Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Il est temps de se rendre dans le désert pour évoquer le cas des Arizona DiamondBacks.
La saison 2020
Après 3 saisons de bon calibre, l’espoir était de mise du côté de l’Arizona. Les Dbacks jouaient des coudes pour accrocher la 2e place de leur division et ainsi être dans la course pour une éventuelle Wild Card. Pourtant en 2019, le vent semblait commencer à tourner puisque le club décidait de se séparer de ses stars, Zack Greinke et du visage de sa franchise, Paul Goldschmidt. Et étonnamment, cette année là, la franchise a pourtant plutôt bien marché grâce, il est vrai, à l’explosion d’un Ketel Marte stratosphérique et dans la course au MVP (il terminera à la 4e place). Oui mais voilà, en 2020 il n’est pas devenu mauvais, mais il est juste rentré dans le rang. Et ca ne suffit plus pour porter la franchise sur son dos. Kole Calhoun a bien montré de la puissance (16 HR et 40 RBI) mais il est trop irrégulier à la batte. Même constat pour le receveur Carson Kelly (5 HR), la meilleure contrepartie dans le trade de Goldschmidt. Eduardo Escobar a lui de son côté totalement sombré en 2020 avec .212/4 HR/20 RBI alors qu’il est censé être une pierre angulaire de l’attaque. Le pire c’est que malgré cela, l’attaque des Dbacks reste bien calée dans le milieu-bas de la MLB, avec seulement la catégorie HR où le club est placé à l’avant dernière place de la Ligue. Car il y a quand même eu des bonnes performances au baton pour la franchise de Phoenix.
D’abord David Peralta qui continue d’être une machine à hits avec un total de 61, soit dans le top 30 de la MLB, mais aussi 42 RBI au compteur, le 2e meilleur total de l’équipe. S’il parvient à augmenter son OBP, il pourrait être une très bonne arme. On peut aussi évoquer Christian Walker qui continue sa belle évolution. Après une première saison pleine plutôt encourageante en 2019 (.259/29 HR/73 RBI), il a montré des réels progrès en 2020 avec .271 à la batte, 7 HR et 34 RBI. A 29 ans, il entre dans ses meilleures années et 2021 pourrait lui réussir. Surtout qu’il n’a pas le droit à l’erreur car il y a du monde derrière avec Seth Beer, arrivé de Houston dans le trade de Greinke, ou encore Pavin Smith. Une saine concurrence qui pourrait bien servir le club.
Tim Locastro, arrivé des Yankees en 2019 dans l’anonymat, se revèle être une très bonne pioche et il a gagné sa place de titulaire pour 2021 après sa très belle saison 2020 (.290 à la batte mais surtout presque 40% de présence sur base). Enfin Nick Ahmed est l’âme de cette équipe grâce à sa défense de fer au milieu de l’infield et à sa batte correcte (.266/5 HR/29 RBI). Donc au final on se rend compte que cette attaque a pas mal de potentiel, et que sans la saison plus que moyenne de Marte et Escobar, elle aurait pu poser bien plus de problème à ses adversaires.
Mais voilà si on retrouve les Dbacks à la dernière place de la NL West et à l’avant dernière place de la NL, c’est en grande partie à cause de son pitching. Dans cette abomination, un homme a survolé les débats et est destiné à de grandes choses, c’est le jeune Zac Gallen mais on y reviendra. Merril Kelly, devenu une star en Corée après 4 saisons est revenu en MLB en 2019. Il a été efficace la saison dernière et en 2020, il a été costaud sur ses 5 starts avec un ERA de 2.59. Mais derrière c’est l’apocalypse. Luke Weaver, arrivé lui aussi dans le trade de Goldschmidt, a été en dessous de tout avec un ERA de 6.59 en 12 starts. Son seul mérite aura été d’avoir réussi à lancer 52 manches, le 2e plus haut total du club. L’expérience Madison Bumgarner ne prend pas du tout. MadBum ne semble être plus que l’ombre de lui même avec une saison 2020 indigne d’un joueur de ce standing (6.48 d’ERA). Enfin Robbie Ray annoncé comme le futur ace des Dbacks après 5 saisons prometteuses, a lui aussi été cataclysmique avec un ERA de 7.84. En fin de contrat, on l’a envoyé, à la mi-saison, voir si l’herbe était plus verte du côté du Canada chez les Blue Jays, où il a retrouvé un semblant de couleur (4.84 d’ERA) avant de resigner pour 2021.

