Preview 2020 – Chicago White Sox : En ordre de marche

Il existe deux périodes charnières dans l’année où nos esprits se laissent aller au doux parfum du baseball. La deuxième c’est évidemment lorsqu’arrive l’automne et ses feuilles mortes synonyme de postseason. Quant à la première, il s’agit de la fin de l’hiver accompagnée comme toujours du retour de la MLB et des espérances de chacun. Vous savez ces dernières semaines avant la reprise où l’on se surprend à croire que « cette année est la bonne », où l’on se met à rêver de voir son équipe jouer au baseball fin octobre ou à enfin finir avec un bilan positif. Comme l’an passé, The Strike Out passe en mode 30 franchises en 30 jours et vous propose de faire le tour complet de la Ligue. Pour calmer vos ardeurs de supporters ou au contraire les ranimer, même si en baseball rien n’est jamais fixé dans le marbre. Place aujourd’hui aux Chicago White Sox.

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Retour sur 2019

10 victoires de plus entre 2018 et 2019… de 62 à 72… Le bilan final des White Sox (72-89) est encourageant au premier abord. Pour autant, cette 7e saison consécutive avec un bilan négatif (record de la franchise égalé après la période 1944-1950) ne peut pas être considérée comme une réussite. On attendait mieux de ces White Sox. Les fans du Guaranteed Rate Field n’ont en plus pas été gâtés puisque le bilan à domicile n’était pas là non plus à l’équilibre (39-41). Tout au long de la saison, les Chicagoans du sud ont connu par périodes de gros trous d’air : 5 défaites consécutives en avril, des séries de 4 en juin, en juillet et en septembre, une série de 7 défaites de suite en juillet ainsi qu’une autre de 7 sur août-septembre.

Difficile de trouver un adjectif pour qualifier la saison du rookie Eloy Jimenez. Il bénéficiait d’une hype incroyable avec une présence sur le lineup dès l’Opening Day. Une saison en fait en deux temps : adaptation difficile marquée par un maigre bilan de 6HR et 13RBIs au 1er juin ; puis explosion attendue puisque le jeune outfielder (il a eu 23 ans en novembre) va finir la saison avec 31HR et 79RBIs. Mais les 37 matchs manqués sur blessure vont être rédhibitoires dans la course au titre de Rookie de l’année (finalement décroché par Yordan Alvarez des Astros).

La très grande satisfaction de la saison c’est l’éclosion de Lucas Giolito alors que l’on aurait plutôt parié il y a un an sur son coéquipier Reynaldo Lopez (les deux jeunes lanceurs étaient arrivés dans le trade d’Adam Eaton à Washington avant la saison 2017). Giolito s’est offert 14 victoires et une sélection au All-Star Game. Numéro 1 de MLB avec 47,2% de balles lancées dans la zone de strikes, il concède seulement 77,3% de contact sur ces balles dans la zone, le 2e taux le plus bas. Dans le même temps, son coéquipier Lopez a au mieux stagné, au pire régressé avec un vilain 35HR concédés en 33 starts.

Dans une saison globalement morose, on soulignera quand même que deux joueurs s’offrent des titres symboliques : Tim Anderson est le AL batting champion avec une moyenne de .335 (sa meilleure en carrière et une progression folle par rapport à ses .240 de 2018) ; et José Abreu n°1 en AL en nombre de RBIs avec 123 alors qu’on ne peut pas dire que beaucoup de joueurs arrivaient sur bases devant lui.

Le bilan final est décevant mais tout porte à croire que cette vilaine série négative va prendre fin cette saison.

La saison 2020

Pour épauler Anderson, Abreu, Jimenez et Giolito, le front office des White Sox a frappé fort cet hiver. Fort, mais surtout bien avec cinq arrivées notables. Tout d’abord celle de Yasmani Grandal, sans doute dans le top 3 MLB des catchers. Il arrive des Brewers avec son statut de double All-Star, une puissance offensive plutôt rare pour un C (moyenne de 25HR sur les 4 dernières saisons), une grande capacité de présence sur balles, et c’est quand même le principal : des habilités derrière le marbre plutôt exceptionnelles, le meilleur framing notamment (le fait de recentrer dans la zone une balle lancée limite pour influencer l’appel de l’arbitre). Il détrône du spot James McCann qui a connu la meilleure saison offensive de sa carrière (récompensée par une sélection au ASG) mais qui a connu une deuxième partie de saison compliquée.

