Le Challenge de France débute aujourd’hui à Montpellier et Beaucaire. Jusqu’à dimanche, huit équipes de D1 vont s’affronter pour un trophée et une place en coupe d’Europe. Qui succédera à Rouen ? La question est posée et la réponse n’est pas franchement évidente car les forces en présence affichent des niveaux de jeu resserrés et la compétition pourrait nous offrir quelques surprises.
Mais attendez ! Huit équipes de D1 ? Ce sont pourtant bien douze équipes qui ont débuté cette saison 2019 dans un format élargi à deux poules. Bien entendu. Cependant, douze équipes pour un format court de 4 jours de tournoi, c’était un peu tout much. Le choix a été adopté, fort logiquement, de conserver les sept équipes restantes de la D1 2018 et d’y inclure le champion de la D2 2018, Toulouse. L’année prochaine, les huit meilleures équipes 2019 seront automatiquement sélectionnées.
Pourquoi ce challenge peut-il nous réserver quelques surprises ? Tout simplement parce que les règles ont changé. Comme nous vous l’avions présenté en début de saison, les règles pour les lanceurs étrangers permettent de les faire lancer… tout le temps en fait. Et beaucoup d’équipes se sont renforcées en la matière, alignant plusieurs lanceurs issus de pays baseball comme les États-Unis ou le Venezuela. Un nivellement par le haut, qui vaut également en attaque et qui donne un challenge plus qu’incertain, même pour le détenteur du trophée et champion de France en titre, Rouen.
Néanmoins, les règles de repos des lanceurs au Challenge donnera un avantage certain aux pitching staff les plus profonds en quantité et qualité. Et même si certaines équipes compteront plusieurs imports sur le monticule, la présence de bons lanceurs français sera un gage de réussite dans ce tournoi.
Poule A : Huskies Rouen, Barracudas Montpellier, Lions Savigny/Orge, Tigers Toulouse
Les champions rouennais disposent d’une véritable poule de la mort pour tenter de défendre leur trophée. Savigny leur a pris un match, Toulouse a failli le faire et Montpellier a réussi un partage contre eux le week-end dernier après avoir perdu une double rencontre la semaine précédente. Il ressort de ces confrontations directes que Rouen est le favori de cette poule mais sans une grosse marge de manœuvre.
La perte d’Owen Ozanich, parti à Parme dans le championnat italien, a affaibli les rouennais. Pas de beaucoup mais suffisamment pour être plus régulièrement bousculé. Heureusement, derrière le vénézuélien Camacho (1.02, 4-0), Esteban Prioul s’en sort très bien pour prendre la relève d’Ozanich en tant qu’Ace français (2.27, 4-0). Le bullpen possède de la ressource avec, en autres, Yoann Vaugelade, Keino Perez, Quentin Moulin et le nouvel import de l’équipe, le vénézuélien Ely Saul Izturriaga, ancien des ligues mineures des Phillies. La force des normands réside également dans leur attaque avec huit joueurs proches ou au-delà des .300 dont les deux recrues Bastien Dagneau (.436, 2HR) et Ariel Soriano (.429, 1HR). De quoi afficher une certaine sérénité. Et pourtant…
Savigny/Orge continue sa progression pour retrouver les sommets de la D1. A égalité avec Rouen en championnat, les Lions bénéficient du résultat d’un copieux recrutement, aidé généreusement par la modification des règles. Ces dernières leur permettent d’aligner trois très bons lanceurs imports, Conor Lourey (2.08, 1-0), Spencer Bivens (2.25, 5-0) et Evertz Orozco (0.73, 2-1), auxquels s’ajoutent deux jeunes lanceurs français plein de talents, Lilian Amoros et Gédéon Coste.
Comme à Rouen, le lineup est fastueux avec 3 frappeurs à plus de .400 (Ivan Acuna, Yeixon Ruiz et Jacques Boucheron) et un total de 7 joueurs à plus de .285, expliquant que Savigny présente l’une des trois meilleures offensives du championnat, en plus du troisième meilleur bullpen.
Montpellier aura donc fort à faire, eux qui sortent d’une quadruple confrontation en championnat avec Rouen pour un bilan de 3 défaites et 1 victoire, auquel s’ajoute un partage face à Savigny. Les Barracudas ne se placent qu’à la 7ème place au niveau de la moyenne collective à la frappe et au monticule. Il faut remonter à Mathusalem pour voir des montpelliérains aussi… moyens.
Au monticule, seul Kevin Canelon (0.66, 4-0) et Meylian Marin, en relève, répondent présents. Les Barracudas, habitués à avoir une certaine profondeur au monticule, n’en ont pas cette année. L’attaque manque de consistance avec seulement trois joueurs au-dessus des .300 (Paolo Brossier, Larry Infante et Andres Martinez). De fait, Montpellier se situe dans le ventre mou du championnat et à portée d’une équipe comme Toulouse.
Certes, les Toulousains n’ont pas battu les Barracudas mais ils les ont challengé sur un match (défaite 1-0). Ils ont également bousculé les rouennais et les savigniens. Pour leur retour en D1, les Tigers ont retrouvé cette capacité à gêner les grosses écuries et sur un tournoi où chaque match compte, cela pourrait faire des dégâts. À défaut d’aller en demi-finale, ils pourraient jouer le rôle d’arbitre.
