C’est la dernière ligne droite dans la course au titre en D1 et ce sont les quarts de finalistes qui lancent cette course pour la rentrée de l’élite du baseball français. Les 2 et 3 septembre, les Barracudas de Montpellier accueilleront les Lions de Savigny/Orge tandis que le Paris Université Club recevra les Cougars de Montigny le Bretonneux. Des séries au meilleur des trois rencontres pour déterminer les prochains adversaires de Rouen et Sénart, qualifiés d’office pour les demi-finales. Deux quarts de finale tout en contraste.
En effet, la rencontre Montpellier vs Savigny semble déséquilibrée alors que Montigny vs PUC est plus indécis. Montpellier est une équipe qui truste depuis longtemps le haut du panier en D1 tandis que Savigny, qui fut une grande équipe durant près de 20 ans, essaie aujourd’hui de survivre dans l’élite. De l’autre côté, Montigny est un grand club formateur mais un quasi-novice en D1. Cependant les Cougars ont surpris leur monde en réalisant une superbe saison régulière. En face d’eux, un autre grand club formateur mais aussi le club le plus prestigieux de l’histoire du baseball français avec ses 22 titres de champion, ses deux demi-finales européennes en coupe des champions et une histoire qui remonte à 1923, le PUC. Le PUC n’est plus la terreur des années 80/90 où le club avait enchaîné 11 titres consécutifs (1982-1992) mais sa fin de saison a été performante.
The Strike Out a fait ses devoirs de vacances et vous présente ces deux quarts de finale.
Montpellier vs Savigny (à Montpellier)
Barracudas Montpellier (19-9) : une saison en mode diesel
Les Barracudas étaient mal embarqués dans cette saison 2017 pour justifier leur hashtag #TimeToReign. Quatrième de la D1 avant le Challenge de France, dépassé par le promu Montigny et incapable de lutter contre ses rivaux au titre, Montpellier sentait la saison casse-gueule, celle où on avance des ambitions pour finir dans les choux. Mais les héraultais ont réagi pour récupérer leur troisième place et revenir à la hauteur de Sénart. Avec un bilan légèrement supérieur à celui de 2016 (18-10) et en partageant face à Sénart puis Rouen, Montpellier s’est remis dans le sens de la marche.
Il est encore difficile de voir les sudistes régner à la place de Rouen mais leur fin de saison a été convaincante. Tout comme leurs stats offensives. Les Barracudas possèdent la meilleure moyenne de frappe de la D1 et la seule au-delà des .300 (.306). La recrue Jacques Boucheron, meilleure moyenne du championnat (.435, 1HR) connaît une saison fabuleuse et l’américain Alex Carter (.419, 1HR) s’est montré tout aussi prolifique. Il en est de même pour une autre recrue, Bastien Dagneau (.320, 2HR), qui est le joueur ayant produit le plus de points de l’équipe et le deuxième de la D1.
Constante, rapide (82 vols) et puissante (5HR et 19 triples), l’attaque de Montpellier peut également compter sur le troisième meilleur monticule français pour dominer la plupart des équipes de D1. Néanmoins, avec un ERA collectif de 2.96, les Barracudas sont deux crans en dessous Rouen et un cran en dessous Sénart. Grégory Cros connaît une superbe saison avec une fiche de 3-0 et un ERA de 0.82 tandis que le Vénézuélien Keivy Rojas (2.04) possède une fiche de 6 victoires pour 3 défaites. Montpellier a beaucoup fait tourner avec 8 joueurs ayant starté un match dont Thomas Meley (2.19, 2-1), Meylian Marin (3.03, 2-1) ou encore Yoan Antonac (3.12, 2-0).
