Ce jeudi soir, les choses sérieuses commencent véritablement en National League, avec les Matchs 1 des NLDS. A Los Angeles, les Nationals, vainqueurs de la Wild Card face aux Brewers, iront défier les Golgoths Suprêmes de la National League, les L.A. Dodgers. Alors comme ça, sans trop réfléchir on pourrait se dire que ça va être une boucherie… pourquoi s’emmerder à rester debout pour voir les Dodgers dépecer, éviscérer et dévorer leurs adversaires ? On a cherché et on a trouvé cinq bonnes raisons de suivre de près ces séries entre Los Angeles et Washington !
1 – Parce qu’ils cherchent et qu’ils trouveront, cette bague qui leur manque tant
Ils sont les deux plus grands lanceurs de la décennie, cela n’est même pas discutable, avec trois Cy Young chacun, 15 sélections au All Star Game au total, et une foultitude de récompenses individuelles et collectives pour récompenser leur immense talent… Mais l’un comme l’autre, Max Scherzer et Clayton Kershaw courent toujours après cette récompense suprême, ce trophée qui couronnera une carrière entière. A 35 et 31 ans, une et deux World Series perdues respectivement, Mad Max et The Claw savent qu’ils n’ont plus véritablement le temps de voir venir. Même s’ils ne se rencontreront pas forcément (Scherzer a lancé le match de Wild Card des Nats ce mardi), tous deux n’auront qu’un objectif en tête, porter leur équipe au titre suprême et recevoir, enfin, cette bague tant désirée.
2 – Parce que les Nationals vont être obligés de sortir les flingues de concours
En saison régulière, les Dodgers et les Nationals sont les deux meilleures attaques de National League en termes de points marqués (886 c. 873) mais aussi les deux meilleures rotations des Ligues Majeures en termes d’ERA (3.11 c. 3.53). Alors, à quoi faut-il s’attendre quand deux rotations d’élite (Ryu, Kershaw, Buehler – Scherzer, Strasburg Corbin) affronteront une armée de sluggers en confiance ? On a une petite idée sur la question : Les Dodgers ne prendront de risques que si ils n’ont pas le choix puisque après tout, ils complètent leur tableau idyllique par le meilleur bullpen de National League, avec un ERA de 3.78 plutôt confortable malgré quelques hoquets occasionnels.
Du côté des Nationals ? Pourquoi pensez-vous que le starter All Star Stephen Strasburg s’est coltiné trois manches de relève avant de passer la main au closer Daniel Hudson lors du Wild Card Game ? Parce que les Nationals n’ont pas juste un mauvais bullpen, ils ont le pire bullpen de toute la MLB sur la saison régulière (un ERA de 5.66, juste derrière Baltimore). Une seule solution pour eux : frapper, frapper, frapper encore, prendre tous les risques et frapper un peu plus encore.
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3 – Parce que Division Series et Wild Cards riment souvent avec Surprise (non, aucune rime ici)
Vous aimez les surprises, les histoires de David contre Goliath, les outsiders qui se surpassent pour terrasser le favori ? Bref, vous exultez chaque fois que le Japon bat l’une des grandes nations du rugby ou lorsque le FC Trélissac élimine une équipe de Ligue 1 en Coupe de France ? Alors voilà une stat pour vous, et on pardonnera à Jon Morosi sa légère approximation mathématique. L’histoire récente prouve que les têtes de série numéro 4 issues du Wild Card Game ont presque autant de chances que les têtes de série numéro 1 dominatrices sur la saison régulière de remporter les Division Series. Alors évidemment, ces Dodgers semblent incapables de perdre avant les World Series, mais ne sont-ils pas un peu trop surs d’eux ?
4 – Parce qu’ils étaient trois, parce qu’ils ne sont plus que deux…
Bon OK, c’est trop tard pour faire la différence. Les votes pour le titre de MVP de National League ont été transmis au Commissionner, qui ouvrira les enveloppes au coin du feu quand il n’aura que ça à faire, un soir de novembre entre les World Series et Thanksgiving. MAIS… Mais voilà, en l’absence de Christian Yelich, qui aurait probablement qualifié les Brewers pour ces séries s’il avait pu être de la partie, les deux autres prétendants au titre de MVP de National League auront à cœur de montrer qui est le Boss (et aussi de faire oublier, si besoin, que l’outfielder des Brewers aurait conservé le trophée haut la main s’il n’avait pas décidé de se briser la rotule pour leur donner une chance). Bref, Anthony Rendon (.319, 44 2B, 34 HR, 126 RBI) et Cody Bellinger (.305, 47 HR, 115 RBI, 15 SB) ont un compte à régler sur cette série, et ils ont bien l’intention de se mettre d’accord à grands coups de battes.

