Exécrables en 2021, réussissant même l’exploit de faire pire que les Pirates, les Rangers ont bien rempli l’objectif du club ces dernières années. Tanker, tanker encore et tanker un peu plus pour mieux repartir. Mais, fiers d’un écrin flambant neuf qu’il faut désormais rentabiliser, les dirigeants texans ont décidé de mettre un terme à cette politique à l’aube de 2022. Très actif sur le marché des agents libres en s’offrant des grands noms à grand coût, le club d’Arlington annonce la couleur : c’est le retour des Rangers !
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La saison 2021
On n’attendait que deux choses des Texas Rangers en 2021 : qu’ils terminent le grand ménage dans leur 40-man roster et que les jeunes montent en puissance pour offrir un spectacle légèrement supérieur à celui subi lors de la courte saison 2020.
Pour le premier point, ce fut mission accomplie puisqu’avec les départs de Joey Gallo, Lance Lynn et Elvis Andrus, les Rangers réduisaient au minimum leur Payroll et préparaient les grands chantiers à venir (voir plus loin). Pour le second, en revanche, pas grand-chose a se mettre sous la main encore une fois. On a bien vu Adolis Garcia enchainer les Home Runs, 31 au total, pour une convocation au All Star Game et une quatrième place au Rookie de l’année. Isiah Kiner-Falefa a bien confirmé ses qualités de joueur all-round (.271, 20 SB et 10 DRS en Shortstop derrière seulement Correa et Simmons) et Joey Gallo faire du Joey Gallo (25 HR à .223 de moyenne) jusqu’à son départ pour New York.
On aura pu également admirer un début de saison somptueux de Kyle Gibson (19 GS, 6-3, 2.87 et 94 SO) , lui aussi récompensé d’une sélection au match des étoiles avant de filer à Philadelphie en compagnie de Ian Kennedy contre quelques prospects de plus. Et c’est ainsi que la rotation des Rangers s’est retrouvée composée de Jordan Lyles, Dane Dunning, Taylor Hearn, Mike Foltynewicz, Kohei Arihara et Kolby Allard.
Meilleur ERA+ (100 étant la moyenne de la Ligue) de cette troupe ? les 97 de Dunning, le rookie qui n’a pas forcément démérité en début de saison, mais difficile de prétendre à quoi que ce soit avec un tel staff de lanceurs partants.

Bref, les Rangers ont fini derniers de MLB à l’OPS, 29e à la moyenne au bâton, 28e au nombre de runs marqués mais aussi 28e à l’ERA des lanceurs partants, 27e en termes de retraits sur prise ou encore 27e en termes de moyenne adverse. A noter que les partants se sont fait éparpiller façon puzzle mais ont tout de même fait le taf pour manger les innings, puisque les starters des Rangers sont 19e au nombre de manches lancées. Il faut dire que c’est plus simple quand tu joues sans devoir de compétitivité.
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Un petit point positif dans cette bouillie de tanking et de médiocrité ? On n’ira pas jusqu’à dire que le bullpen des Rangers a tenu la route mais, comme souvent, il a été la meilleure arme de la franchise texane avec un ERA de 4.13. Dix-septième de MLB et bien calée entre les Blue Jays et les Athletics, l’unité de relève d’Arlington a vu s’en aller son closer attitré, Ian Kennedy, mais aussi éclore un rookie plus que prometteur en la personne de Joe Barlow, appelé pour la première fois au mois de juin et nommé closer de l’équipe au départ de Kennedy.
Barlow terminera la saison avec 29 manches lancées, un ERA de 1.55, 11 saves en 12 opportunités et un WHIP de 0.83. De quoi obtenir l’accolade – même pas ironique – de lanceur du mois de septembre des Rangers. Mentions également a Brett Martin, Josh Sborz, John King et Spencer Patton qui ont fait le boulot, à défaut de pouvoir faire une vraie différence.
Alors voilà, les Rangers auraient pu approcher des 70 victoires en suivant une politique de succès plutôt qu’une politique de tanking et de désossage, mais les tours de draft ne tombent pas des arbres. Troisième pire bilan de MLB en 2021, second pire bilan en 2020 (ce qui a permis le recrutement de Jack Leiter), les Rangers se sont mis bien mais nous sommes en 2022, c’est en 2022 que tout change ET QUE LES RANGERS PRENNENT LE POUVOIR DANS LE TEX…
…
Ouais, ne nous emportons pas… C’est en 2022, disais-je que les choses devraient doucement commencer à changer du côté d’Arlington.
