Didier Seminet : “Tous les ingrédients sont réunis pour la MLB à Paris”

The Strike Out a pu s’entretenir avec le président de la fédération française de baseball et Softball, Mr Didier Seminet. On a ainsi discuté baseball, Softball et abordé de nombreux sujets. De l’évolution de ces sports en France jusqu’à une éventuelle rencontre de MLB à Paris. Et malgré l’absence du baseball aux JO de Paris 2024, le président reste optimiste sur le futur de la discipline dans notre pays.

L’Equipe nationale est une vitrine mais elle doit rester connectée à nos pratiquants

TSO : La France ne disputera pas le TQO et donc pas les Jeux Olympiques, après sa 7e place lors de l’Euro, quel est votre regard sur cet échec ?

Didier Seminet: Si nous regardons nos résultats, ils ne sont effectivement pas à la hauteur de nos attentes mais nous avons tout de même progressé par rapport à 2016. Nous avions terminé 7èmes, notre place cette année et ce malgré l’arrivée d’une équipe d’Israël – notre adversaire en ¼ de finale – dotée majoritairement de joueurs à double-nationalité qui a par ailleurs gagné le tournoi de qualification Olympique de Baseball Europe/Afrique. Nous avons progressé sur l’attaque mais souffrons d’un déficit structurel sur le pitching. Nous avons aussi souffert de la blessure de l’un de nos meilleurs lanceurs, Owen Ozanich ce qui ne nous a pas aidé quand on connait la prédominance du poste de lanceur dans notre sport et de l’absence de nos deux joueurs sous contrat avec des franchises Major League Baseball.

TSO : On sent que l’équipe de France est en difficulté au moment de franchir ce pallier qui nous sépare des meilleures équipes européennes. Qu’est ce qui nous manque ?

Nous avons une génération talentueuse qui arrive. Notre collectif 23U est passé à un point d’une qualification pour la Coupe du Monde, et ce avec un effectif composé majoritairement de joueurs âgés de 21 ans donc éligibles pour l’Euro 23U 2021. Nous privilégions la formation et travaillons donc sur la durée. Il faut du temps pour obtenir des résultats. Certaines nations reposent sur des joueurs qu’elles n’ont pas formé, cela produit peut-être des résultats à court terme mais ne favorise pas forcément le développement de la pratique dans leur pays. L’Equipe nationale est une vitrine mais elle doit rester connectée à nos pratiquants.

TSO : En revanche du côté des filles c’est plus joyeux avec une très belle victoire lors du championnat d’Europe. Quelle est la marge de progression pour le baseball féminin en Europe et dans le monde, avec Melissa Mayeux en tête de lice ?

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Le marge de progression du Baseball Féminin est importante. C’est une discipline qui existe depuis longtemps mais que les fédérations n’ont réellement commencé à appréhender que ces dernières années, depuis que le traditionnel clivage baseball masculin / softball féminin a disparu. La France a été et reste l’une des pionnières en Europe avec l’évolution de la réglementation pour favoriser la pratique du baseball féminin ainsi que l’initiative d’organisation les premiers Championnats d’Europe. Mélissa Mayeux est une ambassadrice de cette discipline mais il ne faut pas oublier que si la France a remporté ce premier Championnat d’Europe c’est bien parce qu’il y avait la force d’un collectif et de nombreuses joueuses formées pour la compétition autour d’elle notamment issues du softball féminin de haut niveau.

Nous sommes la Fédération qui gagne le plus de licenciés en Europe

TSO : La Fédération croit beaucoup au Baseball5 et vient même d’ouvrir le premier terrain d’Europe. Est-ce la porte d’entrée du baseball, pour le grand public en France ?

Le premier terrain de baseball5 d’Europe a été ouvert en France et au CREPS de Montpellier

Ce qui est certain, c’est le rôle moteur joué par la Fédération dans la création de cette nouvelle discipline et son développement en France comme sur le continent. Avec le Baseball5 nous disposons enfin d’un produit qui permet de gommer tout ce qui peut être considéré comme négatif par un néophyte (c’est compliqué, c’est long, il faut du matériel, de l’espace, etc.) et de sortir du cadre du club pour aller à la rencontre de nouveaux publics, que ce soit à l’école ou en milieu urbain ou rural. Les premiers retours et le dynamisme suscité par cette nouvelle discipline (premier Open de France en janvier 2020, suivi des premiers Championnats d’Europe et Championnats du Monde ainsi qu’une enveloppe de 30,000€ consacrée par la Fédération au soutien d’initiatives portées par des clubs, comités et ligues) nous laissent à penser que nous allons dans le bon sens.

TSO : A part ça, quelle est la stratégie de la fédération pour implanter culturellement le baseball/Softball en France ?

Tout passe par le nombre de pratiquants. Il faut que nous poursuivions les efforts menés ces dernières années pour développer le nombre de licenciés (+50% en 10 ans). Plus nous serons nombreux, plus nous serons en mesure d’être visibles et de gagner en notoriété sur le territoire. Il existe une marge de manœuvre non négligeable sur l’accueil des jeunes femmes et femmes dans nos clubs. Actuellement nous avons 18% de licences féminines et une offre de pratiques larges qui me semble-t-il doit nous permettre de progresser rapidement sur l’accueil des féminines dans notre fédération.

TSO : Que pensez vous de l’évolution du Softball français, notamment la D1 féminine et l’EDF ?