Heuresement, le club semble avoir eu le nez fin avec Caleb Smith. Arrivé de Miami dans le trade de Starling Marte en aout, il a été efficace d’entrée et en 3 starts il affiche un ERA de 2.45. Pour le reste, le club a fait avec les moyens du bord et on a vu beaucoup de monde se succéder sur la butte. Au niveau du bullpen ce n’est pas plus glorieux. L’expérience Hector Rondon n’aura duré que le temps de la saison 2020 car ses performances n’ont rien fait pour forcer la main à sa direction. Avec un ERA de 7.65, qui peut les blâmer? Autre déception Yoan Lopez, intéressant en 2019, il n’est pas parvenu à réitérer la saison dernière et le retour sur terre a été compliqué (5.95 d’ERA). Archie Bradley, longtemps le phare dans ce bullpen a été envoyé à Cincinnati durant l’été après des premiers mois à Phoenix compliqués (4.22 d’ERA malgré 6 sauvetages), en revanche il a montré de très belles choses à Cincy (1.17 d’ERA) avant d’être inexplicablement coupé par ces derniers. Il vient de signer chez les Phillies, ravis d’obtenir un lanceur de ce calibre. Au niveau des points positifs, Stefan Crichton a bien step-up après le départ de Bradley. Après une bonne saison 2019 (3.48 d’ERA), il a brillé en 2020 avec 2.42 d’ERA et 5 sauvetages en 7 opportunités. Il aura un grand rôle à jouer en 2021.
La saison 2021

On l’a vu, en 2020, la direction a rapidement baissé les armes devant l’écrasante domination des Dodgers et des Padres. La preuve avec le passage éclair de Starling Marte qui n’aura fait qu’une demi-saison à Phoenix. Et malheureusement pour nos amis fans des Dbacks, j’ai une mauvaise nouvelle. Le club semble déjà avoir brandi le drapeau blanc pour 2021. Alors que l’on sent que la franchise n’est pas très loin de pouvoir poser des problèmes a beaucoup d’équipes, la direction n’a fait que des mouvements mineurs pour renforcer remplir l’effectif. Joakim Soria et Tyler Clippard sont les principales recrues. C’est dire, si Joakim Soria jouera le rôle de closer, Clippard est sur la pente descendante. Le club a également fait des paris avec Chris Devenski et Ryan Butcher qui sont pour le moment juste invités au camp d’entrainement sans promesses de MLB. Au niveau offensif le seul Asdrubal Cabrera fait son arrivée, mais il est destiné à être le supersub de cette équipe et ses meilleures années sont définitivement derrière lui.
Fitting in just fine. 😄 pic.twitter.com/UDtiPKy5Nh
— Arizona Diamondbacks (@Dbacks) February 22, 2021
Le Front office pourra clamer qu’il mise sur la continuité et sur des jeunes pousses qui sont sur le point de percer mais ça risque d’être un poil court pour satisfaire les fans. Mais si on veut être optimiste, il est vrai qu’il y a pas mal de jeunes joueurs prometteurs qui sont sur le point d’éclore. Sur ses 12 matchs en 2020, Pavin Smith a montré de très belles choses avec .270 à la batte, 1 HR et 4 RBI, il a aussi la possibilité d’évoluer à 3 postes (1B, LF et RF) ce qui peut le rendre intéressant. Seth Beer a montré de belles choses en ligues mineures en 2019, l’arrêt de la saison 2020 a dû un peu freiner sa progression, mais il toque fort à la porte. Il a d’ailleurs été invité au camp d’entrainement. Il devrait commencer en triple A mais un appel en court de saison n’est pas à exclure. Il apporterait une bonne dose de puissance.
Au niveau de la rotation, Corbin Martin et J.B. Bukauskas, arrivés eux aussi dans le trade de Greinke, auront sans doute un rôle à jouer dans la rotation. Et étant donné l’état de cette dernière, ils pourraient s’avérer très utiles. Enfin le top prospect du club Kristian Robinson (Top 55 de la MLB) est encore à un, voire probablement deux ans de la MLB, mais son potentiel est réel. Enfin celui que tout le monde attend, Daulton Varsho devrait jouer un grand rôle. C’est d’ailleurs notre joueur à suivre. Sans avoir réellement tanké, Arizona possède déjà un farm system classé dans le top 10 de la MLB. Et sa très mauvaise saison 2020 va lui permettre de drafter haut et d’ainsi encore un peu plus se renforcer dans ce domaine. On a l’impression que le message est clair du côté du front office de Phoenix, laissé passer l’orage des Padres et des Dodgers avant de pouvoir retenter quelque chose. Mais bon on aurait envie de leur dire comme le dirait notre cher Jean-Claude Dusse : oublie qu’t’as aucune chance, vas-y, fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher..
