Les 10 plus belles saisons d’un pitcher au XXIe siècle

Partie II / De la 5e à la 1e place

Après avoir reçu des curves, fastballs ou changeups par dizaine la semaine dernière dans la première partie de notre « top 10 » des saisons lancées post 2000, TSO revient avec ce qu’il s’est fait de mieux depuis près de 20 ans. Attention les yeux, âmes sensibles s’abstenir. Ici, on rentre clairement dans le domaine du mythe. Après la première partie de ce « modern ranking », la cour des légendes ouvre ses portes avec son top 5. Bienvenue dans un récit à mi-chemin entre fiction et réalité tant ces saisons ont été surhumaines. Voici l’histoire des plus belles moissons sur la butte des deux dernières décennies.

#5 / Justin Verlander – Detroit Tigers 2011

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Randy Johnson – Arizona DiamondBacks 2002

J’avais d’abord écrit un paragraphe entier sur cette saison 2002 monstrueuse de « The Big Unit » avant de l’effacer totalement pour le remplacer par la saison 2011 historique ponctuée par un doublé MVP – CY de Verlander. Puis après m’être ravisé, je supprimais alors mes dernières lignes sur J V pour en taper de nouvelles sur Randy Johnson. Mais le doute persistant, je finissais par finalement opter définitivement pour la légende de Détroit… avant d’hésiter une nouvelle fois. Afin de préserver au mieux la santé mentale de votre serviteur et d’éviter de finir complétement bipolaire j’ai donc décidé de placer ces deux saisons… à égalité.

Car les chiffres se ressemblent énormément d’abord. Une moyenne à 2.40 (record en carrière) pour Verlander, 2.32 pour Johnson (plus basse depuis 1997). Ensuite parce que tous deux ont marqué au fer rouge ce siècle avec leurs 24 victoires chacun. Une performance MAJUSCULE jamais rencontrée ailleurs au XXIe siècle. Seul notre binôme de la 5e place a dépassé les 23 victoires en près de deux décennies. Et c’est évidemment un record personnel pour chacun d’eux.

Enfin alors que Verlander a atteint les 250 Ks, son 3e meilleur total, le HOF a lui sorti de son gant 334 Ks lui ouvrant les portes d’un 4e CY consécutif. Un exploit que seul Greg Maddux avait réalisé auparavant. Surtout il s’agissait alors de son 5e CY faisant de lui le pitcher le plus titré de l’histoire derrière Roger Clemens. Pour J V, on l’a dit, un doublé dingue MVP – CY que seuls 8 lanceurs avant lui ont accompli. Il faut dire qu’en terminant 1e en wins (24-5), ERA (2.40), WHIP (0.920), strikeouts (250), innings (251.0) et WAR (8.4), le natif de Virginie avait plutôt bien assommé la concurrence.

On termine en rappelant que les deux aces ont évidemment remporté la Triple Couronne ces deux saisons. Tout simplement impartageables.

Les chiffres :

JV : 24-5, 2.40 ERA, 250 Ks, 1e en Wins, ERA, Ks, IP, Whip, War, BAA, Games Started, AL CY, AL MVP et Triple Crown

Big Unit : 24-5, 2.32 ERA, 334 Ks, 1e en Wins, ERA, Ks, Complete Game (8), IP et K/9 IP, NL CY et Triple Crown

 #4 / Clayton Kershaw – Los Angeles Dodgers 2014

Lorsque CK prendra sa retraite, il pourra tranquillement s’inviter à la table des plus grands lanceurs et regarder dans les yeux un Pedro Martinez, Greg Maddux, Tom Seaver ou Jim Palmer. Oui CK est clairement dans le jeu pour un top 10 All Time. Et très honnêtement il n’est pas loin d’être le plus grand lanceur du baseball moderne. S’il est dans le débat c’est notamment grâce à ses incroyables saisons envoyées depuis 2010.

2014 est sans conteste LA saison du « Kersh ». 2014 est ce genre de récolte qui vous fait passer dans une autre dimension et vous ouvre un club très fermé. Celui des SP qui peuvent afficher un doublé CY – MVP sur le cv. Il est le 10e et dernier homme à l’avoir réalisé. Il y a 4 ans le triple CY dépose une cuvée pour les cavistes, établissant 21 victoires (record en carrière) pour 3 petits « L » (record en carrière). Sa moyenne chute à 1.77 (record en carrière à l’instant T) et son whip à 0.86 (record en carrière à ce moment). Il mène les Majors en victoires, ERA, FIP, WHIP et WAR. Le tout en ayant raté les 31 premiers matchs de ses coéquipiers.

