2023 va être la troisième saison de Steve Cohen comme propriétaire de la franchise du Queens. Une troisième saison sonnant le début de la fenêtre de victoire en WS promise par Tonton Steve. Une troisième saison charnière, durant laquelle les New Yorkais devront prouver à la ligue que l’argent fait vraiment le bonheur, et pas seulement en saison régulière.
Saison 2022 : Pour une poignée de dollars
On a déjà fait le tour de la question un peu ici et là. Mais tout de même, rafraichissons nous la mémoire.
Les Amazin’ sont entrés dans la saison 2022 tout flingues dehors.
L’embauche d’un GM, Billy Eppler, et d’un manager de classe mondiale, Buck Showalter, très tôt dans l’intersaison, envoie un signe fort aux suiveurs : Tonton Steve va mettre les moyens, et dans tous les domaines du club, pour arriver à son objectif.

Fort d’un recrutement 5 étoiles, les nouveaux lanceurs Chris Bassitt et Max Scherzer propulsent la rotation au sommet de la ligue. Et l’alignement agrémenté de Starling Marte et Mark Canha promet de la puissance, et de la protection pour Alonso et Lindor.
Et pourtant, au milieu des blessures et méformes, ce sont deux jeunes de la maison qui entament la saison et font des étincelles.
Au sortir du Spring Training, Jacob deGrom et Max Scherzer blessés, c’est le jeune Tylor Megill qui démarre pour l’Opening Day. Et son mois d’avril est fantastique à 4-0 et 1.93 ERA. C’est aussi le lanceur partant lors du no-hitter combiné face aux Phillies le 29 avril.
Le reste de sa saison sera quelconque, pas mal de blessures ralentissant sa progression. Mais l’essentiel est là, la profondeur existe dans la rotation, l’option David Peterson (19 départs, 3.86 ERA) étant aussi disponible.
Un printemps et un été quasi sans nuages, avec un alignement performant sans être dominateur pousse le front office à être prudent à la trade deadline. Malgré un manque de performance offensive de James McCann (receveur titulaire) et des différentes options en DH (Dominic Smith, JD Davis), seul Daniel Vogelbach et Darin Ruff viendront remplacer le départ de JD Davis et Patrick Mazeika (C).

Ce manque d’impact au poste de C et de DH s’avérera être le dernier clou dans le cercueil des ambitions New Yorkaises.
En effet, au fur et à mesure que le money time de la saison s’est approché, la fébrilité s’est installée dans les rangs. Au coude à coude avec les Braves à l’entrée du mois de septembre, les pensionnaires du Citi Field se sont pris les pieds dans le tapis, perdant série après série face à des équipes inférieur à .500 de victoires. Et le dernier weekend de septembre, décisif pour l’attribution de la NL East, a montré le chemin qui sépare encore une équipe en construction face à une machine championne en titre. Les Mets finiront donc à égalité avec les Braves (101-61) mais deuxième de la division, les confrontations directes étant favorables aux Géorgiens.
Cette deuxième place s’avérera être fatale. Les Mets sont obligés de passer par la Wild Card, au meilleur des 3 manches face aux Padres. Des Californiens qui arrivent en pleine bourre, fort d’une fin de saison en boulet de canon, face à des Mets pas prêt mentalement, trop heureux d’être en postseason, à l’instar d’un PSG sortant de groupe de Champions League.

Les New Yorkais prennent le bouillon, s’inclinant 2 matchs à un et devenant ainsi la première équipe à plus de 100 victoires en saison régulière à s’incliner en Wild card depuis l’instauration des divisions séries en 1995.
Le positif de la saison ? L’argent fait quand même un peu le bonheur. Malgré l’élimination, les performances individuelles sont excellentes pour beaucoup de joueurs.
Scherzer (11-5, ERA 2.29, WAR 5.2) sort de la discussion pour le Cy Young à cause de ses blessures. Carrasco (15-7, ERA 3.97) et Walker (12-5, ERA 3.49), sans être brillants, font de solides 3 et 4, derrière un Chris Bassitt fidèle à sa réputation de mangeur d’innings fiable et performant (15-9, ERA 3.42 en 182 manches)
Si le bullpen semblait fragile, Ottavino, Lugo et Givens ont apporté de la stabilité. Et que dire des performances d’Edwin Diaz, Closer de l’année en NL (32sv, 1.31ERA en 62 manches). Devenant incontournable tant sur le terrain qu’en dehors.
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Et l’alignement me diriez-vous ? Il va bien. Quand on peut se targuer d’avoir le tenant du batting title en NL (Jeff McNeil .326), le home run king de NL (Pete Alonso .271; 40 HR, 131 RBI record du club), le shortstop le plus offensif de NL (Francisco Lindor 26 HR, 106 RBI, .270) et des lieutenants au niveau, on pourrait penser que tout va bien. Défensivement, c’est au niveau aussi, avec un Lindor leader de la ligue en Out Above Average (118), Nido, McNeil et le magicien Guillorme finalistes pour un Gold Glove. L’ambiance est bonne et Buck Showalter tire la quintessence de son effectif, étant reconnu par ses pairs avec un 4e titre de manager de l’année.