Pour se faire, ils compteront sur leur arme principale, la seule à vrai dire sur le monticule, James Murrey (1.59, 2-1). À moins que l’ex-Barracuda Keivy Rojas retrouve son niveau, lui qui culmine à 4.26 d’ERA et une fiche de 0-4. En attaque, peu de grosses battes. Jossue Mendoza, Jean Scavo ou encore Sébastien Neumann tenteront d’être efficaces sur le départ de James Murrey.
Prono : leur profondeur du monticule devrait assurer à Rouen et Savigny de passer en demi-finale mais Montpellier pourrait rebondir durant ce tournoi. À voir si Toulouse peut arracher une victoire sur l’un des trois gros et jouer les perturbateurs dans la hiérarchie annoncée de cette poule. Une surprise est si vite arrivée dans un tel tournoi.

Poule B : Cougars Montigny, Templiers Sénart, Boucaniers La Rochelle, Paris Université Club
Une poule qui semble un poil moins relevée que la poule A mais qui risque de tourner en duel à trois entre Montigny, Sénart et La Rochelle.
Le vice-champion de France Montigny possède la 4ème moyenne de frappe du championnat (.309) et le 4ème ERA collectif (2.80). L’offensive possède cinq frappeurs au dessus de .300 dont Rafael Jimenez (.385, 1HR). Malgré le départ de Bastien Dagneau, l’attaque des Cougars restent l’une des plus constantes de D1.
Montigny n’a pas non plus perdu son beau monticule. Yorfrank Lopez est toujours excellent (1.93, 4-1) et Clément Esteban impressionne (0.75, 1-0). Derrière, Montigny a encore de la ressource avec Jonathan Mottay, Antoine Rault et Maxence Esteban. Avec autant de lanceurs efficaces et la meilleure défense de D1, les Cougars semblent armés pour le Challenge.
C’est le cas également de Sénart, leader de sa poule en championnat devant les Cougars. Le club est leader collectivement en attaque (.333) et chez les lanceurs (1.34). Ils n’ont perdu qu’un match cette saison, face à La Rochelle.
Là où il n’y a pas de gêne, il n’y a pas de plaisir. Les Templiers profitent à fond du changement de règles sur les lanceurs étrangers avec deux imports qui mènent la rotation, Joe Rivera (0.67, 4-0) et Brendan Jenkins (1.10, 4-1). Ils ont été rejoints récemment par Franck Gailey Jr qui a évolué en ligues mineures puis en Australian Baseball League de 2007 à 2018. Et ce n’est pas fini, car Clifford Heberden connaît un excellent début de saison (1.59, 2-0).
Le lineup ne manque pas d’indécence non plus. Mené par Carlos Belonis (.439, 1HR), il compte quatre joueurs à plus de .400, un joueur à plus de .300. Et dans cette liste, on n’y retrouve pourtant pas Félix Brown et Alex Perdomo qui tournent autour des .270 de moyenne. Quand on sait que Sénart enregistre le retour de Ian Townsend, on voit bien que Sénart veut écraser la compétition à coups de renfort bien sentis. Une stratégie qui les place en favori de la poule.
La Rochelle jouera le rôle de troisième larron de ce duel à la mexicaine. Les Boucaniers ont été les seuls à faire tomber Sénart en championnat jusqu’à présent, et assez durement (10-1). Ils ne viennent donc pas faire de la figuration, eux qui ont également partagé contre Montigny. Bien en place dans le course de playoffs, ils rêvent d’un coup au Challenge.
Avec un ERA collectif de 3.51, c’est de l’ordre du possible. Le pitching fut la grande faiblesse des Boucaniers en 2018 et ils ont commencé à y remédier, là aussi grâce au changement des règles pour les lanceurs. Un allemand et un vénézuelien jouent les leaders sur la butte, Dimitry Shtykher (0.91, 3-0) et Rayner Oliveros (2.95, 4-2). Nicolas Antoine (1.69) assure de belles relèves. Néanmoins, La Rochelle n’a pas la même profondeur que les Cougars et les Templiers, ce qui leur rendra la tâche compliquée si un des partants fait défaut. Surtout que la batte rochelaise manque de consistance, mise à part l’excellent Jesse Baker (.426, 2HR).
Quant au PUC, il connaît une saison une nouvelle fois compliquée. Les parisiens n’ont plus gagné depuis le 7 avril et ont enregistré leurs trois victoires face à des promus. Motif de satisfaction, une courte défaite 1-0 face à La Rochelle. En revanche, ils n’ont pas existé face à Sénart et Montigny, concédant de très lourdes défaites. Ils devront s’en remettre à deux hommes : Douglas Rodriguez et Gen Utamura. Le premier mène l’attaque, étant le seul à dépasser les .300 (.318). Le second affiche un ERA de 4.08 et une fiche de 2-4 mais est capable de grands matchs comme celui perdu face à La Rochelle où il lance un complete game en encaissant qu’un point. On a déjà vu des équipes se relancer au Challenge. Le PUC en profitera-t-il ou sera-t-il spectateur de ce tournoi ?
Prono : Sénart semble largement favori sur le papier, suivi de Montigny. Mais La Rochelle a des armes à faire valoir pour bousculer cette hiérarchie même si cela devrait les conduire à sacrifier la suite de la compétition en jetant leurs meilleurs lanceurs tôt dans la bataille. Le PUC devrait jouer les rôles de simple participant, à moins que leur lanceur japonais sorte un match solide pour défier les statistiques et faire du PUC un arbitre dans ce duel à trois. Il n’est pas interdit de penser que cette poule nous offre quelques surprises aussi.
