Preview 2020 – Tampa Bay Rays : Et si c’étaient eux le futur?

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Il existe deux périodes charnières dans l’année où nos esprits se laissent aller au doux parfum du baseball. La deuxième c’est évidemment lorsqu’arrive l’automne et ses feuilles mortes synonyme de postseason. Quant à la première, il s’agit de la fin de l’hiver accompagnée comme toujours du retour de la MLB et des espérances de chacun. Vous savez ces dernières semaines avant la reprise où l’on se surprend à croire que « cette année est la bonne », où l’on se met à rêver de voir son équipe jouer au baseball fin octobre ou à enfin finir avec un bilan positif. Comme l’an passé, The Strike Out passe en mode 30 franchises en 30 jours et vous propose de faire le tour complet de la Ligue. Pour calmer vos ardeurs de supporters ou au contraire les ranimer, même si en baseball rien n’est jamais fixé dans le marbre. Place aujourd’hui aux Tampa Bay Rays.

Retour sur 2019

La Baie de Tampa, ses villas luxueuses avec pontons privatifs, le soleil 360 jours par an, le Sunshine Skyway Bridge qui surplombe un Golfe du Mexique comme horizon, ses fronts de mer baignés par un soleil intense imposant sur toute la région ses chaleurs extrêmes. Et dans cet estuaire où vivent les stars de sports US lors des longues off-seasons, on a deux choix pour se rafraîchir : l’Amalie Arena où évolue la franchise de NHL des Lightning, auréolée d’un sacre majestueux en 2004 avec un trio exaltant formé de Lecavalier, Richards, Saint-Louis, ou le vieux et désuet Tropicana Field, vide de spectateurs, pour supporter ces bons Rays. Deux salles, deux ambiances. Et un contraste saisissant pour deux franchises en pleine bourre, savamment managées et dont les rosters ont été intelligemment construits. Car faute de moyens financiers chez les Rays, à l’instar des Athletics d’Oakland, on fait fonctionner les cellules grises et on a misé comme les Californiens sur l’analytic. 

En 2019, malgré un dôme qui sonnait vide, les Rays ont titillé les 100 victoires (96) en une saison, dans une division plus relevée que jamais avec des Yankees incontrôlables, des Red Sox à la peine mais vaillants, des Blue Jays pleins de fougues et de jeunesse. La greffe de Charlie Morton a fonctionné à merveille (16-6 ; 3,05 ERA ; 2,81 FIP !! ; 3e pour le trophée de CY), lui qui pensait raccrocher ses crampons en 2016 avant d’être appelé par les Astros, eux aussi adeptes des analyses de data.

La rotation partante des Rays disposait d’ailleurs du 4e meilleur ERA, 3e WHIP, encaissait le moins de HR, était classée 2e en nombre de K ! Et idem pour le bullpen : meilleur ERA, 3e en WHIP. Les Rays ont réussi de tels résultats en misant sur une stratégie qui passionne, qui horripile, qui fait autant d’émules que de contestataires : l’opener. Seul Charlie Morton a eu droit à des matchs d’au moins 6 manches. Les autres, et notamment les jeunes Ryan Yarbrough, Yonny Chirinos, le CY 2018 Blake Snell, on été utilisés avec parcimonie.

Après une saison régulière des plus sérieuses, les Rays se sont défaits à domicile des Athletics lors du Wild Card Game, sur le plus petit des scores, avant d’affronter les Astros. Et après avoir poussé à un 5e match décisif, les Rays sont tombés tout en ayant réussi à imposer le doute dans l’esprit des Texans, pourtant auteur d’une saison 2019 monstrueuse. 

La saison 2020

Le début d’année a été marqué par de nombreux changements au sein du front office. Chaim Bloom, pur produit de la maison Rays et diplômé de Yale, a rejoint les Red Sox cet hiver en remplacement de Dave Dombrowski. Quant à James Click, il a accepté l’offre des Astros pour succéder à Jeff Luhnow, suspendu par la Ligue et licencié dans la foulée par les Astros suite au scandale des vols de signaux. Mais le duo Erick Neander (executive of the year en 2019) et Matthew Silverman est toujours en place. Et c’est à lui que l’on doit l’opener et l’utilisation des analytics. 

Sur le terrain, peu de bouleversement, mais du « peaufinement ». Le sous estimé Mike Zunino, Floridien de naissance, n’est pas le meilleur batteur au monde (.165) mais son lien de confiance avec les pitchers et sa relation avec Kevin Cash en font un élément essentiel en défense. Il possédait d’ailleurs en 2019 le 3e meilleur taux de retrait sur des tentatives de vols de base, derrière Realmuto et Roberto Perez, tous deux Gold Glove. 

Pour sa première saison complète en MLB, Ji-Man Choi aura été au rendez-vous : 19HR, 63 RBI et une solide présence au 1er coussin. En 2e base, Kevin Cash fera à nouveau confiance à Brandon Lowe. Drafté en 2015 par les Rays, All-Star en 2019 et 3e au vote du Rookie de l’année en AL, Brandon a frappé 17HR, produit 51 RBI à .270. Sa jeunesse explique les 113K en 296AB mais le potentiel est là. En 3e base, on retrouvera le slugger Yandy Diaz, très en forme et très attendu du côté de Tampa Bay cette année.

