[Preview Postseason 2019] : Houston Astros – Bâtir sa dynastie

La saison régulière touche à sa fin et c’est le moment que tous les fans de MLB attendent : la postseason est là! Jusqu’aux matchs des wild-cards mardi (NL) et mercredi (AL), The Strike Out vous présente chaque jour une franchise déjà qualifiée pour ce mois d’octobre et toutes en quête du titre suprême. On passe aux champions 2017 et triple vainqueur de l’AL West, les Houston Astros.

Bilan de la saison 

Après la grosse déception en 2018 et cette élimination en ALCS face à l’intouchable (alors) Boston, Houston n’a qu’une chose en tête retrouver le goût des World Series. Et pour cela le club a décidé de miser sur la continuité. Un groupe soudé, qui même s’il a perdu Dallas Keuchel, a vu arriver des joueurs confirmés de MLB avec Wade Miley, Robinson Chirinos et surtout Michael Brantley, apportant un équilibre nouveau à l’attaque texanne. Dans le Top 3 de toutes les catégories offensives et avec une rotation qui fait la course en tête en terme de strikeout et de moyenne au bâton adverse, Houston a dominé de la tête et des épaules cette saison régulière. Une zone de turbulences en Juin est tout de même venue troubler le vol de la fusée Astros. A ce moment-là, Houston est privé sur blessures de José Altuve, George Springer et Carlos Correa. Ça devient forcément plus dur de gagner des matchs. Mais ce moment difficile a au moins permis de mettre les choses au clair : il y a un nouveau shériff  leader en ville. Et c’est Alex Bregman. Si son niveau n’est plus à prouver, il a définitivement assis sa légitimité dans le vestiaire avec cette saison 2019. Né dans l’état du Nouveau-Mexique, Bregman est un lien entre les anglophones et les hispanophones de l’équipe. Il apprend l’espagnol justement dans ce but. Auteur d’une saison pleine et recordman en devenant le 4e Astro à frapper au moins 40 HR sur une saison (Lance Berkman, Jeff Bagwell et Richard Hidalgo), il est plus que jamais en course pour le titre de MVP. Mais même avec des saisons tronquées, José Altuve et George Springer se sont tout de même permis le luxe de passer la barre des 30 HR, Springer chassant même les 40. Au final, 4 Astros ont passé la barre des 30 HR. Mais, les joueurs n’ont pas pour autant oublié la moyenne au bâton puisque l’attaque est première dans cette catégorie de la MLB avec une moyenne collective de .275. Une attaque complète et ultra dangereuse du premier au dernier batteur. 

Et que dire de la rotation et de son duo Justin Verlander et Gerrit Cole qui domine outrageusement toutes les catégories statistiques. Les deux se tirent la bourre pour le titre de Cy Young (et de MVP?).

astros

[* rouge = 1er en MLB ; * bleu = 1er en AL]

D’ailleurs Cole termine la saison en fanfare avec des records à la pelle. Par exemple, Il est ainsi devenu le leader de la franchise en terme de strikeout sur une saison dépassant des légendes comme Nolan Ryan et JR Richard (qui détenait la marque précédente avec 313 en 1979). Cole est également entré dans le cercle très fermé des lanceurs avec au moins 10K sur 8 rencontres consécutives. Bref une saison XXL de la part de l’ancien n°1 de la draft 2011, qui arrive en fin de contrat au terme de la saison et qui sera très, très demandé. Houston pourra t-il le conserver ? Ce sera difficile. Mais le club a anticipé un éventuel départ de l’ancien joueur des Pirates en frappant un grand coup durant la Trade Deadline. En effet le club n’a ni plus ni moins qu’attiré un Cy supplémentaire dans sa rotation, en la personne de Zack Greinke qu’on ne présente plus. Auteur de grosses saisons en 2017 et 2018 en Arizona, le lanceur était parti sur le même rythme en 2019 avec un ERA de 2.90 jusqu’au trade. S’il est moins efficace ou impressionnant que ses deux autres compères de la rotation des Astros, il reste un lanceur très efficace. Lanceur qui fait dans la finesse, il est un contre-pied parfait après les deux monstres de puissance. Se prendre pendant deux matchs des balles rapides à plus de 100 mph et affronter la balle cassante à 68 MPH de Greinke, ça fait tout drôle. 

