C’est un lanceur d’exception qui a eu la gentillesse d’accepter notre interview, Diegomar Markwell. Ce nom ne vous dit probablement rien. Et pourtant ce natif de Curaçao a signé à l’âge de 16 ans un bonus de 750.000$ avec les Blue Jays. Depuis 12 ans, il évolue dans le championnat hollandais et s’est imposé comme l’un des tous meilleurs lanceurs en Europe. Avec la sélection néerlandaise, il a connu toutes les grandes compétitions mondiales, s’est offert le titre de meilleur lanceur de la Coupe du Monde 2005 et est devenu champion du Monde en 2011. Rencontre.
[Retrouvez notre présentation du championnat hollandais]
The Strike Out : Vous êtes né et avez grandi dans les Antilles Néerlandaises, un endroit qui a produit -en dépit de sa petitesse- de bons joueurs de baseball comme votre cousin Andruw Jones, comment expliquez-vous cela ?
Diegomar Markwell : Il y a une vraie culture dans cette île qui se situe à quelques kilomètres du Venezuela. Sur place, nous jouions sur des mauvais terrains mais prenions du plaisir à s’entraîner pour devenir meilleur chaque jour.
TSO : Vous avez eu la chance de rejoindre l’organisation de Toronto à l’âge de 16 ans avec un bonus très important à la clé [750.000$, NDLR], vous avez joué jusqu’en AA avant d’être relâché en 2003….
D.M : Oui, j’ai signé un bon bonus et c’est grâce à mes parents qui ont toujours tout fait pour ma réussite. J’ai toujours rêvé de jouer en MLB et quand tu signes dans une organisation c’est comme un travail alors il faut travailler très dur, progresser et gravir les échelons. Evidemment quand tu as 16 ans, ils ne s’attendent pas à ce que tu débutes dans un ou deux ans, tu dois développer ton niveau de jeu et je n’ai pas réussi à le faire à ce moment-là.
TSO : Que retenez vous de six années passés dans les minors ?
D.M : Je pense que ces années en ligues mineures m’ont beaucoup aidé. J’ai paradoxalement commencé ma progression dans mes dernières années aux Etats-Unis. Tous les conseils que l’on me donnait à l’époque je n’ai pas vraiment réussi à les assimiler mais ils m’ont été bénéfiques lors de ma carrière aux Pays-Bas.
TSO : Après avoir été relâché par les Cardinals -sans disputer le moindre match au sein de leur organisation-, pensiez vous rejouer au baseball au niveau pro ?
D.M : Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre, j’avais fait quelques essais aux USA pour retrouver un club sur place, je ne pensais alors pas du tout à ce moment là à venir en Europe.
TSO : Comment s’est passé votre arrivée en Hollande alors ?
D.M : J’ai été contacté par Robert Eenhoorn, manager de l’équipe nationale de Hollande à ce moment-là qui m’a demandé si je voulais disputer les Jeux Olympiques, j’ai répondu oui et il m’a dit :”dans ce cas là tu dois venir joueur en Hollande”. J’ai débuté avec le Sparta/Feyenoord et après les Jeux-Olympiques de 2004, j’ai été transféré au club dans lequel je suis toujours : Neptunus.
TSO : Comment s’est déroulé votre intégration au sein de Neptunus ?
D.M : Ce n’était pas facile car je suis arrivé dans une équipe qui avait remporté 6 championnats de suite (1999-2004) et je devais prouver que j’étais capable d’être le 2ème lanceur de la rotation. Cette année 2005 s’est plutôt très bien passée*, j’ai bien réussi à tenir les batteurs adverses et nous avons remporté le championnat en fin de saison.
TSO : Une année 2005 brillante puisque vous avez fini meilleur lanceur de la Coupe du Monde avec 3 victoires pour aucune défaite et un ERA à 2.00. Tout ça après avoir affiché un ERA de O à l’occasion de la Champions Cup. N’avez-vous pas été recontacté à ce moment-là par des franchises américaines ?
D.M : Je n’ai pas reçu d’offre à proprement parler mais j’ai discuté avec des équipes de ligues indépendantes mais ça ne m’intéressait pas trop je voulais une offre d’un club MLB.
TSO : Comment réussissez vous à maintenir un niveau d’excellence en dépit de votre énorme domination du championnat hollandais ?
D.M : Je travaille dur chaque jour pour être meilleur et livrer le maximum de mon potentiel. Neptunus dispose d’une très bonne équipe sur le papier, donc nous avons juste à se mettre à notre niveau pour gagner un championnat. C’est la même chose pour l’équipe nationale, il faut être au plus haut niveau possible et être le meilleur que tu puisses. Ça a toujours été ma philosophie.
TSO : Après plus de 13 ans en Hoofdklasse comment jugez-vous l’évolution du championnat ?
D.M : Elle est bien meilleure qu’au moment où je suis arrivé, elle a appris au contact des grands joueurs comme Rob Cordemans, mon ancien coéquipier à Neptunus en 2005. Il m’a apporté de précieux conseils sur comment attaquer les batteurs et ce qu’il fallait attendre d’eux.
TSO : A presque 36 ans aujourd’hui, quels sont les moments forts de votre carrière que vous gardez en mémoire ?
D.M : En premier lieu, j’ai été très fier d’avoir été désigné meilleur lanceur de la Coupe du Monde 2005 et d’avoir remporté cette même compétition en 2011 avec la sélection hollandaise. Nous avons aussi fait une très bonne campagne WBC 2013 en terminant à la 4ème place. En club, je garde en mémoire nos 6 championnats remportés avec Neptunus et c’est évidemment une grande fierté d’avoir pu décrocher ma 100ème victoire l’an passé en Hoofdklasse.
*Carrière de Markwell en repères
- Toronto Blue Jays (1997-2003)
- Sparta/Feyenoord (2004)
- Neptunus (2005-…)
Distinctions personnelles
- Meilleur lanceur de la Coupe du Monde en 2005
- Lanceur de l’année en Hoofdklasse en 2006
- 100 victoires en Hoofdklasse obtenues en 2015
- 72 sélections en équipe nationale
Palmarès et faits marquants
- 6 fois champion des Pays-Bas avec Neptunus
- ERA de 1.78 en 153 matchs de championnats
- 3 fois champion d’Europe avec la sélection nationale
- Champion du Monde en 2011
- 4ème de la WBC en 2013
- 1 titre en Champions Cup en 2015
- 2 participations aux Jeux-Olympiques