Depuis 2017 et 6 saisons, les Astros ont connu 6 postseasons, 6 apparitions en ALCS, 4 apparitions en WorldSeries, en ont remporté 2 ainsi que 5 titres de division et ont réalisé 4 saisons à plus de 100 victoires. Au total, c’est 541 victoires et 319 défaites sur cette période soit un bilan de 63% de victoires ! Les Astros, champions en titre et vainqueurs des dernières World Series redorant le blason d’une franchise conspuée, affichent désormais clairement leur objectif : durer et régner. Après une saison dorée, qu’attendre de Houston en 2023 ?
Retour sur 2022
L’année débute sans Carlos Correa, parti l’hiver 2022 lors d’une Free agency qu’il aura animé avec d’autres superstars de la ligue. Platinium Glove en 2021, auteur d’une saison à tout point de vue exceptionnelle, le mal aimé portoricain, figure de proue des Astros 2017 entachés d’un scandale de triche, avait refusé une offre pourtant alléchante du Front office de Houston. Sans lui, c’était toute l’ossature défensive des Astros qui s’en retrouvait ébranlée. Pour le remplacer, Houston a fait ce que la franchise sait faire de mieux : sortir un jeune prospect des ligues mineures. Couvait du côté de Sugar Land en AAA Jeremy Pena, pur shortstop maison, connu des fans texans pour son physique imposant et sa belle gueule. Le jeune dominicain, fils de Geronimo Pena, ancien joueur des Cards dans les années 90, a très vite fait oublier le nouveau pensionnaire du Target Field, et ce dès les premiers matchs d’avril. Sa saison sera auréolée du titre de Gold Glove en position de shortstop chopé à … Carlos Correa ! Et au delà de ses prouesses défensives, Jerémy Pena va également réaliser une saison offensive sérieuse : 22 HR, 63 RBI, 11 bases volées, .253 à la batte (malgré une OBP sous les .300) et une WAR de 4.9 !
Cerise sur le gâteau, Jeremy Pena sera également nommé MVP des ALCS et des World Series ! Une prouesse jamais réalisée jusqu’alors pour un rookie. L’image la plus ironique ? La nouvelle égérie des Astros se faisant interroger en direct lors des ALCS par un joueur devenu consultant TV le temps de la postseaon : Carlos Correa.
L’autre interrogation concernait le retour de Justin Verlander, âgé de 39 ans et absent des monticules depuis 2 saisons. Mister Upton envoyait dès le spring training des signaux plus qu’encourageants. Car pour mener cette jeune rotation 100% Houston, les Astros devaient compter sur son Ace, futur first ballot au Hall of Fame. Verlander a fait plus que répondre aux attentes puisqu’il va réaliser une saison tout simplement historique : 28 matchs, 1.75 ERA, 0.829 WHIP, 2.49 FIP, 220 ERA+, 9.5 K9, le tout couronné fort logiquement et à l’unanimité du titre de Cy Young, son 3ème en carrière , son deuxième avec les Astros.
Les deux inquiétudes de la saison levées, les Astros de Dusty Baker repartaient avec l’envie de se relever après des World Series 2021 perdues. Les premiers à faire mordre la poussière aux adversaires : les jeunes pitchers. Framber Valdez réalise une saison Cy Youngesque en terminant 5ème dans la course à ce trophée: 31 starts, 2.82 ERA, 201.1 manches, 1.16 WHIP, 3.06 FIP. Mais surtout une série de 25 quality starts de suite, un record historique sur une saison en MLB.
Son ami dominicain, avec qu’il a gravi les marches des ligues mineures, Cristian Javier, produit une saison lui aussi Cy Youngesque : 2.54 ERA, 0.948 WHIP, 11.7 K9 en 25 starts sur 31 matchs ! Il sera l’auteur de 7 manches lors d’un combined no-hitter… au Yankee Stadium et remettra cela en 6 manches en World Series lors du game 4 face aux Phillies !
Derrière ce trio, Lance McCullers, revenant lui aussi de blessures, connaît une demi saison sérieuse : 2.27 ERA en 8 starts. Le vénézuelien de 26 ans, Luis Garcia, connu pour son pas de danse avant chaque lancer (sur base vide :)) réalise à nouveau une saison solide (3.72 ERA, 1.13 WHIP). Le mexicain Jose Urquidy, 27 ans, produit 3.94 ERA en fin de rotation.
En début de saison, les Astros disposaient aussi des services du vétéran Jake Odorizzi (3.75 ERA, 1.15 WHIP), transféré à Atlanta contre le releveur Will Smith. Mais c’est surtout le lancement sur orbite du rookie Hunter Brown qui était attendu. Le top prospect des Astros assurait lors de 2 starts ainsi qu’en relève : 20.1 manches lancées : 0.98 ERA, 22 K ! C’est un peu la belle histoire de cette saison, lui le natif de Detroit qui a grandi à Comerica Park, les étoiles plein les yeux lorsque Verlander, son idole, s’avançait sur le monticule… au point de reprendre exactement la même gestuelle que le vétéran légendaire qu’il côtoiera donc en 2022 !