12 des 28 matchs ont été startés par de très jeunes lanceurs (Amoros, Antonac, Marin). Montpellier veut régner dès cette année mais prépare aussi l’avenir. En mode diesel, ils sont su remonter la pente vers le haut du tableau et réduire l’écart avec Rouen et Sénart. Mais auront-ils la force de faire la différence dans les playoffs ? Malgré une attaque solide, le pitching montpelliérain manque de qualité et de profondeur pour inquiéter Rouen, le champion en titre, mais face aux Lions de Savigny, la logique veut que Montpellier s’impose dans la série tant il y a un réel écart de niveau dans tous les compartiments du jeu.
Lions Savigny (11-17) : Des Lions un peu plus mordants qu’en 2016
Mais ce serait oublié que Savigny a battu deux fois Montpellier en saison régulière en partageant lors de leurs deux dimanches de rencontre. Savigny, la bête noire 2017 des Barracudas ?
Savigny a réussi une belle saison régulière, loin de ses standards quand l’équipe se bagarrait en finale de la D1 contre Rouen, mais bien meilleure que la saison 2016 où les Lions avaient fini derniers avec un maigre bilan de 6 victoires et 22 défaites. En plus de battre Montpellier deux fois, ils ont tenu tête à Rouen. Seulement, l’équipe a été trop inconstante pour faire mieux qu’une 6ème place finale.
L’attaque de Savigny a marché au ralenti avec le plus mauvaise moyenne de frappe collective en D1 (.219), le deuxième plus mauvais pourcentage de présence sur base (.334) et le moins de vols et de tentatives de vol (44-64). Les Lions possèdent tout de même quelques armes offensives et en particulier l’une de leurs recrues étrangères Nolan McNabb (.306) et deux piliers habituels de l’équipe Christopher Launay (.300) et Théo Lakmeche (.289).
La force de l’équipe, ce n’est donc pas l’attaque. Et ce n’est pas sa défense. Avec un fielding de .922, l’équipe a commis 86 erreurs soit le deuxième plus haut total en la matière, ex-aequo avec Saint Just et derrière Clermont (90), les deux équipes qui ont fini derrière les Lions au classement.
Ce qui a permis à l’équipe de prendre le meilleur sur Saint Just et Clermont dans la course aux playoffs, c’est assurément son pitching. Avec un ERA collectif de 5.53, Savigny possède le cinquième meilleur monticule de la D1, loin des leaders mais bien meilleurs que Saint Just (8.58) et Clermont (6.51). La réussite du monticule savignien tient beaucoup au japonais Sakagachi Fumitaka (3.94, 5-4) et au jeune Gédéon Coste (4.78, 3-6).
Conclusion
Un quart de finale déséquilibré entre un membre du Big Three qui a terminé sa saison très fort et un Savigny plus frais qu’en 2016 mais encore très léger pour viser mieux qu’un quart de finale. Le maigre espoir de Savigny reposera sur leurs deux victoires face à Montpellier en saison régulière mais dans une série de trois matchs, la profondeur et la qualité du pitching héraultais seront ultra-décisives. Sans compter que Montpellier pourra également s’appuyer sur une attaque puissante et explosive, ainsi qu’une défense de fer face à une attaque des Lions, émoussée, et une défense permissive. À moins que l’été n’ait apporté un regain d’énergie à Savigny pour créer un miracle ?
Le vainqueur affrontera les Templiers de Sénart en demi-finale.
Montigny vs PUC (à Paris car le Cougar Stadium est en travaux)
Cougars Montigny (15-13) : la surprise du chef de la saison
Comme la galaxie très très lointaine de Luke Skywalker et Dark Vador, les promus ignymontains sont très très loin de leur dernière saison catastrophique en D1 où leur bilan affichait un terrible zéro dans la case victoire. Au contraire, Montigny a été la plus belle surprise de cette saison régulière, prenant même provisoirement la 3ème place du championnat à Montpellier avant de la céder aux Barracudas.
Arrivé sans prétention mais avec une base solide de joueurs, et une joueuse (Mélissa Mayeux), Montigny a très vite montré ses qualités que ses imports ont ensuite réhaussé. Leurs deux victoires sur quatre rencontres face à Sénart en est la plus belle preuve. En prenant la quatrième place de la saison régulière, Montigny a déjà réussi son championnat bien que cette quatrième place les oblige désormais à se qualifier en demi-finale pour ne pas avoir un goût amer en fin de saison.