La saison 2022
Car, après l’opération dégraissage, le front office des Rangers n’a pas trainé à remettre ses pièces dans la machine, et autant dire qu’ils y sont allé gaiement, en recrutant deux des free-agents les plus convoités de cette offseason juste avant la deadline de circonstance du Lockout : en quelques heures, les Rangers signent ainsi les infielders Corey Seager et Marcus Semien, pour des contrats de 10 ans et $325m et 7 ans et $175m respectivement.
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Quelques jours après les recrutements moins clinquants mais toujours utiles de Jon Gray (4 ans, $56m) et Kole Calhoun, les Rangers ont un message : la fenêtre est ouverte et ils n’hésiteront pas à y jeter leur argent durement économisé. A bon escient ? Tandis que l’on parle encore, en attendant la fin du Lockout, d’un intérêt pour la légende Clayton Kershaw, natif de Dallas et a la recherche d’un dernier gros contrat, il semble clair que les Rangers n’ont pas fini leur shopping et cherchent encore une ou deux acquisitions majeures pour accélérer leur retour sur le devant de la scène.
Et il semble difficile d’imaginer que les nouvelles ambitions des Rangers ne comprennent pas l’acquisition dans les plus brefs délais d’un lanceur partant de haut niveau, par la Free Agency ou par les trades. Bien entendu, cela changerait grandement le visage de la franchise, dont la rotation attendue en l’état se compose de Jon Gray dans le rôle du taulier, de la nouvelle recrue Martin Perez pour la caution expérience d’un Dane Dunning qui doit s’affirmer, d’A.J. Alexy dans le rôle du rookie a suivre et de Taylor Hearn et Spencer Howard pour compléter le tableau. Ajoutez-y un ace et… je mettrai bien entendu cette preview pour refléter un move qui serait probablement crucial pour l’avenir à très court terme des Rangers.

Pour le bullpen, même topo, c’est pas mal mais il n’y a pas encore la matière pour aller titiller les gros bras d’American League, et encore moins le voisin texan, encore favori de la division, au moins pour cette saison. Joe Barlow doit confirmer, et on sait comme cela peut-être difficile pour certains joueurs une fois passé l’effet de surprise. Jose Leclerc, peut-être le releveur le plus consistant sur la durée des Rangers, est attendu de retour au printemps après son opération Tommy John, mais quel sera son niveau après presque deux ans sans compétition ?
Patton, Sborz, Martin, Santana, King : autant de lanceurs qui ont prouvé leur capacité à être plutôt bons, mais un ou deux releveurs d’élite confirmés ne serait pas de trop et il y a du monde sur le marché : Jansen, Hand, Bradley, Colome, Familia, Ottavino, Rosenthal, pour ne citer qu’eux. On attend les Rangers agressifs sur ce dossier des la fin du lockout.
En ce qui concerne le lineup, enfin, les arrivées de Semien et Seager vont faire une différence majeure offensivement comme défensivement pour booster une équipe texane pas désagréable mais bien naïve et limitée l’an dernier. Partenaires en middle-infield, ils seront accompagnés par Nate Lowe en première base tandis que le poste de troisième base devrait se jouer entre Andy Ibanez, le prospect #2 des Rangers Josh Jung ou une recrue supplémentaire après le Trade de Isiah Kiner-Falefa aux Twins.
Contrepartie pour le trade de Kiner-Falefa, Mitch Garver sera le receveur titulaire en 2022, Jonah Heim et Jose Trevino Jonah Heim et Jose Trevino se disputant le rôle de doublure jusqu’à l’emergence attendue de Sam Huff, prospect #5 de la franchise et qui pourrait faire son apparition dans le roster en cours de saison.
Dans l’outfield, le rookie surprise de 2021, Adolis Garcia (.243, 31 HR, 90 RBI) tentera de confirmer sur une deuxième saison, tout en travaillant sur sa discipline au bâton (32 BB pour 194 SO, tout de même !) quand Nick Solak, aussi talentueux qu’irrégulier, aura pour mission (comme Kiner-Falefa et Lowe) de passer un palier s’il veut continuer à participer à la progression des Rangers.
L’arrivée du vétéran Kole Calhoun pour accompagner les deux jeunes dans le champ extérieur pourrait les aider dans la gestion des matchs et de la saison. Enfin, le poste de Designated Hitter semble devoir se disputer (ou se partager) entre le droitier Andy Ibanez et le gaucher Willie Calhoun. A moins, la aussi, que le front-office ne decide de sortir le portefeuille pour aller chercher l’un des gros free-agents disponibles (Kyle Schwarber, anyone ?)
Vous l’aurez compris, les chantiers restent nombreux, et même avec des investissement supplémentaires dans chaque ligne, il est difficile d’imaginer les Rangers se battre pour la division dès cette saison. L’objectif raisonnable semble un premier bilan positif depuis 2016 et, si les astres s’alignent, une grosse trade deadline pour tenter d’accrocher la postseason par la Wild Card.