Enfin Justin Verlander qui continue de défier les lois du temps en sortant une de ses meilleures saisons en carrière avec en point d’orgue un grand moment, on y reviendra.

Au final, Houston semble avoir trouvé sa forme finale en étant à la fois ultra dominant et complet en attaque et sur la butte. Elle pourrait en plus avoir l’avantage du terrain durant toute la postseason et même pour les World Series (104 victoires en date de ce jeudi, contre 102 pour les Dodgers), ce qui sera différent des précédentes campagnes de play-offs. Et ça peut avoir son importance, puisque en 2017 lors du titre, Houston avait remporté toutes ses rencontres à domicile. La fusée semble prête pour aller décrocher la lune.

Le moment clé de la saison

Le 3e no-hitter en carrière de Justin Verlander, la cerise sur le gâteau d’une saison exceptionnelle pour le lanceur. Photo : Vaughn Ridley/Getty Images

Il y a eu plusieurs moments clés durant cette saison, j’en ai parlé plus haut, le fait que le club résiste à la tempête lorsque 3 de ses stars se sont retrouvées sur le carreau, on aurait pu parler du no-hitter collectif lors du premier match d’Aaron Sanchez sous ses nouvelles couleurs (no-hitter réalisé en relais avec Biagini, Harris Devenski). Mais il était impossible de ne pas parler de la performance de Justin Verlander qui vient parachever une saison de très haute volée. Un no-hitter face aux Blue Jays au scénario improbable. 

A 36 ans, l’ace des Astros est peut-être en train de sortir sa meilleure saison en carrière et en lançant son 3e no-hitter en carrière, il s’ouvre (définitivement) les portes du Hall of Fame. Il est devenu seulement le 6e lanceur dans l’histoire à lancer au moins 3 no-hitters (Nolan Ryan (7 !!!!), Sandy Koufax (4) ainsi que Larry Corcoran, Bob Feller et Cy Young avec 3).

Face aux Blue Jays, déjà victime d’un no-hitter de Verlander, il a été (quasi) parfait avec 9 manches lancées, 14 K (à 3 unités du record de K lors d’un no-hitter), 1 seul hit concédé et 0 but sur balle, le tout en 120 lancers. Mais outre cette grosse performance sur le monticule ou les records, c’est aussi le scénario du match qui a fait entrer cette soirée dans la légende. En effet jusqu’au haut de la 9e manche, le score était de …. 0 à 0. La pression sur les épaules de Verlander devait être d’autant plus exacerbée. Et sur la pelouse canadienne, c’est un rookie, québécois qui est venu débloquer la rencontre et qui a failli voler la vedette à son illustre aîné. Grace à son premier HR en carrière, Abraham Toro est venu servir la victoire sur un plateau à Verlander et aux Astros. Inoubliable !

Le joueur surprise

On aurait justement pu parler d’Abraham Toro, qui n’était pas le nom le plus flashy dans le farm-system des Astros, mais qui s’est révélé être très utile pour sa première saison. Mais, il est dépassé par un phénomène qui a déferlé sur Houston et sur la MLB : Yordan Alvarez, un beau bébé d’1m96 pour 102 kg venu de Cuba. Signé par les Dodgers en 2016, il est envoyé aux Astros dans le trade de … Josh Fields. C’est le 9 juin qu’Alvarez arrive en MLB et son impact est immédiat : premier match, premier HR. Et surtout sur ses 12 premiers matchs, il frappe 7 HR. Houston qui semblait déjà ultra compétitif rajoute à son arsenal, une arme dévastatrice. Et alors que le seul point “faible” de l’équipe semblait être le poste de DH, l’émergence de Yordan Alvarez a changé la donne. Le jeune cubain empile les frappes et les exploits. Battant par exemple le record de Carlos Correa pour le plus grand nombre de HR pour un rookie des Astros, qui était de 22. Et alors que les yeux étaient tournés vers Vlad Guerrero Jr, Brandon Lowe, John Means ou Zach Plesac pour le titre de Meilleur rookie de l’année, l’arrivée et les performances d’Alvarez ont fait de lui un vainqueur en puissance de ce trophée.

