La logique est respectée. Au sortir des quarts de finale, ce sont bien les quatre premiers de la saison régulière qui vont s’affronter à partir du samedi 9 septembre, sur deux week-ends, dans une série au meilleur des cinq matchs. La D1 se rapproche de son dénouement et Rouen reste encore largement favori à sa propre succession. Mais Sénart et Montpellier comptent bien déjouer les pronostics, tandis que Montigny vit un rêve éveillé en étant un promu demi-finaliste.
Mais avec des séries en cinq matchs, un domaine prend une importance capitale, bien plus qu’en saison régulière: le pitching. Ce qui départagera le champion des autres, c’est la qualité et la profondeur de son personnel de lanceurs. Dans un jeu du baseball où le duel lanceur-batteur est au centre, cette force donne un avantage décisif. Et si les demi-finales mettent aux prises les quatre meilleurs personnels de lanceurs de la D1, Rouen reste le leader incontesté en la matière.
Nous vous avions présenté les équipes de Montpellier et de Montigny lors des quarts de finale. C’est au tour de Rouen et Sénart de présenter leurs forces et faiblesses avant leur entrée sur scène.
Huskies Rouen (26-2) : l’artillerie lourde
C’est paradoxal. Les champions ont terminé la phase régulière avec un superbe bilan de 26 victoires pour 2 défaites, mais on les a senti moins à l’aise que la saison précédente où pourtant ils avaient encaissé deux défaites de plus. Drôle d’impression alors qu’ils ont battu quatre fois leur premier challenger, Sénart, faisant presque oublier leur défaite en demi-finale du Challenge de France, à domicile, face à ces mêmes Templiers.
Il est vrai que Rouen a du s’arracher sur plusieurs matchs pour gagner, y compris face à des équipes de la deuxième partie de tableau. D’ailleurs, c’est le PUC qui leur infligea une première défaite cette saison. Les Huskies ont-ils manqué de crocs en attaque ? Si leur offensive demeure redoutable avec la deuxième moyenne du championnat (.299), elle semble légèrement en retrait par rapport à 2016 où l’équipe termina la saison régulière avec .312 de moyenne. Les Huskies terminent avec 219 points marqués contre 244 en 2016, en encaissant 66 contre 60 il y a un an.

Attention, la meute normande a de belles et puissantes canines au bâton. Jonathan Jaspe (.429, 5HR), Larry Infante (.419, 2HR), Dylan Gleeson (.388, 1HR), Oscar Combes (.337) et Leonel Cespedes (.296, 2HR) sont impériaux face aux lanceurs adverses, et les rouennais ont frappé un total de 14 homeruns contre 6 l’an dernier. De quoi effrayer leurs adversaires lors des playoffs puisque six rouennais ont frappé au moins une longue balle.
Mais ce qui a permis à Rouen de conserver sa domination sur la D1, c’est son indécent personnel de lanceurs qui culmine à un ERA collectif de 1.75 (1.73 en 2016), le meilleur du championnat évidemment. Owen Ozanich (1.08, 7W-1L), Esteban Prioul (1.52, 6-0), Jean Carlos Granados (2.21, 8-0) et Yoann Vaugelade (2.30, 3-1) assurent à Rouen une quasi-victoire à chaque fois. Un lanceur fait défaut ? Peu importe, Rouen a de la ressource surtout que les releveurs Leonel Cespedes (1.93, 1-0) et Keino Perez (0.92, 1-0) assurent le service après-vente.
Et derrière, les rouennais peuvent compter sur une défense qui n’a enregistré que 27 erreurs alors que les deuxièmes dans cette statistique, les Templiers de Sénart, en ont commis 43. Une différence en terme de solidité défensive qui peut se révéler décisive en playoffs.
Champions bousculés ici ou là, les Huskies ont su tout de même maintenir le cap après la déception du Challenge de France et une coupe d’Europe loin de leurs attentes. Un cap qui indique qu’il sera difficile de leur prendre le titre. Comme on dit, « Pitching is the name of the game » et à ce jeu-là, les Huskies dominent le game !
