Mauro Mazzotti : “Très fier d’avoir pu porter Alex Liddi jusqu’en MLB”

San Marin ce n’est pas uniquement un micro-état qui a la particularité de prendre des raclées à chaque match de football. San Marin c’est aussi une équipe de baseball intégré dans le championnat italien depuis 1970 et en pleine progression depuis une dizaine d’années. Champion d’Europe en 2006, 2011 et 2014 et d’Italie en 2008, 2011, 2012 et 2013, leur succès rime avec l’arrivée d’un homme : Mauro Mazzoti. Arrivé depuis six ans en tant que GM de San Marin, il est aussi le sélectionneur de l’équipe nationale de Grèce et le coordinateur européen des scouts pour les Baltimore Orioles. Entretien avec l’un des hommes les plus influents du baseball italien, le seul entraîneur transalpin à avoir remporté un scudetto avec trois équipes différentes.

[Retrouvez notre présentation du championnat italien]

The Strike Out : Pouvez-vous résumer votre parcours pour nos lecteurs ?

Mauro Mazzoti : J’ai eu une petite carrière de joueur en tant que joueur en Serie A. Je suis devenu coach de Milan à 28 ans, puis j’ai rejoint Rimini, Bologne et Grosseto. A l’exception de mon premier club, j’ai remporté au moins un titre de champion d’Italie avec chacune des équipes (Rimini en 1999, Bologna en 2003 & 2005 et Grosseto en 2007). J’ai été aussi scout européen pour Seattle, Houston et désormais pour Baltimore.  Cela fait six ans que je suis GM de San Marin et on m’a demandé cette année de prendre les commandes de l’équipe après la démission du coach Doriano Bindi. J’assurerai cette fonction jusqu’à la fin de l’année. Parallèlement, j’ai été bench coach pour l’Italie de 2005 à 2007, sélectionneur de l’équipe d’Espagne de 2009 à 2014. Et depuis le début 2016 je suis en charge de l’équipe nationale grecque.

TSO : La Grèce compte parmi les plus faibles équipes européennes, pourquoi ce choix ?

M.M : J’ai senti une dynamique autour de ce pays et c’est une possibilité de disputer l’Euro 2016 avec ce pays. De manière générale j’aime les défis et la Grèce en est un. Bon il faut avouer que les conditions de travail ne sont pas aussi confortables qu’en Espagne mais j’essaie d’apporter mon expérience pour créer quelque chose de positif autour du baseball dans ce pays.

TSO : Partout où vous êtes passé, vous avez su tirer le meilleur de votre effectif, notamment en 2013 lorsque vous amenez pour la première fois de son histoire l’Espagne à disputer la World Baseball Classic, quel est le secret de votre réussite ?

M.M : Aucun. Le baseball est le baseball partout dans le monde, ce que j’essaie d’amener c’est un très important niveau d’exigence et de faire comprendre aux joueurs qu’il faut travailler dur. Moi-même je suis très impliqué dans chacune des missions que l’on me confie sur et en dehors du terrain. C’est tout.

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TSO : Depuis que vous êtes devenu GM de San Marin en 2011, le club a remporté 3 de ses 4 titres de champion d’Italie (2011,2012 et 2013) et deux des trois titres de champion d’Europe de son histoire en 2011 et 2014. Qu’avez-vous amené à cette équipe ? 

M.M :Mon expérience de scout m’a permis de mieux cibler les joueurs pour le recrutement, on a acquis aussi une stabilité financière plus solide, ce qui nous amener des meilleures conditions de travail et un staff technique plus performant.

TSO : Vous êtes sur le banc de San Marin cette année et êtes pour l’instant 3ème à une victoire des deux premiers. Quel est l’objectif cette année ?

M.M :Quand on est à la tête de San Marin, le seul objectif est de gagner le championnat italien et éventuellement de ramener la coupe d’Europe à la maison. Notre objectif à terme est de pérenniser la place de San Marin au plus haut niveau européen et ça ne sera pas de la tarte.

TSO : L’Italie a -de loin- le meilleur championnat européen, est-il possible d’imaginer qu’ils deviennent un jour aussi relevé que les ligues sud-américaines ou asiatiques ?

