L’évènement vous a peut-être échappé : les 23 et 24 juin derniers, trente mascottes de franchises de sports US (MLB, NFL, NBA, NHL, NCAA) ont participé aux Mascot Games. Organisée à l’Amway Center d’Orlando en Floride, cette série d’épreuves a attiré une dizaine de milliers de spectateurs au profit d’une association caritative (“New Hope for Kids”). Un show qui permet de donner une image positive, divertissante et amusante des clubs. Si elles sont quasiment inexistantes dans le sport français, les mascottes font partie des incontournables dans les stades et salles américains. Au-delà du côté ludique, elles représentent aussi une source lucrative non négligeable, à coups de produits dérivés. La Major League Baseball compte bon nombre des plus célèbres mascottes des sports US… Quelle est votre préférée?
La véritable tradition des mascottes en MLB est née en 1963 au Polo Grounds, où jouaient à l’époque les New York Mets. Un personnage appelé Mr. Met fait son apparition sur les unes des programmes de match, sur le guide annuel et sur les feuilles de score. Son design est simple et permet d’identifier tout de suite le sport puisque la tête de Mr. Met est une énorme balle de baseball.

L’année suivante, les Mets emménagent au Shea Stadium et Mr. Met prend vie : Daniel J. Reilly, un employé de la billetterie des Mets se glisse sous le costume et la légende des mascottes physiques est née! Assez rapidement, une Lady Met (rebaptisée plus tard Mrs. Met) fait son apparition sur papier, accompagnée parfois de trois enfants, toujours à la tête en forme de baseball (Little Mets). Mrs. Met prend corps en 1975 mais pour quelques apparitions seulement au Shea Stadium avant d’être de nouveau admise sur le terrain en 2013, au City Field la nouvelle antre des Mets. Bien qu’introduit au Hall of Fame des mascottes (oui oui ça existe, voir à la fin de l’article) en 2007 et considéré pour beaucoup comme LA mascotte de MLB, Mr. Met a connu des hauts et des bas : supprimé, puis réadmis, et récemment auteur d’un geste déplacé envers des spectateurs. Le 31 mai dernier, alors qu’il regagnait les vestiaires après une défaite des siens face aux Brewers, il a été chambré par des supporters adverses et leur a répondu avec un doigt d’honneur. La vidéo est rapidement devenue virale…
Mr. Met has seen enough 😲 (via @adelucia35) pic.twitter.com/IVdWKuhctF
— Sports Illustrated (@SInow) 1 juin 2017
… et a obligé la direction des Mets à adresser des excuses officielles! L’homme qui incarnait Mr. Met n’a plus reporté le costume depuis… Il a été remplacé!
Statement from the New York Mets. pic.twitter.com/bRVvqZoqg8
— New York Mets (@Mets) 1 juin 2017
Malgré le succès populaire de la mascotte new-yorkaise dans les années 60, il faudra attendre une quinzaine d’années pour en voir d’autres apparaître régulièrement dans les stades. Parmi elles, le San Diego Chicken.

Ce poulet n’est pas à proprement parler une mascotte MLB puisqu’il s’agit en fait d’un personnage de pub pour une station de radio de San Diego. En 1977, le San Diego Chicken effectue quelques visites dans le stade de baseball et est adopté par le public. Encore plus que Mr. Met, le Famous Chicken connait son lot de déceptions (conflit entre la radio et l’homme sous le costume, procès perdu par le costumé contre une pom-pom girl blessée…) mais continue de jouer la guest-star en MLB, et aussi sur d’autres rencontres sportives ou évènements caritatifs de la ville californienne. Je vous le disais, le poulet n’est pas la mascotte officielle des Padres. En référence au nom du club et à l’origine de la ville fondée par les religieux espagnols, il s’agit du Swinging Friar, un prêtre chauve à sandales!
Peu de temps après les débuts du San Diego Chicken et au vu de la popularité de Mr. Met, on a décidé du côté de Philadelphie de doter les Phillies d’une mascotte divertissante et fantasque. En 1978 naît Phillie Phanatic, un animal originaire des Iles Galápagos selon sa biographie officielle, un gros bipède vert et poilu à la langue extensible. Depuis, on peut dire que c’est la mascotte de baseball la plus divertissante.

Phillie Phanatic anime les échauffements, les matchs, les pauses entre les manches… Il se moque allègrement des joueurs adverses imitant les mimiques ou leurs routines, lance au sol des casques ou casquettes de l’équipe adverse, effectue la “Phanatic Dance” perchée sur le dugout des Phillies, frotte le crane des spectateurs chauves, envoie des hot-dogs dans le public avec un canon à hot-dogs… Et la popularité de la bestiole dépasse même le cadre de son stade de baseball : Phillie Phanatic apparaît dans des épisodes des “Simpsons” ou “30 Rock”, a été la vedette d’une séquence du late show culte “The Late Show with David Letterman”…
N’oublions pas que Philadelphie est la ville de Rocky Balboa… alors Phillie Phanatic se devait de porter la tenue officielle du boxeur pour mettre à terre un adversaire lors de l’Opening Day en 1986. Il est également apparu au générique final du film de 2006. Internet regorge de vidéos des prestations de Phillie Phanatic que je vous laisse découvrir mais il faut quand même en partager une ici. Lors d’un match d’août 1988, le manager des Dodgers en a eu plus qu’assez des agissements de la mascotte qui agitait devant lui un mannequin à son effigie. Tommy Lasorda a tout simplement pété les plombs…
Avec Mr. Met, le San Diego Chicken et Phillie Phanatic, une quatrième mascotte MLB fait partie du Hall of Fame qui leur est dédié. Il s’agit de Slider pour les Cleveland Indians, apparu pour la première fois en 1990 et clairement inspiré de son confrère de Philadelphie.

