Quatre matchs. Trois victoires. Voilà le bilan des New York Yankees dans la série qu’ils viennent de jouer chez les champions en titre, les Astros de Houston. Une belle série qui est venue à la suite d’une autre série, celle de neuf victoires de rang avec notamment deux balayages face aux Minnesota Twins et aux Los Angeles Angels. Après un départ moyen, les Yankees sont à la relance et ne sont plus qu’à un match (au 4 mai) du leader de la division Est de la Ligue Américaine, leurs grands rivaux de Boston, les Red Sox.

Les Chaussettes Rouges avaient débuté idéalement leur saison enchaînant deux longues séries de victoires pour se propulser en tête de la division et s’affirmer comme un prétendant au titre et la meilleure équipe des Majeures. Contrairement aux Yankees qui alternaient le bon et le moins bon pour tourner autour des .500, sans parvenir à montrer pourquoi ils étaient parmi les grands favoris à la victoire finale. L’Evil Empire de retour, un pétard mouillé dans la galaxie MLB ? Non, en mode diesel, les Yankees ont juste pris leur temps et sont montés en puissance dans la dernier tiers du mois d’Avril. Avant la série contre Houston, ils étaient les numéros 2 de notre Power Ranking. Face aux champions, ils ont confirmé qu’ils étaient l’équipe en forme du moment.
Sir Didi et Sevy en mode leader
Mais à qui doit-on cette réussite ? Deux noms sortent du lot : Didi Gregorius et Luis Severino. Le premier, qui sort d’une saison 2017 exceptionnelle, n’a pas baissé le pied en 2018. Au contraire, il a porté l’offensive des Bronx Bombers depuis le début de la saison (.333/30RBI/10HR). Leader de la MLB en points produits, 7ème moyenne de frappe de tout le Show avec un total de 10HR qui le met au 3ème rang des cogneurs des Majeures, Gregorius est en mode MVP. Il a été logiquement élu joueur du mois d’avril dans l’Américaine. Plus grand exploit encore, il a su prendre la suite du grand Derek Jeter. Le short-stop hollandais n’a pas fait oublié la légende mais a su s’imposer comme l’un des rouages décisifs de la future nouvelle dynastie Yankees.
Four homers & AL Player of the Week.@DidiG18 Carried the Freight and put the team on his back. pic.twitter.com/gMdUZVvXx1
— MLB (@MLB) 1 mai 2018
Luis Severino a également commencé sa saison sur les chapeaux de roue, s’imposant à nouveau comme l’ace dont les Yankees ont besoin. Le jeune lanceur dominicain poste une fiche de cinq victoires pour une seule défaite avec un ERA de 2.11, avec en prime le premier shutout complete game de sa jeune carrière face aux Astros mercredi dernier. Celui qui avait terminé 3ème à la course au trophée Cy Young dans l’Américaine est devenue une valeur sûre sur le monticule.
Et le meilleur est à venir tant les Yankees ont encore une marge de progression en attaque comme en défense.
Les Baby Bombers montent en puissance
Offensivement, les Yankees ont de la ressource. Le Rookie of the Year 2017 Aaron Judge est déjà bon (.298/19RBI/7HR) mais n’a pas encore déployé toute sa puissance à la frappe. Néanmoins, il est toujours aussi efficace pour monter sur base (3ème preneur de but sur balles de la MLB, 13ème en présence sur base). L’autre Baby Bombers attendu, Gary Sanchez a commencé, comme son équipe, mollement sa saison avant de se réveiller, devenant un des grands artisans des victoires Yankees fin avril et début mai. S’il ne frappe pas souvent (.208), “The Kraken” s’est révélé clutch avec 8HR et 27RBI (3ème de la MLB) dont certains coups de circuits qui ont offert la victoire aux siens.
Les autres Baby Bombers ne sont pas en reste. Ronald Torreyes affiche une belle moyenne de .386 (5RBI). Miguel Andujar (.284/12RBI/3HR) et Gleyber Torres (.317/5RBI) se sont déjà montrés décisifs, notamment Torres qui a produits les points gagnants et renversé le dernier match face aux Astros. Le top prospect n°5 de la MLB n’a pas loupé ses premiers pas dans le Show. Enfin, autre joueur issu du Farm-System, Tyler Austin a connu aussi un très bon début de saison (.261/16RBI/5HR), entaché d’une suspension de quatre matchs pour sa charge sur un lanceur des Red Sox le 11 avril dernier.
La déception du début de saison en attaque était Giancarlo Stanton. Le MVP de la National League, auteur de 59 homeruns en 2017, est arrivé dans le Bronx comme co-meilleur trade de l’intersaison avec Ohtani des Angels. Si le prodige japonais a très vite flambé à LA, Stanton s’est montré discret à NY, enchaînant plus les strikeouts que les homeruns. Mais comme les Yankees, l’ex-star de Miami, monte en puissance. Il a désormais dépassé les .200 de moyenne (.234) et devient un joueur décisif (19RBI/7HR). Il a notamment permis la victoire des new-yorkais face à Houston dans le 2ème match en frappant 2 Two-Run HR pour une victoire 4 à 0.
Les Yankees représentent naturellement l’une des meilleures attaques, menant les Majeures au nombre de Runs (178) et de RBI (172), se classant 2ème les buts sur balle (131), ainsi que 3ème pour les homeruns (44), les doubles (69), la présence sur base (.336), le slugging (.448), l’OPS (.784). Et ils n’ont pas encore réalisé pleinement le potentiel de lineup.
