Après presque un mois de joutes amicales, les trente équipes des Ligues Majeures sont dans la dernière ligne droite avant l’Opening Day. Entre Floride et Arizona, les rotations sont rodées, les courses plus tranchantes, les lanceurs sont prêts à prendre leur quart, et les sluggers ont réglé la mire. Alors que les Grapefruit et Cactus League ont refermé leurs portes, et que les trois prochains jours seront consacrés à des matchs exhibition de toutes sortes, tout le monde est prêt à attaquer la saison sur les meilleures bases possibles.
Quand arrivera Dimanche, le mois de Mars sera déjà un lointain souvenir, les rosters seront fermement établis et les grandes arènes de National et Américain League pourront de nouveau rugir leur amour de leur petite balle blanche. Mais pour l’instant, à l’approche des dernières affiches du Spring Training, jetons un œil aux grandes tendances dégagées lors de ces exhibitions printanières.
Les joueurs : Arenado et Keuchel en maitres de cérémonie

Parlons tout d’abord des statistiques individuelles, avec quelques performances de choix au bâton : Nolan Arenado (Rockies, 30/53) s’est offert un taux de réussite impressionnant de .566, avec en prime 15 extra-base hits – dont 6 Home Runs – et 16 RBI pour le troisième base des Colorado Rockies. On notera également le .517 de Jean Segura (Diamondbacks, 30/58) et les .579 de Marco Hernandez (Red Sox) et Harold Ramirez (Pirates) pour un nombre de passages au bâton cependant largement inférieur (11/29 chacun)
Du coté des gros frappeurs, c’est le jeune troisième base des Phillies, Maikel Franco, qui emporte la timbale avec huit home runs. Une performance réalisée en 65 passages au bâton cependant, beaucoup plus que Robinson Cano (Mariners, 7/52), Nolan Arenado (Arenado (6/53), Trevor Story (Rockies, 6/48), Andrew McCutchen (Pirates, 6/43), et surtout Hunter Pence : Le voltigeur des Giants a placé six coups de circuits en seulement 34 passages, soit un Home Run tous les 5.66 at-bat. Solide. A noter que Maikel Franco mène également la danse au niveau des RBIs (21) et s’annonce en grande forme en cette présaison.
Pour être complet, on notera les 127 retraits complétés par Joey Votto (Reds) ou encore les 8 bases volées par Chris Owings (Diamondbacks, sur 9 tentatives), devançant de justesse les septs “steals” du prospect des Nationals, Trea Turner (7/7).

Du coté des lanceurs, les as ont généralement bien tenu leur rang. On notera entre autres les ERAs de Scherzer (Nationals, 1.38), deGrom (Mets, 1.62), Greinke (Diamondback, 1.88), Kluber (Indians, 2.21) ou Kershaw (Dodgers, 2.25) parmi les lanceurs en dedans des 2.50.
Mais surtout, on ne pourra que rester bouche-bée face au printemps stratosphérique de Dallas Keuchel (Astros) : Le Cy Young 2015 a lancé 17 manches pour un ERA de 0.00 (vous avez bien lu : Zéro. Point. Zéro. Zéro), sept coups surs, 2 buts sur balles et 16 retraits sur prises. Autant dire que Kid Keuchy est prêt pour affronter les gâchettes de l’AL West !
On remarquera enfin le printemps prometteur d’Aaron Sanchez (Blue Jays), qui affiche un ERA de 1.35 et un WHIP de 0.90 pour 20 manches lancées. Des performances qui ont permis au jeune lanceur de se faire une place dans la rotation de Toronto aux dépends de Gavin Floyd.
Pour ce qui est des retraits sur prise, John Danks (White Sox), Corey Kluber (Indians) et Hector Santiago (Angels) mènent la danse avec 26 strikeouts chacun pour respectivement 26.2, 24.2 et 23 manches lancées. Une mention spéciale aussi pour Juan Nicasio (Pirates) qui a réussi un nombre comparable de strikeouts (24) en seulement 15 manches lancées, pour un ERA parfait de 0.00 !
Parmi les perdants de ce spring training, on notera les performances en demi-teinte du nouveau Giant Jeff Samardzija (un ERA de 7.20 en 20 manches lancées), de Sonny Gray (Athletics, 5.60 en 17.2 manches) ou Matt Harvey (Mets, 7.50 en 12 manches), qui a été embêté par des soucis médicaux sans gravité. Pour ceux-là, l’Opening Day ne peut pas arriver trop vite.
Les équipes : Les Nationals et les Diamondbacks au top
Pour les franchises comme pour les joueurs, le Spring Training ne révèlera pas forcément toutes les forces et faiblesses d’une équipe, mais il peut être un bon indicateur de l’état de forme à l’aube de la saison. Cependant, entre rotations d’effectifs, essais tactiques, travail de fond des lanceurs ou simplement répartition du travail physique sur la durée de la présaison, le Spring Training ne révèlera tous ses secrets qu’à la fin du mois de Septembre, comme toujours.
A défaut de pouvoir tirer des enseignements à long terme, intéressons-nous tout de même aux tendances lourdes de ces ligues printanières.