Derrière cette rotation 5 étoiles, les Astros ont su compter sur un bullpen redoutable : 1er en ERA, 5ème en WHIP, 1er en K9, 3ème en H9, 2ème en HR9. Plusieurs hommes forts ont composé cette imposante relève : Rafael Montero sera le releveur le plus utilisé : 68.1 IP, 2.37 ERA, 1.02 WHIP. Ryne Stanek sera un setup d’exception : 1.15 ERA, 1.22 WHIP. Le rôle de closer était attribué au meilleur spécialiste US, Ryan Pressly : 2.98 ERA, 0.89 WHIP, 12.1 K9. Le néo-astro et ancien Philly, Hector Neris, imposait son rythme : 3.72 ERA mais 2.35 FIP et 1.01 WHIP. Enfin, Bryan Abreu, formé à Houston, se faisait sa place lui aussi dans ce bullpen : 1.94 ERA, 1.17 WHIP.
Le bullpen deviendra l’arme redoutable des Astros en postseason ! 0.83 ERA en 51.1 manches lancées, .126 à la batte pour les adversaires, 0.75 WHIP ! Illustration de cette masterclass, Bryan Abreu aura assuré en octobre et novembre 11.1 manches en 10 matchs, pour une ERA de 0.00, 4 BB et 19 K !

Le pitching a toutefois pu s’assoir sur un run support confortable assuré par une attaque foudroyante : 12ème en AVG, mais 7ème en OBP, 7ème en OPS, 4ème en HR. A la tête de cette attaque imperturbable, un trio de 3 all-stars et MVPable en puissance :
Le cubain Yordan Alvarez (37 HR, 7 RBI, .306AVG, .406 OBP, 187 OPS+) termine 3ème pour le titre de MVP. L’outfielder US et gold glove, Kyle Tucker, produit 30 HR, 107 RBI, 25 bases volées (!) à .257 AVG. Enfin Jose Altuve, silver slugger pour la 6ème fois, all-star pour la 8ème fois, et 5ème pour le titre de MVP, finit avec une saison très complète : 103 runs, 28 HR, 57 RBI, 18 bases volées, une OPS+ de 160, et à .300 à la batte.
Derrière ce trio impressionnant, on n’oubliera pas la très belle saison d’Alex Bregman : 23 HR, 93 RBI, .366 OBP (seulement 77 K et 87 BB !). Il aura souffert lors de la première partie de saison avant d’exploser, en produisant la moitié de ses stats de saison sur les 67 derniers matchs. Houston aura, par ailleurs, réalisé quelques coups d’éclats lors de la trade deadline en mettant la main sur le très apprécié Trey Mancini et le catcher porto-ricain Cristian Vazquez, afin de compléter un dugout quelque peu désert.
Dusty Baker avait alors toutes les cartes en main pour enfin les mettre sur ce trophée qui lui échappe depuis tant d’années. Lors des ALDS, les Astros sweeperont sèchement les Mariners, adversaires pour le titre de la division. Puis en ALCS, les Yankees subiront le même sort : un sweep en 4 manches.
La suite ? Des World Series légendaires lors des 4 premières rencontres (2-2) avant que Houston n’étouffe tout suspense lors des games 5 et 6. Le légendaire et vénérable Dusty Baker, 3884 matchs en 25 ans de service dans 5 dugouts différents, qui a vu à deux reprises ce trophée lui passer sous le nez, ne regardera pas Kyle Tucker réaliser le dernier out sur une fly ball en foul territory. Houston peut parader, l’affront de 2017 est lavé. Le règne peut enfin continuer.
Qu’attendre en 2023?
Les Astros ont débuté l’offseason en prolongeant d’une saison Dusty Baker. Impossible de ne pas le maintenir à son poste après un tel succès. Rappelons que Dusty avait accepté la difficile tâche de relancer une franchise en plein marasme à la suite des révélations de triche lors du titre de 2017. Sa notoriété, la sympathie naturelle qu’il dégage, son flegme ainsi que son expérience ont permis à Houston de retrouver ses lettres de noblesse. Il a très vite su faire oublier AJ Hinch et imposer son management, loin de la sabermetrie. Soutenu par tous les joueurs, Baker a très vite été adopté par les joueurs, la ville et les fans des Astros.
