Après avoir effectué un premier tour d’horizon des Majeures à mi-chemin entre l’Opening Day et les playoffs en s’arrêtant notamment sur les prodiges Bellinger et Judge, l’enclos des Nats ou encore la fin de rêve des Cubs, aujourd’hui TSO reprend son envol pour continuer l’analyse de mi-saison. Direction l’American où les Stros ont activé le mode « rouleau compresseur ». Tout l’inverse de Rick Porcello, le Cy Young winner 2016. Le bilan, partie II, c’est par ici.
Il y a huit mois il était sur le plateau de MLB Network en train de célébrer son trophée Cy Young. L’un des plus improbables de ces dernières années. Mais nous n’allons pas revenir ici sur ce mélodrame qui a vu Rick Porcello ravir des mains du vétéran Verlander le saint graal récompensant le meilleur lanceur de l’année. Porcello sortait bien d’une saison gigantesque lui aussi (22 victoires, 3.15 ERA, 189 K) et pour cette saison il mérite le respect qui lui est dû. Ceci étant, 2016 est derrière nous. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la chanson est bien différente en 2017…
Déjà dix défaites en trois mois, soit six de plus que sur toute l’année 2016, quatre microscopiques victoires au tableau de chasse et un ERA record qui n’en finit plus de grimper jusqu’au-dessus de 5.00 début juillet. En somme : des sorties indignes d’un CY. Six mois après sa plus belle saison en carrière l’ancien pitcher des Tigers sort donc… sa pire copie. Déroutant me diriez-vous ? Pas si sûr…
Car à bien y regarder de plus près on peut tirer deux constats. Le premier, polémique, est de résumer Porcello à un starter de milieu de rotation comme il l’a été de 2009 à 2015 entre Detroit et Boston. Un joueur « mid-rotation » qui a atteint quatre fois le plateau des douze défaites en sept ans, ne descendant jamais en-dessous des huit « L », avec un ERA moyen à 4.40. Pour un Cy Young, vous admettrez qu’on repassera. À la lecture de ces chiffres, on peut légitimement penser que son année 2016 couronnée du titre est peut-être plus « anormale » que son exercice 2017 catastrophique. Oui mais pourquoi ? Et c’est là qu’intervient le deuxième constat, cette fois-ci implacable.
Porcello a depuis toujours été un spécialiste de la ‘ground-ball’. Ce qui, au passage, explique aussi pourquoi il n’a jamais pu exploser à Détroit. Quand votre salut passe par un infield composé de Peralta, Cabrera ou Fielder pour faire les retraits, c’est tout de suite plus compliqué qu’avec des Bogaerts ou Pedroia dans votre dos. Mais là encore, ce n’est pas le sujet. Rick Porcello a toujours été frappé mais bien souvent en ground-ball. À Détroit il affichait même 50% de ground-ball sur l’ensemble de ses retraits. Cette année ce taux a chuté à 37%. Or quand une seule balle sur trois frappée termine sur la pelouse, la frontière entre « ace » et « starter » devient tout de suite beaucoup plus faible.
Cette saison Porcello a donc pris la mauvaise habitude d’offrir beaucoup plus de « Fly Ball ». Alors oui pour faire un mort, il est évident qu’une ‘fly’ est plus simple à négocier qu’une ‘ground’. Le problème c’est qu’à force de flirter avec les airs, la « fly » peut vite finir sa course de l’autre côté des barrières… Et en 2017 c’est exactement le problème que rencontre Porcello. Avec plus de 2/5e des balles cognées terminant en « Fly Ball », Porcello joue avec le feu… et concède énormément de HR (19). À ce rythme il pourrait terminer la saison à 40 HR. Un massacre pour un pitcher qui n’a jamais concédé plus de 25 HR/an… Rick si tu m’entends, fais confiance à ta défense et retrouve ta « ground » qui a fait de toi un Cy Young.
Houston sur le toit du monde
D’abord voici des chiffres, en vrac. 480 runs, 833 Hits, 179 Double, 135 Home Run, 455 RBI. Dans toutes ces catégories Houston est tout simplement la première équipe MLB. Sur cinq catégories, les Astros arrivent à chaque fois avec le dossard jaune. On continue ? Une moyenne au bâton à .286, une présence sur les buts à .351 et une puissance à .492 sans oublier l’OPS à .843. Voici quatre nouvelles catégories de statistiques – et non des moindres – dans lesquelles Houston est une fois de plus numéro 1 MLB.
Ensuite des enseignements à la lecture de ces données. Oui Houston est la meilleure équipe MLB en 2017 et voir le line-up des Stros dominer neuf classements de stats face aux 29 autres franchises en dit long sur la machine de guerre façonnée par A.J. Hinch. Oui les Correa, Altuve ou Kid Keuchy pètent l’écran saison après saison, mais l’ancien Manager des DBacks mériterait de sortir de l’ombre tant son travail à Houston est incroyable. En deux saisons et demie dans le Texas, le natif de l’Iowa a bouclé deux exercices avec un bilan positif, une qualification en Division Series, et une première place 2017 pour un bilan total de 227 victoires pour 181 défaites (.556). Quand on sait que l’équipe n’avait plus atteint le plateau de 50% de victoires avant son arrivée depuis 8 ans ni aucune qualification en play-offs depuis une décennie, on comprend mieux pourquoi Hinch fait l’unanimité à Houston.
Enfin des conclusions pour analyser cette réussite. Les supporters du Minute Maid Park n’ont pas qu’une mascotte de folie – coucou Orbit – mais aussi l’équipe la plus ‘funky’ à voir évoluer dans le grand show. Houston a construit une équipe athlétique et agressive qui a compris l’importance de donner vie à la balle dans une ère dominée par les « strikeouts ». Cette franchise est la première au nombre de HR et on pourrait logiquement penser qu’elle amasse en contrepartie beaucoup de « Ks ». Mais le « Feast or famine » est tout simplement très loin du Texas puisqu’avec 566 SO, Houston ferme la marche en MLB. Loin, très loin des 836 Ks ramassés par Tampa par exemple. Implacable.
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2 réflexions sur “Stros au sommet et Cy Young disparu, c’est le bilan de mi-saison”