[Preview Postseason 2019] Oakland Athletics – S’inviter au festin des géants

La saison régulière touche à sa fin et c’est le moment que tous les fans de MLB attendent : la postseason est là! Jusqu’aux matchs des wild-cards mardi (NL) et mercredi (AL), The Strike Out vous présente chaque jour une franchise déjà qualifiée pour ce mois d’octobre, et toutes en quête du titre suprême. On passe aux Oakland Athletics, qui seraient bien heureux de simplement s’inviter parmi les Monstres de l’American League 

Bilan de la saison 

Comment résumer la saison des Oakland Athletics sur un plan collectif ? Une équipe qui se situe, sans faire de bruit, quelque part vers le haut de tableau en termes d’attaque comme de défense. Huitièmes de MLB en terme de points marqués (845) bien que seizièmes à la moyenne au bâton (.249). Un différentiel dû notamment aux 257 Home Runs marqués par les Californiens (5e en MLB) grâce notamment à leurs gros bras de l’infield Matt Olson (36), Matt Chapman (35), Marcus Semien (33) et Mark Canha (26). Les 4 M’s des Athletics totalisent un tout petit peu plus de 50% des bombes lancées par leur équipe, en plus d’être l’une des meilleures défenses de toutes les Ligues Majeures.

Car, et nous reviendrons sur le côté gauche de l’infield composé de Semien et Chapman un peu plus tard, les Athletics sont tout en haut des tableaux en ce qui concerne la defense, avec un Fielding % de .987 (4e en MLB) et un ratio d’efficacité défensive de .711 (seuls les Astros et les Dodgers ont fait mieux). Entre l’efficacité clinique de Chapman et Semien et les actions spectaculaires de Laureano, les A’s sont à la fois formidablement efficaces et délicieusement spectaculaires dans ce secteur de jeu.

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Leur point fort, sans aucun doute, même si la rotation est, encore une fois sans tutoyer les sommets, tout aussi stable et digne de confiance que peut l’être l’offense des Californiens. Sixièmes de MLB en termes de points encaissés (680) et d’ERA (3.97), cinquièmes au WHIP (1.24) et septièmes en termes de moyenne au bâton adverse (.242), ils sont finalement probablement exactement à leur place, avec 97 victoires (5e en MLB) et une différence de points de +165 (5e en MLB, encore).

Et tout ça, avec une rotation qui n’a rien de bien impressionnant sur le papier. Mais voilà, Mike Fiers a réalisé peut-être la meilleure saison de sa carrière, avec une série de 20 starts sans défaite commencée par un no-hitter en Mai et terminée sur une humiliation en Septembre (voir le moment fort). Il en termine avec un bilan de 15-4 et un ERA de 3.90… bien aidé par sa défense d’élite si l’on en croit son FIP de 4.97.
Mais le fait est là, Mike Fiers est un lanceur toujours fiable même s’il est rarement brillant, il a mené les troupes cette saison. A ses côtés, les trentenaires Chris Bassit (10-5, 3.81) et Brett Anderson (13-9) ont réalisé leurs meilleures saisons en carrière. Côtés releveurs, le toujours fiable Liam Hendricks (85 IP, 25 SV, 1.80 ERA, 0.96 WHIP) s’est adapté sans le moindre souci au rôle de closer, se partageant le plus gros du boulot dans le bullpen des A’s avec Yusmeiro Petit (83 IP, 2.71), tandis que Blake Treinen (16 SV, 4.91) Joakim Soria (69 IP, 4.30) et Lou Trivino (60 IP, 5.25) mangeaient des innings à tour de rôle.

Enfin, et voilà qui pourrait changer la donne à l’heure d’aborder la postseason, Sean Manaea est de retour après un an d’absence ! Et l’As des Athletics a tenu à rapidement réaffirmer son status : cinq matchs lancés en septembre, trois quality starts, un bilan de 4-0 et un ERA de 1.21. Manaea est de retour comme si de rien n’était, et c’est lui qui sera sur le monticule pour le Wild Card Games face aux Tampa Bay Rays. Attention, danger !

Le moment fort

Les belles histoires commencent mal, en général. Ce 9 septembre 2019 aurait bien pu sonner la fin des illusions pour les Athletics, écrasés par la machine de guerre des Astros au Minute Maid Park sur le score sans appel de 15-0. Tandis que Zack Greinke se montrait impérial sur le monticule pour les Texans, Mike Fiers concédait 5 Home Runs pour 9 points mérités, avec notamment 6 RBI pour le receveur adverse Robinson Chirinos. Avec cette première défaite depuis le 1er mai, Fiers voyait se terminer une série d’invincibilité qu’il avait entamée avec un no-hitter face aux Reds de Cincinatti.

