Voici venu le temps des French Baseball Series. C’est ce soir, à 19h00 au Templier Stadium, que Sénart reçoit le champion de France Rouen pour tenter, dans une série au meilleur ces cinq matchs, de ravir son titre. Une finale qui met une nouvelle fois en scène les Huskies contre les Templiers. Pour nous accompagner dans cette preview des French Baseball Series 2017, l’ace des Huskies Owen Ozanich et le manager-lanceur des Templiers Matthieu Brelle-Andrade.

Depuis que Rouen a pris le pouvoir sur la D1 en 2003 (12 titres de champions en 14 ans), Sénart est l’équipe que les Huskies ont rencontré le plus en finale (5), devant Savigny (4) et Montpellier (3). Sénart a également participé à une finale, durant cette période, face au PUC en 2014, pour gagner leur seul titre de champion. Ce sont donc les deux meilleures équipes françaises de la décennie qui se retrouvent dans l’ultime série pour le titre.
Et, comme à chaque fois, Rouen est le favori à sa propre succession avec toujours les mêmes armes : un personnel de lanceurs alliant la qualité à la quantité, une attaque constante et puissante, une défense solide et un mental de gagnants. Et, comme à chaque fois, la question est de savoir sur quels atouts son challenger peut se reposer pour battre la Meute sur une série.
Car Rouen n’est pas invincible et peut perdre des matchs. Mais rarement deux fois d’affilée. D’ailleurs, cette saison, aucune équipe de D1 n’a gagné deux fois face aux normands. Les Huskies ont partagé en match retour avec le PUC et Montpellier, et se sont inclinés en demi-finale du Challenge de France face à Sénart. Gagner une série au meilleur des cinq matchs est donc un redoutable défi, si ce n’est un miracle à accomplir. Même Montpellier, avec deux victoires d’avance lors de la finale 2011, avait perdu les French Series.
Pitching is the name of the game (oui, on se répète !)
Alors, quelles sont les chances des Templiers ? Seront-ils conquérants comme en demi-finale du Challenge de France fin mai ou seront-ils sous la domination rouennaise comme en saison régulière avec quatre matchs perdus ? Lors des French Series 2016, Sénart avait subi la loi de la Meute lors du second week-end (5-1, 6-1) après un premier week-end et un partage intéressants (4-6, 8-7). Pour le moment, le bilan des confrontations de l’année (4-1 pour Rouen), les stats individuels et collectives ou encore l’historique des deux équipes donnent Rouen largement vainqueur.
Dans un sport où le pitching est l’essence même du jeu et sa donnée fondamentale pour déterminer les meilleures équipes, Rouen a l’avantage avec quatre lanceurs partants potentiels au-dessous des 2.50 d’ERA (Owen Ozanich, Yoann Vaugelade, Jean Carlos Granados, Esteban Prioul) en saison régulière, plus deux releveurs de talent (Keino Perez et Leo Cespedes). Dans l’optique d’un cinquième match décisif, Rouen aurait encore de la ressource.
Pour Sénart, ce n’est pas la même chose. Si les Templiers ont su remplacer avec brio Dylan Barrow, parti en cours de saison, par Dan Urbina, la rotation sénartaise n’est pas aussi fournie en lanceurs dominants. Elle peut encore compter, en partant ou en relève, sur Matthieu Brelle-Andrade, toujours aussi solide sur la butte mais les jeunes lanceurs (Mottay, Heberden, Andro, Villard) n’offrent pas les mêmes garanties que Vaugelade et Prioul en termes de constance dans la performance cette saison. Et même Dan Urbina, contre Montpellier en demi-finale, a montré deux visages : faillible dans le premier match, dominant dans le second. Sénart aura besoin de ne voir que le lanceur dominant pour contrer Rouen.
Ça frappe ou ça casse
Autre donnée, l’attaque. Chaque équipe a produit un baseball offensif en demi-finale mais il faut à chaque fois prendre du recul sur la performance. Rouen a pris logiquement le meilleur sur le promu Montigny et notamment sur leur ace étranger Tomas Cabaniel. Mais à côté de ça, ils ont eu plus de difficultés face à Maximin Monbeig, qui a relevé dès la première manche du premier match Cabaniel, avant de s’imposer tranquillement face aux jeunes frères Esteban dans les matchs 2 et 3. Les Cougars, comme les Templiers, construisent l’avenir et nombre de leurs jeunes lanceurs, toujours en apprentissage du haut niveau, n’ont pas la capacité de porter avec assurance leur équipe vers le titre. De beaux jours se profilent pour ces deux équipes mais face au Rouen 2017, c’est encore trop léger.

