Benjamin Bernard : Commenter à Londres ? La concrétisation d’un rêve !

Durant son week-end à Londres, TSO a essayé de vous faire vivre au mieux les coulisses de ces LondonSeries. Mais au-delà des insides, nos reporters ont aussi profité des trois jours pour rencontrer l’équipe de MLB Extra, Benjamin Bernard et François Mays. Premier rendez-vous aujourd’hui avec la voix du baseball en France, Benjamin, qui a réellement pris le temps de répondre à nos questions. Entretien avec un journaliste très pro mais avant tout passionné par son sport. 

 

TSO : Tout d’abord merci Benjamin de prendre de ton temps pour nous ici à Londres dans un week-end passionnant mais très chargé pour toi. D’ailleurs quel est ton sentiment sur ces London Series justement ?

Benjamin Bernard : Je pense que la MLB sera contente du résultat, le stade était plein, il y avait une belle ambiance à l’européenne. On a eu beaucoup d’encouragement, beaucoup de bruit, ce que l’on ne voit pas forcément dans les stades de MLB. Je garde quelques petites réserves sur le terrain parce que l’on a eu une ou deux blessures musculaires. Je pense notamment que par rapport aux conditions de jeu, au turf, à la profondeur des champs extérieurs, il y aura peut-être quelques modifications pour l’an prochain et le match entre les Cubs et les Cardinals. Mais dans l’ensemble c’était une vraie belle pub pour le baseball.

TS0 : Avec 50 runs en 48 heures et surtout un game 1 de folie…

Sur le premier match des London Series, je dirais que c’est quelque chose que l’on voit peu, c’était absolument hors-norme, ça dépassait l’entendement. Tout ce qui s’est passé ne ressemble en rien à ce que l’on peut voir d’habitude… Le nombre de coups sûrs, le nombre de runs, le nombre de HR, les lanceurs qui craquent complètement des deux côtés… Au final on aurait pu avoir un blow-out, on a eu un match serré. Je pense que c’était une excellente publicité pour le baseball même si la durée du match a pu en repousser quelques-uns car 4h40, ça commence à faire très très long.

TSO : Toi qui as l’habitude de tous les sports us et de ses enceintes, comment as-tu trouvé l’ambiance au London Stadium ?

Franchement c’était génial ! J’ai adoré ! Les Européens se sont mis dans le moule américain en respectant les traditions tout en gardant leur âme de supporter européen. Ils ont chanté, ils ont encouragé comme on peut le voir dans les stades de foot par exemple. Et en même temps quand on a eu « Take me out to the ball game » ou « Sweet Caroline » qui est l’une des traditions à Boston, on voit que tout le monde a participé. Pendant les hymnes aussi il y a eu un respect absolu, les gens enlevaient les casquettes et étaient debout donc pour moi c’était le parfait mixe entre ce qui peut se faire aux Etats-Unis et en Europe. Ça montre aussi qu’il y a de quoi répondre aux attentes des américains qui ont l’habitude de venir ici pour la NFL ou la NBA. Ça peut marcher avec le baseball et ça pourrait marcher à Paris, on a le droit de rêver !

TSO : À titre personnel, commenter un match de MLB au stade en direct, avoir un plateau pour une chaîne française, ça doit être un immense moment ?

On ne va pas se le cacher, c’était la concrétisation d’un rêve, d’années de boulot aussi parce que ça fait des années qu’on a la MLB à BeinSport et qu’on commente tout en cabine. On vit des superbes émotions depuis 2014, j’avais vibré comme pas possible pendant les World Series 2016 avec les Cubs, on a vibré aussi en 2017 quand ça allait en 7 matchs… On vit des émotions et on essaie de les transmettre au mieux mais évidemment on ne peut rien faire aussi bien que si on est présent, comme ici à Londres pour ces deux matchs. On ressent tout ce qu’il se passe, plusieurs fois durant le week-end on a eu les poils qui se sont hérissés tellement c’était extraordinaire, tellement l’ambiance était belle. Pour permettre aux gens qui étaient devant leur TV de vivre le match mais aussi décrire tout ce qui peut se passer en tribunes, on n’est pas mieux placé que lorsque nous sommes aussi dans les gradins ! Sinon nous aussi on rate des choses même si on écoute nos amis américains qui commentent mais on n’a pas le ressenti véritable de la personne qui est au stade. C’était un plaisir, on a des yeux de gosse comme tous les journalistes et spectateurs lorsqu’on voit ce que la MLB a été capable de faire ici. On en redemande et on espère être là l’an prochain pour la deuxième édition entre Cubs et Cards.

TSO : Comment fait-on pour rester concentré à l’antenne pendant 5 heures comme samedi soir, c’est quand même un exercice difficile de tenir aussi longtemps en direct non ?

