Nous y sommes. Le Challenge de France 2018 débutera demain et se tiendra jusqu’à dimanche à Valenciennes, Compiègne accueillant la Poule 1 les deux premiers jours. Le désormais traditionnel tournoi de l’élite du baseball, réunissant les 8 équipes de D1 pour une place en coupe d’Europe, nous avait offert la saison dernière une belle édition avec une victoire finale des Templiers de Sénart, qui avaient éliminé le club hôte, favori du tournoi et champion de France, Rouen. L’édition 2018 pourrait être bien plus surprenante.
En effet, comme écrit récemment, le début du championnat de France D1 a été des plus surprenants avec un niveau resserré, des gros qui ont tous chuté, des « petits » qui réalisent des exploits. Chaque week-end de championnat est l’occasion d’une ou plusieurs surprises. La dernière journée de championnat n’a pas dérogé à la règle : partage très serré entre Rouen et Montigny, Sénart chutant deux fois à Montpellier, La Rochelle qui gagne ses deux premiers matchs en D1, face au PUC. Tout ceci nous promet un Challenge excitant et on espère ne pas être déçu.
Poule 1 (Compiègne) : Rouen, PUC, Montigny, La Rochelle
Ah Ah ! Difficile cette année d’annoncer Rouen au-dessus du lot dans sa poule. Les champions de France ont chuté deux fois en deux week-ends en partageant dans des séries très serrées face à Savigny puis Montigny. Dimanche dernier, les Cougars ont poussé les normands en prolongations, perdant le match en 10ème manche (4-5), avant de remporter le second 4-2. Certes, les Huskies avaient utilisé leur rotation de manière particulière pour préparer le challenge mais leur pitching staff ne semble plus aussi intouchable.
Néanmoins, avec Kender Villagas (0.00, 2-0) et Owen Ozanich (2.20, 3-1), les Huskies ont deux aces dominants, ce qui n’est pas le cas de leurs adversaires en poule. La grosse déception vient d’Esteban Prioul. Le jeune lanceur, excellent en 2017, n’a pas réussi son début de saison (6.43, 0-0). De plus, les Huskies peuvent compter sur trois recrues très productives en attaque : Gerwuins Velazco (.467), José Paula (.406) et Miguel Mendez (.371/1HR). En revanche, les battes françaises sont moins dominantes que la saison dernière. Néanmoins, ils restent la meilleure attaque du championnat après cinq journées.
Rouen reste le favori de sa poule, bien entendu, mais devra surveiller de près les Cougars. Montigny a donc pris une victoire à Rouen, passant proche de les balayer dimanche dernier. Mais Montigny a aussi chuté face à Saint Just et a galéré contre le PUC (perdant un match sur tapis vert en plus). Le premier atout des Cougars, leur ace étranger. Yorfranck Lopez affiche un ERA fabuleux de 0.28 en 4 rencontres (3-0). Avec en plus Antoine Rault (1.64, 1-2) et Clément Esteban (2.87, 1-0), Montigny a la qualité pour durer dans la compétition, eux qui possèdent le meilleur ERA collectif de D1 (1.57).
Offensivement, le retour de Bastien Dagneau dans son club formateur est une aubaine (.462/2HR) et le recrutement de Simon Vicente une réussite (.318). Nicolas Robinet complète le trio des plus de .300 (.346). Derrière, c’est un peu plus commun, faisant de Montigny la quatrième attaque du championnat (.254), la première en dessous des .300 de moyenne.