Les grands gagnants de ce Spring Training sont sans aucun doute les Washington Nationals, vainqueurs de la Grapefruit League. Pour les premiers pas de Dusty Baker à la tête de la franchise, les Nats ont remporté 18 de leurs 25 matchs (3 nuls, 4 défaites) pour terminer avec un ratio de .818, grâce notamment à une défense de fer (88 points concédés seulement) devant des Toronto Blue Jays (17 victoires, 6 défaites, .739) presque tout aussi efficaces en défense (91 points). Deux équipes revanchardes et qui auront à cœur de commencer la saison le plus efficacement possible.
Vainqueurs de la Cactus League, les Arizona Diamondback (22-7, .759) ont quant à eux joué l’offense à outrance (une situation qui devrait se répéter au fil de la saison, au vu du potentiel offensif des D’Backs), avec pas moins de 226 points marqués (et 166 concédés) pour un bilan final de 22 victoires et 7 défaites. Ils devancent des Los Angeles Angels (15-8, .652) solides dans tous les domaines, puis les Texas Rangers (17-13, .567) et les Colorado Rockies (14-11, .560), qui ont affiché des performances conformes à ce que l’on pourrait attendre d’eux en saison régulière, sans vraiment impressionner ni inquiéter. Puis viennent les Chicago White Sox (15-12, .556), les Cleveland Indians (15-12, .556) et les Seattle Mariners (15-14, .517), eux aussi à une place qui ne choque pas l’entendement.
Tout comme les Houston Astros (17-10, .630), les Detroit Tigers (16-11, .593) et les Tampa Bay Rays (12-11, .522) en Grapefruit League. On notera cependant dans ce petit groupe, les jolis scores des Minnesota Twins (18-10, .643) qui ont enchainé les prestations solides sans faire de bruit, et des Philadelphia Phillies (15-10, .600) qui ont réalisé un printemps prometteur dans le sillage du sophomore Maikel Franco (voir plus haut).

Et nous voilà déjà arrivés à la barre fatidique des 50% de victoire. Comment ça, il manque du monde ? Aurait-on oublié quelques grands noms en route ? Et bien en voilà déjà un qui danse sur la barrière. Les New York Yankees (13-13, .500), après une entame plutôt médiocre, se sont tranquillement mis en route pour s’offrir un bilan de 13 victoires et autant de défaites. Une barre à laquelle se sont longtemps accrochés les Los Angeles Dodgers (13-14, .481), pourtant vainqueurs de huit de leurs dix premiers matchs, avant de tomber dans le négatif lors de la dernière journée. Egalement à l’équilibre, viennent les Cincinnati Reds (15-15, .500), les Milwaukee Brewers (13-13, .500), qui signeraient probablement des deux mains pour atteindre de nouveau les 50% quand viendra l’Automne dans les Ligues Majeures.
On trouve ensuite les Oakland Athletics (11-15, .423) côté Cactus, les Miami Marlins (10-13, .435) et les Baltimore Orioles (10-15, .400) côté Grapefruit. Trois équipes que l’on n’est pas trop surpris de voir à ce niveau, au printemps comme en été, même s’il faut noter la montée en puissance des Orioles qui affichaient un bilan de 1-11 à mi-parcours, avant de régler la mire pour finir à 10-15. Quand les sluggers se réveillent…
Il nous reste donc neuf équipes, et un plateau qui ne ferait pas tache en post-season. Si les St. Louis Cardinals (10-13, .435) ont presque sauvé les meubles avec 10 victoires pour 13 défaites, tout comme les Boston Red Sox (12-17, .414) – dont l’on ne sait pas vraiment s’ils jouent le titre ou la cinquième place de AL East -, d’autres ténors ne peuvent pas en dire autant. Séquelles de la postseason ?
Il est possible que les longues séries d’Octobre aient joué dans la préparation des Kansas City Royals (14-19, .424), des Chicago Cubs (10-17, .370), et des New York Mets (7-16, .304) qui se sont littéralement effondrés avec dix défaites consécutives pour finir le Spring Training, avec notamment quelques grosses inquiétudes au lancer, leur atout majeur.
Pire encore, les Pittsburgh Pirates (7-20, .259), deuxième meilleure équipe des Ligues Majeures en 2015, n’ont réussi à gratter que sept petites victoires, avec une attaque en berne (109 points marqués) et une défense peu inspirée (153 points concédés). Pour les Pirates, tout comme pour les San Francisco Giants (11-19, .367), le voyage dans la Sun Belt sera à oublier rapidement. Chez les Californiens, cependant, l’attaque n’a pas flanché (196 points marqués), elle n’a juste pas suffi à masquer les manquements de la défense (216 points concédés).

Seuls les San Diego Padres (10-19, 345) ont fait pire que leurs « voisins » californiens au niveau défensif (189 runs pour, 228 runs contre) pour terminer la Cactus League bien vissés au fond du classement.
Et puis il y a les Atlanta Braves (6-19, 240)… Peu inspirés défensivement sans être catastrophiques, peu efficaces offensivement sans vraiment démériter, les hommes de Fredi Gonzalez terminent pourtant le Spring Training avec le pire ratio, et le deuxième pire différentiel de runs (-42 contre -44 pour les Pirates) de toutes les équipes des Majors. Si l’on ne peut, répétons–le, tirer des enseignements solides du Spring Training en général, on peut au moins faire ce constat sans réel risque de se tromper : la saison va être très longue pour les supporters des Braves !
Une réflexion sur “Spring Training, le Bilan: Arenado, Keuchel et les Nationals en vedette”