La Star : Corey Seager

Il était l’un des joueurs les plus convoités de cette intersaison et Corey Seager est, sans le moindre doute, LE joueur qui peut faire rentrer les Texas Rangers dans une nouvelle ère. Mais pour cela, il faudra d’abord qu’il arrive à passer un palier pour retrouver cette voie royale qui semblait tracée pour lui lors de ses débuts, en 2015 déjà.
Phénoménal pour sa saison de rookie en 2016, il terminait avec le trophée de Rookie de l’année, une troisième place au classement du MVP, une participation au All Star Game et un Silver Slugger pour sa première saison entière dans les Majors. De nouveau All Star en 2017, il était ensuite handicapé par les blessures en 2018 et parfaitement banal en 2019, avant de revenir sur le devant de la scène lors de la courte saison 2020, participant grandement au titre des Dodgers puisqu’il était désigné MVP des Championship Series ET des World Series (avec une neuvième place au classement du MVP en saison régulière).
Alors qu’il semblait parti pour enchainer sur une saison 2021 de bonne facture, une fracture de la main le laissait encore sur la touche pour plus de deux mois au cœur de l’été, ne l’empêchant pas cependant d’aligner une ligne de stats plus que respectable en seulement 95 matchs joués : .306/.394/.521, 3.7 WAR, 48 BB/66 SO et une défense non-handicapante a défaut d’être spectaculaire.
Oui mais voilà : dans le Texas, Corey ne sera plus une star parmi tant d’autres dans un alignements digne des Avengers. Au contraire, il devra, avec son nouveau coéquipier Marcus Semien, montrer la voie et tirer vers le haut un groupe qui ne connait rien, ou si peu, du plus haut niveau des Majors. Et, sur un plan personnel, Seager doit prouver qu’à 27 an, il est enfin prêt à être plus qu’un éternel espoir au potentiel insondable, à prendre la destinée d’une franchise sur ses épaules, et à devenir, potentiellement, le meilleur shortstop de sa génération.
Le Joueur à Suivre : Joe Barlow
Il a été le rayon de soleil de la fin de saison 2021. Intégré au roster des Rangers pour la première fois au mois de Juin, le jeune droitier s’est vite faite une place dans la relève, il est vrai plutôt faible, des Texas Rangers, Barlow s’est immédiatement distingué par des performances de qualité dans un environnement difficile.
Joe Barlow’s year:
▪️Set Rangers Record for Consecutive batters struck out (8)
▪️Rangers Player of the Month in September
▪️3rd in AL in Saves (11) after given Closer's Role
▪️3rd lowest Batting Average Against (.124)
pic.twitter.com/yVBBXJPvRF— Driveline Baseball (@DrivelineBB) October 7, 2021
Pas spécialement puissant, avec une fastball autour des 94mph en moyenne, Barlow compense en utilisant ses lancers lents sur plus de la moitié de ses pitchs, et notamment un slider ravageur. Cete balle glissante, qui represente tout de même 40% de ses lancers selon BaseballSavant, a vu ses adversaires afficher une moyenne au bâton de .071 pour un Whiff% de 35% (pour comparaison, les chiffres de sa Fastball sont .160 et 17.9%)
Avec seulement 12 coups surs et 5 Runs concédés en 29 manches, Joe Barlow a fini son bout de saison dans la peau du closer attitré des Rangers, et avec un ERA de 1.55. Plutôt pas mal. Reste maintenant à confirmer, face à des batteurs qui auront eu le temps de décortiquer et étudier ses lancers, et dans une équipe qui a change de dimension du jour au lendemain aux premières heures de l’hiver.
Le Prono : Une fenêtre s’entrouvre
Il manque clairement un peu de tout pour que les Rangers ne deviennent des contenders. Un lanceur d’élite confirmé, une arrivée réussie de Jack Leiter (ce ne sera pas avant 2023), un ou deux releveurs de très haut niveau et quelques bonnes battes pour remplacer celles qui ne montreront pas leur capacité à hausser leur niveau de jeu en 2022.
Vous l’aurez compris, cette saison sera avant tout une belle revue d’effectif, dans une division qui devrait encore une fois être très compétitive. Mais pour une fois, les Rangers n’entameront pas l’exercice avec la garantie d’une dernière place au classement. Un espoir est né, il doit maintenant se concrétiser par des faits, et par un renforcement soutenu de l’équipe afin d’être compétitifs en 2023, et surtout en 2024, qui devrait être l’année ou s’ouvre véritablement la fenêtre de tir des Texas Rangers
Le Prono de TSO : 78-84
Projection FanGraphs: 73-89
Une réflexion sur “Preview 2022 – Texas Rangers : Un nouveau Shérif en ville ?”