Après le marasme et la déprime de l’hiver 2020 accouchant d’une pandémie mondiale et d’une saison MLB raccourcie façon premier lavage à 60°C, TSO revient aux sources et à ses premiers amours : l’écriture. Et si pour le commun des mortels, l’arrivée du printemps signifie l’éclosion des bourgeons et les premiers chants d’oiseaux, pour la grande famille du baseball, printemps rime avec entraînement. Celui du spring training, des premières sorties avec de nouvelles couleurs pour certaines stars et de vieilles retrouvailles avec des rosters déjà bien armés pour d’autres. Que l’on soit fan de la petite balle blanche ou non, le printemps signifie surtout la préparation, le devenir. Et sans révolutionner votre quotidien, The Strike Out vous apporte son brin d’espoir : les fameuses 30 franchises en 30 jours. Aujourd’hui, direction le Maryland, et les Baltimore Orioles!
Retour sur 2020
Non les Orioles n’ont pas terminé derniers de leur Division la saison dernière! Pour une victoire, ils ont laissé cet “honneur” à de bien tristes Red Sox (25-35 contre 24-36). On n’attendait rien, ou en tout cas pas grand chose de la franchise de Baltimore qui est toujours dans son opération reconstruction, donc on ne peut pas dire que l’on ait été trop déçus. Sur le premier tiers de la saison, le bilan des O’s était même positif : 12-8 le 15 août après une victoire sur les Nats ; mais les six défaites consécutives dans la foulée de cette perf face aux champions en titre vont envoyer Baltimore dans un bilan négatif dont ils ne sortiront finalement plus.
Après avoir utilisé 19 starters en 2019 (record de franchise), le coaching staff a encore bien phosphoré en 2020 avec 10 starters en 60 matchs! La saison à venir ne devrait pas faire changer cette tendance à l’utilisation massive de bras (voir section suivante). All-Star en 2019, John Means devait être le lanceur numéro 1 de cette équipe aux nombreuses incertitudes sur le monticule, mais il affiche un bilan final de 2 victoires et 4 défaites en 10 starts avec une ERA de 4.53 ; le tout en accumulant les petits pépins physiques et des soucis personnels avec le deuil de son père. Signe positif pour le gaucher de 27 ans : une ERA de 1.52 sur ses 4 derniers matchs avec 30K en 23.2IP et même un no-hitter emmené jusqu’à la 6e manche pour sa dernière sortie de 2020. S’il parvient à récupérer cette dynamique, ce sera tout bénef pour la rotation de Baltimore car derrière lui c’est peu dire qu’il y a des incertitudes.
Alex Cobb a lui été une nouvelle fois au-delà de la déception avec une dernière saison à Baltimore (il a été tradé aux Angels cet hiver) à l’image de son passage : 2-5 et ERA 4.30 en 10 starts en 2021 ; au total il comptabilise une ERA de 5.10 en 41 starts et des blessures à répétition en trois saisons. Le plus “grand” nombre de victoires pour un lanceur des Orioles en 2020 c’est 3 (!!!) pour le releveur Travis Lakins et Thomas Eschelman (4 starts en 12 matchs). La petite satisfaction c’est quand même les débuts plutôt intéressants des rookies Keegan Akin (6 starts pour 25.2IP) et Dean Kremer (4 starts pour 18.2IP), qui voudront se faire une place dans la rotation 2021. Côté bullpen, ça a vraiment progressé d’une année sur l’autre puisqu’après avoir eu la pire relève de AL en 2019, il était parmi les tous meilleurs en 2020 avec un savant mélange de développement des talents maisons et de vétérans à la recherche d’un nouveau souffle. Il va encore falloir être inventif en 2021 puisque Richard Bleier, Miguel Castro (16 matchs) et surtout Mychal Givens (13 matchs ; 13IP ; ERA 1.38) ont quitté le club via trades dans le courant de la saison dernière.
