Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. On poursuit la série avec les Washington Nationals !
Retour sur 2020
C’est malheureusement chez eux que les Nationals, champions 2019, ont découvert leur bague et en visio qu’ils l’ont fait découvrir à leurs fans. Pas de grande célébration au Nationals Park, ni de levée de bannière avec fanfare et trompettes. On sait que la gueule de bois guette souvent le tenant du titre et avec les circonstances exceptionnelles que l’on a connu en 2020 ça sentait le piège à plein nez pour des champions émoussés, malgré le début retardé des hostilités.
Les problèmes ont même commencé dès les premiers jours de compétition : Stephen Strasburg auréolé de son nouveau contrat (7 ans / 245M$) ne pouvait pas disputer son premier match à cause de douleurs et de tensions dans sa main droite lanceuse ; et lors de sa première sortie, il a du sortir dès la 5e manche pour les mêmes raisons. 5 manches pour son premier match et 0 par la suite car l’opération s’est avérée indispensable pour réparer un nerf coincé. Quand déjà votre héros de la postseason 2019 (5 victoires rappelons-le) ne joue que 5 manches sur la saison ça pose problème… Ajoutez à cela Juan Soto privé d’une dizaine de rencontres dont l’Opening Day pour cause de Covid, et ça sentait la bonne année galère… et ce fut une année vraiment galère. Scherzer et Corbin n’ont pas été à leur niveau. Kieboom a déçu (voir plus bas), les gros bras de Thames n’ont pas flambé et le manager Dave Martinez n’a jamais pu retrouver la formule magique qui avait si bien fonctionnée l’année précédente. Le beau maillot doré des Nats n’aura finalement pas beaucoup brillé sur les terrains. Les Braves en tête de la NL East, c’était attendu, mais les surprenants Miami Marlins 2e ça on ne l’avait pas vu venir. Et si les Mets et les Phillies ont aussi déçu, les Nats n’ont même pas atteint un bilan positif (26-34) pour finir à une vilaine 4e place.
La saison 2021
Nés en 2005 et champions 2019, les Nats ont entre temps connu pas mal d’instabilité dans le dugout. La meilleure illustration : Dave Martinez devient ce printemps le premier manager de la franchise à entamer sa 4e saison sur le banc! Jusque là, personne n’avait tenu aussi longtemps! Malgré une saison 2020 ratée et décevante, il a même vu son contrat prolongé alors qu’il entrait en 2021 dans la dernière année, une belle marque de confiance de la part d’un front office que l’on a vu moins patient par le passé (n’est-ce pas Dusty Baker?!).
Côté terrain, plusieurs bagués ont quitté la capitale fédérale cet hiver : Kendrick, Eaton, Asdrubal Cabrera, Sanchez, Doolittle, Suzuki, Taylor en premier lieu… mais dans la plus grande discrétion, le club a su combler ces départs et s’est même renforcé. Commençons par le bullpen, gros point noir ces dernières années même lors de la campagne victorieuse, avec une arrivée de poids pour palier le départ de Doo : celle de Brad Hand, meilleur closer 2020 de MLB sous le jersey des Indians (16 saves en 16 opportunités), qui pourrait se retrouver le seul releveur gaucher à D.C! Sera-t-il le closer cette saison mis sur orbite par Will Harris sur la 7e manche et Daniel Hudson sur la 8e ou inversement, ou même un trio de closer interchangeable?
Cela reste encore à définir, mais ces trois hommes là devraient assurer des fins de manches très intéressantes, d’autant qu’un autre homme pourrait avoir un rôle à jouer : Jeremy Jeffress a signé un contrat de Minor League et va tenter de se faire une place dans le roster MLB pendant le camp d’entraînement. Il a réalisé une superbe saison 2020 avec les Cubs au point d’être parmi les finalistes du National League Reliever of the Year Award (4-1 ; 8 saves ; ERA 1.54 en 23.1IP). N’oublions pas d’ajouter au mix Tanner Rainey, qui s’est montré plutôt solide ces deux dernières saisons. Quant à Erick Fedde et Austin Voth, ils trouveront soit leur place dans le bullpen soit en 5e ou 6e spot dans la rotation, ou dans le pire des cas pour Fedde renvoyé en Triple-A le temps qu’une place se libère puisqu’il est le seul de tous ces releveurs à posséder une Minor League option.
La rotation justement! Le trio magique de la postseason 2019 – Scherzer, Strasburg, Corbin – est toujours là. Pour Stras ce sera même une année pour se relancer après sa blessure en 2020 alors qu’il venait de re-signer pour son club de toujours avec un beau pactole à la clé. MadMax entre lui dans sa dernière année de contrat avec un gros milestone en vue : il compte à ce jour 2784 strikeouts en carrière (2e meilleur total pour un lanceur en activité derrière Justin Verlander et ses 3013), la barre mythique des 3000K est à portée de fastballs! En n°4, il y a du nouveau avec l’arrivée de Jon Lester en provenance des Cubs. Le triple champion (2X avec les Red Sox et 1X avec Chicago) sera le deuxième gaucher derrière Corbin. Alors oui c’est encore un lanceur vétéran dans cette rotation de D.C mais sans nul doute que l’expérience de Lester ne peut être que bénéfique pour tenter un coup dans la très compétitive NL East.