À l’assaut de la butte, les lanceurs répondent présents
Avant le début de saison, les analyses du pitching staff des Yankees étaient claires : un des meilleurs bullpen de la MLB, qui avait été la force numéro 1 des Pinstripes en 2017, et une rotation incertaine, capable du meilleur comme du pire. Severino et Montgomery allaient-ils confirmer ? Sonny Gray allait-il retrouver son niveau des A’s d’Oakland ? CC Sabathia allait-il supporter une saison de plus ? Quel Tanaka aurions-nous en 2018, le super Ace ou la méga cata ?
Le début de saison mollasson des Yankees a mis en exergue ces questionnements, surtout que le bullpen a commencé à se montrer défaillant, peu aidé par quelques décisions litigieuses du nouveau gérant Aaron Boone, qui s’est heureusement repris depuis, apprenant vite de ses erreurs. Là encore, le bullpen a fini par se reprendre comme toute l’équipe.
Tandis que Dellin Betances (4.50, 1-1) et Tommy Kahnle (6.14, 1-0)) n’ont pas encore retrouvé leur niveau stellaire de 2017, le bullpen s’appuie essentiellement sur le vétéran David Robertson (2.93, 2-1), Chasen Shreve (0.75, 1-0), Chad Green (2.35, 2-0), Adam Warren (3.24, 0-1), Domingo German (3.77, 0-1) et bien sûr le closer lance-missiles Aroldis Chapman (1.29, 7 saves).
One last look at last night’s gem. pic.twitter.com/JMFFqMD5AI
— New York Yankees (@Yankees) 3 mai 2018
Au niveau de la rotation, en plus de Luis Severino, déjà évoqué, CC Sabathia effectue un excellent travail. S’il n’est plus le lanceur dominant capable de tenir la distance, il multiplie les starts de qualité (1.71, 2-0) pour permettre aux Yankees d’aller chercher la victoire. Autre satisfaction, Jordan Montgomery. Le deuxième Baby Bombers de la rotation a répondu présent (3.62, 2-0) depuis le début du championnat mais vient de se blesser lors de la série face à Houston. Le lanceur sera absent entre 6 et 8 semaines et devrait être remplacé par le releveur Domingo German. Une mauvaise nouvelle pour les Yankees qui tenait là l’un de leurs trois starters assurance tous-risques. Car restent les cas Gray et Tanaka.
Sonny Gray poste un ERA de 6.67 depuis fin mars avec une fiche d’une victoire et deux défaites. Nos confrères de Passion MLB lui ont trouvé un surnom : Sonny la grisaille. Et oui, quand Sonny Gray arrive au monticule, ses stats font grise mine et les fans du Bronx aussi. Il lui suffirait de revenir à ses performances d’Oakland pour donner un coup de boost supplémentaire aux Yankees. Côté Ma-kun, on a l’impression de revoir le début de saison 2017. Masahiro Tanaka (4.39, 4-2) est capable de tenir en respect une attaque comme de se noyer face à l’adversité. Du coup, il alterne entre statut de super lanceur et de super loser. Pour le moment, le bilan comptable reste positif mais tout le monde sait qu’il peut faire mieux, comme en deuxième partie saison et en playoffs l’année dernière où il devenait quasi-injouable pour les attaques adverses.
Malgré tout, les Yankees ont le 6ème ERA collectif des Majeures (3.40) et ils pourraient profiter de la période des trades pour acquérir un nouveau lanceur (Michael Fulmer des Tigers de Détroit serait leur objectif prioritaire).
La vie est belle dans le Bronx
Plus que des Yankees à la relance, revenant dans le game pour talonner les Red Sox, c’est la manière qui donne le sourire aux fans de la plus mythique des franchises. Les Yankees ne gagnent pas à coup de chéquiers mais bien grâce à leur farm-system. Ce qui a été entrevu lors du Spring Training avec Andujar et Torres se confirme quelques semaines après. Luis Severino, Aaron Judge et Gary Sanchez montrent qu’ils ne sont pas des étoiles filantes mais bien des talents prêts à durer, déjà piliers d’une formation qui se prend de nouveau à rêver de titres. Didi Gregorius a su prendre la suite de Derek Jeter au poste d’arrêt-court et de leader offensif, une mission qui semblait encore trop lourde pour ses épaules il y a deux saisons.
La dernière victoire en World Series remonte à 2009 et cela commence à faire une éternité dans le Bronx. Et le fan des Yankees le sait, les grandes époques de la franchise se sont toujours construites autour de jeunes talents devenues légendes et franchise-players comme Babe Ruth, Lou Gehrig, Joe DiMaggio, Yogi Berra, Mickey Mantle, Mariano Rivera ou Derek Jeter. Impossible de ne pas espérer revoir une nouvelle dynastie à la Core Four (les Yankees de 1996-2003 avec les joueurs formés au club Derek Jeter, Mariano Rivera, Andy Pettite et Jorge Posada) avec des talents comme Aaron Judge, Gary Sanchez, Luis Severino, Miguel Andujar, Gleyber Torres, surtout avec l’apport de talents comme Giancarlo Stanton ou Didi Gregorius. Une telle génération pourrait porter les Yankees sur 5 ou 10 ans.
Désormais, on attend avec impatience les arrivées d’Estevan Florial, Justus Sheffield, Chance Adams ou Albert Abreu. Il y a encore bien des talents chez les Yankees. Il y a un bel avenir dans le Bronx.

Photo en Une – crédit : Al Bello/AFP