À partir de Jeudi, la France sera opposée à L’Espagne, la Colombie et au Panama dans le cadre du tour de qualifications pour le World Baseball Classic. Abordant ce tournoi dans une claire position d’outsider, les Bleus n’ont rien à perdre lors de ce tournoi qui se disputera au Stade National Rod Carew de Panama City. Pour autant, les Français ne se présentent pas en victime expiatoires face à trois nations qui les devancent au classement de la WBSC (Confédération Internationale de Baseball et Softball).Tour d’horizon des forces en présence.
Panama:
Manager: Carlos Lee
Performances Internationales: 13eme au classement mondial, le Panama est, derrière le Mexique, l’équipe la mieux classée des quatre tournois de qualification. Elle est aussi juste à la porte des nations du World Premier 12, compétition regroupant l’élite du baseball mondiale et pressentie pour être la porte d’entrée pour le tournoi olympique, si le baseball devait faire son retour aux Jeux Olympiques de Tokyo, en 2020. Autant dire que le Panama, à domicile, se doit de se qualifier pour le Classic s’il veut espérer faire son entrée dans le gotha mondial.
Absent du WBC 2013 après avoir été battu deux fois par le Brésil lors du tournoi de qualifications, Panama avait participé aux deux précédentes éditions de la compétition, sans jamais remporter le moindre match dans le tableau final (3 défaites en 2006, 2 en 2009). Jamais qualifié pour les Jeux Olympiques, Panama a été un participant régulier à la Coupe du Monde, compétition dans laquelle les centraméricains ont remporté deux médailles de Bronze (1945, 2005) et une médaille d’argent en 2003 (A noter que lors de cette Coupe du Monde 2003, le Panama avait écrasé la France (19-2) lors du seul match jamais disputé entre les deux équipes.) .
La Star: Carlos Ruiz (Philadelphia Phillies). A 37 ans, le receveur emblématique des Philadelphia Phillies n’est plus joueur dominant qu’il était au pic de sa carrière. Vainqueur des World Series 2008 et finaliste 2009, l’All-Star 2012 a vu son temps de jeu se réduire la saison dernière, avec l’émergence de Cameron Rupp dans le line-up de la franchise de Pennsylvanie. Malgré cela, l’influence de Carlos Ruiz en tant qu’homme et joueur reste majeure, à Philadelphie comme avec le Panama.
Ruiz, qui a reçu son quatrième no-hitter l’été dernier (record absolu en MLB) du bras de Cole Hamels, reste un stratège et leader rêvé pour les centraméricains. Et la possibilité de mener les siens vers la qualification au grand rendez-vous de 2017 sera probablement une énorme motivation pour « Señor Octubre », qui n’aura probablement plus beaucoup d’occasions de profiter des plaisirs de la scène internationale.
Le Roster :
Lanceurs: Alberto Acosta, Dario Agrazal, Harold Arauz, Alberto Baldonado, Euclides Bethancourt, Manny Corpas, Angel Cuan, Paolo Espino, Saul Gonzalez, Ariel Jurado, Humberto Mejia, Eliecer Navarro, Andy Otero, Davis Romero
Receveurs: Jose Camarena, Carlos Ruiz
Champ Intérieur: Jorge Bishop, Ramon Castillo, Gerald Chin, Javier Guerra, Edgar Munoz, Carlos Quiroz, Edmundo Sosa, Eduardo Thomas
Champ Extérieur: Anthony Amaya, Luis Castillo, Jorge Miranda, Isaias Velasquez
Colombie:
Manager: Luis Urueta
Performances Internationales: Difficile de déterminer le niveau réel de l’équipe nationale de Colombie, actuellement 19eme au classement mondial à l’approche de ce tournoi de qualification. Si elle a laissé ses stars (Julio Teheran et les frères Solano notamment) à la disposition de leurs franchises respectives, à l’exception notable de Dilson Herrera, la Colombie prépare ce tournoi avec un roster rajeuni (25 ans de moyenne d’âge) et incluant pas moins de 16 joueurs affiliés à des franchises de Ligues Majeures. S’ils manqueront peut-être d’expérience sur ce tournoi, les Colombiens préparent l’avenir et peuvent légitimement se montrer ambitieux pour les années à venir.
