Le blockbuster de l’intersaison. Les Angels pensaient avoir réalisé le gros coup de la offseason en signant la superstar japonaises Shohei Ohtani. Erreur. Les Yankees, partis favoris à la signature du Babe Ruth nippon mais finalement écartés à la surprise générale, n’ont pas tardé à répliquer en signant le MVP de la National League, auteur d’une remarquable saison à 59 homeruns, Giancarlo Stanton.
Et depuis, le futur lineup des Bronx Bombers, les déjà bien nommés, donne le tournis : Gardner, Judge, Stanton, Sanchez, Gregorius, Bird, Hicks, Torreyes, Headley. Sans compter les Frazier, Torres et Andujar qui frappent à la porte et pourraient éclore en 2018. On s’attend à une foire aux homeruns du côté du Yankee Stadium et des records pourraient tomber. Du coup, l’hystérie médiatique autour de ce trade, couplé au fabuleux potentiel des Baby Bombers issus du farm-system, amène une question à se poser aussi superficiellement (pour faire parler) que naturellement (parce que ce lineup en impose) : est-ce le retour du Murderers’ row ?
Will these @Yankees make history? pic.twitter.com/e2ngwtTn8o
— MLB (@MLB) 11 décembre 2017
Le Murderers’ row, kezako ? Il s’agit de l’incroyable équipe des Yankees de 1927 que beaucoup considèrent comme la plus grande équipe de tous les temps. Pour être plus précis, c’était le haut du lineup qui était surnommé le Murderers’ row, un haut de lineup sans égal en termes de talent. Dans l’ordre : Earle Combs, Mark Koenig, Babe Ruth, Lou Gehrig, Bob Meusel et Tony Lazzeri. Les connaisseurs savent que cette addition est juste incroyable.
Babe Ruth est le meilleur joueur de tous les temps et il frappe, cette année-là, son record de 60 homeruns en une saison, établi en 154 matchs. Lou Gehrig, The Iron Horse, est également l’un des plus grands noms de l’histoire du baseball et obtiendra le titre de MVP au nez et à la barbe du Bambino cette saison-là. Combs et Lazzeri sont également deux membres du Hall of Fame. Mark Koenig et Bob Meusel ne sont pas des résidents du Temple de la Renommée mais représentent des joueurs stars à l’époque. Meusel finira d’ailleurs sa carrière avec une moyenne de frappe de .309. C’est dire son talent à la batte !
Pour vous donner une idée de la puissance et de la constance de ce Murderers’row, il suffit de lire les moyennes à la batte, le nombre de homeruns frappés et les points produits par chacun :
– Earle Combs .356 / 6 / 64
– Mark Koenig .285 / 3 / 62
– Babe Ruth .356 / 60 / 164
– Lou Gehrig .373 / 47 / 175
– Bob Meusel .337 / 8 / 103
– Tony Lazzeri .309 / 18 / 102
Stratosphérique !

On ne reverra plus de telles lignes de stats et encore moins dans un même lineup. Chez les Yankees, Gregorius a obtenu la meilleure moyenne de frappe de l’équipe avec .287, loin des .373 de Gehrig. Judge a frappé 52 homeruns mais n’a produit « que » 114 RBI, loin des 175 du même Gehrig ou des 164 du Babe. Avec ces 59 longues balles et ces 132 RBI, Stanton s’est un peu plus rapproché des meilleures stats du Murderers’ row mais avec moins de constance (.281). Clairement, le Murderers’ row est au-dessus de tout.
Sans compter que les autres frappeurs ont répondu présents et que la rotation était tout aussi impressionnante, comptant en autres deux futurs Hall of Famers Herb Pennock et Waite Hoyt. On comprend la saison à 110 victoires pour cette équipe qui se permettra de sweeper une puissante équipe des Pirates de Pittsburgh en World Series.
