Voici LE séisme qui agite le baseball en cette fin d’hiver. Puisqu’on limite l’accès au vestiaire à son fils, Adam LaRoche décide de prendre sa retraite. Ni plus ni moins. Le désormais ex-joueur des White Sox s’assoit donc sur 13 millions de dollars. Et forcément tout le monde y va de son petit avis personnel. « Quel père exemplaire », « quel modèle », « plus qu’un coéquipier, un ami ». Aaaah ces saligauds d’actionnaires, sans cœur et sans parole… Mouais. Minute papillon. Et si le nouveau paladin du bas peuple avait aussi des torts ?
Avant toute chose, sachez d’abord que je n’ai rien contre LaRoche ni contre Chicago. Je ne voue aucun « culte » aux White Sox et dans le fond je l’aimais bien ce gaillard avec sa célèbre barbe rousse. Il avait une bonne gueule et c’était plutôt pas commun de voir son petit Drake suivre papa un peu (trop) de partout. Précision faite, sortons la sulfateuse et rentrons dans le vif du sujet…
Ah ces fripouilles d’actionnaires…
Oui les White Sox ont semble-il demandé à LaRoche de limiter l’accès au vestiaire à son fils. Oui les dirigeants de Chicago ne voyaient plus d’un bon œil la présence continue du « 26e homme » dans le dugout. Et oui le board est d’une certaine manière revenu sur son engagement qui le liait avec le joueur. Mais peut-on réellement blâmer le club de vouloir restreindre l’entrée du vestiaire à un adolescent de 14 ans ? Je dis non.
Je vois d’ici vos répliques enflammées. Comment est-ce possible ? De quel droit le board peut-il interférer dans la vie de famille ? Le baseball n’est-il pas qu’un jeu ? Fripouilles de mercenaires ! Calmez-vous. Oui le baseball est un jeu, mais il est aussi et avant tout un métier pour l’élite. Or l’élite, LaRoche en faisait partie. Quel chef d’entreprise accepterait aujourd’hui de se coltiner un bambino chaque jour sous prétexte que c’est « plus humain » ? Aucun.
Et si LaRoche se la jouait un peu trop « chevalier blanc » ?
LaRoche n’est pas content et il peut bien tweeter avec le hastag #FamilyFirst autant qu’il veut, Drake restera “out”. Mais ne soyez pas si crédule au point de penser que l’ancien 1e base a pris sa décision en pensant UNIQUEMENT à sa famille. Certes sa famille fait partie intégrante de son processus de réflexion mais croyez bien que ses performances sur le terrain y figurent tout autant. Or à ce petit jeu LaRoche déçoit…

Arrivé en provenance des Nationals l’hiver dernier, le natif d’Orange County n’a frappé que pour .207 en 2015 avec 44 RBI et 12 petits HR. Très loin de ses standards en carrière (.260 de moyenne, 26 HR et surtout 89 RBI par saison…). À 36 ans, le voilà qui sort par la grande porte auprès du grand public. Une sortie soignée donc et qui aurait pu être bien différente… On ne saura jamais s’il aurait retrouvé son niveau en 2016 mais on peut légitimement émettre de grosses réserves sur la question.
Il demeure plusieurs zones d’ombre sur le sujet LaRoche versus White Sox. Néanmoins, un actionnaire a aussi le droit d’encadrer sa franchise comme bon lui semble. Avec des règles qui lui sont propres. Un vestiaire est un lieu intime, personnel, où une équipe vit et meurt ensemble. Sans paramètres extérieurs. L’accès est limité pour les journalistes, salariés, et évidemment les familles. Les White Sox pèsent quasiment un milliard de dollars. Les enjeux financiers sont monstrueux. Bienvenue dans le monde pragmatique de la MLB. Libre à vous de préférer l’ambiance colonie de vacances. Et puis, si c’est le cas, vous pourrez toujours vous rabattre sur « Nos jours heureux ».
J-Sé Gray : “In Billy Beane we trust”