La saison régulière touche à sa fin et c’est le moment que tous les fans de MLB attendent : la postseason est là! Jusqu’aux matchs des wild-cards mardi (NL) et mercredi (AL), The Strike Out vous présente chaque jour une franchise qualifiée pour ce mois d’octobre et en quête du titre suprême. On poursuit avec les Washington Nationals qui recevront les Milwaukee Brewers pour le NL Wild-Card Game ce mardi.
Bilan de la saison
Absents de la postseason en 2018, les Washington Nationals ont survécu au départ de leur franchise player Bryce Harper pour retrouver le goût d’octobre. Ils ont décroché pour la première fois de leur histoire une place en Wild-Card, leur 5e participation en play-offs sur les huit dernières années, la 5e participation de leur jeune existence… et sans doute la plus marquante. En effet, seules neuf équipes dans l’histoire de la MLB sont revenues d’un déficit de 12 matchs pour une qualif en play-offs, selon l’agence de stats Elias Sports Bureau, et les Nats sont l’une d’elle! Car au soir du 23 mai, c’était la soupe à la grimace du côté de Washington…

Balayés par leurs rivaux des Mets, les Nats affichent un bilan désastreux de 31 défaites pour seulement 19 victoires. Des blessés (Rendon, Turner), des erreurs de débutants sur les bases, des défaites des starters n°4 et 5 (Sanchez, Hellickson…) et un bullpen apocalyptique plongent l’équipe dans le doute… On commence à entendre même des rumeurs concernant des possibles trades cet été pour les deux stars de l’équipe Scherzer et Rendon. Mais dans cette situation, l’équipe doute-t-elle vraiment? Et bien non, ce sont les observateurs qui se posent beaucoup de questions. Car dans l’intimité du vestiaire, le groupe se resserre autour des vétérans (les Nats sont la franchise avec la moyenne d’âge la plus élevée cette saison) et du manager Dave Martinez qui encaisse les coups sans pour autant se départir de son optimisme, persuadé que la réussite n’est pas si loin et qu’il faut continuer à travailler.
“We talked about it when we were 19-31, we talked about how we were going to laugh at everybody else outside of this clubhouse for everything that they said about us. And we are here now.” – Trea Turner, la qualif pour la Wild-Card en poche.
Le 24 mai, Washington bat à l’arrachée une très faible équipe des Marlins 12-10, c’est le début de la remontada. Pendant des semaines, les victoires s’enchaînent les unes après les autres : 36 victoires jusqu’au 25 juillet pour 15 défaites! Pendant trois mois, jusqu’à fin août, les joueurs de DC sont la meilleure équipe de MLB, ils réalisent la meilleure série de l’histoire du club sur 80 matchs (54-26) et si les Braves n’avaient pas été aussi réguliers tout au long de la saison, on aurait même pu assister à un vrai duel pour le titre en NL East… mais les Nationals vont finalement se concentrer sur décrocher cette fameuse Wild Card à décrocher. Ce retournement de scénario est dû à plusieurs facteurs : un duo d’attaque redoutable Rendon-Soto, un requin (voir plus bas) mais surtout à l’incroyable réussite d’un trio d’As.

Mad Max a enquillé les “K” comme toujours, Strasburg a connu sa meilleure saison en carrière épargné pour une fois par les blessures et la recrue phare de l’intersaison, Patrick Corbin, a parfaitement tenu son rang! C’est simple, Strasburg, Scherzer et Corbin sont devenus le premier trio de l’histoire à réaliser au minimum 230K chacun, se classant respectivement deuxième, troisième et quatrième dans cette catégorie en NL. Ils finissent aussi la régulière deuxième (Scherzer), troisième (Strasburg) et sixième (Corbin) en NL pour la stat WAR chez les lanceurs et même premier (Scherzer), cinquième (Strasburg) et dixième (Corbin) in FIP. La rotation globale des Nats a dominé la NL en K et fWAR, se plaçant deuxième en manches lancées, ERA et FIP. Elle a résisté à l’absence au coeur de l’été de Max Scherzer, blessé au dos… Les jeunes Fedde et Ross sortant sans doute les meilleurs matchs de leur carrière. Aucune équipe en NL n’a le moins sollicité son bullpen… et heureusement car avec une ERA collective de 5.66, les releveurs/closers des Nats sont vraiment les boulets de l’équipe et aurait pu être la cause de leur échec! On ne compte plus les avantages perdus par les Suero, Grace, Sipp, Rosenthal, Miller ou autre Barraclough… d’ailleurs plusieurs d’entre eux ne sont plus dans l’effectif aujourd’hui. Le relatif salut est venu à la Trade Deadline avec les acquisitions de Hunter Strickland et surtout Daniel Hudson qui ont enlevé un peu de précieux au sur-utilisé Sean Doolittle (qui a d’ailleurs fini par se blesser à force de jouer les pompiers de service tous les soirs).