5 – Parce que les Nationals pourraient – enfin – écrire la première ligne de leur histoire en postseason
Voila quinze ans que les Montreal Expos sont devenus les Washington Nationals, et ont déménagé dans la capitale américaine. Quinze ans de changements spectaculaires dans le monde des Ligues Majeures, de la Steroid Era à nos jours. Les Nationals eux ont investi, ont progressé. Ils ont vu passer dans leurs rangs des superstars tels que Bryce Harper et Max Scherzer, Stephen Strasburg, Anthony Rendon. Le présent est prometteur, le futur est radieux avec les Soto et autres Robles. Oui, mais…
En héritant de la franchise des Expos, les Nationals ont aussi hérité de sa poisse légendaire. Une franchise souvent placée, jamais gagnante, et dont la meilleure saison, celle qui aurait pu les amener au titre suprême, fut marqué par la fameuse grève des joueurs en 1994.
Une fois mis à niveau, les Nationals ont fait mieux que reprendre le flambeau. Sans ironie tout d’abord, puisqu’ils ont atteint les National League Division Series à cinq reprises depuis 2011. Avec pas mal d’ironie ensuite puisqu’ils ont jusque-là perdu les NLDS à chaque apparition, souvent de justesse. On va faire simple, la victoire des Nats dans le Wild Card ce mardi est la première série de postseason remportée par les Nationals depuis leur déménagement à DC, la seconde dans toute l’histoire de la franchise, créée au Quebec en 1969.
Alors – et c’est un supporter du stade rennais, plus que trentenaire et enfin satisfait qui témoigne* – ayez une pensée pour les Nationals lors de ces séries, et voyez la réaction des joueurs comme des supporters lors de leur victoire historique lors du Wild Card Game. Il est temps pour les Nationals de vivre enfin l’ivresse, et tant qu’à vaincre le signe indien, autant faire tomber LE monstre au moment où cela semble absolument impossible (*).
6 – Parce que rien n’est fini jusqu’à la dernière seconde de chaque match
Une balle qui frappe le sol ou passe les barrières, un coureur qui sprinte et se jette au marbre, un homme seul qui atteint la première base et laisse exploser sa joie… Et puis quelques secondes de folie absolue, de feux d’artifices, des casques qui volent et un roster entier qui se précipite autour d’une Batter’s box délaissé par les adversaires malheureux pour célébrer le héros d’un soir. Cris de victoires, douches de Gatorade et uniformes arrachés. Vous reconnaissez bien là toutes les caractéristiques d’un Walk-Off, qu’il soit provoqué par un simple coup sûr, un grand-slam ou même un simple but sur balles.
Si pour vous aussi, ces coups gagnants et l’euphorie qui s’ensuit sont l’un des grands plaisirs du spectateur de baseball, alors vous êtes en veine, car les Dodgers et les Nationals ont cumulé 28 matchs terminés sur un coup de batte décisif : 12 victoires (leaders en MLB) et 4 défaites pour les Dodgers, 7 victoires et 5 défaites pour les Nationals. Et puisque les Dodgers et les Nationals sont aussi la meilleure (18) et la troisième (13) franchise de National League en termes de shutouts, la probabilité de voir au moins l’un des matchs de ces séries se terminer sur une explosion d’adrénaline au terme d’un majestueux duel de pitchers est plutôt très élevée.
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7 – Parce que ces Divisons Series, c’est déjà demain
Les points communs de Cody Bellinger, Juan Soto, Victor Robles, Max Muncy, Walker Buehler… ? Ils ont tous fait leurs débuts dans les Ligues Majeures depuis 2017, ils feraient passer les toujours jeunes Trea Turner et Corey Seager (promus en MLB en 2015) pour de véritables vétérans, et ils sont tous d’ores et déjà devenus des tauliers d’équipes parmi les meileures de la Ligue. Au cours des prochains joueurs, on suivra avec une attention particulière le duel à distance entre les outfielders Juan Soto, auteur du hit décisif pour les Nationals lors du Wild Card Game, et Cody Bellinger, devenu cette année LE leader offensif incontesté des Dodgers. C’est deux là font partie de l’élite présente et surtout future de la National League et des Ligues Majeures.
Pronostic :
On peut tourner le problème dans tous les sens, et on en revient toujours au même point. Ces Dodgers sont trop forts dans tous les domaines du jeu, possèdent trop d’experience de la postseason et sont trop concentrés sur leur but ultime pour se laisser surprendre. Les Nationals essaieront forcément d’enflammer les séries et vendront chèrement leur peau jusqu’au dernier out. Mais au final, la loi des Dodgers est implacable: ils sont venus chercher les World Series, et seule une equipe aussi complète que la leur (les Astros) pourra tenter de les en empêcher. Les Dodgers en 4 matchs.