Deuxième arrivée : le champ extérieur Nomar Mazara en provenance des Rangers. Ses quatre premières saisons en carrière ont été intéressantes (20HR de moyenne ; 101RBIs en 2017) sans être flamboyantes mais il a tout pour passer un cap. A 24 ans (25 en avril), il aura le drôle de statut de vétéran dans l’outfield des Chaussettes Blanches. Edwin Encarnacion débarque lui avec son perroquet, et le duo n’en finit plus de faire le tour des bases dans tous les stades de la Ligue : le Dominicain affiche une affolante stat de 30HR ou plus lors de ses 8 dernières saisons ! Il devrait évoluer principalement dans le rôle du DH, et les White Sox en avaient bien besoin avec un horrible 17HR cumulés et un SLG de .359 pour les joueurs qui se sont essayés à ce poste la saison dernière (pire performance de toute la AL). Encarnacion n’est pas un upgrade mais un giga supra mega upgrade, à condition de rester en bonne santé, contrairement à ces derniers mois chez les Yankees.

Les deux autres arrivées de marque se trouvent sur le monticule : Dallas Keuchel, son passé de Cy Young (c’était en 2015) et sa propension à provoquer des balles roulantes devraient faire merveille au Guaranteed Rate Field. Le barbu a accompagné les Braves sur la route des play-offs la saison dernière avec 6 victoires consécutives dans la période clé de mi-août à mi-septembre. Deuxième gaucher pour ChiTown : Gio Gonzalez. Limité par les blessures à 19 matchs en 2019 (3-2 ; ERA 3.50), il arrive de Milwaukee avec Grandal, ce qui facilitera l’adaptation. Le vétéran est une valeur sûre de la Ligue et son arrivée plutôt discrète pourrait vraiment apporter beaucoup.

Les arrivées de Keuchel et Gonzalez sont synonymes de moins de pression pour Lopez qui ne va plus devoir assumer ce statut de numéro 2 endossé contraint et forcé après la blessure de Carlos Rodon. Ce dernier n’a disputé que 7 matchs en 2019 avant de subir une opération Tommy John, quelques mois après son jeune coéquipier Michaël Kopech. Après ses 4 starts super excitants de 2018, on attend vraiment le retour du prospect avec impatience, il se fera sans doute dès le début de saison et donc avant celui de Rodon. Les deux devraient quand même subir des limitations de manches cette saison, là encore en raison des blessures, Dylan Cease s’est retrouvé propulsé dans la grande Ligue un peu vite par rapport à sa progression. Il a connu de gros problèmes de commande (35BB en 73IP ; ERA 5.79) mais comme pour Lopez, il bénéficiera de la présence des nouveaux venus pour travailler avec plus de sérénité. Dans le bullpen, on attendra une autre bonne saison d’Alex Colomé auteur de 30 saves en 33 opportunités même si pour un closer, il n’est pas très performant au rayon K (55 en 61IP) et devra donc progresser dans le domaine. Les White Sox espèrent aussi un retour au premier plan de Kelvin Herrera après une opération du pied. La surprise Aaron Bummer (ERA 2.13, meilleure de l’équipe) devra confirmer.