Et pourtant…
Saison 2023 : Et pour quelques dollars de plus
Ce n’est pas suffisant.
Sans révolutionner ce qui a contribué aux succès de la saison précédente, certains ajustements sont nécessaires, à commencer par les agents libres du contingent.
Et on peut dire que des mesures drastiques ont été prises. Entre Edwin Diaz, Chris Bassitt, Tajuan Walker, Brandon Nimmo, et Jacob deGrom, des choix auraient du être fait pour à la fois améliorer l’équipe (Bullpen, catcher, DH) et rester dans les clous de la luxury tax.
Mais ce n’est pas dans l’esprit de Steve Cohen. La première pierre fut la prolongation record d’Edwin Diaz (102M$ / 5 ans), la plus grande pour un closer, et seulement 2 jours après la fin de la saison. Nimmo (162M$ / 8 ans) et McNeil (50M$ / 4 ans, plus une option 1 an 13.5M$) suivront, récompensant la solidité et l’évolution des talents maison, et envoyant un signe positif à tous les prospects, après des années d’instabilités dans les équipes de ligues mineures.

La prolongation prioritaire, et rapide de Diaz, a du être une pierre dans le jardin de deGrom. Et le fait qu’il n’ait pu être au sommet de sa forme depuis 3 saisons a écorné son aura auprès du front office. C’est donc avec regret, mais finalement sans surprise, que les fans voient partir deGrom chez les Rangers. Ce départ marque la fuite des titulaires, Bassitt signant aux Blue Jays et Walker chez les Phillies.
Qu’a cela ne tienne, Tonton Steve a sorti le chéquier cet hiver pour reconstruire la rotation. et on peut dire que celle-ci a belle allure :
- Justin Verlander, Cy Young AL 2022, toujours vert du haut de ses 40 ans, et de nouveau réuni avec son compère des Tigers, Max Scherzer – 87M$ sur 2 ans
- Jose Quintana, 26M$ sur 2 ans, qui sortait d’une excellente saison chez les Pirates et les Cards. Malheureusement, une blessure aux côtes va le tenir éloigné pour au moins 3 mois.
- Kodai Senga, 75M$ sur 5 ans, ace de la rotation des Fukuoka SoftBank Hawks en NPB. 7 saisons titulaires (2.61ERA,), All-Star, champion, Gold Glove,… Sa fastball atteint 99 mph et sa “Ghost Fork” est sur tous les réseaux sociaux. Mais comment va-t-il s’adapter ?
Le bullpen, pourtant composé de lanceurs qui ne sont pas des trompettes, est aussi renforcé avec les arrivées David Robertson et Brooks Raley, compensant les départs de Seth Lugo aux Padres, de Trevor May aux A’s et de Mychal Givens chez les O’s. Des arrivées de qualité, Raley (ERA 2.68, FIP 2.74, 6 save) sortant d’une bonne saison chez les Rays et Robertson (ERA 2.70, FIP 3.71) faisant parti des releveurs de haut niveau de la ligue. Son passé de closer chez les Yankees et White Sox sera un atout pour remplacer Edwin Diaz, out pour la saison.

Il y a un domaine qui n’a pas été atteint par la fièvre acheteuse de tonton Steve. C’est l’alignement. Même si cela aurait pu prendre une autre tournure avec l’imbroglio Carlos Correa, le batting order n’a finalement pas été modifié, en tout cas très peu.
Exit James McCann (.196, 3HR, 18 RBI en 61 matchs) dont les contre-performances offensives depuis son arrivée dans le Queens ont eu raison de son poste. A cette place de receveur, pour un niveau d’attaque équivalent, le management préfère miser sur Tomas Nido (.239, 3HR, 28 RBI en 98 matchs) et le nouveau venu Omar Narvaez, tout deux plus efficace défensivement. La venue de Narvaez, vénézuélien et reconnu pour ses qualités de communication, est un pas de plus vers l’intégration du top prospect Francisco Alvarez, vénézuélien aussi et receveur, dans le roster principal.