Sénart a fait face au 3ème de la saison régulière. Montpellier leur a offert une opposition plus solide et plus à même de préparer une grosse finale face à Rouen. Enfin, sur le papier. Car, dans la pratique, cette demi Sénart-Montpellier a accouché de 24 erreurs défensives dont 11 pour les Templiers. Une perméabilité défensive des deux côtés qui étonne de manière générale et surprend à ce niveau de la compétition. De plus, de chaque côté une nouvelle fois, les lanceurs n’ont pas toujours été au niveau attendu et les lanceurs des Barracudas en particulier. La slugfest sénartaise sur les deux derniers matchs (14-13, 14-4) est donc à relativiser. Sénart aura affaire à une défense bien plus solide et à des lanceurs bien meilleurs, à moins qu’une épidémie ravage les rangs des Huskies.
Néanmoins, les offensives rouennaise et sénartaise ont su prendre le meilleur sur leurs adversaires et faire le plein de confiance après plus d’un mois sans rencontre officielle. Et quelques noms sont à surveiller comme Dylan Gleeson. Le leadoff rouennais a excellé sur les trois matchs des demi-finales et malgré son jeune âge, il a su s’imposer comme le pilier de la nouvelle dynastie rouennaise. Un atout quand on sait que Rouen devra se passer de Maxime Lefèvre, blessé aux Universiades de Taïwan cet été. Derrière Gleeson, du lourd, de la puissance avec Larry Infante, Jonathan Jaspe et Leonel Cespedes, auteur de 2 homeruns dans le match 3 contre Montigny, sans oublier l’inusable Luc Piquet. Néanmoins, avec l’absence de Maxime Lefèvre, Rouen a fait appel à d’autres jeunes comme Hugo Blondel et Valentin Durier qui se sont montrés performants en demi et devront encore prouver face à Sénart. Une fin de lineup rajeunie qui pourrait être la faiblesse des Huskies .
Car en face, les Templiers ont également des arguments massue à la batte. Félix Brown et Ian Townsend ont livré une magnifique saison. Idem pour Pierrick Lemestre, toujours là au plus haut niveau. Florian Peyrichou a retrouvé sa constance à la batte en demi-finale. Les deux autres américains, Nick Ruppert et Matthew Brady ont également été les artisans de la slugfest face à Montpellier à l’instar de Mohamed Baoui sur les deux derniers matchs.
Au final, si les lanceurs des Huskies donnent un net avantage au champion, le lineup de Sénart semble plus complet. Seulement, il faudra que la défense sénartaise retrouve son niveau de la saison régulière et évite d’empiler les erreurs comme face à Montpellier. Si Rouen peut en commettre (4 contre Montigny), elle reste la meilleure défense de D1.
Alors, l’esprit de conquête des Templiers et une attaque plus complète leur permettront-ils de gagner enfin une série finale face aux Huskies ? Pour cela, il faudra aussi surpasser l’envie de gagne et de revanche des rouennais qui n’ont pas oublié l’affront fait au club par Sénart, qui les ont éliminé de leur propre Challenge de France, devant un public acquis à leur cause. En somme, des French Series qui va éprouver l’orgueil de deux clubs et de leurs joueurs !
Owen Ozanich (lanceur n°1 des Huskies de Rouen)

Owen, tu es le leader d’une rotation rouennaise qui compte beaucoup d’excellents lanceurs (Vaugelade, Granados, Prioul) sans compter les releveurs (Cespedes, Perez). Ne se sent-on pas invincible, en tant qu’équipe, avec un tel personnel de lanceurs ? Est-ce que cela t’aide à performer d’avoir un tel soutien pour te relever si nécessaire ?
Oui, on a des bons lanceurs et ça nous donne beaucoup de confiance pour gagner. Évidemment, si l’autre équipe marque un ou deux points, on a une bonne chance de gagner le match. Comme ils disent en anglais « Pitching and defense win championship » et je pense que c’est vrai.
