Autant le dire d’entrée, c’est tout sauf une surprise. Los Angeles en Championship Series, voilà une image que l’on a maintenant l’habitude de voir. Pour la 4e fois en six ans, les Dodgers joueront donc le titre en National League. Et pour le marché californien, tout autre résultat qu’une victoire serait synonyme d’échec. Après les Brewers de Milwaukee hier, TSO prend la tangente, direction l’ouest américain.
« Cette saison n’a pas été facile pour nous. Nous parlions d’avoir probablement le pire bilan en avril, et maintenant, nous sommes en National League Championship Series pour la troisième année consécutive ». Kenley Jansen
Hangover mais revanchards
Il n’y a qu’à écouter Kenley Jansen parler pour comprendre comment ce match 7 des World Series 2017 perdu contre Houston a parasité toute la saison des Dodgers. À travers un combo frustration, blessures, résultats en dents de scie, Los Angeles a dû s’arracher pour aller chercher sa division lors d’un improbable ultime rendez-vous au… 163e match !
Mais voir le sextuple vainqueur de la National League West encore au rendez-vous est la norme et non un coup de théâtre, ne l’oublions pas. Los Angeles étrenne son costume XXL de favori depuis des années et force est de constater que l’équipe est en phase de faire taire bon nombre de détracteurs suite à sa saison passée la tête à l’envers façon « Very Bad Trip ».
Oui L.A. a eu la gueule de bois (trop) longtemps. Oui l’équipe a eu un mal fou à cuver son échec passé en World Series. Mais cette franchise est construite pour octobre et rien d’autre. Et aux forceps, la bande à Dave Roberts est revenue, comme toujours. Reconnaissons leur ce trait de caractère à défaut de louer une qualité de jeu évidemment en deçà des attentes (12 victoires de moins qu’en 2017).
Une attaque en berne, une rotation en feu
Mais si les “gars en bleu” sont présents au banquet des Championship Series, toutes les inquiétudes ne sont pas levées pour autant. Le lineup n’a frappé que pour .210 en Divisions Series. Trop peu pour espérer contrer la puissance des Brewers. Heureusement pour la franchise californienne, la rotation, elle, a assuré postant 2.06 d’ERA avec un bullpen pouvant regarder yeux dans les yeux celui du Wisconsin en ne concédant qu’un petit run en 10 manches. Et quel meilleur exemple de ce bullpen retrouvé que Jansen lui-même, très peu dans son assiette cette saison (3.01 ERA, pire bilan en carrière) ? Trop loin de son niveau passé, le reliever de l’année 2016 & 2017 s’est remis à l’endroit.
Un hit concédé contre un ‘K’ envoyé pour prendre le save lors du Game 2 (3-0), 2 ‘Ks’ pour fermer la porte lors du G4 et envoyer son équipe au tour suivant. Le natif du Curaçao semble avoir enfin digéré son blues post World Series.
Quant aux starters, pour la première postseason depuis longtemps, ils débarquent au complet sans pépins. Hyun-Jin Ryu a dominé Atlanta pendant 7 manches et l’ace Kershaw n’a laissé que deux hits en 8 IP lors du second match. Buehler a lui aussi laissé des miettes (2 petits hits seulement en 5 manches). Bref la rotation, elle, a pris le relai pour soulager sa défense. CK va démarrer la série et sera sans doute suivi par Buehler pour permettre au coréen Ryu de prendre la balle au Dodger Stadium où il affiche 1.15 ERA cette année.
Un seul objectif : le titre
On n’est pas l’un des plus gros marchés du sport professionnel sans viser le titre. Les Dodgers n’ont qu’une seule obsession : ramener le graal au public du Dodger Stadium, 30 ans après le sixième et dernier sacre californien.
Les David Freese et Manny Machado acquis durant la midseason ont tous deux posé leurs crampons dans la Cité des Anges pour ça et les deux garçons ont d’ailleurs déjà rentabilisé leurs transferts lors des NLDS. L.A. est une bête blessée, on l’a dit, et peut démonter n’importe quel adversaire à tout moment. Les 8 HR en 4 matchs face aux Braves sont là pour nous rappeler que les gros bois peuvent vite cogner.
Au delà de la puissance du roster, retenons aussi l’expérience globale du groupe qui en fait sans conteste l’un des effectifs les plus habitué des matchs couperets de postseason. Bref, si certains étaient encore pessimistes, L.A. est bien dans le dernier carré MLB avec une confiance en soi énorme à l’image d’un Yasiel Puig toujours aussi provocateur devant un micro .
Le facteur X : Cody Bellinger

Le National League Rookie of The Year 2017 a connu une seconde année plus délicate. C’est souvent le cas pour ces fameux « sophomore player » et à l’image du reste de la bande, Belli a été en retrait cette année, frappant 14 longues balles et 21 RBI de moins que lors de son exercice précédent inoubliable. Mais le souci c’est qu’en Division Series, Cody n’a pas frappé une seule fois la balle en 11 passages au marbre. Avec 0.00 de moyenne, le gamin de l’Arizona est en grande partie responsable de la moyenne au bâton très faible de son équipe. Certes il a marché au premier but à 4 reprises, volé deux bases et même inscrit un run. Mais personne n’est dupe et encore moins le principal intéressé qui sait pertinemment qu’il doit hausser son niveau dès le tour suivant. Il en va de l’avenir des Dodgers dans cette saison d’automne.
« Je veux mieux frapper qu’actuellement, mais je ne suis pas inquiet par rapport à ça parce que je sais que je vais commencer à toucher la balle ».
Cody Bellinger
La clé du matchup : L’attaque
C’est pour moi la clé de la série. Si Milwaukee arrive à conserver Los Angeles à une moyenne plus proche des 20 que des 30% alors les supporters californiens ont du souci à se faire. Bellinger n’a pas touché en 11 at-bats, Grandal a réussi un HR sans réussir un contact sur ses 12 autres venues face aux pitchers et le trio Muncy, Machado, Hernandez a réussi un pauvre 5 sur 40 au tour précédent.
Avec 5 sluggers en dessous de .183, comme ce fut le cas face à Atlanta, Los Angeles ne pourra pas espérer tenir face aux Brewers. Tout le monde doit revenir aux béaba du baseball, observer la fenêtre de tir où la balle quitte la main du pitcher adverse, garder l’œil sur cette dernière et surtout, surtout… la frapper. Le destin des « Bleu et Blanc » passent par là. L’autre option en cours de série est d’envoyer le frappeur gaucher Chase Utley en pinch-hitter histoire de contrer les bras droits de l’enclos des Brewers.
La lumière viendra des batteurs. Pour espérer retrouver les WS et enfin panser les plaies de l’an passé, Los Angeles doit suivre les métronomes des National League Division Series Justin Turner (.357 avg) et la grande gueule Puig (.333). Quitte à cogner moins fort mais plus souvent. Alors Los Angeles pourra réaliser le back-to-back en Séries Mondiales comme les Royals (2014-15). Eux aussi avaient perdu en 7 la première année. On sait tous comment s’est terminée l’histoire…
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