Une ambition qui serait la bienvenue, puisque la Colombie a perdu depuis bien longtemps son statut de grande puissance du baseball international. Vainqueurs de la Coupe du Monde en 1947 et en 1965, la Colombie n’a plus connu les joies d’un podium en compétition internationale depuis une médaille de bronze lors de la Coupe du Monde 1975. Ses performances récentes se résument à une 16eme place lors de la Coupe du Monde 2005 et une septième place lors des Jeux Panaméricains de 2015, auxquelles l’on peut ajouter un échec lors du tour de qualifications du World Baseball Classic 2013 suite à des défaites face au Brésil et à Panama. Alors, 2017 sonnera-t-il l’heure de la revanche pour les hommes de Luis Urueta ?
La Star: Dilson Herrera (New York Mets). Si tout se passe bien, 2017 devrait être l’année de l’éclosion de Dilson Herrerra au plus haut niveau des Ligues majeures. Fort d’une cinquantaine d’apparitions en National League avec les New York Mets, principalement en remplacement de Daniel Murphy, le joueur de deuxième base devrait passer le plus gros de la saison 2016 en Triple AAA avec les Las Vegas 51’s avant de prendre la responsabilité du poste lors du départ de Neil Walker, free agent l’hiver prochain.
Signé par les Pittsburgh Pirates en 2010 avec le statut de free-agent international et acquis par les Mets en 2013, l’infielder de 22 ans offre de solides garanties au bâton mais peut encore progresser au niveau des phases défensives (c’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle Neil Walker, un ancien des Pirates lui aussi, a été recruté pour assurer l’intérim en 2016), ou son manque de précision lui est parfois reproché.
Il n’empêche qu’avec une moyenne au bâton de .306 (131/428) – dont 45 extra-base-hits et 56 RBI – et une présence sur base (OBP) de .368 entre Saint Lucie (A+), Las Vegas (AAA) et New York (NL) la saison dernière, Dilson Herrera a tous les outils pour s’imposer comme l’un des grands sluggers des Ligues Majeures… Et pour marquer de son empreinte ce tournoi de qualifications !
Le Roster :
Lanceurs: Horacio Acosta, Kendy Batista, Randy Consuegra, Nabil Crismatt, William Cuevas, Carlos Diaz, Kevin Escorcia, Jhonatan Escudero, Yeizer Marrugo, Arismendy Mota, Greg Nappo, Dewin Perez, Yesid Salazar, Karl Triana, Angel Vilchez
Receveurs : Luis Martinez, Jesus Posso
Champ Intérieur: Dilson Herrera, Ronald Luna, Charlie Mirabal, Mauricio Ramos, Adrian Sanchez
Champ Extérieur: Steve Brown, Tito Polo, Harold Ramirez, Reynaldo Rodriguez, Jesus Valdez, Carlos Vidal
Espagne
Manager: Luis Urueta
Performances Internationales: Dans l’Europe du baseball, il y a les Pays-Bas tout en haut, l’Italie un peu derrière, et les autres. Et parmi les autres, l’Espagne s’est imposé au fil des années comme la troisième puissance continentale, grâce notamment à un championnat professionnel riche de nombreux talents sud et centraméricains. 17ème au classement de la WBSC, l’Espagne devrait en théorie disputer à la Colombie le droit de disputer le match décisif pour la qualification face au Panama. Mais ce n’est que la théorie.
Emmenés notamment par plusieurs jeunes bras faisant leurs classes dans les « farm systems » de la MLB (Armenteros et Sierra pour les Astros, Leyva pour les Orioles, Castillo pour les Rockies), le roster espagnol se compose de joueurs évoluant dans le monde entier, du Mexique au Japon en passant par l’Espagne, l’Italie et la France. La grande question sera de savoir si le stage de préparation de la Roja aura permis à tous ces joueurs de trouver les bons automatismes en vue du tournoi de qualifications.
Avec l’Espagne, la France retrouve un adversaire qu’elle connait bien puisque les deux nations se sont affrontées régulièrement depuis 1929 (pour leur premier match international respectif, victoire de la France 10-6), notamment dans le cadre des Championnats d’Europe, ou l’Espagne a amassé un titre (1955) et pas moins de quatorze médailles de bronze dont une lors de la dernière édition du tournoi, en 2014. L’Espagne était également de la partie lors du dernier World Baseball Classic en 2013, après être sortie d’un groupe de qualification comprenant Israël, l’Afrique du Sud et la France. Les Espagnols étaient ensuite sortis dès la phase de poules du tournoi, avec trois défaites en autant de matchs, pour une quinzième place finale.