Templiers Sénart (20-8) : le Poulidor du baseball français veut passer la vitesse supérieure
Avec deux victoires en moins, Sénart confirme l’impression que l’équipe semble moins forte qu’en 2016 quand le club avait fini avec une fiche de 22 victoires pour 6 défaites. Sénart n’a pas su prendre l’élan nécessaire pour prendre les commandes de la D1 après sa victoire finale au Challenge de France en encaissant deux défaites à domicile face à Rouen. D’ailleurs, Sénart s’inclinera par deux fois encore chez les champions, fin juillet.
Demain au micro de @Fanseat_FR pour le choc Sénart/Rouen. En attendant: mon bilan du Challenge de France @MLB_France https://t.co/ZqXVJVjvCX pic.twitter.com/KPcRlmAyRW
— Gaétan Alibert ⚾🏏✊ (@GaetanAlibert) 3 juin 2017
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Bien entendu, les Templiers restent les challengers numéro 1 des normands mais Montpellier a réduit l’écart de niveau durant la deuxième partie de saison. Les deux équipes ont d’ailleurs partagé les points début juillet, renforçant cette sensation d’un Montpellier collant aux basques de Sénart avant les playoffs.
De plus, les Templiers filent en vacances avec deux nouvelles défaites face à Rouen le 30 juillet dernier. Pas de quoi se rassurer surtout que les sénartais viennent de changer de lanceur partant étranger. L’excellent Dylan Barrow (1.06, 3-0) a quitté la France et a été remplacé un ancien lanceur des ligues mineures pour les Pittsburgh Pirates, Dan Manuel Urbina. Ce dernier affiche un record de deux victoires et deux défaites pour un bel ERA de 1.61 mais un doute plane encore sur sa capacité à tenir contre les gros sur un match complet, lui qui a perdu contre Rouen et a dominé Montpellier seulement sur cinq manches, Matthieu Brelle-Andrade le relevant avec brio pour finir le match. Qu’en sera-t-il en playoffs ?
Sénart possède un bel ERA collectif de 2.35 et de la ressource chez les partants avec Urbina, Mottay (2.57, 6-2) et Antoine Villard (3.77, 5-2). Puis les relèves efficaces de Pierrick Lemestre (1.29), Matthieu Brelle-Andrade (2.42, 1-1) ou encore Lorian Andro (3.00, 3-0) donnent de l’assurance à l’équipe. Loin tout de même du rapport qualité/quantité rouennais.
Avec une moyenne collective de .290 à la batte, Sénart se classe derrière Montpellier, Rouen et le PUC, mais les Templiers ont été l’équipe la plus productive du championnat avec 245 points marqués, loin devant les autres. Pourtant, peu de joueurs sont au-delà des .300 de moyenne. Bien entendu, on retrouve Félix Brown (.429, 2HR), toujours on fire, accompagné par Ian Townsend (.406, 2HR), joueur ayant produit le plus de points en D1, et l’inusable Pierrick Lemestre (.386). Le danger avec Sénart vient des coureurs. Avec 96 vols de base réussis sur 116 tentatives, les Templiers sont l’équipe le plus énergique sur base.
Le challenger numéro 1 de Rouen a clairement loupé le coche après le Challenge de France et ses belles victoires face à Rouen puis Montpellier. L’équipe aurait pu prendre un ascendant réel sur le championnat, revenir sur Rouen et se placer en favori pour les playoffs. Mais Rouen a imposé sa domination une nouvelle fois et, face à la qualité du monticule rouennais, Sénart devra se surpasser pour espérer mieux qu’une place de vice-champion.
Sénart vs Montpellier : l’insoutenable incertitude de la vie
The choc de ces demi-finales. Comme… chaque année ? Oui ! On a pris l’habitude de voir les Templiers et les Barracudas s’affronter pour décider de qui ira défier les Huskies en finale. Sénart a tendance à sortir vainqueur de ces oppositions. Problème : Montpellier est parti en vacances avec une bonne dynamique et les Barracudas continuent de surfer sur cette dynamique positive après leur victoire attendue en quart de finale face aux Lions de Savigny.