Enfin sur le plan offensif, tout n’était pas à jeter à Baltimore l’an dernier avec un esprit agressif : on n’attend pas d’être derrière au compte, on s’élance vite! Avec une moyenne collective de .409 avec un compte de 0-0, les batteurs orange et noir ont établi la plus haute marque en MLB et leur OPS collectif de 1.089 sur le premier pitch était le 2e meilleur en AL. En l’absence de Mancini (voir plus loin), ils sont plusieurs joueurs à avoir haussé leur niveau offensif : Hanser Alberto (.283 ; 22RBI) et Cedric Mullins qui ont pu jouer quasi toute la saison ; mais aussi les jeunes et talentueux Ryan Mountcastle (.333) et Austin Hays (.279) ainsi que le plus expérimenté José Iglesias (.373 (!)), mais sur des apparitions malheureusement plus réduites avec respectivement 35, 33 et 39 matchs.
En revanche, le contrat mirifique de Chris Davis continue d’être un boulet pour cette équipe qui n’a vraiment pas besoin de ça dans sa mission reconstruction. Il sera encore payé plus de 20 millions de dollars cette année quand Mancini, 2e plus gros salaire du club, vaut un peu plus de 4 millions. Et surtout, il lui reste encore une année de contrat au même tarif en 2022, pas évident d’imaginer un trade à ce prix là et pour cette valeur sportive là. Pourtant, il y a eu un petit espoir de quelque chose pendant le Spring Training 2020 avec une ligne de .409/.559/.909 ; 3HR ; 9RBI ; 10BB en 12 matchs… espoir de courte durée avec deux séjours sur la IL et seulement 16 matchs disputés au final (AVG .115 ; 1RBI).
La saison 2021
Les Orioles entrent dans l’année 3 de leur reconstruction et ce ne sera pas la dernière, malheureusement pour leurs fans. Le premier écueil, et il faut composer avec lui tous les ans, c’est bien sûr cette Division AL East où trois équipes ont de grosses ambitions : les Rays finalistes des WS 2020, les Blue Jays qui ont mis la main au portefeuille cet hiver et les Yankees parce qu’ils sont les Yankees ; et heureusement que les Red Sox ne sont pas annoncés plus compétitifs. Pour nos O’s, ça veut forcément dire des pelletées de défaites. Mais comme chez toutes les équipes en reconstruction – ou presque (coucou les Rockies) – il y aura des choses assez intrigantes à suivre.
Tout d’abord, comment va être construite la rotation sur la durée de la saison? Le passage de 60 à 162 matchs entre les saisons 2020 et 2021 est évidemment une grande inconnue pour les lanceurs qui vont devoir avaler un nombre de pitchs considérables et la charge de travail ne sera pas la même. 102 matchs supplémentaires, cela représente la bagatelle de 918 manches supplémentaires au minimum à couvrir. Pour éviter les blessures, on peut imaginer que plusieurs managers fassent le choix d’une rotation à six, et ce pourrait être le cas à Baltimore. Mais parmi les prétendants à une place dans cette rotation à six il y a très peu de certitudes. La seule, en fait, c’est que John Means sera le lanceur partant pour l’Opening Day, un rendez-vous qu’il avait manqué l’an dernier sur blessure au bras alors qu’il devait être le starter #1.
Alex Cobb parti (tradé aux Angels), derrière Brandon Hyde a l’embarras du choix pour bricoler avec les jeunes prospects Dean Kremer (#10 prospect du club), Keegan Akin (#15) et Bruce Zimmermann ; Jorge López, Tommy Milone et Thomas Eshelman déjà dans la rotation 2020 ; et enfin ceux que l’on pourrait appeler les vétérans (pour ne pas dire les morts-vivants pour deux d’entre eux) : Wade LeBlanc, Felix Hernandez et Matt Harvey, tous les trois invités au Spring Training sans contrat garanti. LeBlanc n’a remporté qu’un match en 6 starts avec ces mêmes Orioles en 2020 mais au moins il a joué. Pour l’ex Cy Young “King Felix”, le dernier match remonte à 2019 avec les Mariners car signé par les Braves en 2020, il avait finalement renoncé à s’aligner dans les circonstances que l’on connait. Quant à Harvey, il poursuit sa carrière dans l’indifférence quasi générale depuis son départ des Mets (passages par les Reds, les Angels et les Royals). Relancer une carrière avec Baltimore, d’autres vétérans l’ont tenté mais sans réussite : le double Cy Johan Santana, s’est blessé au tendon d’Achille en 2014 et n’a plus jamais mis les pieds sur les terrains par la suite ; et l’ancien ROY Dontrelle Willis a manqué sa chance en 2012 (0-3 ; ERA 11.37 en Triple A) avant de prendre sa retraite. On souhaite plus de réussite à Hernandez et Harvey! S’il faut toujours des vétérans pour encadrer une jeune équipe, on peut quand même douter des choix du front office avec ces hommes-là, tant cela manque de garanties.