Ajoutons que pendant ce temps-là les Rays venaient d’enchainer 9 victoires en 10 matchs, et que les Indians ne se tenaient qu’à un petit match des hommes de Bob Melvin pour la seconde Wild Card. Pas besoin d’être trop pessimiste ou superstitieux, en telle situation, pour imaginer qu’une telle déculottée pourrait mettre un coup d’arrêt quasi-terminal aux espoirs de postseason des A’s. Mais voilà qui serait mal connaitre Matt Olson et ses copains…

Le lendemain, dès la première manche, les Californiens prenaient Wade Miley à la gorge. Le malheureux lanceur partant des Astros, victime d’une attaque de « smallball » spectaculaire concédait pas moins de 7 coups-sûrs en quelques minutes, pour tout autant de points mérités, le tout en réussissant à n’arracher qu’un retrait. Petite consolation pour lui, si c’en est vraiment une, le bullpen allait lui aussi couler dans les grandes largeurs. 2 Home Runs pour Olson, 2 Home Runs pour le receveur Sean Murphy qui répondait à Chirinos, et une revanche de prestige pour les Athletics qui l’emportaient 21-7 sur le terrain de la meilleure équipe des Ligues Majeures.

Ils auraient pu s’effondrer après la défaite initiale, au lieu de ça, les hommes de la baie sont repartis du Texas avec six victoires de suite : deux de plus contre Houston, puis un sweep sur trois matchs des Rangers pour faire bonne figure. En incluant ce 10 septembre magique, Oakland se sera offert un 13-5 pour terminer la saison régulière : suffisant pour distancer les Indians, coiffer les Tampa Bay Rays sur le poteau et gagner le droit de les recevoir au Coliseum lors du Wild Card Game.

Le joueur surprise

Vous connaissez probablement Ramon Laureano pour ses highlights défensifs au centre de l’outfield des Athletics, ses jambes de feu et son bras bionique : un canon qui lance des balles de baseball à 100 mètres et plus, parfois même au-dessus de la tête de ses propres infielders, comme lors de ce double-play complètement dingue face aux Toronto Blue Jays :

Mais cette saison, le sophomore des Athletics a montré qu’il n’était pas seulement un athlete hors-pair dans l’outfield, mais également un véritable atout au bâton dans le lineup de Bob Melvin. Utilisé principalement dans le bas de l’ordre de passage, il a montré une belle régularité (.288) et une puissance au bâton prometteuse avec 24 Home Runs (67 RBI) et 29 doubles cette saison, et 13 buts volés pour ne rien gâter.

Victime d’une fracture de fatigue au tibia fin juillet, il n’aura disputé que 32 matchs après le All Star Game, ratant notamment tout le mois d’aout, mais pour quelles lignes de stats. Depuis la pause estivale, il affiche un OPS de 1.090 avec une moyenne au bâton de .358 et un home-run tous les quatre matchs.

Revigoré et remis sur pieds à l’approche des grands rendez vous d’Octobre, Laureano arrive à point nommé pour apporter sa puissance, toutes ses puissances, aux hommes de Bob Melvin. Avec sa présence de super-héros dans l’outfield, et ses promesses de sluggler en devenir dans la boite des batteurs, Laureano pourrait parfaitement incarner ce petit Facteur X qui renverse une série, surtout lorsqu’elle se joue sur un match sec.

Le MVP

Dans une course au MVP de l’American League qui devrait être dominée par Mike Trout et Alex Bregman, Marcus Semien fait figure de troisième homme plus que crédible. Grand artisan, avec son compère de l’infield Matt Chapman, de la très belle saison des Athletics, Marcus Semien a tout simplement réécrit les livres d’histoire du côté de la baie d’Oakland. Alors certes, avec « seulement » 33 Home Runs (pour 92 points produits), il n’a pas fait aussi bien que Chapman et Olson (36 chacun), mais il y a le reste, tout le reste.

Semien est dans le Top 10 de toute la MLB en termes de points marqués (123, égalant le record de franchise d’un certain Reggie Jackson), de coups sûrs (187), de doubles (43) et même de triples (7). Il est seulement le quatrième Athletic à réussir 30 Home Runs et 40 doubles sur une seule saison, rejoignant notamment le Hall of Famer Al Simmons dans ce domaine, et il a pris le temps de voler une dizaine de bases pour faire bonne mesure. Ajoutons à cela qu’il a considérablement haussé sa moyenne au bâton (.285, contre .256 en carrière), réduit le taux de retraits sur prises (131 en 2018, 102 en 2019) et progressé dans le domaine des buts sur balles gagnés (61 en 2018, 87 en 2019), et on obtient un joueur avec un OPS de .892 et 8.1 WAR (baseball reference, 7.5 pour fangraphs) sur la saison 2019, seulement devancé par Bellinger, Trout et Bregman dans ce domaine.