Enfin en shortstop, pas de changement là non plus, puisqu’on y retrouvera Willy Adames (20HR, 52 RBI), que l’on compare déjà à Evan Longoria, tant pour ses aptitudes défensives qu’offensives. 

Dans le champ, le All-star Austin Meadows (33HR, 89 RBI, AVG .291) composera avec deux recrues, et pas des moindres. Hunter Renfroe débarque de San Diego en échange de Tommy Pham, pourtant étincelant en 2019. C’est surtout l’arrivée de Yoshitomo Tsutsugo, star japonaise (voir ci-dessous), qui donne davantage de densité à l’attaque floridienne. Un autre outfielder arrive de San Diego, en la personne de Manuel Margot, qui sera le 4e OF de cette équipe. Enfin José Martinez apportera de la concurrence, lui qui évoluait l’an passé à Saint Louis.

Dans le bullpen, pas de modification en vue mis à part le départ d’Emilio Pagan à San Diego. Charlie Morton mènera derrière lui quelques jeunes cadres tels que Blake Snell, Tyler Glasnow, Yonny Chirinos et Ryan Yarbrough. Pour les suppléer lors des opener, un mélange de lanceurs expérimentés (Oliver Drake, sa WHIP de 0,982 et ses 11,3 K/9, Chaz Roe et ses 11,5 K/9) et de jeunesse (les produits maison Diego Castillo, José Alvarelo, ou encore Collin Poche et Peter Fairbanks). Pagan laissant libre le rôle de closer, ce dernier devrait être attribué à Nick Anderson ou Diego Castillo. 

Enfin petit point prospects puisque les Rays en comptent 6 dans les 100 meilleurs du pays! Le numéro 1 Wander Franco (SS) pourrait faire quelques apparitions cette saison en Floride, ou au plus tard en 2021. L’OF Brendan McKay, qui est également un SP, aura sans doute droit à quelques manches avec les Rays. C’est l’un des joueurs à suivre de cette équipe cette saison. Enfin Vidal Brujan, dominicain de petite taille, a volé 48 bases en ligues mineures. 

Le joueur à suivre : Yoshitomo Tsutsugo

Il faudra retenir son nom, car Yoshitomo Tsutsugo va vite faire parler de lui. La star japonaise, âgé de 28 ans, atterrit en Floride avec un palmarès qui impose le respect. 5 fois All-stars depuis 2015, ce slugger gros frappeur de HR en son pays a fait toute sa carrière chez les Baystars de Yokohama. Et au delà de la hype que sa signature produit, c’est avant tout un joueur offensif, cogneur de HR et adepte de l’extra base qui vient renforcer une attaque légèrement à la peine en 2019.

La star : Charlie Morton

En novembre 2016, Charlie Morton se ressource auprès de sa famille, en Floride, sa région natale. Une opération et une saison blanche ont sans doute eu raison de sa carrière, assez anodine et quasi transparente entre Pittsburgh et Philadelphie. Mais lorsque son agent l’appelle pour l’informer de la bonne nouvelle, c’est l’incrédulité qui domine au sein de son foyer. En effet les Astros lui proposent un contrat de 2 ans et 14 millions de dollars à la clef, un rôle de starter en prime. Une simple invitation au camp d’entrainement avec un contrat non garanti aurait suffi à son bonheur. Et l’annonce de cette signature a de quoi rendre perplexe du côté de Houston.

On connaît le don de Jeff Luhnow pour démasquer les talents cachés mais signer un vétéran au coude fragilisé pour autant d’argent laisse toute la MLB pantoise. C’est sa courbe qui en réalité intéresse les Astros. D’une efficacité qui se révélera dévastatrice, elle va devenir une arme de destruction massive grâce au travail de Brent Strom, le sorcier et coach des pitchers de Houston. 3 ans après cette signature, 2 sélections au All-star Game plus tard, une bague de champions au doigt et une 3e et honorable place pour le titre de Cy Young en 2019 derrière Verlander et Cole, Charlie Morton revit. Et pour ce qui sera sa dernière saison, à 37 ans, Charlie Morton espère porter les Rays au sommet. Sa courbe, qu’il utilise 37,3% du temps en 2019, n’aura jamais été aussi percutante (AVG .151 BA pour les adversaires et même .114 à Houston). En outre, sa rapide affichait en moyenne au radar 95 miles à l’heure à 36 ans. Curieusement, il sous utilisait ses deux meilleurs lancers avant de débarquer à Houston. À Tampa Bay, ils font le bonheur des Rays. 

Notre prono

Tampa Bay a certes perdu Tommy Pham, Garcia ou Emilio Pagan, ils ont mis la main sur Tsutsugo pour répondre à une des faiblesses des Rays en 2019, l’attaque. Avec lui, c’est une équipe plus impressionnante qui se présentera face à ses adversaires. Les nombreux jeunes ont beaucoup appris de 2019, certains des meilleurs prospects du pays sont bichonnés dans les ligues mineures, les finances sont saines, le front office est l’un des plus efficaces et leur manager est l’un des meilleurs du circuit. Il ne manque à cette équipe qu’un public, déterminant lorsqu’on reçoit des Yankees ou Red Sox. 

Projections The Strike Out : 2e en AL East ; 96 victoires – 66 défaites.

Projections Bleacher Report : 3e en AL East ; 91 victoires – 71 défaites. 


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