Aux côtés de Jimenez que l’on attend au top et qui s’est porté volontaire pour jouer dans la Dominican Winter League pour travailler sur sa défense et du nouveau venu Mazara, le jeune outfield (moins de 25 ans en moyenne) est complété par le très jeune Luis Robert qui a signé une prolongation de contrat avant même de fouler une pelouse MLB (voir ci-dessous). Il a brillé à trois niveaux en MiLB. S’il ne débute pas la saison avant quelques semaines, Adam Engel devrait prendre la place avec sa défense Gold Glove, du vol de bases mais seulement une moyenne de .215 en carrière. Enfin pour l’infield. Il y aura d’abord du changement en 2e base puisque Yolmer Sanchez n’a pas été conservé malgré son Gold Glove (mais seulement une OBP de .318). Postulants : Leury Garcia (roi de l’opposite hit à 34,1%, 2e en MLB) et Danny Mendick en attendant la promotion attendue de Nick Madrigal (4e choix de la Draft 2018) : OBP .398 en 29 matchs en Triple A.

Sur le 3e coussin, Yoan Moncada est enfin celui que l’on attendait (grosse hype à Chicago après son arrivée dans le trade de Chris Sale à Boston) avec 79 RBIs et 64 extra-base hits, une OBP en hausse de .315 en 2018 à .367 en 2019, 10SB… Peut-il enfin atteindre ce statut de MVP potentiel que l’on imaginait il y a 3 ans dans le front office de Chicago? N°1 en batting average… mais aussi en nombre d’erreurs (26), Anderson suscite toujours pas mal de questions concernant son jeu en shortstop. Et puis José Abreu a vu son contrat prolongé de 3 ans à l’issue d’une excellente saison (voir ci-dessous). A 33 ans, peut-être jouera-t ’il un peu moins en 1B, même s’il dit ne pas être fan du DH, et dans ce cas c’est Zack Collins qui gagnerait du temps de jeu.

Pour résumer… Les White Sox vont marquer beaucoup beaucoup de points mais doivent progresser dans un domaine : la discipline (378 BB dans la saison, plus faible total en MLB)… et leur rotation est renforcée de l’extérieur et de l’intérieur avec les retours de blessures à venir.

Le joueur à suivre : Luis Robert 

Luis Robert est la dernière pépite des White Sox. Et sans avoir foulé les pelouses de MLB, il a déjà signé un contrat de 50M. Photo : DR

Après Yoan Moncada, Michael Kopech ou encore Eloy Jimenez, les fans des White Sox ont été bien servis en terme de jeunes pépites. On pouvait donc penser que le filon allait commencer à se tarir. Et bien que nenni ! En effet, le Front office a encore une carte à jouer. Une carte si chère à leur yeux qu’on lui a offert un contrat de 6 ans et 50 millions alors qu’il n’a pas encore foulé une seule fois les pelouses de MLB. Cette carte c’est Luis Robert. On en parlait déjà dans notre article sur les rookies à suivre en 2020 (par ici pour ceux intéressés), mais voici un joueur qui a tout écrasé en Ligue mineures. A 22 ans, il sort d’une saison gargantuesque avec une moyenne à .328, 32 HR, 108 points marqués et 36 bases volées. Surclassé à trois reprises en 2019, Luis Robert devrait connaître les joies d’enfiler la tunique blanche et noire au cours de cette saison, et il se peut même dès l’Opening Day. Si Jimenez possède la puissance et Yoan Moncada, la vitesse, Luis Robert est plus complet. Et avec des mentors comme Encarnacion ou Abreu, dont on parlera un peu plus bas, il peut nous sortir une énorme saison et s’imposer comme LE rookie de l’année. Et si c’était Robert la pièce manquante avant l’envol des White Sox ?

La star : José Abreu

Jose Abreu
José Abreu, le joueur emblématique des White Sox

Tout autour de lui, la hype se crée, au fur et à mesure que des jeunes batteurs aux dents longues débarquent sur le diamant du Guaranteed Rate Field, précédés par une réputation flatteuse et des scouting reports dithyrambiques. Mais ne vous y trompez pas, pour quelques temps encore, la véritable star des White Sox n’est pas Eloy Jimenez, Yoann Moncada, Luis Robert ou Tim Anderson, mais bien ce bon vieux José Abreu.