Alors déjà on boit beaucoup d’eau (il sourit). On essaie de manger des sucres rapides genre des bombons pour garder la pêche ! On raconte plein d’histoires, c’est pour cela aussi qu’on prépare les matchs en amont. Je passe trois à quatre heures à préparer mes matchs avant le first pitch donc si on a un match aussi long que le Game 1 à Londres ça peut faire de très longues journées (rires). Le but c’est d’avoir plein de petites histoires à raconter parce que le baseball fait partie de ces sports où le play-by-play est important mais c’est aussi important d’avoir des petites anecdotes à dire sur les joueurs. Sur un at-bat qui peut parfois durer plus de dix lancers on ne va pas juste dire « ball, prise, ball, prise, etc ». Il faut avoir des petits trucs à raconter et c’est à ce moment-là que le travail préparatoire est important. On essaie aussi d’avoir des petites billes à donner au téléspectateur pour lui permettre d’appréhender mieux le match. Le baseball n’est pas un sport dans notre ADN donc on revient souvent sur les fondamentaux, comment fait-on pour éliminer un joueur, la signification des lettres comme le E, le H, le R, les lettres qui s’allument sur le bat-score etc.

 

TSO : Quel est ton regard sur le baseball tricolore ? Trouves-tu que l’on progresse, que l’on stagne, quelle est ta vision sur notre sport ?

L’énergie est positive. Je trouve que la fédération fait un superbe boulot pour proposer des choses, pour innover. Maintenant comme je disais, le baseball n’est pas dans notre culture donc malheureusement on part d’extrêmement loin. On n’a jamais eu un joueur français en MLB comme Tony Parker qui viendrait ouvrir les portes en grand et donner envie aux gamins de jouer. C’est aussi pour ça que c’est compliqué pour le baseball français d’exister sur la grande scène internationale. C’est compliqué d’avoir des enfants qui commencent le baseball très jeune et qui se disent : ‘’je veux y arriver, je veux performer’’. Il y en a mais le nombre est minime par rapport à ceux qui vont jouer au foot, au rugby ou au tennis. Depuis plusieurs années, les efforts qui sont fait sont bons. Le chemin est tellement long, il va falloir penser à avoir un joueur français qui mettrait ne serait-ce que les pieds en MLB et ainsi de suite étape par étape. Pourquoi pas rêver de l’EDF à la Word Baseball Classic, ce genre de choses. Il faut viser relativement petit mais atteignable avant de viser les sommets et d’avoir comme l’Allemagne un ou deux joueurs en MLB ou les Pays-Bas avec Gregorius. On est derrière pour l’instant mais ça ne veut pas dire que l’on restera derrière éternellement. Pour moi le boulot du côté de la fédération est fait pour que les choses avancent !

 

TSO : Est-ce que tu as un petit conseil pour nous TSO, pour que l’on continue notamment de s’améliorer et progresser ?

Un conseil, pas particulièrement mais un avis oui : continuez comme ça ! Parce que franchement vous faîtes un superbe boulot. Honnêtement je sais à quel point ça peut être compliqué parce que justement le baseball en France… Et bien il n’y a pas grand monde qui suit et arriver à attirer les gens, à leur faire comprendre que c’est un sport qui peut être super sympa, c’est pas évident et vous arrivez à le faire. Vous êtes une équipe de passionnés, pour la plupart ce n’est pas votre métier et pourtant vous alimentez tous les jours votre compte, votre site ou facebook et rien que pour ça je vous tire mon chapeau car franchement ce que vous faîtes c’est vraiment du super boulot !

TSO : Merci beaucoup, c’est très gentil. Dernière question, est-ce que tu as un favori cette année pour les World Series ?

Il y a pas mal d’équipes qui tirent leur épingle du jeu. Si on suit la logique, pour l’instant pour moi les WS ce serait Yankees-Dodgers parce que ce sont deux équipes qui sont quasiment intouchables en ce moment. Les Astros étaient très bien mais ils piochent un petit peu. Si je devais chercher des surprises, en Ligue Americaine je dirais peut-être les Twins parce que ce qu’ils font cette année c’est très très costaud et on sent qu’il y a une vraie belle ambiance dans l’équipe. C’est ce qui fait parfois la différence une fois la postseason arrivée, lorsque les mecs tirent tous dans le même sens. En Ligue Nationale, je ne vais pas être objectif mais si les petits Cubbies pouvaient rééditer ce qu’ils ont fait en 2016 même si c’est une saison pour l’instant un petit peu en dents de scie, je ne vais pas le cacher : ça me ferait plaisir !

TSO remercie chaudement Benjamin qui nous a accueilli les bras ouverts à Londres, d’une disponibilité et d’une gentillesse rare.


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