James Click, GM recruté pour remplacer le déchu Jeff Luhnow au poste de GM, n’a quant à lui pas été prolongé. En total désaccord avec Jim Crane, il s’inscrivait peu à peu en opposition avec le grand patron ainsi qu’avec Dusty Baker. Le premier écart ? la prolongation de Verlander sur 2 saisons. Il refusa et Jim Crane pris la main sur le dossier. Les signatures de Starling Marte et Liam Hendricks à l’hiver 2022 ? Il les fait capoter alors que la première d’entre elle était déjà annoncée par certains insiders. Bryan De La Cruz, prospect protégé de Dusty Baker ? Il le transfert à Miami. Le releveur gaucher Brooks Raley, chouchou de Baker ? Transféré également. La décision de se séparer de l’ancien assistant des Rays intervient cet été lorsque Crane apprend que son GM va échanger Jose Urquidy pour le bientôt agent libre Wilson Contreras. Le boss texan annonce son veto, scellant quelques mois plus tard le sort de Click.
La coupe est pleine. Jim Crane veut un GM qui travaille à prolonger les Valdez, Javier, Tucker, Garcia ou Abreu en prenant modèle sur les Braves. Bienvenue à Dana Brown, assistant GM d’Atlanta et co-initiateur des dernières prolongations de contrats de génie qui ont eu lieu dernièrement en Géorgie.

Le premier moove de Brown aura été la prolongation de contrat offerte à Cristian Javier : 64 millions seulement pour 5 saisons. D’autres suivront. Car Houston, 4ème ville du pays, n’est pas un gros marché de la MLB. Et pour se maintenir au plus haut niveau, les Astros doivent dénicher des jeunes prospects, les former… et les préserver. Sur les 40 noms du roster élargi, Houston en a formé 25 (!) soit le plus haut total au sein des franchises MLB (seul Cleveland en compte autant). Pour exemple, la rotation 2023 est composée de 6 joueurs, tous issus du farm system maison : Valdez, Javier, Garcia, Urquidy, Brown et McCullers. Quant au lineup “de base”, il est constitué de 6 joueurs “maison” : Altuve, Pena, Bregman, McCormick, Tucker et Alvarez.
Cette stratégie de renouvellement en interne est toutefois déjà mise en place dans le Texas. Seuls 5 joueurs de 2017 étaient présents dans l’effectif de 2022. Et parmi eux, le cubain Yuli Gurriel, qui ne sera pas prolongé. Pour pallier à son absence, les Astros ont cassé la tirelire : bienvenue à José Abreu pour 60 millions sur 3 années ! L’ancien MVP, slugger et joueur clutchissime (.311 AVG en carrière lorsque des joueurs se trouvent en position de scorer) arrive avec une sérieuse envie de gagner enfin un titre. Il s’agit là d’un upgrade très conséquent en première base et qui renforce une attaque déjà très impressionnante.
En 2023, les Astros devront incorporer des jeunes rookies dans leur effectif. Hunter Brown étant le premier dans la rotation. Korey Lee, jeune catcher en devenir de 24 ans, 1st round de la draft en 2019, prendra la place de catcher remplaçant derrière Martin Maldonado. Le porto-ricain, qui a perdu près de 10 kilos cet hiver, est un catcher défensif hors pair et convoité par tous les pitchers. Sa connexion avec Baker est l’une des raisons du succès du pitching staff en 2022.
Le jeune catcher dominicain Yainer Diaz, sélectionné au Rising all-star game 2022, qui, tout comme Lee, a connu quelques at-bat et présences derrière le marbre en MLB la saison passée, pourrait se mêler à la concurrence. On lui loue un slugging et une défense robustes.
L’interrogation du lineup concernera le poste de champ centre. Chas McCormick s’est révélé lors de la postseason avec un catch historique sur une longue fly ball de JT Realmuto sauvant le game 6. Mais il aura connu une saison 2022 moins performante qu’en 2021 . Son seul concurrent, Jake Meyers, aura subi plusieurs blessures l’éloignant des terrains. Signe de la défaillance des Astros en champ, Baker aura du composer avec Aldemys Diaz, infielder de formation et Mauricio Dubon, infielder également, pour jouer en champ. Meyers et McCormick batailleront donc pour ce poste tant convoité. Enfin il faut noter le retour de Mike Brantley, absent depuis mai dernier pour une blessure.
Maldonado au marbre, Abreu, Altuve (absent pour 2 mois suite à une opération au pouce), Bregman, Pena dans l’infield, un champ composé de Brantley, McCormick ou Myers, Tucker et enfin Alvarez en DH : les astéroïdes pourraient continuer de tomber du côté de Houston.
Le monticule reste inchangé si ce n’est le départ de Verlander pour les Mets. Le bullpen lui aussi ne subit aucun changement.