C’est d’ailleurs Hunter qui a enfilé le costume de closer sur les dernières semaines, Doooo lui servant de set-up man, une formule qui pourrait être reconduite dans cette postseason si l’aventure des Nats se prolonge au-delà du match de mardi soir. Face aux Brewers, Dave Martinez aurait pu envoyer sur le monticule Stephen Strasburg, son meilleur pitcher de la saison… mais nous aurons droit à…
— Washington Nationals (@Nationals) October 1, 2019
Un choix qui s’explique 1/ par la mentalité de Scherzer et son incroyable soif de vaincre (faut-il rappeler qu’il a réalisé un match à 10K au lendemain de s’être cassé le nez sur un bunt loupé en batting practice) et 2/ par son historique face aux Brewers et notamment les 4 meilleurs batteurs : Mike Moustakas (6/36), Yasmani Grandal (1/16), Cain (0/15) et Braun (0/14) soit un AVG combiné de .086… Oups.
Le manager Dave Martinez n’a pas caché qu’au besoin, il ferait appel en relève – non pas à son fragile bullpen – mais plutôt à l’un de ses deux autres Aces : Strasburg ou Corbin. Un choix osé car cela signifierait bricoler une rotation pour les premiers matchs de NLDS face aux Dodgers, mais l’objectif est clair à Washington : passer coûte que coûte cette Wild-Card. Attention quand même à l’excès de confiance pour ce soir, un match de postseason reste un rendez-vous à part.
Le moment clé de la saison
On l’a vu à l’instant, la date clé de la saison des Nationals c’est le 23 mai, jour d’un sweep concédé face aux Mets pour leur 50e match de la saison. Le bilan est alors de 19 victoires pour 31 défaites… Sur les 112 matchs qui suivront, les joueurs de DC afficheront un bilan de 74 victoires et 38 défaites! Avec des petits bâtons verts et rouges, c’est encore plus parlant :
Je retiendrai pourtant une autre date pour marquer la renaissance de cette équipe : le 19 juin. Ce jour-là, Gerardo Parra prend une décision qui paraît anecdotique sur le moment mais qui va tout changer. Coupé par les Giants, l’ancien Gold Glove âgé de 32 ans est arrivé quelques semaines avant à Washington pour tenter de relancer sa carrière. Ce fameux 19 juin, il reste sur un slump de 22 AB sans coup sûr et demande comme musique d’intro la “chanson” Baby Shark, se disant que ça allait faire plaisir à sa fille de 2 ans. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Baby Shark : gloire à vous! Car une fois que l’on a entendu une fois ces paroles entêtantes, c’est terminé! Le 19 juin, Parra arrive donc à la batte sur cet air enfantin et joyeux et la magie opère : 2 hits dont 1HR pour 2RBI. La saison de Parra est lancée, celle des Nationals vient de connaître l’étincelle qui lui manquait pour vivre une saison folle.
Car depuis ce jour, à chaque fois que Parra passe à la batte au Nationals Park c’est le même rituel, que ce soit en tribunes ou dans le dugout et le bullpen : tout le monde fait la Baby Shark Dance!!! Et vous connaissez le marketing dans les sports US prêt à se saisir de la moindre occasion? On a commencé à voir très vite dans les allées du Nationals Park des casquettes Shark, des tee-shirts Shark… et même un Shark en personne!!!