Est-il utile de rajouter que la défense de Semien est tout aussi formidable que sa production offensive ? forcément, cela peut passer quelque peu inaperçu, quand l’on joue son baseball quotidien aux cotés des phénomènes que sont Matt Chapman, pour la justesse, et Ramon Laureano pour la puissance. Il est le joueur de MLB qui a enregistré le plus d’« Assists », le Shortstop d’American League qui a participé au plus grand nombre de Double Plays (85) mais aussi celui avec le meilleur pourcentage de fielding (.981). Avec un score défensif de 13.9, il est enfin le meilleur shortstop d’American League selon les classements fangraphs ! De quoi voler le Gold Glove à la superstar des Indians Francisco Lindor, qui le talonne de près (13.1) ?

Performances récentes en postseason

Il y a trente ans, en 1989, les Oakland Athletics sweepaient les Giants lors de World Series surréalistes, marquées par le tremblement de terre de Loma Prieta quelques minutes avant le match 3. Si les A’s attendaient une fois encore les World Series l’année suivante (sweepées par les Reds de Cincinnati), depuis, c’est la débandade. 11 séries jouées, dont dix au 21e siècle, 10 séries perdues. Et pour leurs deux dernières apparitions en postseason, les Athletics tombaient chaque fois sur un gros morceau : En 2014, ils s’inclinaient dans la 12e manche (9-8) face aux Kansas City Royals, qui ne devaient tomber qu’en World Series face aux San Francisco Giants, avant de remporter le titre suprême l’année suivante.

L’an dernier, c’est les Yankees et leur monstrueux arsenal offensif qui accueillaient les Athletics, et l’affaire était cette fois presque pliée dès le début du match. Aaron Judge frappait son premier coup de circuit de la postseason pour deux points, face à l’opener Liam Hendricks, tandis que Severino, Betances et Robertson ne concédaient que deux hits sur les sept premières manches. 4 points de plus dans la sixième inning, et les Bronx Bombers menaient 6-0 avant la septième, rendant le 2-run Home Run de Khris Davies face à Britton anecdotique. Aroldis Chapman en terminait et New York s’imposait sans trembler.

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Les Athletics veulent briser leur série négative en postseason

Cette fois, Oakland fait face a un adversaire qui lui ressemble : un petit marché, un invité surprise qui a conspiré avec les A’s pour pousser les Indians et les Red Sox hors du grand cirque d’octobre, et une franchise à la pointe en termes d’innovation tactiques et sabermétriques. L’occasion rêvée pour les Athletics d’aller chercher, enfin, ce succès qui leur échappe pour s’offrir le droit d’aller défier les monstrueux Houston Astros ?

Points forts

  • Le haut de l’ordre de batte, qui est aussi en grande partie l’infield des Athletics. Olson (2B), Semien (SS) et Chapman (3B) totalisent 105 Home Runs et 274 points produits à eux 3 en saison régulière.
  • L’infield des Athletics, qui est aussi le haut de l’ordre de batte, est le cœur de ce qui est potentiellement la meilleure défense des Majors, avec un Semien exceptionnel, un Chapman vainqueur du Gold Glove et Platinum Glove l’an dernier, et un Olson qui vise un deuxième Gold Glove cette saison

Points faibles

  • Est-ce qu’une rotation composée de Manaea, Fiers, Bassitt et Anderson peut véritablement embêter les Houson Astros dans une série en cinq matchs ? Difficile à imaginer. Même réflexion pour le bullpen des A’s.
  • Le manque de profondeur : 11 joueurs ont bénéficié de plus de 300 At Bats en Ligues Majeures cette saison. Le douzième, Kendrys Morales, n’a vu la batter’s box que 108 fois. Les Athletics s’appuient sur un effectif très réduit, et toute blessure parmi les tauliers pourrait s’avérer dramatique pour le lineup de Bob Melvin.

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Pronostic

Face aux Tampa Bay Rays, les Athletics ont tout à fait les moyens de s’offrir, enfin, leur premier succès en postseason depuis les ALDS 2006. Un gros start de Manaea, une production offensive en adéquation, et surtout l’avantage du terrain, devraient permettre aux A’s de venir à bout des hommes de Kevin Cash.
S’ils devaient passer cette première étape, cependant, difficile d’imaginer Matt Chapman et ses coéquipiers être autre chose que de la chair à canon pour des Astros en Beast Mode avec le meilleur bilan, la meilleure attaque et la meilleure défense d’American League. Et puis enchainer avec les Yankees ou les Twins, et finir par les Dodgers ?

Non, soyons réalistes, les Athletics ont les moyens de s’offrir une place en Division Series, mais à partir de ce moment-là – et on leur fait confiance pour jouer crânement leur chance – ils n’ont tout simplement aucune chance d’aller plus loin dans une American League brutale et sans pitié.

Publié dans MLB

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