M.M :Non ça me parait impossible. L’Europe n’est et ne sera probablement jamais un vrai continent de baseball. Partant de là il sera très compliqué d’arriver au niveau des asiatiques et des sud-américains où ce sport fait partie de la culture et de l’ADN. En revanche, je pense que l’on peut créer quelque chose de très intéressant en Europe, mais il faut créer des compétitions européennes attractives afin d’intéresser le maximum de personnes. Pour aller dans ce sens il nous faut l’aide de la MLB et pour l’instant c’est le silence total.

TSO : Il existe pourtant des liens entre la MLB et le baseball italien…

M.M : Pour moi la seule chose née de la collaboration entre la MLB et la Fédération italienne qui a été très bénéfique pour notre baseball est l’académie européenne de Tirrenia crée en 2004, c’est un programme important qui a amené plusieurs joueurs vers les Etats Unis comme Alessandro Maestri. L’académie permet d’exploiter le potentiel des joueurs et de les faire vivre baseball. Comme c’est un programme approuvé par la MLB, elle nous envoie des anciens coachs pour partager leur expérience et faire progresser notre baseball. A l’avenir, elle devrait nous permettre de voir émerger des talents supplémentaires.

TSO : Pensez-vous que le système de franchise instauré depuis quelques année par le baseball italien est une bonne chose ? 

M.M : Le système de franchise en Italie ne fonctionne que partiellement car peu de clubs/sociétés sont suffisamment structurés pour travailler comme une franchise. Nous voyons très bien que ce fonctionnement arrange Nettuno et Parme, deux sociétés différentes des autres car elles ont des assises très importantes dans les régions où elles sont établies. Il faudrait travailler sur un projet qui puisse convenir à tout le monde.

TSO : Quel est le budget d’un club d’IBL ?

M.M : Entre 300 et 500.000 euros. Parfois plus.

TSO : Comment jugez vous l’évolution du baseball européen et la très nette domination des Italiens et des Hollandais lors des compétitions européennes ?

M.M : L’Italie et la Hollande ont plus d’histoire dans le baseball que les autres pays, en revanche j’ai constaté que ces deux nations ne sont plus seules et que l’écart entre elles et les autres n’est plus aussi nette qu’avant.

TSO : Parlons un peu de votre carrière de scout : vous êtes passé des Mariners, aux Astros puis aujourd’hui vous travaillez pour les Orioles en tant que consultant européen…

M.M : C’est une vraie chance. Cela m’a permis d’observer l’évolution des relations entre la MLB et l’Europe. J’ai commencé à travailler pour Seattle en 1994 quand la MLB a commencé à regarder ailleurs qu’en Amérique Latine pour trouver des talents. J’y suis resté jusqu’en 2006 et j’ai signé 6 joueurs ; à l’époque les contrats ne se signaient pas aussi facilement que maintenant et l’obtention des visas étaient encore plus réglementée. J’ai amené Alex Liddi aux Mariners et j’en suis très fier puisque c’est encore à ce jour le seul joueur formé en Italie à être arrivé en MLB. Après je suis devenu coordinateur européen pour les Astros et désormais je le suis pour Baltimore. Ma mission est de surveiller les joueurs âgés de 16 à 20 ans évoluant sur le continent européen.

TSO : Vous avez amené d’autres joueurs italiens vers des organisations MLB…

M.M : Oui je peux citer Liverziani, Imperiali, Mazzanti, Dallospedale, Chiarini, Liddi, Lucati, Martone qui a fait un passage éclair dans l’organisation de Houston ou encore le regretté Gregory Halman.

Fait notables de la carrière de Mauro Mazzotti

  • Coach de l’année en 2005 et 2007 en Italie
  • Coach de l’année en 2009, nommé par la confédération européenne de baseball
  • Coach de l’année en 2012, nommé par l’association des coachs européens
  • Médaillé de bronze au championnat d’Europe avec l’Espagne en 2012 et 2014
  • Vainqueur de la WBCQ avec l’Espagne en 2012, participation à la WBC en 2013 avec l’Espagne
  • Seul entraîneur du championnat italien à avoir remporté un titre de champion d’Italie avec trois équipes différentes

Repères sur San-Marin

  • 4 titres de champion d’Italie (2008,2011,2012 et 2013)
  • 3 titres de champion d’Europe (2006,2011 et 2014)

 

 

 

 


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