Pour cette cuvée 2018, les Championship Series en National League nous offrent une affiche totalement inédite hors saison régulière. Pour la première fois de l’histoire, Brewers et Dodgers s’affrontent donc en automne dans une série au meilleur des 7 matchs afin de remporter le Pennant de National League et surtout s’ouvrir les portes des World Series, dernière marche vers la gloire éternelle.
Autant le dire de suite, je vois une série très disputée, des rebondissements et un momentum passant d’un camp à l’autre aussi rapidement qu’une fastball. Premier arrêt aujourd’hui dans le Wisconsin avec un zoom sur les Brewers de Milwaukee.
Une fin de saison canon
Si « tous les chemins mènent à Rome », c’est bien une voie rapide qu’ont empruntée les hommes de Craig Counsell pour rallier la dernière marche de National League. Derrière les Cubbies début septembre, « The Brew Crew » a posé un mois de septembre à 19-9 pour passer par le péage « Game 163 » avant de filer sur l’autoroute des Division Series.
Aujourd’hui aucune équipe n’est plus en feu que les Brewers qui restent sur 11 victoires consécutives incluant un sweep des Rockies durant lequel Colorado n’a inscrit que 2 petits runs restant « fanny » 27 manches… sur 28. Ça place la perf des « Brasseurs ».
Un pitching staff sans aces mais homogène
Si le pitching staff des Brewers a été impressionnant en 3 matchs, il est certain que la donne ne sera pas la même sur une série en 7. Pendant que L.A va abattre sa carte « Clayton Kershaw » que l’on ne présente plus, Milwaukee va donc devoir répondre avec l’ensemble de son pitching staff qui ne comprend pourtant aucune « star ». Il est déjà certain que Kersh’ lancera le game one de façon à pouvoir revenir une fois, voire deux, dans la série.
Pour l’affronter, Counsell devrait choisir Chacin et sa terrible slider. Le Vénézuélien reste la seule option ‘safe’ de Milwaukee, ayant été le seul starter à tenir son spot à chaque tour cette saison (15-8, 3.50 ERA et un record en carrière de 1.163 WHIP).
Le #45 des Brewers n’a pas concédé plus de trois runs sur ses douze derniers départs dont cinq manches blanches sur le Game 2 des NLDS. Mais attention ! Si Chacin est dans la forme de sa vie, il ne faut pas oublier que ce sont bien les Dodgers qui l’ont brutalisé pour la dernière fois début août avec 9 runs dans la gueule en 4 manches pour une gifle 21-5. Ce soir là le starter des Californiens était un certain… Clayton Kershaw. Il faudra donc surveiller à ce que Chacin ne se mette pas la tête dans le sac au premier hit encaissé… Dans le baseball, les souvenirs remontent comme des fantômes parfois très vite (demandez donc à David Price et son joli 0-9 en play-offs ce qu’il en pense…).
Quant à la suite ? Milwaukee peut envoyer un « opener » type Brandon Woodruff (3 hitless innings contre Colorado) ou un autre starter comme Miley ou Gonzalez en s’appuyant très vite dans la rencontre sur un réservoir incroyable dans l’enclos façon Cleveland 2016.
Un bullpen intraitable
Si Milwaukee ne fait plus rire personne, c’est aussi grâce à ce bullpen complètement intouchable depuis septembre. Sur la période, « The Crew » affiche d’ailleurs la meilleure moyenne collective des relievers (1.89 ERA). Presque un point de moins que le reste des franchises. Si le gaucher Hader (2.43 ERA) et le droitier Jeffress (1.29 ERA) ont été les deux options principales cette saison, c’est bien Corey Knebel qui revient au sommet empochant même le NL Reliever of the Month en septembre. En 19 innings depuis son retour de Triple-A, le natif du Texas n’a laissé que des miettes aux sluggers enchaînant les « swing and a miss » comme des perles. Les stats ? 66 frappeurs, 37 strikeouts, 5 hits et surtout zéro run encaissé. Circulez, il n’y a rien à voir. Arrivé cet été, Joakim Soria est la 4e pierre de cet édifice qui a permis aux « Bleu, Blanc, Or » de réussir le premier sweep en postseason de son histoire.