Lui qui n’a connu que des saisons mornes depuis son arrivée dans le Show a su prendre son mal en patience, enchaîner les performances abouties avec la régularité d’un métronome au galop, et il voit aujourd’hui ses efforts récompensés : pour la première fois depuis qu’il a fui Cuba en 2013, il sera en 2020 la tête d’affiche d’un roster compétitif !

Car à 33 ans, le temps presse pour Jose Abreu, qui n’a encore jamais, même de loin, frôlé le rêve d’une postseason de MLB. A défaut du frisson d’octobre, il se venge chaque saison sur les balles qui croisent son chemin, frappant en moyenne 32 Home Runs et 110 RBIs par tranche de 162 matchs disputés (sauf blessure, il disputera son 1000e match de MLB cette saison), pour un OPS+ en carrière de 134 qui le place en compagnie de Mookie Betts, Prince Fielder ou Andrew McCutchen pour ne parler que des joueurs de son époque.

Rookie of the Year 2014, trois fois All Star, il reste un pur joueur de première base, frappeur de puissance et qui ne vient pas sur les sentiers pour y courir le coussin. Il a également tendance, comme tous les joueurs de son profil, à être souvent victime des strike-outs (152 pour 36 walks en 2019) et double-plays adverses (24, pire bilan des Majors). Mais il n’est pas pour autant un frappeur tout ou rien à la Joey Gallo, puisque l’infielder cubain, qui a terminé leader de l’American League en termes de points produits la saison dernière (123), possède un Batting Average en carrière plus que respectable de .293. Propre.

Alors certes, la jeune génération arrive comme une vague prête à emporter Chicago, l’American League et tout l’univers des Majors sur son passage, mais n’allez pas trop vite à enterrer « Papy José ». Le taulier, c’est encore lui, et il a bien l’intention de montrer aux jeunots pourquoi le Sud de Chicago est tombé amoureux de lui depuis 6 ans déjà.

Notre prono

On le sait depuis deux ou trois saisons maintenant, les White Sox ont posé toute les bases, au fil de trades judicieux et de recrutement astucieux, pour être l’une des attractions majeure de la MLB pour les saisons à venir. Et, alors que les Cleveland Indians sont en fin de cycle et proches d’entrer dans une ère de reconstruction, les Royals et les Tigers loin, très loin de pouvoir faire illusion, les White Sox émergent au meilleur moment pour revenir sur le devant de la scène.

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Mais si les Southsiders sont talentueux, plein de ressources et bâtis pour gagner dans une division globalement abordable, un adversaire de poids se dresse sur leur chemin : la Bomba Squad des Minnesota Twins, avec ses 939 runs (2nd de MLB en 2019), 307 Home Runs (Record absolu) et 101 victoires en 2019.

Pour cette année encore, la marche semble trop haute pour aller chercher les hommes de Rocco Baldelli, et on devrait plutôt voir les hommes de Rick Renteria se battre avec une concurrence extrêmement dense pour tenter d’accrocher l’une des Wild Cards. Mais il ne fait aucun doute que ce n’est que partie remise. Les White Sox sont talentueux, dangereux, et leur époque commence cette saison.

La date à retenir : le 13 août 2020

Les Chicago White Sox affronteront les New York Yankees dans un stade temporaire de 8000 places, construit dans un champ de l’Iowa à quelques mètres du « Field of Dreams » de Dyersville. « Field of Dreams » (« Jusqu’au bout du rêve » en VF) est un film culte pour les fans de baseball, un mythe dans la culture US, adapté du livre Shoeless Joe.
Le script : un fermier (interprété par Kevin Costner) entend des voix qui le poussent à construire un terrain de baseball dans son champ puis à retrouver le romancier Terence Mann et le joueur « Moonlight » Graham sur fond de rédemption pour Shoeless Joe Jackson mêlé au scandale des Black Sox.
Pour coller au plus près du film, les fans traverseront un champ de maïs pour accéder au terrain ! Ce sera le premier match de MLB disputé dans l’Iowa.

Projections The Strike Out : 2e en AL Central ; 87 victoires – 75 défaites.

Projections Bleacher Report : 2e en AL Central ; 85 victoires – 77 défaites.


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