Si Parra n’a pas été le premier joueur à choisir cette chanson comme musique d’intro, Elvis Andrus des Rangers et d’autres l’avaient précédé ces dernières saisons, l’outfielder a porté ce petit moment de quelques secondes à son paroxysme festif… Les joueurs et le staff des Nats reconnaissent eux-mêmes que son arrivée au sein du groupe a été un véritable virage, pas forcément d’un point de vue statistiques (même si ses hits – dont deux Grand Slam – ont souvent été décisifs), mais plus pour son apport extra-sportif.
“He brings it every day. He’s full of energy, has fun,” Manager Dave Martinez said. “He’s an unbelievable teammate, and the guys appreciate him and love him out there.”
Car en plus de la Baby Shark Dance, Gerardo Parra a amené dans son sac une autre tradition qui a marqué cette saison des Nats : la danse à laquelle doit se plier chaque frappeur de Home-Run en revenant dans le dugout! Même le très introverti Stephen Strasburg a du s’y plier!
🚨STEPHEN STRASBURG DANCING KLAXON🚨 pic.twitter.com/WYTvOO6Y1I
— Blake Finney (@FinneyBlake) July 19, 2019
Le Washington Post a réalisé un petit best-of de ces Home-Run Dance… A vous de choisir votre préférée!
Le MVP
Il était en “contract year” c’est à dire dans la dernière année de son contrat. Anthony Rendon a fait en sorte de devenir le joueur de position le plus convoité de l’hiver. C’est simple, le joueur de 3e base a posté ses meilleurs perfs en carrière en nombre de HR (34), AVG (.319), points marqués (117) et RBI (126). Cette dernière marque est même tout simplement le best en MLB cette saison! Et son OPS de 1.010 le place juste derrière Christian Yelich (1.100) et Cody Bellinger (1.035). Ces 3 joueurs là sont les favoris pour le podium du NL MVP… pendant qu’un certain Bryce Harper regardera la postseason à la télé (pour le plus grand bonheur des fans des Nats)!
— Washington Nationals (@Nationals) September 24, 2019
Rendon a été l’un des éléments incontournables dans le twist qu’a été la saison de Washington. Il surnageait dans le naufrage collectif du premier mois (.355/.438/.790/.1229 en avril) mais a dû être placé sur la liste des blessés le 27 avril en raison d’une douleur à l’épaule. Pendant son absence de 10 jours, ses coéquipiers ont perdu 6 matchs et n’en ont remporté que 2. Rendon a du mal à retrouver son rythme en mai (AVG .277) avant d’exploser et de sembler unstoppable à l’image de son équipe d’ailleurs : AVG de .307 en juin (+24RBI), .333 en juillet (+22RBI) et .394 (+29RBI) en août!!! “Tony 2 bags” – le roi du double – comme le surnomme les commentateurs télé qui couvrent le club, a porté cette équipe offensivement aux côtés de Juan Soto pour former le “3-4 punch duo” sans doute le plus impressionnant de la Ligue.
Rendon a encore un challenge à relever cette saison : aider les Nats à ENFIN réussir en postseason. A l’image de son club ces dernières saisons, il peine en octobre : .232/.317/.357 en 14 matchs avec seulement 2HR et 6RBI. S’il veut prétendre à son “big contact” cet hiver, il doit porter son équipe le plus haut et le plus loin possible! A l’issue de la saison, Rendon devrait tester le marché mais le front office des Nationals a retenu la leçon Harper et va se battre pour conserver son joueur cet hiver. Selon les dernières infos, une prolongation de 210 à 215 millions de dollars sur 7 ans lui a été proposé (contrat similaire à celui signé par Max Scherzer en 2015).
Le joueur surprise
Derrière le MVP Rendon et le trio d’As que sont Scherzer, Strasburg et Corbin, et à l’exception du désastreux bullpen, il y a eu des bonnes surprises cette saison. En premier lieu, la confirmation du talent de Juan Soto qui égale ou bat tous les records de précocité et se place en digne héritier d’Harper chez les Nats.