Le facteur X : Corbin Burnes
Il y a un an Burnes décroche le titre de « Brewers Minor League Pitcher of the Year » après une grosse saison à Bilowi en Double-A. Dimanche dernier, dans le G3 des NLDS, le gamin réussi à protéger une avance de 4-0 dans le money time en 7e et 8e de façon à préserver le bullpen en vue de la suite. Il ne fait aucun doute qu’il aura à terme sa place dans la rotation des Brewers mais pour affronter ces Dodgers, Burnes sera une pièce essentielle de la relève. Si Milwaukee réussit à faire souffler quelques innings à ses relievers grâce à des futurs starters comme Burnes (7-0 à chaque fois en relève, 2.61 ERA), alors le Wisconsin a une réelle chance de voir ses premières World Series depuis 1982.
La surprise : Erik Kratz
On le sait, pour aller loin en postseason, on a toujours besoin d’une bonne surprise. Cette année, le lapin sorti du chapeau se nomme Erik Kratz. À 38 balais, Kratz est la surprise mais aussi la belle histoire puisqu’il dispute tout simplement ses premières séries éliminatoires. Quelque part, le catcher marque l’histoire puisqu’il est le plus vieux joueur à démarrer un match d’automne pour ses débuts en PO depuis 113 ans et Lave Crozz alors aux Athletics… de Philadelphia. Un autre temps. Débarqué de l’organisation des Yankees en mai dernier (Triple-A), Kratz dépose .634 d’OPS en 219 apparences dans la boîte pour les Brewers cette saison.
Mais c’est bien sur cette série face aux Rockies que le gaillard a impressionné. Après avoir collecté seulement 5 hits dans le grand show en 2015, 8 en 2016 et 2 l’an passé, Kratz a frappé 5 fois en 2 matchs de play-offs incluant un 2 run-single lors du game 2 et un double sur le G3. De quoi faire de lui un MVP « non officiel » des Division Series en attendant un titre plus officiel cette fois en Championship Series ?
Le MVP : Christian Yelich
En affichant .770 de slugging depuis le All-Star Break avec un mois de septembre irréel (deux cycles) et passant à deux HR et un RBI de la Triple Couronne, Christian Yelich s’est placé naturellement comme un favori au titre de MVP. Mais peut-être encore plus important, il s’est installé comme le guide spirituel des Brewers. Yelich a laissé derrière lui l’image du joueur au fort potentiel pour endosser la snap du leader ultra clutch et décisif. 3 hits lors du tie-breaker, 2 run-homer pour entamer les Divisions Series, le #22 a ensuite été victime de la crainte des lanceurs des Rockies qui le firent marcher au premier coussin à six reprises. Pour vaincre des Dodgers expérimentés, Yelich devra emmener son équipe à une hauteur sans doute encore inconnue.
Dans son sillage les tauliers devront aussi se mettre au diapason. On pense au gros bâton de Jesus Aguilar (35 HR, 108 RBI) bien trop discret jusque-là ou à la régularité disparue de Lorenzo Cain. En grande difficulté en NLDS (0-10 avant son premier hit sur le match 3), le MVP des ALCS 2014 sort pourtant d’une saison régulière en mode métronome à .308 de moyenne, 5e joueur de National League.
Si Yelich emmène Aguilar et Cain derrière lui, que la success story Kratz se poursuit et que la relève à 4 têtes (Hader, Jeffress, Knebel, Soria) continue de broyer les battes adverses pendant que le jeune Burnes sort un ou deux matchs à 2 innings blanches, alors oui, le Miller Park sera sans doute pas loin d’ouvrir ses guichets pour « The Fall Classic »…
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