Le Joueur à suivre – Daulton Varsho

Après avoir explosé la double A en 2019 (.301/18 HR/58 RBI), Varsho était destiné à découvrir la Triple A en 2020 et ainsi continuer sa belle progression. Oui mais voilà, 2020 est passé par là et tout a été chamboulé. Du fait des conditions et de l’arrêt des ligues mineures, il a été propulsé en MLB. Et l’apprentissage a été rude pour le garçon. Principalement positionné en DH, en 2020, il a été dominé par les lanceurs pour sa première saison avec une moyenne au bâton de .188 en 37 matchs. Il est vrai que le retrait du DH pour 2021 pourrait lui faire mal, mais je crois au contraire que cela pourrait lui être bénéfique. Sa polyvalence – il peut jouer receveur ou corner outfielder -, pourrait lui permettre de jouer en défense et ainsi penser à autre chose que le bâton. On ne dirait pas comme ça, mais le poste de DH est très dur. Si tu te rates au bâton tu n’as aucune chance de te rattraper. Le fait de pouvoir jouer en défense pourrait donc lui faire du bien. Car le potentiel est là pour le garçon sélectionné au 2e tour de Draft en 2017. Sa batte est sa principale qualité, il peut frapper avec régularité et avec puissance mais il est aussi très capable de monter sur bases et est plutôt bon à la course. Lui et Pavin Smith pourraient être les bonnes surprises à suivre du côté des Dbacks pour 2021.
La Star – Zac Gallen
On aurait pu parler de Ketel Marte, qui a connu une saison 2019 incroyable avant de rentrer dans le rang en 2020. On espère pour Phoenix que ce n’était que les conditions particulières de la saison 2020 qui sont venus perturber Marte. S’il retrouve sa forme, il sera sans aucun doute dans la catégorie star de 2021. Mais en attendant, c’est bien Zac Gallen qui a gagné le titre de star des Dbacks, voire même de la MLB. Arrivé de Miami, un peu dans l’anonymat, fin juillet 2019, il s’est rapidement démarqué si bien qu’on parle désormais d’un énorme steal de la part des Diamondbacks. Pour sa saison rookie en 2019, il signe un ERA de 2.81 entre les deux clubs (2.89 à Phoenix) avec tout de même 96 SO en seulement 80 manches, le propulsant donc au rang de lock dans la rotation de l’Arizona et comme joueur à suivre.
Et il a fait plus que ça. Il s’est tout simplement imposé comme un ace en puissance et comme un candidat au titre de Cy Young. Il finira d’ailleurs 9e à ce classement en 2020. Et pour cause avec 2.75 d’ERA et 82 SO en 72 manches, il a été dans les tous meilleurs de la ligue. Doté d’une balle rapide oscillant entre les 93 et 95 MPH ainsi que d’une cutter chronométré à 88 MPH, Gallen possède déjà deux superbes armes. Mais il est aussi capable d’envoyer une changeup dévastatrice et il vient d’ajouter une balle courbe à son répertoire. Un arsenal de haute voltige pour un joueur au contrôle déjà impérial.
Starting our Spring opener: @zacgallen23 pic.twitter.com/YT2tp2hg1U
— Arizona Diamondbacks (@Dbacks) February 26, 2021
Il est comparé, toute comparaison gardée évidemment, à Greg Maddux, une des légendes du monticule. On a hâte de le voir évoluer sur une saison complète car oui ce sera cela son principal défi. Pouvoir tenir une saison entière lui qui n’a lancé “que” 152 manches en deux saisons. Mais le talent est là, et il est fort possible qu’il soit dans la course aux awards en 2021. Et pour rappel il n’a que 25 ans, ca promet.
Notre prono
Il était déjà difficile d’exister dans la NL West avec les Dodgers. Mais l’arrivée XXL des Padres a rendu les choses impossibles pour les 3 autres équipes. Heureusement pour les Dbacks, les Rockies sont en train d’imploser et la perte de Nolan Arenado, qui tenait à bout de gant et de batte la franchise, ne va pas arranger les choses. Les surprenants Giants ont réalisé une bonne saison 2020, contre toutes attentes, et seront les adversaires des Dbacks pour la 3e place de la division. Cependant aucune des deux équipes, à moins d’un séisme, ne peuvent prétendre à une place en postseason. San Fransisco a fait un recrutement intelligent et a au moins le mérite de tenter des coups. Tandis que du côté de Phoenix, on a l’impression de baisser, déjà, les bras pour cette saison. Et celle d’après. L’objectif pour les Dbacks sera de tester ses jeunes joueurs, notamment ceux arrivés dans le trade de Greinke (Beer, Martin et Bukauskas) ainsi que ses joueurs du cru (Smith et Varsho). Selon moi, Arizona pourrait redevenir vraiment compétitif à partir de 2023. En attendant il faut serrer les dents et ne pas trop se transformer en souffre douleur pour les brutes du collège que sont San Diego et Los Angeles.
Le Prono de TSO : 73-89
Projection PECOTA : 79-83
Une réflexion sur “Preview 2021 – Arizona Diamondbacks : Perdus dans le désert”