Rouen et Montigny auront face à eux les deux attaques avec les plus faibles moyennes du championnat, La Rochelle (.240) et le PUC (.229). Deux équipes, deux énigmes. Les Boucaniers de La Rochelle viennent de remporter les deux premiers matchs de leur jeune histoire en D1, face au PUC. Un score accroché dans le premier match, un score plus large dans le second. Avant ça, le promu a du enchaîner quatre journées face au Top 4 : Rouen en ouverture, suivi de Sénart, Montpellier et Montigny. Que des défaites mais quelques matchs très serrés (8-13 Rouen, 2-0 Sénart, 6-7 Montpellier). Si le pitching n’est pas au rendez-vous à La Rochelle, l’attaque a su challenger les meilleurs, en étant clutch. Certes, la moyenne n’est pas fabuleuse mais elle n’est pas loin des Montigny et Savigny. Surtout, La Rochelle est la 5ème équipe à marquer le plus de points (50), à six unités des Cougars, démontrant un potentiel offensif qui doit beaucoup à la recrue Ariel Soriano (.459/3HR), la batte la plus puissante de D1. Il faudra aux Boucaniers hausser encore plus le niveau de leur attaque pour exister jusqu’en demi-finale au vu d’un pitching trop faible, leurs meilleurs lanceurs affichant des ERA de 4.40 (Emmanuel Bonnin) et 4.41 (Daniel Blum).
Autre énigme, le Paris Université Club. Les pucistes ont donné du fil à retordre à Montigny lors de la première journée et ont ensuite pris un match à Montpellier (1-0). Après deux premières journées convaincantes, les parisiens sont tombés dans l’abîme : deux défaites contre Sénart avec 27 points encaissés, deux roustes par Rouen et deux défaites chez le promu. Pire ERA collectif (9.80), 99 points encaissés, le PUC ne pourra pas compter seulement sur un Harvey Garcia retrouvé (3.90, 1-2) pour avancer. Les autres lanceurs pucistes, qui émargent pour les partant à plus de 10.00 d’ERA, devront être au niveau de la D1 tout simplement. Sans quoi, le PUC fera de la figuration. Douglas Rodriguez (.370/1HR) ne pourra pas tenir la baraque seul. Peut-être pourra-t-il compter sur le renfort d’un nouvel import US, Casey Rihn (.500 en deux matchs contre La Rochelle).
Verdict : Rouen, favori, devra faire attention à Montigny pour la première place, tout en gérant son pitching staff, qui n’est plus le meilleur cette saison, pour espérer avancer jusqu’au titre. Il en sera de même pour Montigny d’ailleurs. Les espoirs de La Rochelle de pouvoir accrocher une demi (la finale semblant inaccessible avec leur pitching staff) reposera uniquement sur leur offensive clutch. Les pucistes devront, quant à eux, s’en remettre à la chance ou à une intervention divine (genre Thor des New York Mets mais ça va coûter cher).
Poule 2 (Valenciennes) : Montpellier, Sénart, Savigny, Saint Just
Cette poule mettra face à face le vainqueur de l’édition 2017, Sénart, et son dauphin, Montpellier. Cela dit, ils devront composer avec les surprenants Lions de Savigny et Saint Just risquant d’être relégué au rôle de spectateur.
Montpellier arrive en leader du championnat à ce Challenge et sur une excellente note, deux victoires face aux Templiers de Sénart (15-7, 1-0). Alors que les doutes étaient permis en début de saison avec une fuite de talents et un recrutement plutôt léger, les Barracudas ont su se montrer à la hauteur, surtout dans le domaine mental. La réputation de guerriers des terrains n’a pas été usurpée en remportant plusieurs matchs très serrés. Ce mental sera l’atout numéro 1 des sudistes. Ils pourront aussi compter sur le deuxième meilleur pitching staff et l’une des meilleures attaques du championnat (2ème moyenne de frappe avec .307).
La jeunesse assure dans l’Hérault, que ce soit sur la butte (Meylian Marin, 1.54) ou en attaque (Paolo Brossier .371, Mael Zan .364/2HR). Jacques Boucheron continue d’être un des plus redoutables frappeurs de la D1 (.464/1HR), soutenu par Clément Le Pichon (.318). Au monticule, Jeremy Young n’assure pas des complete game mais reste solide sur les manches lancées (1.73, 3-1).