La Star: Carlos Sierra (Marlins de Tenerife / Houston Astros). On aurait pu parler de Luis Guillorme, le shortstop prospect des Mets considéré comme l’un des meilleurs joueurs défensifs des Ligues Mineures, mais on a choisi de s’intéresser à un jeune lanceur qui a éclaboussé de son talent le Championnat d’Espagne avec les Marlins de Tenerife. Avec onze victoires et une seule défaite en quatorze matchs lancés pour un ERA de 1.47 sur la saison (IP 86, H 56, R 21, ER 14, BB 36, K 85), le lanceur a tapé dans l’œil des recruteurs des Houston Astros, qui l’ont recruté en Décembre dernier et devraient l’envoyer en Single-A en 2016.
Carlos Sierra, qui est né à Cuba et a représenté l’ile Caribéenne sur la scène internationale avec les U16 et les U18, possède notamment une balle rapide régulièrement supérieure à 90mph (145 km/h) et, pour reprendre les mots de Jesse Sanchez, reporter de la MLB, est capable de la lancer « sous trois angles différents ». L’arsenal de Sierra comprend également un slider, une balle courbe et un circle-change. S’il est trop tôt pour affirmer qu’une carrière majeure s’offre au jeune (21 ans) lanceur de la Roja, nul doute que Carlos Sierra sera attendu et observé attentivement lors de ce tournoi de qualification.
Le Roster :
Lanceurs: Rogelio Armenteros (Houston Astros (A), MiLB ), Rhiner Cruz (Rakuten Golden Eagles, Japon), Richard Castillo (Colorado Rockies 2014 (AA), MiLB), Ricardo Hernández (Caribes Anzoategui, Venezuela), Richard Salazar (Caribes Anzoategui, Venezuela), Sergio Daniel Pérez (Bravos Margarita, Venezuela), Lázaro Eliecer Leyva (Baltimore Orioles, MiLB), Leslie Nacar (Marlins de Tenerife, Espagne), Antonio Noguera (CUS Brescia, Italie), Ivan Granados (Astros de Valencia, Espagne), Andrés Pérez (Marlins de Tenerife, Espagne), José Cruz (Rangers Redipuglia, Italie), Jorge Balboa (CB Barcelona, Espagne), Carlos Sierra (Houston Astros, MiLB)
Receveurs: Iker Franco (Yaquis de Obregon, Mexique), Blake Ochoa (Astros de Valencia, Espagne), Rolando Meriño (Sénart Templiers, France)
Champ Intérieur: Jesús Golindano (CBS Sant Boi, Espagne), Yunesky Sánchez (Venados de Mazatlan, Mexique), Jesús Merchan (Giants, Japon), Luis Guillorme (New York Mets (A), MiLB), Óscar Angulo (Astros de Valencia, Espagne), Jesús Ustariz (Leones de Caracas, Venezuela)
Champ Extérieur: Óscar Suárez (Joplin Blasters, Ligue Indépendante Américaine), Daniel Martínez (CBS Sant Boi, Espagne), Lesther Galván (Marlins de Tenerife, Espagne), Yasser Gómez (Joplin Blasters, Ligue Indépendante Américaine), Engel Beltre (Tigres del Licey, République Dominicaine)
France
Manager: Éric Gagné
Performances Internationales: On ne va pas se mentir, les chances de la France de s’extraire de ce groupe de qualification sont maigres, certains diraient quasi-inexistantes. 25eme au classement de la WSBC, la France n’a pas aujourd’hui un réservoir de talent comparable à ceux des nations d’Amérique latine et s’est montrée largement inférieure à sa voisine Espagnole lors de leurs dernières rencontres (Victoires de l’Espagne 8-0 lors du tour de qualification pour le World Baseball Classic 2013, puis 10-5 à l’Euro 2014). Et, si l’on met de côté les confrontations directes, la France a pour seul titre de gloire une médaille de bronze au Championnat d’Europe 1999. Pas de quoi nourrir de véritables rêves de gloire.