Plusieurs clubs se sont vraiment structurés ces dernières années sur la pratique du softball féminin et certains dans une logique de haut-niveau en Division 1, comme Saint-Raphaël, Evry-Courcouronnes, Grenoble, Pessac ou Clapiers-Jacou. Nous avons relevé les critères d’engagement afin d’encourager le développement et la structuration des clubs phares de softball féminin en France, ainsi qu’établi une réelle saison avec plus de 10 journées de championnat en 2019 contre quelques week-ends il y a encore peu de temps. Des projets porteurs ont vu le jour avec la création du Challenge de France de Softball Féminin, le lancement à venir de l’Open de France de Softball 13U ainsi que l’aboutissement de projets extrêmement structurants comme le terrain d’Evry-Courcouronnes sur lequel a été organisé la 2èmeédition du France International Fastpitch Softball Tournament en juin dernier. Plus nous aurons de terrains et plus nous aurons de pratiquants. Plus nous organiserons d’événements et plus nous pourrons accompagner les efforts de développement de nos clubs et le rayonnement de notre sport.

Quant à l’Equipe de France, elle a évidemment bénéficié de cette dynamique et nous avons mis un groupe talentueux mélangeant jeunes talents et joueuses expérimentées dans les meilleures conditions pour performer en réussissant à faire venir les deux meilleures nations au monde en région parisienne (Japon et Etats-Unis) à l’occasion du Achille Challenge afin de les préparer pour les échéances internationales avec le succès escompté : Top 6 à l’Euro pour seulement la troisième fois de notre histoire et la première depuis 1995, et une qualification pour le tournoi de qualification Europe/Afrique des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

TSO : Le baseball majeur est de plus en plus visible dans les médias français que ce soit à la télévision ou sur les réseaux sociaux, Est-ce que cela se traduit au niveau des licencies ?

C’est difficile à dire. Cela doit assurément contribuer à l’essor de nos disciplines mais il est toujours compliqué d’établir un lien direct entre médiatisation et gain de pratiquants. Nous sommes en tout cas satisfaits de l’augmentation de la couverture réservée à nos sports de la part de beIN Sports, du Comité Olympique au travers de la chaîne Sport en France et plus récemment de l’Equipe.

La D1 de baseball

TSO : Notre championnat vient d’inaugurer son nouveau format, avec 12 équipes, quels sont vos retours sur cette première ?

Les retours des clubs sont positifs. Cette nouvelle formule permet une meilleure représentation territoriale et l’émergence de projets de territoire.

TSO : On a constaté une inflation des étrangers dans notre championnat, notamment pour les partants étrangers, est-ce un frein, pour nos français, ou une aubaine ?

Avec une Division 1 Baseball à 12 équipes, les opportunités pour les lanceurs français d’évoluer dans notre championnat national n’ont pas diminué, elles ont même augmenté. Si vous regardez les statistiques, il n’y a d’ailleurs pas moins de manches lancées cette année par des lanceurs français que l’an dernier. Que le niveau du championnat augmente ne peut être que positif pour notre discipline. Nos jeunes talents ont tout à gagner à s’entrainer aux côtés de et à affronter des anciens joueurs professionnels ou universitaires de haut-niveau. Il est aussi de la responsabilité des clubs que de contribuer à la formation de lanceurs français et de leur donner la chance d’évoluer en Division 1 Baseball.

Un français en MLB ? Ce n’est pas un rêve, c’est une certitude

TSO : On a vu que Yoann Antonac avait signé un contrat avec les Phillies pour jouer en ligues mineures, et qu’Andy Paz avait atteint le double A, alors un français en MLB est-ce toujours un rêve ?

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Un rêve non, plutôt une certitude sur le long terme. Si la pratique continue de se développer et que nous travaillons bien, nos efforts finiront par être récompensés et un athlète français évoluera en MLB comme cela a pu être le cas dans certains de nos pays voisins européens.

TSO : L’oiseau rare se trouve t-il, déjà, dans le système de la FFBS, notamment du pôle France ?

Peut-être, c’est difficile à dire. Il y a tellement de facteurs qui interviennent dans l’émergence d’un athlète de haut-niveau et dans le succès de sa carrière qu’on ne peut jamais être sûr de rien. Ce qui est concret, c’est l’augmentation régulière du nombre de joueurs formés dans notre filière et qui signent des contrats professionnels ou obtiennent des bourses d’étude sur le continent nord-américain. C’est un signe fort que le niveau monte et que nous nous rapprochons de cet objectif.

TSO : Dans l’actualité, vous avez reçu au Stade de France, en compagnie de la ministre des sports, une délégation de la MLB. Quelles sont les chances de voir un match du championnat américain sur notre sol ?

Je pense qu’elles sont bonnes. La MLB se tourne de plus en plus vers l’international et notamment l’Europe, un choix que nous appelions de nos vœux depuis de nombreuses années et consacré cette année par la tenue des London Series. Nous sommes la Fédération qui gagne le plus de licenciés en Europe, nous disposons d’un écrin magnifique dont les dirigeants sont intéressés à l’idée d’accueillir des rencontres ainsi que d’une chance incroyable, celle de la place particulière que la ville de Paris peut occuper dans l’imaginaire américain. Tous les ingrédients sont réunis.

TSO : Il se murmure que vous êtes en train de préparer un gros coup pour faire venir un entraîneur américain avec un palmarès en MLB, né en France, sur le banc de notre équipe nationale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Comme vous vous en doutez, je ne peux pas vous en dire plus sur le moment si ce n’est que nous travaillons effectivement sur une collaboration avec un entraîneur américain de renom.

TSO : Ce serait un coup de boost exceptionnel pour le baseball en France ?

Assurément, mais nous aurons l’occasion d’en parler si cette collaboration se concrétise.

TSO : Enfin pour terminer, que pensez-vous du travail de The Strike Out et quels seraient vos conseils pour la suite ?

Je tiens à remercier l’équipe de The Strike Out qui apporte sa contribution à la promotion du baseball et du softball en France au travers d’un travail aussi bien quantitatif que qualitatif !

 

Merci à Didier Séminet pour son temps et à François Collet pour son aide.


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