Le 5e spot semble être dévolu à Joe Ross, mais il avait décidé de ne pas jouer en 2020 et devra donc se relancer après une année blanche ; sinon Fedde, Voth voire Rogelio Armenteros postulent. Ces noms là font un peu tomber la moyenne d’âge, mais pour un vrai rajeunissement il faudra attendre 2022, voire 2023 avec l’arrivée dans la grande ligue des jeunes droitiers Jackson Rutledge et Cade Cavalli, choix du premier tour des Nats en 2019 et 2020 et prospects #1 et #2. Ils sont au camp d’entraînement pour goûter au très haut-niveau mais ne sont pas attendus cette saison. A noter que le Top 5 des prospects de la franchise est composée de 5 lanceurs droitiers avec en plus de Ruthledge et Cavalli les Henry, Lara (18 ans seulement!) et Denaburg ; il y a en fait 8 lanceurs dans le Top 10 du club! Le futur sur le monticule s’annonce plutôt prometteur à Washington!
Pour recevoir les offrandes de ces gros bras, le poste de catcher sera partagé entre Yan Gomes et le nouveau venu Alex Avila qui a comme particularité d’avoir déjà joué avec Scherzer à Detroit, avec Corbin chez les D-Backs et avec Lester chez les Cubs… son recrutement est donc tout sauf un hasard. Un nouveau aussi en 1B avec un retour : celui de Ryan Zimmerman, véritable figure historique du club puisqu’il a été le premier joueur drafté par la franchise dans son histoire. Devenu papa au printemps dernier, il n’avait pas voulu risquer de faire courir un risque sanitaire à sa famille et avait donc choisi de rester en retrait pour la saison 2020. Il a signé un nouveau contrat d’un an “chez lui” pour disputer une 16e saison avec les Nats. Le nouveau à ce poste c’est l’ex-artilleur des Pirates, Josh Bell, récupéré dans un trade, et qui espère rependre des couleurs dans une équipe aux ambitions bien plus élevées.
En 2B, Starlin Castro – qui avait du stopper sa saison en août après une fracture du poignet – sera en concurrence avec Luis Garcia (20 ans) qui a joué 35 matchs en titulaire en 2020 pour sa saison rookie. Ce dernier pourrait aussi repasser un peu de temps dans les Mineures avant de revenir définitivement dans le roster MLB. Aucune concurrence en shortstop, poste dévolu à l’un des Speedy Gonzalez de la Ligue : Trea Turner. Mais pour courir autour des bases, il faut d’abord arriver sur la 1e et ça n’a pas été un souci pour Turner en 2020 : 78 hits (#1 en MLB) et leader parmi les SS en batting average (.335), on-base percentage (.394), slugging percentage (.588), OPS (.982) et extra-base hits (31). Il a aussi fait beaucoup de progrès en défense pour devenir un joueur complet et incontournable. A 27 ans, il entre dans son prime et sera dans les discussions avec un de ses coéquipiers (voir plus bas) pour signer un contrat longue-durée à Washington dans les prochains mois. Le probable départ de Scherzer en fin de saison ou au moins la fin de son très gros contrat dégagera de la masse salariale disponible pour les jeunes stars de D.C. A priori pas de concurrence non plus en 3B pour Carter Kieboom mais il sera sous pression (voir rubrique suivante). Le vétéran et polyvalent Josh Harrison (ancien coéquipier de Bell à Pittsburgh) pourrait autrement être une solution de remplacement. Il a plutôt réussi sa première saison dans la capitale l’an dernier, ce qui lui a valu de re-signer un contrat d’un an. A noter que dans sa carrière, Josh Harrison a joué à toutes les positions sauf lanceur et catcher!
Enfin pour l’outfield, les produits maison Juan Soto (voir plus bas) et Victor Robles seront les champs droit et centre titulaires – la désormais superstar Soto récupérant le champ droit avec le départ de Eaton pour laisser le champ gauche à un nouveau venu : Kyle Schwarber, l’ancien des Cubs. Une force de frappe supplémentaire. On se souvient de son duel épique avec l’ancien chouchou du Nationals Park lors du Home Run Derby de 2018 remporté dans le temps bonus par Bryce Harper dans son antre. Harper n’est plus là et c’est donc les longues balles de Schwarber qui sont attendues. Le rôle de doublure en outfield pourrait échoir à Andrew Stevenson après le départ de Michael Taylor aux Royals cet hiver. Après un an au Japon, Gerardo “Baby Schark” Parra est de retour chez les Nats mais devra se faire une place dans le roster pendant le camp d’entraînement. Même chose pour Yadiel Hernandez, rookie à 32 ans la saison dernière et qui essayera de prolonger sa belle histoire et Yasmany Tomás lui aussi invité en Floride.