L’homme à suivre : Framber Valdez
En attente d’une prolongation de contrat, le lanceur dominicain endossera le costume d’Ace des Astros en 2023. Sa saison 2022 a été plus que réussie : 31 starts, 2.82 ERA, 201.1 manches, 1.16 WHIP, 3.06 FIP et une série de 25 quality starts, record historique sur une saison MLB.
Framber Valdez est arrivé en MLB en 2018. Il apparaît également en 2019 mais ses problèmes de commandes, notamment sur ses breaking ball, interrogent (5.8 BB9). Il lui faut absolument travailler sur ce point faible. Framber sait qu’il peut bénéficier du soutien du pitching coach d’alors, le sorcier Brent Strom.
En 2020, Valdez trouve enfin comment mieux contrôler ses lancers et passe à 2.00 BB9 (3.00 BB9 en 2022) et passe un cap : 3.57 ERA, 2.85 FIP, 1.12 WHIP. En 2021, son ERA descend à 3.14. Mais lors de cette première saison complète, ses défauts refont surface : 3.9 BB9 et une WHIp qui monte à 1.25.
Framber retravaille alors de nouveau ses lancers et cela porte ses fruits. En 2022, sa curveball devient inatteignable pour ses adversaires : utilisée 28% du temps, d’une spinrate fulgurante (2848 mpm). L’OBA sur ce lancer est de .146 et le WHIFF% de 45.4 ! Framber s’est doté également d’une cutter, nouvelle arme à son actif : utilisée 10% du temps, l’OBA est sur ce lancer de .118 seulement en 2022 ! Le dominicain connaitra l’an passé sa première sélection au All-Star game, lui qui remportera aussi la confrontation étoilée. Le nouvel ace houstonian a toutefois besoin d’une défense en infield qui assure. Car son % de groundball est très important : 67.4 contre 44.9 pour le reste de la MLB.
Saura-t’il gérer la pression de ce nouveau rôle ? La réponse sera donnée lors des premiers starts mais le joueur n’a jamais paru ébranlé en 2022 ni dans sa carrière. En témoigne son habitude de changer de gant après 4 ou 5 manches afin de déstabiliser l’adversaire (remember les Phillies en Worldseries !).
La Star : Yordan Alvarez
Une saison tronquée par des blessures aura très vite eu raison de lui dans la course au nombre de Home Runs qu’il avait initiée avec Aaron Judge. Début juillet, le géant cubain en comptait 26 (29 pour Judge) avant de devoir se mettre au vert pour une blessure au poignet. Son retour en août (.234 AVG, 1 HR sur ce mois) le mettra hors course… pour le plus grand bonheur de ses coéquipiers. Car libéré de cette pression Yordan Alvarez va retrouver son batting en septembre (.355 AVG !, .677 SLG) et continuera lors de la postseason ! Il réalisera un walk off 3 run HR magistral lors du game 1 des ALDS pour sauver les Astros du piège tendu par les Mariners.
Mais Yordan Alvarez va également évoluer de plus en plus en champ gauche lors de la saison 2022. Les blessures de Mike Brantley et les difficultés de Trey Mancini à évoluer à ce poste chez un contender vont contraindre Dusty Baker à faire évoluer son slugger en défense. Sa WAR défensive est négative mais il devra pourtant s’améliorer car il devrait évoluer encore un peu plus à ce poste en 2023. Baker veut en effet préserver Brantley, sur le retour.
Âgé de 25 ans, Alvarez a prolongé pour 6 ans et 115 millions de dollars en juin dernier. Il s’agissait en 2022 de sa deuxième saison complète après n’avoir connu qu’une moitié d’année en 2019 et une saison blanche en 2020 pour blessures. Blessure est un mot qui revient assez régulièrement lorsqu’on évoque le DH cubain. C’est sans doute un sujet sur lequel les Astros devront se pencher : doit il est protéger en évoluant uniquement en DH ou doit il jouer en champ gauche afin de préserver le vieillissant Mike Brantley ?
On espère tous une saison pleine pour Alvarez qui pourrait une nouvelle fois s’inscrire dans le Home run derby 2023 et pour le titre de MVP !
Prono
Les Astros ont certes perdu Justin Verlander mais la rotation est encore très relevée. Quant au bullpen, il s’agit sans doute du plus redoutable de toute la MLB. Enfin le lineup, l’un des plus impressionnants en 2022, est complété par le slugger MVP de 2020 et all-star José Abreu. Enfin, les Astros pensent avenir avec des jeunes rookies en devenir à qui des responsabilités sont données.
Difficile donc d’imaginer les Astros se faire déstabiliser par un adversaire direct de la division. D’autant plus que leur calendrier 2023 est jugé comme le deuxième “schedule” le plus simple derrière celui des White Sox selon fangraphs.
Prono TSO : 100 victoires – 62 défaites