Il ne dispute ainsi que 27 matchs au lieu des 33 habituels. Sur ses 27 starts, L.A. en remporte 23 dans le sillage de son ace qui présente 24 départs de qualité. 24 sur 27. Une dinguerie. Seul un seul match voit le #22 des Dodgers encaisser plus de 3 runs. Par contre il strikeout 10 frappeurs ou plus dans 7 rencontres ! Le 18 juin, il lance l’un des no-hitter les plus dominants de l’histoire avec pas moins de 15 Rockies effacés sur « K ».  Sa seconde moitié de saison sera tonitruante avec une fiche de 19-2 et une ERA à 1.43. Sans conteste LA plus grande saison d’un géant.

 

Les chiffres : 21-3, 1.77 ERA, 10.8 SO/9, 0.857 WHIP, 1.81 FIP, 7.71 SO/W, 1e à l’ERA, Wins, FIP, Whip, WAR, NL Cy Young et MVP

 

Bon. Respirez un bon coup car vous allez retrouver un top 3 absolument DANTESQUE mes amis. Voici trois saisons qui auraient leur place non pas dans un vulgaire top 10 du 21e siècle mais bel et bien dans un top 10… All Time ! Préparez vos bâtons car les aces arment leurs bras…

 

#3 : Pedro Martinez – Boston Red Sox 2000

CP : The Boston Globe

Sorti d’une saison 99 exceptionnelle ponctuée notamment par un 2e CY et d’une Triple Crown au rayon palmarès, Pedro Martinez entame le 21e siècle comme il l’a laissé le 20e. En Alpha.

Sa saison 2000 lui permet d’obtenir un bilan de 41 victoires empochées tout au long des deux années 99-00 avec sur la route un ‘petit’ pécule de 600 « Ks » amassé.  99-2000 est LA période dorée du Dominicain. Pour ouvrir ce nouveau millénaire, Pedro Martinez débloque une moyenne en-dessous des 2.00 à 1.74, une marque atteinte pour la dernière fois en American League il y a alors 22 ans par Ron Guidry (NYM).

Oui Martinez a bien passé le cap de l’an 2000, merci pour lui. Son millésime est étiqueté « exceptionnel ».  Jusqu’en juin, son ERA est à 1.00 et ne grimpe à 1.50 qu’une fois le mois d’août touchant à sa fin. Ses performances sont d’une régularité sans nom. 29 départs dont 25 labélisés « Quality Start ».  Il déglingue 10 frappeurs ou plus par retraits sur prise à 15 occasions. Avec un match à 17 Ks et un petit-frère à 15 Ks, Martinez est rarement touché comme le prouve son très faible nombre de hits alloués (128 en 217 manches). Pour les matheux qui se demandent si leur calculette fait des siennes, rassurez-vous. On arrive bien à 5.31 hits pour 9 manches soit la 3ee plus faible marque de l’histoire de la MLB.

En découle forcément un whip exceptionnellement ridicule (0.737). Tout simplement le plus faible depuis le début des années 1900 l ! Il n’y a pas à dire, cent ans plus tard, Pedro a fait du Martinez pour souhaiter un joyeux millénaire à toute la planète baseball.

Les chiffres : 18-6, 1.74 ERA, 284 strikeouts, 4 shutouts, 291 ERA+ (record depuis la modern era), 5.3 hits per nine, 0.737 WHIP (record MLB), AL Cy Young

 

#2 Randy Johnson – Arizona DiamondBacks 2001

En 1973, Nolan Ryan établi un record historique qui tient toujours avec 383 strikeouts dans la musette en 326 manches lancées. 28 ans plus tard, Randy Johnson s’approche à 11 petits « Ks » de la marque en moins de… 250 manches.

Avec 90 manches en-dessous de Ryan, « The Big Unit » ramasse 372 « K ». Une pure folie ! Un ratio de 13.6 retraits sur prise toutes les 9 manches ? Chez les starters, c’est évidemment une marque record pour l’éternité.

Chaque mois de cette saison 2001 voit au moins 60 hitters retirés sur un swing dans le vent par le quintuple Cy Young. Le géant de Californie rince tout le monde avec pas moins de 23 matchs à 10 strikeouts ou plus. On ne devient pas la 2e machine à « K » de l’histoire du baseball (4875 en carrière) sans ce genre de saison complétement folle. Aucun gaucher ne lui résiste, et un seul arrive à lui frapper une balle par-dessus la clôture. En 2001, le HOF déclenche 3 matchs à 16 Ks, 4 à 14 Ks et évidemment un à 20 pour les historiens contre les Reds le 8 mai. Puis il y a aussi cette « immaculate inning » (NDLR : 9 lancers pour 3 SO en une manche) expédiée comme un animal fin août face aux Pirates.