Le joueur à suivre : Carter Kieboom
Il est un an plus âgé (23 ans) que le joueur que l’on retrouvera dans la catégorie suivante, mais c’est bien Mister Kieboom qui doit faire ses preuves cette année. J’ai même envie de dire que c’est l’année ou jamais pour lui de faire sa place dans cette équipe, sous peine d’être expédié dans un futur trade. Ancien top prospect des Nats, on attend toujours son explosion en MLB. On se doutait bien au printemps dernier que la 3e base laissée vacante par Rendon (parti agent-libre aux Angels) serait bouillante et que le garçon ne se trouvait pas face à un défi facile, mais malheureusement il a été encore plus décevant que ce que l’on pouvait craindre : 33 matchs pour des moyennes faméliques .202/.344/.212… finalement dans la lignée de ses débuts dans la Grande Ligue plus que moyens en 2019 quand il a du remplacer Rendon et Turner, blessés (.129/.209/.282). Sa saison 2020 a été abrégée par une blessure au poignet en septembre qui l’a obligé à repousser son entraînement hivernal.
Si l’an dernier, les Nats avaient des solutions de remplacement (notamment Asdrubal Cabrera), ce n’est pas forcément le cas cette année (peut-être l’utility player Josh Harrison) et la pression n’en sera que plus forte sur Kieboom. Il a bien conscience aussi qu’il y a eu des rumeurs ces derniers mois sur un possible trade pour justement récupérer un 3B plus expérimenté (Kris Bryant et Eugenio Suárez notamment). Le FO de Washington aurait finalement renoncé pour ne pas se déplumer de prometteurs lanceurs du farm-system et parce qu’il croit vraiment que Kieboom peut s’imposer comme titulaire… Les prochaines semaines nous le diront.
La star : Juan Soto
Harper parti depuis maintenant deux ans, Rendon depuis un an, Scherzer agent-libre à l’issue de cette saison 2021… alors oui Strasburg est là pour encore un moment, mais LA star des Nationals s’appelle désormais Juan Soto. A 22 ans, il n’est pas seulement le meilleur joueur de son équipe mais aussi l’un des tout tout tout meilleurs de la Ligue. MLB Network le place 5e, et c’est largement mérité tant le jeune dominicain nous éblouit depuis ses débuts à l’été 2018. Prépondérant dans le titre de 2019 (les Astros et leurs fans en font encore des cauchemars), il a encore franchi un cap l’an dernier. Retardé par le Covid en début de saison, il a déboulé comme un mort de faim et a littéralement marché sur tous les lanceurs adverses : AVG .351 (#1 en NL) ; OBP .490 (#1 en MLB) ; SLG .695 (#1 en MLB) ; OPS 1.185 (#1 en MLB) ; 54H ; 13HR ; 37 RBI et 39R en 47 matchs!!!! Il n’a scandaleusement pas été désigné parmi les finalistes du trophée de MVP (5e place du vote final) à cause de ces quelques matchs ratés. On imagine qu’il va revenir avec un bel esprit de revanche.
Ses progrès en défense ont été remarquables l’an dernier mais il devra s’ajuster à sa nouvelle position de RF, poste occupé dans un passé pas si lointain par un certain Bryce Harper… On sait qu’il ne faut pas toujours se fier à la culture de l’instant, mais Soto a déjà devancé son prédécesseur dans les stats et les cœurs des fans de Washington! Même s’il est encore sous contrat pour quatre saisons complètes, on entend déjà du côté de D.C le mot “prolongation”. Sera-t-il la prochaine jeune superstar à signer un mega deal? Le récent contrat de Tatis Jr. chez les Padres va sans aucun doute lui donner des idées.
Le prono
2020 fut une année galère/pourrie pour le champion 2019 entre blessures, contreperformances et désillusions… Mais en 2021, il y a de bonnes raisons d’espérer car dans l’indifférence un peu générale, les Nats ont réalisé de très jolis coups à moindre frais. Hand, Lester, Schwarber et Bell peuvent tous apporter du sang neuf et de la production. Certes, il pèse une grosse incertitude sur cette fameuse 3e base et la rotation n’a pas 27 ans de moyenne d’âge, mais il y a moyen de se faire une place derrière les Braves dans cette Division ; car je compte bien sur les Mets pour nous faire du Mets et une nouvelle fois décevoir tous les espoirs placés en eux ; je vois les Phillies vraiment un cran en-dessous de Washington en terme notamment de rotation et les Marlins ne reproduiront pas – à mon avis – leurs exploits de 2020. Et surtout j’aimerai vraiment que si 2021 doit être la dernière année de Mad Max sous les couleurs de Washington, il finisse en beauté avec son milestone et une campagne de playoffs!
Prono TSO : 2e en NL East ; 92 victoires et 70 défaites.
Projections PECOTA : 2e en NL East ; 85 victoires et 77 défaites.
Une réflexion sur “Preview 2021 – Washington Nationals : la der de Scherzer?”