London Series 2019 : pour une première, quelle première!

« C’est encore mieux que ce que j’imaginais (…) Deux heures avant le premier pitch, on a compté 15,000 personnes en tribune ». Au cœur d’un Match 1 complètement fou, Rob Manfred ne trouvait que des motifs de réjouissance sur l’organisation de ce premier match de MLB en Europe, et nul doute que la deuxième journée de ce week-end londonien n’aura fait que conforter ce sentiment de plénitude. Un temps magnifique, un stade plein et – presque (on y revient) – parfaitement adapté à une configuration baseball, un public bon enfant et vocal qui a assuré l’ambiance, et une organisation sans faille jusque dans moindre détails : quand le savoir faire de la Major League rencontre celui de l’Angleterre, on ne peut qu’atteindre des sommets dans l’organisation d’évènements.

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Le London Stadium – 30 juillet 2019


Le London Stadium

Construit pour les Jeux Olympiques de 2012, le London Stadium est aujourd’hui le domaine de West Ham United, en Premier League. Peu adapté au football, le stade a fait râler depuis plusieurs saisons les supporters des Hammers, qui regrettent encore leur bon vieux Boleyn Ground. En configuration baseball, en revanche, le stade olympique est presque parfait. Sa forme circulaire et son ergonomie permettent une bonne vue du terrain et de l’action depuis tout point du stade.

Son acoustique est superbe, amplifiant les chants et encouragement des plus de 60 000 spectateurs présents sur chacun de ces deux matchs, et ses accès sont larges et nombreux, permettant une entrée et sortie efficace du flux de spectateurs vers le parc olympique, ses nombreux restaurants et cafés, et les deux gares de Stratford qui se trouvent à seulement quelques minutes à pied.

Au niveau de l’offre de restauration, les points de ravitaillement ont été nombreux et parfaitement agencés, avec un mélange de fast-food traditionnel des stade américains (2-foot hot dog, Mac and Cheese, Cracker Jack) et britanniques (Fish & Chips, Strawberries & Cream, Fudge), et des distributeurs de bière et de Pimms arpentant les travées du stade, avec leurs grands sacs réfrigérants sur le dos. Là encore, un sans-faute.

Enfin, le superstore situé sur le parvis du stade et les différents stands de Merchandise situés dans l’enceinte même du stade étaient parfaitement approvisionnés avec une large sélection d’équipements en tout genres, du porte-clés au casque de batteur, en passant par les balles et les maillots des deux équipes. Cela n’a pas empêché l’ensemble des boutiques d’être totalement dévalisées par les milliers de fans sur la route de stade ou du retour, dans une atmosphère parfois proche du chaos.

Alors, pourquoi presque parfait ? On reprochera juste une petite inaptitude structurelle à ce London Stadium version baseball : les poutres métalliques qui soutiennent le toit ont été une source constante de confusion, voire de danger, modifiant la trajectoire de nombreuses foul-balls derrière la batting-box, au risque de retomber à la verticale ou dans un angle totalement inattendu vers des spectateurs qui ne s’y attendent pas.

Terrain et Animations

Pour créer ce terrain, les organisateurs avaient mis les petits plats dans les grands. 340 tonnes de terre importées directement des Etats-Unis, tout comme les clôtures extérieures du terrain, 13000 mètres carres de gazon artificiel amené de France, et des centaines d’ouvriers mobilisés avant, pendant et après l’évènement pour bâtir, finaliser, entretenir et bientôt faire disparaitre cet écrin d’un week-end. Un succès au final, pour un terrain que Brett Gardner a simplement qualifié de « Beautiful » pour clôturer sa conférence de presse avant le Game 2. 

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On peut tout de même s’interroger sur la texture des sentiers, qui semble avoir causé quelques blessures musculaires lors du match 1 notamment, ainsi que sur les dimensions inhabituelles du terrain et l’influence qu’elles ont pu avoir pour générer les scores exceptionnels que l’on a pu voir ce week-end (50 runs en deux matchs, tout de même). Enfin, certains observateurs ont indiqué que l’aérodynamisme du stade pourrait avoir défavorisé les lanceurs, empêchant notamment les balles cassantes de tomber et gardant les balles rapides plus haut qu’elles n’auraient dû l’être. Voilà un casse-tête technique sur lequel la MLB et le London Stadium pourront travailler pour les 12 prochains mois.

Pour ce qui est de faire le Show, en revanche, la MLB a mis les petits plats dans les grands avec un florilège d’animations tirées des différents Ballparks américains. On aura bien entendu pu profiter des grands classiques de Fenway Park (Sweet Caroline, Shipping up to Boston) et du Yankee Stadium (YMCA, New York New York), mais on aura également pu écouter le stade reprendre en cœur « Take me out to the ball game », hymne de Wrigley Field, lors du 7th Inning stretch, ou encore Don’t Stop Believing, une chanson surtout liée aux San Francisco Giants depuis leur victoire lors des World Series 2010.

Et pour ce qui est du protocole et des animations terrain, on aura également vu et vécu du très lourd. Des cérémonies d’avant-match de très belles factures avec des hymnes américains et anglais à donner la chair de poule, Prince Harry et Megan Markle pour représenter la famille royale, des stars à foison, et des grands classiques des ballparks américains : entre la Kiss Cam et l’arbitre quittant son poste pour une danse endiablée sur la première base, on aura pu suivre la « Course de métros » chère au Yankee Stadium, le « Beat the Freeze » habituellement observé au Suntrust Park des Atlanta Braves, ou encore une course de mascotte similaire à la President’s Race des Nationals, avec comme candidats quatre icones du Royaume Uni : Le Monstre du Loch Ness, Henry VIII, Winston Churchill et Freddie Mercury.

On y ajoute les fameux « orgues » et musiques d’ambiances pour les moments chauds du matchs, les musiques d’entrée pour chaque joueur et un Public Announcer au top, et on aurait pu se croire dans le trente-unième Ball Park des Etats Unis, pour une expérience aussi authentique qu’éclectique lors de cette visite express de la culture baseball américaine.

Verdict

Vu des coulisses, ces London Series semblaient organisées à la perfection, parfaitement gérées et superbement coordonnées pour le plaisir des 120 000 spectateurs présents tout au long du week-end. Il est peut-être un peu dommage que les transports londoniens n’aient pas su anticiper l’éventualité d’un match marathon comme l’on a pu voir samedi soir, forçant de nombreux fans à quitter le stade avant le terme du match, mais à part ça, nous n’avons vu que des sourires autour de nous, dans une atmosphère incroyablement joyeuse et bon enfant.

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D’un point de vue inside, et malgré quelques petits soucis logiques pour une première de cette dimension, l’expérience fut absolument somptueuse et je suis impatient de revenir au London Stadium l’an prochain, en tant qu’accrédité ou en tant que spectateur.  Et en parlant d’experience spectateur, Marion, présente au London Yards de Londres samedi, puis en tribunes dimanche en tant que fan des Yankees, vous décrira sa Fan Expérience au Parc Olympique dans un prochain article !


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