Mais est-elle si positive ? Montpellier a certes remporté son quart en deux rencontres avec un score large dans le premier match 17-7 (mercy rule en 8ème) mais Yoan Antonac a concédé 7 points dont 5 mérités en quatre manches lancées. Heureusement, les relèves expertes de Meley et Rojas ont permis à l’attaque héraultaise de terminer la partie une manche plus tôt. Dans la seconde partie, Montpellier s’est imposé 9-5 mais les Lions les ont bousculé durant six manches avant de s’écrouler dans la 7ème.
Montpellier ressort de son quart avec deux victoires et des battes réveillées de leur torpeur vacancière mais en cumulant 7 erreurs de défense et en encaissant 12 points contre la troisième équipe la moins productive du championnat. Ceci n’empêchera pas les Barracudas de vouloir prendre leur revanche sur Sénart.
En effet, les Templiers avaient remporté le Challenge de France fin mai en prenant le meilleur sur Montpellier en finale sur le score de 4 à 2. Un score serré qui, avec le partage fin juillet en championnat, indique bien la proximité des deux équipes en terme de niveau de jeu. Si la victoire au Challenge, avec une place en coupe d’Europe déjà acquise, n’a pas diminué leur faim de titres, les Templiers auront tout de même un petit avantage avec leur personnel de lanceurs légèrement meilleur que celui des montpelliérains.
Aux Barracudas d’avoir encore plus faim pour être à la hauteur de leur hashtag #TimeToReign.

Rouen vs Montigny : l’insoutenable certitude de la vie
Rouen va gagner.
Un peu légère cette analyse pour vous ? Honnêtement, on ne voit pas bien comment Montigny va pouvoir passer le champion pour passer en finale. Les Huskies dominent les Cougars dans tous les compartiments du jeu de la tête et des épaules. On vous l’a dit, personne n’incarne mieux que Rouen l’expression « pitching is the name of the game ». Entre un ERA collectif de 1.75 et un autre de 4.71, il n’y a pas photo. Montigny peut compter sur son ace Tomas Cabaniel (1.56, 6-2) mais Rouen possède quatre partants en dessous de 2.50 d’ERA pour un seul côté ignymontain.
De plus, Cabaniel n’a pas été aussi dominateur qu’avant la pause estivale face au PUC en quart de finale, encaissant 4 points, tous mérités, dans une courte victoire des Cougars 6-5. Les parisiens ont d’ailleurs gagné le second match 3-1 en prenant la victoire à leur ancien lanceur, Maximin Monbeig, auteur pourtant d’une belle prestation (8.0/7H/3R/2ER/1BB/3K). Il a fallu un troisième match décisif où Montigny a enfin pu profiter du manque de profondeur de la rotation et du bullpen puciste pour s’imposer 15-5 et Clément Esteban (8.0/8H/5R/3ER/5BB/1K) livrant une bonne prestation également.
Cependant, les battes de Montigny vont affronter des lanceurs d’un tout autre calibre et les lanceurs ignymontains la deuxième meilleure moyenne du championnat et la deuxième attaque la plus productive. Un monde d’écart que confirme les quatre confrontations des deux équipes en saison régulière : 8-1, 9-0, 11-1, 11-5. Sans appel !
Bien sûr, Montigny repensera au PUC qui vînt à bout de Rouen en demi-finale du championnat 2014. Un choc à l’époque, mais le PUC avait terminé devant Rouen en saison régulière, possédait trois partant en dessous de 2.00 d’ERA, quatre frappeurs titulaires au dessus de .400 et trois autres titulaires au dessus des .300 sans compter un closer exceptionnel avec le coach Kieran Mattison. Une armada que ne possède pas Montigny cette saison.
Les Cougars ayant déjà réussi une saison exceptionnelle, ils n’auront rien à perdre et feront leur maximum pour faire douter le champion.
Programme :
Sénart vs Montpellier
Match 1 : 09/09 15h00 / Match 2 : 10/09 11h00 – à Montpellier
Match 3 : 16/09 15h00 / Match 4 & 5 (si nécessaire) : 17/09 – à Sénart
Rouen vs Montigny
Match 1 : 09/09 15h00 / Match 2 : 10/09 11h00 – à Montigny
Match 3 : 16/09 15h00 / Match 4 & 5 (si nécessaire) : 17/09 – à Rouen