— Baltimore Orioles 😷 (@Orioles) February 17, 2021
Cobb, José Iglesias et Hanser Alberto partis… qui sera le prochain cadre à être remercié pour : 1/ libérer de la masse salariale et 2/ récupérer encore des prospects? On pense évidemment à Pedro Severino avec l’avènement attendu de Rutschman (voir plus loin) ou encore à Anthony Santander, même si se séparer du second serait – à mon humble avis – une erreur car il pourrait parfaitement entrer dans les plans post-reconstruction, sauf que le FO pourrait en tirer des contreparties intéressantes sur le marché. Pour remplacer Alberto, les O’s misent en 2e base sur l’ex Gold Glove Yolmer Sánchez, mais il y aura peut-être une saine concurrence avec les utility players Pat Valaika et Stevie Wilkerson mais aussi avec deux prospects : Rylan Bannon (#26 prospect du club) et surtout Jahmai Jones (#19). Ce dernier a été récupéré dans le trade de Cobb aux Angels. A 23 ans, il n’a pas encore eu sa chance en MLB – seulement 3 apparitions l’an dernier – et son apprentissage en Minor League n’a pas été des plus convaincants, mais certains observateurs y croient pour devenir un joueur stable : le spécialiste prospects de FanGraphs, Eric Longenhagen, en parle en des termes intéressants : Je pense toujours que la constitution et le profil athlétique de Jones peut en faire un joueur à 1.5 ou 2 de WAR, il pourrait jouer en 2e base et en champ gauche. En shortstop, Iglesias est remplacé poste pour poste par le moins impactant offensivement Freddy Galvis, mais défensivement c’est une valeur très très sûre dans la Ligue. Pour un contrat d’un an à 1,5 millions de dollars, c’est du sans risque et forcément gagnant pour Baltimore. Avec une rotation aussi pleine d’incertitudes et sans doute jeune, il sera important d’avoir quelqu’un comme Galvis pour faire le job en défense derrière les lanceurs. En champ extérieur, il reste des incertitudes notamment au centre entre Cedric Mullins et surtout Austin Hays, un ancien top prospect, qui reste haut dans les plans du FO. A guetter aussi à ce poste : le prospect Ryan McKenna (#22). Si Mullins est préféré à Hays en CF, ce dernier pourrait aussi se voir attribuer le rôle de LF ou de DH prenant ainsi la place des garçons comme DJ Stewart, Chance Sisco (catcher remplaçant de Severino) ou ce pauvre Chris Davis dont on espère encore malgré tout quelque chose.
The new guy is pretty good with his glove (and bare hand) 👀 @freddygalvis10 pic.twitter.com/NSmPl7ocFh
— Baltimore Orioles 😷 (@Orioles) January 27, 2021
Un nom de plus à ajouter à ce mix de possibilités en champ extérieur ou DH : Yusniel Diaz, 24 ans, ancien très grand espoir du club (aujourd’hui prospect #8) mais qui a subi des grosses blessures aux bas du corps en 2018 et 2019 qui ont ralenti sa formation en MiLB et sa progression vers la MLB. On pouvait imaginer qu’avec une saison normale de Minor League la saison dernière, il aurait pu jouer en Triple A et intégrer le roster MLB en septembre voire avant, mais il n’y a bien sûr pas eu de saison normale et pas même de saison! On espère qu’il pourra enfin atteindre l’objectif de la Grande Ligue dans les prochaines semaines/prochains mois. Si on attend Diaz et Rutschman dans un futur plutôt proche à Baltimore, il y a aussi un 3e larron qui pourrait se faire un nom très vite : Heston Kjerstad, numéro 2 de la Draft 2020, un champ extérieur très percutant offensivement. Il est resté en retrait après sa sélection en raison d’une myocardite c’est à dire une inflammation du muscle cardiaque. Kjerstad est a priori en bonne forme désormais et devrait rejoindre le Camp d’entraînement sur la fin. On espère qu’il pourra faire une saison complète en Minor League pour le voir postuler pour 2022.