Sénart aura à cœur de montrer de meilleures choses que le week-end dernier face aux montpelliérains. Les deux équipes sont très proches sur les moyennes de frappe collectives et les ERA mais Sénart produit plus de points. L’attaque est menée par Raudelin Legra Perez (.432), Alexander Perdomo (.424) et Brice Lorienne (.364).

La déception vient de Félix Brown. Étincelant en 2017, frappant au-delà de .400 avec des homeruns, il reste cantonné actuellement à une moyenne de .190, compensant néanmoins par des matchs clutchs (deuxième producteur de points de son équipe). Legra Perez mène l’attaque mais aussi la rotation (0.56, 2-0). Matthieu Brelle-Andrade est toujours une valeur sûre (2.28, 3-0). Robert Palencia est lui plus décevant (3.42, 1-2).
Montpellier et Sénart devront surveiller dans leur rétro les Lions de Savigny. Tombeur de Rouen et de Sénart, Savigny n’a pas retrouvé le niveau de ses belles années en haut de la D1 mais est redevenu un adversaire coriace pour les gros. La première raison à cela, l’attaque. Grâce à un beau recrutement, l’offensive des Lions peut bouger plus d’un lanceur avec quatre joueurs à plus de .300 (Yeixon Ruiz .419, Conor Lourey .348, Tim Mansfield .346, Christophe Launay .308).
Conor Lourey réussit en attaque mais donne un bilan partagé au monticule avec certes 2 victoires pour zéro défaite mais un ERA de 4.29 (en quatre matchs lancés). La bonne surprise vient de Luis De La Rosa (2.70, 1-1). Savigny ne possède pas de marge de manœuvre face aux grosses équipes et tous les lanceurs devront surperformer pour permettre à Savigny de sortir de la poule, comme le fit Bastien Leveque (10.66, 1-2), lanceur gagnant face à Rouen.
Forcément, face à deux favoris et un outsider, les Ducks de Saint Just Saint Rambert risquent de jouer un rôle de faire-valoir. Cette année, les Ducks n’ont pas attendu l’après challenge pour remporter une première victoire en D1. Et quelle victoire puisqu’elle fut obtenu contre les Cougars de Montigny. Seulement, leurs autres matchs se sont terminés par des défaites et Saint Just est bon dernier de la D1. Décevant au regard de leur recrutement de l’intersaison. Seulement voilà, Keivy Rojas, si bon avec Montpellier en 2017, est aux abonnés absents (14.85, 0-0). Nicolas Martin (4.82, 0-1) et Rayner Oliveros (4.94, 1-3) tentent de tenir la maison debout mais l’ERA collectif des Ducks (8.76) est le deuxième plus mauvais de D1 après le PUC.
L’autre déception s’appelle Larry Infante qui affiche une moyenne de .269 et qui, s’il reste un des meilleurs producteurs de points de son équipe, est loin de ses standards habituels d’un joueur frappent au-delà des .300 voir .400 avec quelques homeruns à la clé. Va-t-il se réveiller au Challenge ? Les bonnes surprises viennent de Jean Filippo Scavo (.357) et surtout Rafael Jimenez Marte (.520), meilleure moyenne de D1. Pas suffisant pour emporter les Ducks vers les sommets.
Verdict : Logiquement, grâce à leur pitching staff cumulé avec leur puissance offensive, Montpellier et Sénart devraient se qualifier en demi-finale. En rencontrant Savigny en premier, Montpellier ne devra pas se louper. Savigny peut tout de même espérer une qualification si lanceurs se subliment bien que la finale semble hors de portée. Quand à Saint Just, l’objectif sera de jouer le mieux possible pour pouvoir se relancer en championnat comme après le Challenge 2017.
Vous voulez voir les matchs en direct ? C’est possible ! Le club de Valenciennes et la FFBS proposeront les matchs en live-streaming avec aux commentaires notre chroniqueur Martin Keuchel.