Pourtant, les Bleus veulent croire en leur bonne étoile. En se souvenant qu’il y a quatre ans, lors de ce même tour de qualification, ils avaient poussé l’Afrique du Sud aux extra-innings avant de s’incliner dans la onzième manche. En se basant sur un groupe de joueurs évoluant pour la plupart dans un championnat de France en pleine progression. En comptant sur l’expérience d’un staff technique dirigé par l’un des meilleurs closers des vingt dernières années et composé en majorité d’anciens joueurs affiliés aux Ligues Majeures. Et, finalement, en approchant la compétition comme une chance à saisir, comme le résume le lanceur vétéran Keino Perez sur le site de la FFBS : « Si je ne pensais pas qu’on pouvait gagner, je n’aurais pas répondu favorablement à la sélection. J’ai l’habitude de jouer avec un statut d’outsider mais je peux vous dire que le baseball réserve toujours des surprises. Dans cette compétition, nous avons un encadrement qui connait le baseball et la mentalité centraméricaine, nous avons des joueurs qui jouent à haut-niveau, nous avons les moyens de battre nos adversaires. L’environnement est particulier, il faut garder le contrôle, ne pas paniquer. Tout est possible.“
Avec dans ses rangs des bras comme ceux de Perez, de Leonel Cespedes ou d’Owen Ozanich (auteur en 2015 du seul match parfait de l’histoire du championnat de France), et les battes de Douglas Rodriguez (le meilleur frappeur incontesté du championnat de France depuis plusieurs saisons) ou encore René Leveret, la France a certainement les atouts pour créer l’exploit. Et si l’on y ajoute la génération montante du baseball français incarnée notamment par le shortstop des Huskies de Rouen, Maxime Lefèvre, MVP du tournoi lors de la victoire de la France dans l’Euro des moins de 21 ans en 2012, on ne demande plus qu’à y croire !
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La Star: Éric Gagné (Manager). Ce n’est pas faire offense au roster de l’Equipe de France, que d’affirmer que leur atout majeur est leur manager. Vainqueur des World Series 2007 avec les Boston Red Sox, Gagné est le dernier closer à avoir remporté le Cy Young (2003, avec les Dodgers), et le recordman au nombre de saves consécutifs, avec 84 opportunités de sauvetages converties de suite entre 2002 et 2004. Ajoutez-y 400 matchs joués en 10 saisons dans les Ligues Majeures et trois apparitions à l’All-Star Game, et cela vous classe un joueur.
Coach des lanceurs français en 2013, Gagné n’avait pas pu empêcher l’élimination rapide des Bleus lors du tournoi de qualification. Depuis, il a pris du galon pour devenir l’entraineur principal de la sélection nationale, qu’il a emmené à la sixième place du Championnat d’Europe 2014. Lors de ce tournoi de qualification et – peut-être plus encore – lors du Championnat d’Europe qui se jouera en Septembre prochain aux Pays-Bas, le lanceur Canadien aura pour mission de transmettre toute son expérience et sa culture du plus haut niveau au roster français. Et pourquoi ne pas rêver de l’impossible !
Le Roster :
Lanceurs: Dan Camou (Libre), Leonel Cespedes (Industriales, Cuba), Grégory Cros (Montpellier Barracudas, France), Pierrick Lemestre (Sénart Templiers, France), Ernesto Martinez (Sénart Templiers, France), Samuel Meurant (Stade Toulousain, France), Jonathan Mottay (Sénart Templiers, France), Owen Ozanich (Rouen Huskies, France), Keino Perez (Rouen Huskies, France), Anthony Piquet (Rouen Huskies, France), Esteban Prioul (Rouen Huskies, France), Lucas Serafin (Charlebourg Castors, Canada), Yoann Vaugelade (Rouen Huskies, France), Antoine Villard (Beaucaire Chevaliers, France)
Receveurs: Dylan Gleeson (Rouen Huskies, France), Ernesto Martinez (Sénart Templiers, France), Andy Paz (Beloit Snappers (A), MiLB), Douglas Rodriguez (Chartres French Cubs, France)
Champ Intérieur: Félix Brown (Sénart Templiers, France), Jorge Hereaud (Stade Toulousain, France), Maxime Lefèvre (Rouen Huskies, France), René Leveret (Lincoln Saltdogs (AA), MiLB), Frédéric Walter (Montpellier Barracudas, France)
Champ Extérieur: Jacques Boucheron (Sénart Templiers, France), Bastien Dagneau (Rouen Huskies, France), Frédéric Hanvi (Agent Libre), Norbert Jongerius (UVV Utrecht, Pays-Bas)
Joueur d’Utilité: Jonathan Duforest (Concordia University, Canada)