Le joueur à suivre : Adley Rutschman
On ne parlera pas de messie mais c’est peu dire que les fans des Orioles l’attendent avec une impatience non feinte et même la crème des observateurs, qui le placent en 2e position du Top 100 Prospects derrière le prodige des Rays, Wander Franco ! Il est celui qui doit mener la nouvelle génération de Baltimore vers les sommets de la AL East, ou au moins lui faire quitter la dernière place de Division. Sauf grosse surprise, le jeune catcher ne sera pas du roster de l’Opening Day et si la saison de Minor League se déroule normalement, il n’est même pas sûr que l’on voit Rutschman chez les grands cette saison, ou peut-être seulement en septembre. Le plan prévu est de le faire débuter en Double A à son poste privilégié avec quelques prestations complémentaires en 1e base. Si offensivement, il répond aux attentes, alors il sera promu en Triple-A mais quid de l’étape suivante donc. Le numéro 1 de la Draft 2019 a fêté ses 23 ans début février, il est encore jeune mais on s’est tellement habitué ces dernières saisons aux stars précoces qu’on a quand même très hâte de voir si le garçon est bien le sauveur de Baltimore.
La star : Trey Mancini
Alors oui bien sûr, on guettera les perfs du jeune Adley ces prochains mois pour savoir ou non s’il rejoindra la MLB… mais celui qui est attendu dans le roster en début de saison c’est Trey Mancini! 2020 devait être l’année de l’explosion pour le joueur de 28 ans après un excellent exercice en 2019 (AVG .291 ; 35HR ; OPS .899) qui l’avait propulsé non seulement leader sur le terrain mais aussi leader de vestiaire avec sa personnalité joyeuse et compétitrice. Mais début mars, alors que la saison n’est pas encore en sursis et que le Spring Training se déroule presque normalement, on apprend que Mancini sera absent pour une durée indéterminée en raison de soucis non liés au baseball.
Généralement dans ces cas là, c’est problème perso ou gros souci de santé… et pour Trey c’est la deuxième option puisque quelques semaines plus tard, il annonce devoir lutter contre un cancer du colon en phase 3. Une opération pour retirer une tumeur et six mois de chimiothérapie plus tard, le voilà déclaré guéri en novembre et des résultats récents ont encore montré l’absence de cellules cancéreuses dans son organisme. Compétiteur on vous dit! Toute la planète MLB envoie des messages de félicitations au joueur de 1e base qui se dit prêt à retrouver le terrain le plus tôt possible.
Another day closer to having @TreyMancini back in the box.#WallpaperWednesday pic.twitter.com/XqdIKnp92F
— Baltimore Orioles 😷 (@Orioles) December 30, 2020
S’il a du retenir son swing pendant plusieurs semaines pour ne pas risquer la blessure, il se dit maintenant totalement apte et pourrait même être aligné dès l’Opening Day. Une sacrée nouvelle pour Baltimore, tant sur le plan sportif que sur le plan émotionnel et mental! D’ailleurs c’est plus le clubhouse et l’esprit de camaraderie qui lui ont manqué, a-t-il expliqué dans une récente interview. Preuve de son impatience à rejouer après avoir traversé une telle épreuve : il est arrivé au camp d’entraînement de Saratosa une semaine avant le rendez-vous donné aux lanceurs et aux catcheurs! Si les rookies de Baltimore n’ont pas envie de mordre dans le jeu en le côtoyant tous les jours, ce serait désespérant.
Le prono
On ne va pas faire durer le suspens trop longtemps : non les Orioles ne seront pas champions de la AL East, et non ils ne décrocheront pas une éventuelle Wild-Card dans cette Division archi disputée. Fangraphs va même plus loin en sortant son tableau des probabilités de playoffs sur la base de milliers de simulation : les Orioles sont la seule équipe de MLB a décroche la palme des 0% de chances! Même les Rockies et les Pirates sont mieux lotis ! Saison galère à venir à Baltimore mais je l’imagine quand même un peu moins triste qu’à Denver ou Pittsburgh.
.@fangraphs has announced their projected postseason odds. 👀
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— MLB (@MLB) February 16, 2021
Le Prono de TSO : 66-96
Projection PECOTA : 66-96
Une réflexion sur “Preview 2021 – Baltimore Orioles : les oisillons pas encore prêts à l’envol”