Alvarez donc, et ses comparses de triple A, Mark Vientos, Ronny Mauricio et Brett Batty, auront comme principal souci de venir challenger les titulaires du poste de DH, Daniel Vogelbach (.255, 6 HR, 25 RBI en 55 matchs) et Darin Ruff (.152, 0 HR, 7 RBI en 28 matchs), qui n’auront donc pas le loisir de répéter leur médiocre saison 2022.
Et comme une saison des Mets n’en est pas une sans drama et séjour des titulaires sur l’IL, une poignée de bench players ont été signé pour ajouter de la profondeur à l’alignement, avec en tête de liste un Tommy ” Fantasy Baseball” Pham qui sera la 4e option dans l’outfield fragile des New Yorkais. L’absence de Marte en fin de saison dernière et l’alerte blessure avec Nimmo ce printemps abondant dans ce sens.
Reste à voir comment la situation va évoluer en ce début de saison, notamment au niveau du closer, pour voir si quelques prospects seront sacrifiés pour un lanceur de relève (Bednar, Bard,…).
Le bon, la brute et le truand

Il est tout cela à la fois. Max Scherzer, Mad Max comme il déteste qu’on l’appelle, peu s’avérer être une personne très différente selon l’angle choisi pour l’aborder.
En tant que co-équipier, c’est un bon gars. Pas avare de conseils pour ses collègues lanceurs, il ne rechigne pas non plus à encourager et donner de la voix depuis le banc, étant un relais apprécié de Showalter. Sa signature au cours de l’hiver 2021-22 fut essentiellement pour son talent, et aussi pour ce leadership positif manquant au clubhouse des Mets.
Son séjour de rééducation en Triple A en juin dernier restera dans la mémoire des gars présent ces jours-là. Alors que la plupart des vétérans en rééducation dans les mineurs payent un repas à l’équipe (Chick-fil-A par exemple pour deGrom et sa carte de fidélité), Max a poussé les potards à 11. Le premier soir, l’équipe a eu droit à un repas dans un “gourmet” steackhouse, avec rib-eye et homard. Déjà pas mal. Puis d’ajouter une paire d’Airpods pour chacun des joueurs, en remerciement de son séjour. Mad Max ? Plutôt Good Max.
Etre adversaire de Scherzer, c’est faire face à la brute. Il n’est pas nécessaire de refaire l’historique des sorties du triple Cy Young, elles sont toutes disponibles facilement sur Youtube. Mais Scherzer peut aussi être brutalement honnête dans ses analyses de performances. Avec lui-même, reconnaissant ses fautes et ses excès de confiance, mais aussi avec son équipe. Son analyse de sa gestion par les Dodgers en postseason 2021, ou la fin de la saison dernière sont des cas de public relations où la langue de bois aurait été utilisé dans 99% des cas. Pas par Bad Max
“This is a kick in the balls.”
— B/R Walk-Off (@BRWalkoff) October 10, 2022
-Max Scherzer on the Mets’ playoff result 😅 @SNYtvpic.twitter.com/RGSgVfUuz1
Programmé pour démarrer lors de l’Opening Day, Max est de facto le leader de la rotation (sympa de la part de Verlander). On peut donc s’attendre à plus de Good, Bad & Ugly Scherzer cette saison.
Prono
Il est clair que l’objectif de la saison des Mets sont les World Series. La victoire en World Series. Et que tout autre résultat commencera sérieusement à faire grincer des dents Steve Cohen.
Bien que la stabilité soit de mise dans l’alignement, la rotation pose des questions. L’âge des stars va-t-elle poser problème ? L’adaptation de Senga sera-t-elle optimale pour en faire un n°3 fiable ? Quintana out, qui de Megill et Peterson ?
Ce sont de potentiels obstacles, en plus des inhérents Mets-problems, qui feront le sel d’une saison charnière pour l’organisation.
Prono TSO : 99-63, 1er NL East

Super article 👍 c est loin d être gagné pour les Mets tout ça 😁👍
Comme tous les ans, la même rengaine. Mais avec des attentes beaucoup plus hautes depuis 2 saisons