Après une saison 2016 qui aurait pu (du) lui valoir un nouveau Cy Young Award, Justin Verlander connaît l’une des plus difficiles années de sa carrière. Ses Detroit Tigers quasiment déjà éliminés de la course à la postseason, l’ace doit-il faire ses valises cet été? A-t’il toujours le niveau pour jouer dans une équipe compétitive? Quelle équipe pourrait s’offrir son mirobolant salaire ? Focus sur un lanceur qui a tout gagné à titre personnel mais qui est toujours à la recherche d’une bague de champion.
Le front office de Detroit s’est rendu à l’évidence en cette fin juin : il est à l’écoute des propositions de transferts au regard de son classement (34-42 en AL Central à 5.5 du leader Cleveland ; 2e plus mauvais bilan en AL*). Le general manager, Al Avila, a précisé que les Tigers ne seront eux pas très actifs sur le marché de la trade deadline. Ils se positionnent en tant que vendeurs. Les noms de JD Martinez, Ian Kinsler, Justin Wilson circulent déjà… ainsi que celui de Justin Verlander. Le journaliste de Yahoo Sports, Jeff Passan, estime que l’ace pourrait être sur le marché des transferts d’ici à deux semaines… et c’est plutôt une surprise.
D’abord pour une question personnelle : Justin Verlander n’a pas (encore) fait part de sa volonté de quitter Detroit. Il s’y sent bien. C’est la ville où il a effectué l’intégralité de sa carrière après avoir été drafté au 2e rang en 2004. Il est d’ailleurs le seul All-Star du Top 10 de cette cuvée (Dustin Pedroia a été pris au 2e tour, Ben Zobrist au 6e tour, Dexter Fowler au 14e, Mark Trumbo au 18e et le futur Cy Young Jake Arrieta au 34e!). Verlander au même titre que Cabrera est le visage de la franchise du Michigan et il possède une no-trade clause qui lui permet de mettre un veto à tout transfert non désiré.
Mais malgré son amour pour les Tigers, la réalité est là : Justin a 34 ans et court toujours après sa première victoire en World Series (une finale perdue en 2012 face aux SF Giants). Il pourrait donc décider de quitter Detroit pour le dernier grand challenge de sa carrière et rejoindre un contender. Il a une sacrée carte de visite à présenter : AL Rookie de l’année en 2006 ; AL Cy Young et AL MVP en 2011 ; 2 fois 2e au AL Cy Young en 2012 et 2016 ; 6 fois All-Star ; multiple joueur de la semaine ou du mois… Le tout accompagné de stats qui font de Verlander l’un des tous meilleurs lanceurs de la dernière décennie : 178W – 110L ; ERA 3.51 ; WHIP 1.19 ; AVG adverse .236.

Le problème pour lui et les dirigeants des Tigers, s’ils décident de s’en séparer, est que les stats du #35 cette année ne ressemblent en rien à celles mentionnées ci-dessus. Verlander n’est que l’ombre de lui-même. Il signe en 2017 sa pire saison depuis 2008 : 5-4 en 16 starts ; ERA 4.47 ; WHIP 1.447 ; 44 BB (57 sur l’ensemble de la saison 2016!). Sans même parler de ses stats en carrière, c’est donc une chute vertigineuse par rapport à l’année dernière au cours de laquelle il a dominé la AL en nombre de SO, limité les batteurs adverses à un OPS de .630 et posté une ERA de 3.04 en quasiment 230 manches. Les années dorées de Verlander sont sans doute derrière lui mais les exemples existent parmi les lanceurs que l’on pensait sur un déclin irréversible et qui se sont finalement relancés. A l’été 1998, à 34 ans (l’âge de Verlander), Randy Johnson quitte Seattle avec une ERA de 4.33. Sa fin de saison avec Houston est splendide : 10 victoires pour 1 seule défaite ; ERA de 1.28 et 116 SO en 84 1/3 manches!
Malgré leur relation particulière avec leur ace, les Tigers ont donc tout intérêt à s’en séparer avant que sa cote ne baisse encore plus qu’aujourd’hui. Bien sûr hors de question de le brader, les dirigeants vont essayer de récupérer en échange un bon package de prospects pour entamer leur reconstruction. Mais se pose la question sans doute centrale de tout ce débat : les dollars!

Au regard du mirobolant contrat de Verlander, Detroit sera sans doute obligé de payer une partie de son salaire même s’il ne joue plus sous leurs couleurs… encore faut-il qu’une équipe consente à un effort financier pour un lanceur de 34 ans en difficulté. En mars 2013, Verlander a signé une prolongation de contrat de 6 ans pour 162 millions de dollars! A l’issue de 2017, il lui en restera deux + une en option. Pour s’attacher ses services, il faut donc débourser 56 millions de dollars à moins d’un arrangement avec les Tigers.
Si aujourd’hui aucune équipe ne s’est fait officiellement connaître, les Los Angeles Dodgers s’affichent comme l’option la plus crédible : ils ont le meilleur bilan de la National League (52-27 ; 9 victoires sur leurs 10 dernières rencontres) et donc légitimement favoris pour le titre suprême. Pour aller au bout, il auront sans doute besoin de starters car derrière le génial Kershaw (11-2 ; ERA 2.47) et la surprise Wood (8-0 ; ERA 1.86), c’est un petit peu moins solide avec Maeda et McCarthy (6-3 tous les deux), puis encore en dessous Hill (4-4) et Ryu (3-6), sachant que Julio Urias est out pour la saison (opération Tommy John). L’expérimenté Verlander pourrait être un atout de choix. Et puis s’il aime Detroit, il possède aussi une maison non loin de LA avec sa fiancée Kate Upton.
On le voit, il y a du pour et du contre dans un départ de Justin Verlander de Detroit. Une chose est certaine, ce n’est pas avec les Tigers qu’il remportera le titre cette saison, voire les prochaines. Si c’est son objectif et qu’il veut prouver qu’il a encore de beaux restes, il doit partir. Sinon, il restera comme l’un des plus grands joueurs de l’histoire de la franchise et aura disputer l’intégralité de sa carrière dans le Michigan.
*Stats et classement arrêtés avant les matchs du 28 juin.
Une réflexion sur “Justin Verlander : le crépuscule du Tigre?”