Avoir tellement de bons lanceurs dans le même staff, ça nous motive chacun pour monter en niveau. Avoir quelqu’un comme Yoann Vaugelade en relève, je pense qu’on est sûrement la seule équipe qui puisse le mettre en relève. Ici, on fait tous des sacrifices. Si on était ailleurs, on lancerait plus de manches. Mais chacun fait des sacrifices pour avoir le meilleur staff possible.
Rouen retrouve une nouvelle fois Sénart en finale. Vous les avez battu en championnat mais ils vous ont battu en demi-finale du Challenge de France à domicile. Sens-tu un esprit de revanche chez les Huskies ?
Oui, on se souvient tous de cette défaite. D’ailleurs, on parle plus des défaites à Rouen que des victoires. On oublie vite les victoires. Par contre, les défaites, on s’en souvient longtemps. On voudrait bien les battre ici et à Sénart. Il y a un esprit de revanche. On a toujours l’esprit de compétition. On se souvient des résultats, pas forcément que contre Sénart, mais oui, on est un peu fâché d’avoir perdu le Challenge. On aimerait bien oublier ça avec une victoire en finale
Quelles sont pour toi les forces et faiblesses des Templiers version 2017 ?
La force des Templiers, c’est que c’est une équipe athlétique, qui court bien sur base, qui vole beaucoup de bases et ils sont forts en défense. Ils sont assez jeunes et ça change des autres années où il y avait Ernesto Martinez et des lanceurs plus âgés. Ils ont des lanceurs partants assez jeunes et une relève assez jeune aussi.
Donc ils manquent un peu d’expérience dans le pitching, comparés à nous et aux autres équipes de Sénart que nous avons affronté depuis deux ou trois ans. Mais ils frappent bien, jouent bien en défense, ils sont très athlétiques et jouent bien en équipe.
Matthieu Brelle-Andrade (manager et lancer des Templiers de Sénart)

Matthieu, comment les Templiers abordent cette finale après quatre défaites face à Rouen en saison régulière mais une victoire en demi du Challenge de France sur leurs terres ? D’avoir déjà un trophée et une place européenne ne risque-t-il pas d’amoindrir votre faim de victoire ?
Nous abordons cette finale avec beaucoup d’ambition. Nous avons la possibilité de réaliser le doublé comme en 2014. Cela rendrait cette année encore plus exceptionnelle pour le club, qui fête ses 30 ans, et pour l’ensemble des joueurs, après notre victoire au Challenge à Rouen. Maintenant, il faut replacer les choses dans leur contexte. Cette finale sera difficile. Nous allons faire de notre mieux pour rivaliser avec Rouen sur le terrain, comme toujours, même si nos moyens financiers ne sont pas les mêmes. Et peut-être que cette fois encore, nous réussirons à déjouer les pronostics. Nous en avons les capacités en tout cas, j’en suis persuadé.
Le plus gros défi de Sénart, ce sera de faire face au personnel de lanceurs rouennais qui allie qualité et quantité. Affronter une équipe comme Montpellier a-t-il permis aux battes sénartaises d’être au niveau pour la finale après la pause estivale ?
L’opposition face à Montpellier n’a pas été simple. Deux des trois matchs que nous avons joué ont été très serrés. Je suis content de la manière dont l’équipe s’est comportée, surtout sur le plan offensif. J’espère que nous pourrons rester sur cette dynamique jusqu’à la fin du mois. Nous avons travaillé ce qu’il fallait peaufiner pendant la semaine. J’ai senti beaucoup d’investissement de la part des joueurs dans cette préparation, ils sont prêts.
Rouen a encore dominé la saison en D1 mais n’est pas invincible comme vous l’avez montré au Challenge. Sur quoi peuvent se reposer les Templiers pour enfin battre les Huskies sur une série ?
Je ne vais malheureusement pas pouvoir vous révéler tous nos secrets. Je peux en revanche vous dire que sur ce genre de match, c’est l’état d’esprit qui fait souvent la différence à mes yeux. Il y aura de la pression, c’est une certitude. Mais le propre des grands joueurs et des grandes équipes, c’est de se sublimer dans ce genre de rendez-vous. Je veux que chacun de mes joueurs aborde cette finale avec la ferme intention de faire la différence pour l’équipe. Pas uniquement par une frappe décisive ou un gros jeu défensif, mais aussi par son attitude dans le dug out et sa détermination pendant les 27 retraits de chaque match.