Face au PUC, Montigny fera valoir son pitching. Les Cougars présentent un ERA collectif de 4.76 supérieur à celui du PUC (5.88) et un lanceur dominant en la personne de Tomas Cabaniel (1.56, 6-2). Derrière le vénézuélien, Maximin Monbeig, transfuge du PUC à l’intersaison, réalise un bon championnat (3.50, 3-6) et offre un deuxième lanceur de qualité à la formation ignymontaine. La défense est la cinquième de D1 avec 69 erreurs commises.
Les Cougars n’ont frappé collectivement qu’à .241 de moyenne mais ont marqué quasiment le même nombre de points que le PUC. Alexandre Couton (.326) a mené l’offensive depuis le début de la saison mais les imports ont beaucoup amené au bâton après leur arrivée (Tomas Cabaniel .450, Nakagawa Yuto .300, Miyamoto Shohei .385, Juan Carela .283) tandis que les battes françaises de l’équipe étaient relativement éteintes.
Paris Université Club (12-16) : le Giant Killing 2017
Le PUC a présenté un meilleur visage cette saison. En 2016, les parisiens avaient été catastrophiques durant la première moitié du championnat avant de bien finir (10-18). Cette année, ils ont été plus constants et ont eu l’honneur d’être la première équipe à faire tomber le champion rouennais en saison régulière.
En fait, les pucistes ont mal commencé la saison, comme en 2016, mais en étant meilleurs, craquant souvent en fin de match. Puis, ils ont remporté une victoire de prestige face à Sénart avant le break du Challenge de France. Au final, le PUC sort de cette saison régulière en ayant battu une fois Rouen, Sénart et Montpellier. Une belle performance.
Le premier atout du PUC semble être son attaque avec une moyenne collective de .293 au bâton, la troisième de la D1. Ce n’est pas l’attaque la plus rapide ni la plus puissante mais cette constance lui a permis d’engranger de nombreuses victoires, y compris contre les grosses écuries. Une attaque qui a surtout reposé sur leurs imports comme chez Montigny : Eddie Murray (.451), Yamada Kyosuke (.402), Daniel Catalan (.370), Andy Salcido (.355), Reed Mason (.353). Côté frenchies, Pierre Turettes, en plus d’être performant sur le monticule, a encore démontré son talent à la batte (.302).
À cela, il faut ajouter une défense qui a fait le job (.941, 63 erreurs). C’est la quatrième meilleure défense du championnat.
Côté lanceurs, l’ERA collectif est de 5.88, ce qui est respectable pour une équipe située à la 5ème place du championnat. Ses trois atouts sur la butte : Pierre Turettes (2.25, 6-0), l’américain Reed Mason (3.76, 2-6) et Nicolas Martin (5.74, 3-5).
Conclusion
Un quart de finale plus indécis que le premier. Montigny possède un statut de favori avec son bilan de 15 victoires, sa quatrième place et une fiche de trois victoires pour une défaite face aux pucistes. Mais les parisiens ont terminé fort la saison régulière en partageant face à Rouen, Montpellier et Montigny. Ils ont prouvé qu’ils pouvaient battre n’importe qui.
Avec des attaques et des défenses de qualité équivalentes, les lanceurs devront faire la différence. Montigny possède là encore un petit avantage avec un lanceur dominant (Tomas Cabaniel) dans ses rangs. Mais la série est loin d’être assurée pour les surprenants Cougars et le PUC a, depuis 2011, l’habitude des playoffs et notamment des quarts de finale qui vous amènent à un match 3 plein d’incertitudes. Ce dimanche, à Paris, le quart de finale Montigny/PUC promet d’être électrique !
Le vainqueur affrontera les Huskies de Rouen en demi-finale.
Une réflexion sur “Playoffs D1 : les quarts de finaliste font leur rentrée”