un des lanceurs de relève des Cubs. Il écopera de 3 matchs de suspension pour ce lancer, et un match pour le manager des Cubs qui a protesté… Tepera a même avoué l’avoir fait volontairement. Quand on vous dit que c’est chaud entre eux…


Une petite vidéo de la cible préférée des Brewers :
La rivalité Cards / Reds
Opposées depuis 1892, et bien que ces 2 franchises ne se soient jamais jouées en playoffs, ces équipes ont appris à se détester, à un tel point qu’à chaque match les opposants sentent la poudre. Le fait que les Cards ont souvent dominés les Reds en terme de résultats (11 World series pour les Cards contre 5 pour les Reds), et ce, surtout depuis le dernier titre des Reds qui remonte à 1990. Une forme de rancœur s’est donc installée dans le cœur des joueurs et des fans.
Ça parle énormément en dehors du terrain, mais également sur. Le dernier exemple en date : la série d’ouverture entre les 2 équipes, et en particulier le match du 04 avril.
Petit rappel des faits :
Castellanos, le champ extérieur des Reds, est atteint à l‘épaule par un lancer de Jake Woodford. Il finira par faire le tour des bases et revenir au marbre en faisant un magnifique «slide», alors que ce même Woodford étant en protection. En se relevant, il lui a dit 2/3 mots (une invitation pour les vacances ?) mais en étant quand même assez provocant. Cela n’a pas du tout plu au Reds, et il y a donc eu une «légère» explication…



Quand on vous dit que c’est chaud…
Ces différentes rivalités viennent principalement que cette division est l’une des plus homogène de la MLB. Pour rappel, 4 équipes de cette division se sont qualifiées pour les playoffs la saison dernière. Les enjeux sportifs sont énormes, et les recrutements conséquents (à part les Cubs, mais ça aussi c’est une autre histoire…) avec pour illustration l’arrivée d’Arenado aux cards. La place de champion fait rêver ces 4 équipes, et la lutte pour l’obtenir sera terrible jusqu’au bout. Les séries qui débutent cette fin de semaine (Brewers / Cubs et Reds / Cardinals) s’annoncent bouillantes, et l’ été tout aussi chaud.
Et le fait de se rencontrer 19 fois par saison n’aidera pas à calmer les esprits…
Fabryzzo
Une réflexion sur “Rivalités, échauffourées et Balles Perdues : du Rififi en NL Central”