Cette bête indéterminée a la particularité d’apparaître en dernière position du classement des meilleures mascottes établi en septembre 2016 par Sports Illustrated. Une 27e place a priori due à son aspect physique puisque le magazine s’interroge sur l’origine, l’espèce, la catégorie dans laquelle il faut classer Slider.

Si vous lisez attentivement, vous avez vu dans le paragraphe précédent que je parlais de “dernière place” et “27e position”… car en effet, trois clubs actuels de MLB n’ont pas de mascotte officielle : les deux équipes de Los Angeles – les Dodgers et les Angels – et les New York Yankees. Quand les Angels évoluaient sous le nom des Anaheim Angels, ils ont eu brièvement une mascotte dans les années 90… et même deux puisque Scoop and Clutch étaient une paire d’ours aux ailes et aux auréoles d’ange. Dans leur longue et riche histoire, les Yankees n’ont donc jamais eu de mascotte même si les fameux écureuils new-yorkais qui s’invitent régulièrement sur la pelouse du Yankee Stadium pourraient prétendre à ce titre ! Au milieu de la saison 1979, la direction du club présente au public Dandy, une sorte d’oiseau poilu et moustachu (!!!). La moustache rappelait en fait celle du catcheur de l’équipe Thurman Muson. A la mort de celui-ci dans un accident d’avion en août 79, Dandy est mise de côté avant de revenir au stade. Mais la mascotte n’est pas du tout du goût du public des Yankees, qui la hue régulièrement. Dandy disparaît en 1981, et depuis personne ne l’a remplacé dans le Bronx.

Une autre mascotte disparue – ou presque – mérite d’être nommée. Elle s’appelle Youppi! et a officié entre 1979 et 2004 pour les Expos de Montréal. A la disparition de la franchise canadienne (relocalisée à Washington), Youppi! affichait plus de 2 000 matchs à son compteur personnel. Un an après, en 2005, Youppi! a définitivement retiré son jersey blanc des Expos pour enfiler le chandail rouge des Canadiens de Montréal, l’équipe de hockey NHL. Youppi! est la première mascotte du sport nord-américain a passé d’une ligue professionnelle à une autre.

Si c’est dans les années 60 qu’est officiellement née l’histoire des mascottes en MLB, l’une d’elles trouve ses origines dès le début du 20e siècle : l’éléphant Stomper des A’s. Au tout début de la franchise avant 1910, le manager des New York Giants eut cette réaction à propos de l’industriel qui acheta les droits de l’équipe des Athletics à l’époque située à Philadelphie : “He buys himself a white elephant” (“Il s’est offert un éléphant blanc”). Une expression qui pourrait se traduire par “s’offrir quelque chose de très cher pour peu de bénéfices au final” ou “avoir une bonne idée qui se révèle en être une très mauvaise et très coûteuse”. Le fameux éléphant apparut dès lors sur les tenues des joueurs de façon ponctuelle et malgré les déménagements successifs de la franchise, les A’s sont restés fidèles à leur animal, même s’il fut brièvement remplacé par une mule à Kansas City. Stomper tel qu’on le connaît aujourd’hui est né en 1997.
Parmi les mascottes actuelles, ce sont justement les animaux qui sont les plus nombreux à représenter leurs équipes : Stomper des A’s on l’a vu, mais aussi Ace des Blue Jays, Fredbird des Cardinals, Screech des Nationals, Lou Seal des Giants, Clark des Cubs, Paws des Tigers, Dinger des Rockies…
On trouve aussi des “monstres” à l’image de Phillie Phanatic et Slider : Wally the Green Monster des Red Sox et Orbit des Astros sont les plus populaires.
En plus de leur rôle de pitres lors des matchs de MLB et aux All-Star Game, les mascottes ont aussi un rôle social puisqu’elles participent à des actions caritatives qu’organisent les clubs. Elles ont aussi un rôle éducatif en se rendant dans les écoles. Et vous pouvez aussi louer Raymond ou Bernie Brewer pour votre anniversaire ou votre mariage!
Le Mascot Hall of Fame

Créé par l’homme qui a porté le costume de Phillie Phanatic de 1978 à 1993, David Raymond, le Mascot Hall of Fame ouvrira officiellement ses portes en 2018 dans l’Indiana. Il s’agira d’un vrai musée après avoir été une “institution” et rendra hommage à ces monstres, animaux et personnages qui animent les sports US aussi bien au niveau professionnel qu’universitaire. Dix mascottes pros sont aujourd’hui membres de ce HOF, dont on l’a vu trois issues de la MLB. Elles pourraient rapidement être quatre puisque Sluggerrr des Kansas City Royals fait partie des nommées pour entrer au panthéon des mascottes cette année.
Nous n’avons pas évoqué dans cette article les célèbres courses des Présidents ou des saucisses, respectivement à Washington et Milwaukee… pas plus que la nouvelle sensation d’Atlanta, The Freeze. Il ne s’agit pas vraiment de mascottes mais plus d’animations proposées dans les stades. Elles feront peut-être l’objet d’un article prochainement.

La mascotte de votre équipe préférée vous plait? Vous en aimez une autre? Dès Mardi, The Strike Out organise pour vous, chers lecteurs, le concours ultime des mascottes. Vous pourrez désigner votre préférée. Restez connectés et rejoignez nous pour la #MascotMadness !
2 réflexions sur “Ace, Clark, Orbit, Phanatic, Screech… A la rencontre des Mascottes de MLB!”