Il sera moins difficile pour les Yankees de 2018 de suivre le rythme statistique des autres grandes équipes de la franchise. Il y a celle de 1939 (106-45) avec le Fearsome Four composé de Joe DiMaggio, Bill Dickey, George Selkirk et Charlie Keller, ainsi que le lanceur Lefty Gomez. Puis, l’équipe de 1961 (109-53) avec les M&M’s Boys, Mickey Mantle et Roger Maris, qui vont offrir une course aux homeruns légendaire pour battre le record de Babe Ruth (Roger Maris y parviendra avec 61 homeruns mais en 162 matchs). L’équipe compte aussi Yogi Berra et le lanceur Whitey Ford.
Enfin, les Yankees de 1998 (114-48), la seule à contester le titre de meilleure équipe de tous les temps à leurs homologues de 1927. C’est l’équipe de la Nouvelle Dynastie, construite autour de joueurs formés par la franchise, le Four Core : Derek Jeter, Jorge Posada, Mariano Rivera et Andy Pettitte. Une liste à laquelle il faut ajouter Bernie Williams, Paul O’Neill ou Darryl Strawberry.
Les points communs entre ces équipes ? Plusieurs frappeurs à plus de .300, une équipe qui frappe des homeruns en masse, un pitching staff solide, et de futurs Hall of Famers dont au moins un au sein des lanceurs. Chacune de ses équipes ont également remporté les World Series, enchaînant d’ailleurs plusieurs titres sur une décennie. Les Yankees de 2018 auront-ils tous ces éléments pour rivaliser avec le Murderers’ row, le Fearsome Four, les M&M’s Boys ou le Cour Fore ?

Cependant, il faut relativiser. Le jeu a changé et il est difficile d’aligner exactement les mêmes lignes de stats qu’en 1998, 1961, 1939 et 1927. Judge a montré que, malgré un nombre de strikeouts élevés, faisant baisser sa moyenne de frappe, il restait un frappeur constant, puissant, très productif et contrebalançant ses retraits sur prise par de nombreux buts sur balle, lui donnant une présence sur base élevée. D’une manière générale, les Yankees de 2017 ne sont pas très loin des standards de leurs glorieux aînés, à l’exception de 1927. Il manque un petit quelque chose pour basculer dans cette dimension mythique au niveau offensif. Ce petit quelque chose pourrait être Stanton.
De plus, malgré de nombreux points communs, chaque génération exceptionnelle des Yankees a eu ses spécificités, ses propres dynamiques. Le défi à venir des Pinstripes est de gagner avec une jeune génération aux commandes, là où leurs prédécesseurs bénéficiaient d’un mix équilibré entre stars expérimentées et jeunes talents. D’où l’importance pour les Baby Bombers de 2018 de compter sur des joueurs d’expérience comme Brett Gardner et CC Sabathia, vainqueurs des World Series en 2009. Et, il faudra un pitching staff encore meilleur que la saison 2017 pour espérer une saison à plus de 100 victoires et dominer toutes les équipes jusqu’aux World Series.
Même si l’idée de vanter un nouveau Murderers’ row ou un nouveau M&M’s Boys (avec Judge et Stanton dans les rôles de Mickey Mantle et Roger Maris) est séduisante, elle reste surtout un coup marketing et médiatique. Les Baby Bombers ont encore tout à prouver. Brian Cashman a construit une équipe pleine de promesses mais pourra-t-elle dépasser les 100 victoires ? Sans compter que de nombreuses équipes à plus de 100 victoires n’ont jamais concrétisé leur domination de saison régulière en postseason. Leurs empreintes dans l’histoire de la MLB vit à l’ombre des équipes mythiques des Yankees, de la Big Red Machine de 1976 ou des Orioles de 1970, qui ont su dominer leur sujet de l’Opening Day au dernier retrait des Séries Mondiales.
Il est certain que l’attente des fans Yankees est à la hauteur de la question. Ils veulent une équipe qui gagne mais aussi une équipe qui marque l’Histoire du baseball, comme seuls les Yankees ont su le faire avec tant de panache et de talent. Et que les Judge, Severino ou Sanchez inscrivent leurs noms aux côtés des Ruth, Gherig, Mantle, DiMaggio et Jeter au Panthéon du baseball.
BREAKING NEWS: Boston Red Sox enhance the green monster to prepare for the Yankees next season! pic.twitter.com/qelpnmTYxp
— Mark Deshire (@MarkDeshire) 10 décembre 2017
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