The only active @MLB players to slash at least…
.290/.400/.500
…over the first 162 games of their careers:
1. Albert Pujols
2. Yasiel Puig
3. Juan Soto pic.twitter.com/R5cwDT31nQ— Washington Nationals (@Nationals) May 31, 2019
On a aussi eu la première saison complète du gros prospect Victor Robles. Certes irrégulier à la batte, il a démontré sa vitesse (28SB, 5e en MLB) et surtout une excellente défense en champ centre : 12 assists (3e en MLB) et 2e meilleur Defensive WAR notamment. Pour compléter l’outfield des Nats on retiendra aussi les 151 matchs disputés cette saison par un Adam Eaton débarrassé de ses blessures, contre 118 en cumulé sur les deux saisons précédentes. On citera aussi Brian Dozier qui – après des débuts très timides voire mauvais – a retrouvé de l’impact offensif pour terminer une 6e saison consécutive à au moins 20HR.
Mais le choix se porte sur Anibal Sanchez. Le lanceur vétéran arrivait d’Atlanta sur la lancée d’une saison intéressante (ERA 2.83 et WHIP 1.08) pour se positionner en numéro 4 de la rotation de Washington derrière le trio SSC. Les débuts ont été loin d’être brillants (comme ceux de l’équipe) avec 4 défaites en 6 starts en avril avec une ERA cata de 5.91 et un WHIP de 1.72. Il va même concéder 6 défaites avant de décrocher sa première victoire en mai. Et comme l’équipe, il va retourner sa saison : invaincu en 15 starts en juin, juillet et août avec 7 victoires à son crédit avec une ERA moyenne de 3.43. Au moment de la blessure de Scherzer après le All-Star Break, il a répondu présent. Il devrait passer dans le bullpen pour cette postseason dans le rôle d’un releveur longue durée. A lui d’utiliser son expérience.
Les performances récentes en postseason
Après toutes ces belles paroles, il faut aborder LE sujet : les résultats passés en octobre. C’est simple à résumer, Washington n’a jamais remporté la moindre série en postseason (2012, 2014, 2016, 2017). Les deux dernières se sont d’ailleurs conclues par deux crève-cœur, deux défaites au Match 5, face aux Dodgers puis face aux Cubs. On se souvient que c’est Max Scherzer qui avait craqué en relève face à L.A après une saison régulière incroyable qui lui a valu le NL Cy Young Award. L’attaque des Nats n’a jamais bien répondu présente non plus ces dernières années (coucou Bryce Harper). Cette saison, il faudra d’abord passer l’obstacle Wild-Card mais cela pourrait servir du déclic car même si ce n’est qu’un match, il compte comme une série de play-offs. Donc si les Nats battent les Brewers, ils auront vaincu le signe indien!
Points forts
- Faut-il encore parler de ces 3 hommes là?! Si les Nats remportent le Wild Card Game, les NLDS face au trio des Dodgers Ryu/Kershaw/Buehler seraient SPLENDIDES!
- La confiance (série de 8 victoires en cours) et l’enthousiasme du groupe.
- Le danger en attaque peut venir de partout : Turner et sa vitesse, Rendon et Soto pour le cumul puissance/régularité, l’expérience des Zim/Cabrera/Adams…
Points faibles
- Le passé en postseason.
- L’extrême fragilité du bullpen qui pourrait être un peu modérée par les nouveaux rôles de releveurs des Sanchez, Fedde, Ross et Voth.
- L’adversaire de ces Wild-Card Game : les Brewers eux aussi revenus de l’enfer.
Pronostic
Sur le papier, cette équipe a tout – vraiment tout – pour battre n’importe qui, même les épouvantails que sont les Dodgers pour la NL et les Astros pour les World Series. Le starting pitching est fou, l’attaque est équilibrée et la défense est très rassurante. Le départ d’Harper, le début de saison catastrophique puis le retour improbable, la confiance du coach Martinez à ses joueurs, l’ambiance dans le dugout et les travées du Nationals Park… autant d’éléments qui laissent présager d’un beau mois d’octobre dans la capitale fédérale. Mais les Nats vont-ils laisser au placard leurs vieux démons? C’est la seule question qui se pose!
2 réflexions sur “[Preview Postseason 2019] Washington Nationals – Et si c’était leur année?”