Mais le plus fou reste à venir. Après avoir branché la clim toute l’année pour rafraichir les batter’s box, Johnson active le mode « gros froid » et gèle les meilleurs bâtons… en play-offs ! Oui Randy est clutch non pas qu’en saison régulière mais bel et bien une fois le bal d’octobre ouvert.

Sa postseason est incroyable. Cinq victoires, une défaite, une moyenne de 1,52 et surtout 3 victoires en World Series dont le Game 7 décisif. Lors des « Fall Classic », en 17.1 manches de la série contre les Yankees, il ne laisse que des miettes avec 9 hits, 2 runs mais surtout 19 Ks. Il décroche évidemment le titre de MVP qu’il partage avec son coéquipier Curt Schilling.

Au 21e siècle, seuls 3 autres lanceurs ont réussi à grimper tant bien que mal jusqu’au plateau des 300 Ks. Le club réunit Kershaw, MadMax et Sale. Aucun n’a dépassé les 308 unités. Du sommet de l’Everest, Randy Johnson regarde la concurrence restée au camp de base et attend toujours les trois autres alpinistes bloqués au camp 4 des 300 Ks. Dans son domaine, « The Big Unit » est seul au monde.

Les chiffres : 21-6, 2.49 ERA, 372 strikeouts, 2.13 FIP, 13.4 SO/9, 5-1 postseason record, NL Cy Young, World Series MVP

#1 / Jake Arrieta – Chicago Cubs 2015

« One season for the ages ». De mon vivant, je n’ai jamais vu une telle domination sur la butte. Je me souviens de cette impression d’irréel laissée par un Arrieta absolument dantesque pendant l’été 2015, approchant la perfection et devenant intraitable pendant trois mois. À cette époque, Jake Arrieta est tout simplement inhumain. Si son ERA sur les 6 mois d’avril à septembre pointe seulement à 1.77 (la plus faible pour un starter des Cubbies depuis 96 ans tout de même !), c’est bien sa deuxième partie de saison qui rentre directement dans les livres d’histoire. En fait, Jake Arrieta a tout simplement été le plus grand starter de l’histoire post All-Star Game. En 115 ans de baseball, jamais personne n’avait obtenu 0.75 d’ERA sur une seconde moitié de saison. Seul Roger Clemens était descendu sous les 1.00 à 0.97 d’ERA après la pause de juillet, mais aucun homme n’a jamais gravité dans la galaxie atteinte par Arrieta il y a trois ans. Jake lance 31 matchs cette année-là. Ses 20 derniers sont des « Quality Starts ». Je vous le donne dans le mille ? C’est du jamais vu.

De cette époque, je me souviens cette sensation où absolument rien ne pouvait lui arriver, où aucun frappeur ne pouvait l’atteindre. Le plus impressionnant étant qu’il le fit sans envoyer du « K » à gogo avec un peu plus d’un strikeout par manche seulement. Mais aucun frappeur ne pouvait maîtriser le mouvement de sa sinker, la puissance de sa slider ou la folle trajectoire de sa courbe. Arrieta volait, littéralement, au-dessus des hitters. Les historiens de la MLB ne peuvent toujours pas expliquer le chef d’œuvre du « Snake ».

Du 4 août au 2 octobre, le barbu sort 12 apparitions en encaissant 0 point à 9 reprises, laissant 3 matchs à 1 run et un seul à 2 points. Son bilan sur la période est de 11-0 avec 0.41 d’ERA en 88 manches avec un no-hitter dans le lot ! Le point culminant d’une saison hors du temps pour passer du statut de spot 2 à ace en quelques mois. Puis d’ace à Cy Young en un été. Depuis que le monticule a été abaissé en 1969, aucun lanceur n’a réussi à maintenir une domination aussi outrageuse pendant deux mois. Jake Arrieta si. Et pour cette raison il restera toujours dans les annales. Et quelque part dans ma mémoire.

Les chiffres : 22-6, 1.77 ERA, 12-1 avec 0.75 ERA sur la deuxième moitié de saison, MLB leader en wins, complete games (4) et shutouts (3), NL Cy Young.

 

J-Sé Gray : “In Billy Beane we trust”

 


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