Le MVP

Derrière chaque grande équipe, il y a un grand coach. Photo : JEFF WILSON

Le choix est très difficile car 3 joueurs émergent pour le titre de MVP de l’équipe. Mais 3 noms qui sont aussi dans la conversation pour le titre de MVP de …. la MLB. Verlander, Cole et Bregman méritent tous les trois le titre. Cependant, je préfère donner le titre à AJ Hinch, le coach de l’équipe et l’un des grands artisans du retour au premier plan de la franchise avec le GM Jeff Luhnow. Pour la 3e fois en 3 saisons consécutives, le manager des Astros emmène les siens à un bilan d’au moins 100 victoires. Houston devient ainsi la 6e équipe de l’Histoire à réaliser cet exploit rejoignant les Athletics (1929-31), les Cardinals (1942-44), les Orioles (1969-71), les Braves (1997-99) et les Yankees (2002-04). Surtout pour la 2e année d’affilée, le club bat son record de victoires sur une saison. On ne peut que féliciter AJ Hinch. C’est ce dernier qui a insufflé une nouvelle mentalité à la franchise après les 3 saisons à plus de 100 défaites.

Sous sa houlette, le club n’a plus connu de bilan négatif et s’est hissé en postseason lors de 4 de ses 5 saisons. Avec en prime, le titre suprême en 2017, où il a su trouver les solutions pour pallier à la faiblesse de son bullpen. (utiliser des starters pour terminer les matchs avec en point d’orgue les perfs de Lance McCullers et Charlie Morton). Bref, chaque grande équipe se doit d’avoir un grand manager et on peut dire qu’AJ Hinch fait partie de ceux-là. Et peut-être qu’avec cette nouvelle grosse saison, un gros oubli de la MLB sera réparé. C’est à dire décerner un titre de Coach de l’année à Hinch, qui n’en a toujours aucun.   

Les performances récentes en postseason 

Premier titre dans l’histoire des Houston Astros, 56 ans après la création du club.(Photo : AP Photo | David J. Phillip)

J’en ai déjà un peu parlé juste au-dessus, mais Houston est devenu habitué de la postseason depuis 5 ans avec 4 participations. En 2015, Houston avait chuté en ALDS face à des Royals, futurs gagnants des World Series, juste trop forts pour une équipe encore trop tendre. Après une année 2016 blanche, Houston revient en force pour 2017 avec le titre suprême, le premier de son histoire (si vous voulez revivre cette épopée, j’avais écrit dessus par ici). En se payant même le luxe d’éliminer les 3 franchises légendaires de la MLB, avec d’abord les Red Sox en ALDS (3 victoires à une) puis les Yankees (4 succès à 3) et enfin les Dodgers, dans des World Series de légende (4 à 3). En 2018, Houston a calé en ALDS face à une équipe des Red Sox au cœur d’une saison historique. Mais une défaite qui aura surement permis aux joueurs d’emmagasiner encore un peu plus d’expérience et de laisser un gout de revanche à cet effectif. 

Houston a désormais une belle expérience de la plus belle des scènes mais entre dans cette campagne 2019 avec un nouveau statut, celui de favori et l’avantage du terrain. Deux nouvelles données à prendre en compte. 

Points Forts 

Les Astros deviennent des habitués de la postseason avec une 4e participation en 5 ans. Photo : DR
  • Une attaque puissante (Yordan Alvarez, George Springer) mais aussi constante (José Altuve, Michael Brantley)
  • Une rotation de très haut calibre avec 2 Cy Young (Verlander, Greinke) et un Gerrit Cole dans la saison de sa vie
  • Un groupe soudé et quasiment inchangé qui commence à avoir une belle expérience de la postseason

Points Faibles

  • Un bullpen irrégulier
  • Attention à l’excès de confiance
  • Nouveau statut de favori à assumer

Pronostic 

Après l’échec de 2018, Houston aura à cœur de se rattraper. Avec sans doute le meilleur effectif de son histoire, tout autre résultat qu’une participation aux World Series serait un échec. Mais on le sait, le baseball est loin d’être écrit à l’avance, et il faudra encore être très costaud. Déjà en ALDS, où il faudra déjà être à son meilleur niveau pour affronter le vainqueur du Wild Card Game avec des équipes très compétitives (Indians, A’s ou Rays). Attention donc à l’excès de confiance, en 2017, Houston était dans la posture de l’outsider à chaque tour de postseason, cette fois c’est l’équipe à abattre. J’y crois pour les Astros (et pas que en tant que fan) qui peuvent décrocher un 2e titre 3 ans. Et ainsi bâtir une dynastie. Mais Il faut absolument capitaliser sur cette génération car la fenêtre va commencer à se refermer petit à petit. 


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