Alors que la stabilité de l’effectif pouvait permettre aux Bostoniens de viser les playoffs, la saison 2022 s’est avéré être négative, au sein d’une AL East ultra-dense. Après une intersaison à rebondissement, l’effectif qui devrait être aligné pour l’Opening Day 2023 n’est pas inconnu, mais il va falloir quelques jours pour s’habituer aux changements. Et ceux-ci devront être efficaces sous peine d’agacement des propriétaires et des fans.
Retour sur la saison 2022 :
Comme pour toute les franchises, la saison morte bloquée par le lock-out et un Spring Training réduit ont quelques peu perturbés la préparation de l’équipe. Mais la saison ne commence pas trop mal, maintenant la barre à 50% de victoires durant les premières semaines.
Juin arrivant, les fans ont eu un aperçu du potentiel de l’équipe à 100%. Un mois à 20-6, à surfer sur la réussite du pitching staff. Hélas, le cœur de l’été sera médiocre pour les bostoniens, avec notamment la méga fessée reçue à Fenway Park le 22 juillet. Les Blue Jays infligent un 28-5 historique, avec le plus grand nombre de runs alloués par une équipe des Red Sox dans l’histoire. Et, cumulés aux 2 précédentes défaites face aux Yankees, donne un différentiel de -47 runs sur 3 matchs, ce qui est aussi un record.

Malgré de nombreux échanges à la trade deadline (Christian Vazquez, Jake Diekman, Jay Groome out, Tommy Pham, Eric Hosmer, Reese McGuire in) et un record permettant d’espérer accrocher une Wild Card pour le nouveau format de playoffs étendu, la poisse s’abat sur l’équipe, perdant sur blessure, pour la fin de saison tour à tour Chris Sale (9 août – starter), James Paxton (22 août – starter), Tanner Houck (3 septembre – closer), Garrett Whitlock (20 septembre – starter/relève). S’ajoute à cela l’envoi en mineurs de Jackie Bradley Jr (OF, moy .210, 3 HR, 29 RBI en 91 matchs) et de Kevin Plawecki (C, moy .217, 1 HR, 12 RBI en 60 matchs).
Les travées se vident à Fenway Park, et l’exigeant public bostonien commence à demander des comptes à Chain Bloom et Alex Cora… Les promesses d’avant-saison peinent à se concrétiser, le pitching staff est un éternel chantier, et le manque de production offensive en première base plombe clairement le club.

Dans cette saison Jeckyll & Hyde, difficile de ressortir du positif pour une équipe à 2 victoires des WS un an plus tôt.
Adoptant une rotation à 6 titulaires, seuls deux d’entre eux ont un nombre de victoires à 2 digits (Pivetta 10, Wacha 11). Preuve de cette saison à double face, Nick Pivetta a également battu son record avec 12 défaites. L’ERA moyen de la rotation des titulaires est la 25e de MLB (4.53), ce fut la 5e équipe de la ligue accordant le plus de hits, la 7e en terme de HR alloués, la 10e pour les walks alloués et toujours sous la moyenne de la ligue concernant toutes les autres statistiques (ERA+, FIP,…). Les motifs de satisfaction sont plutôt à aller chercher du côté du bullpen. Garrett Whitlock et Tanner Houck en tête. Si tous n’a pas été rose, les manches fournies par John Schreiber et Sawamura furent de qualité au milieu du marasme de lanceurs ayant occupés à un moment le banc du bullpen (32 lanceurs utilisés)
Tanner Houck is a finalist for the PitchingNinja Filthiest Slider of the Year Award. 🏆 pic.twitter.com/FlMOIsIVwI
— Rob Friedman (@PitchingNinja) October 16, 2021
Si dans le lineup, les points positifs sont plus nombreux, ils ne sont pas pléthores non plus. En dehors des locomotives que furent Xander Bogaerts (moy .307, 15HR, 73 RBI, 171 hits en 150 matchs) et Rafael Devers (moy .295, 27 HR, 88 RBI, 164 hits en 141 matchs), le reste de l’alignement à été dans la veine de l’équipe, moyen. JD Martinez, dont l’âge a commencé à se faire sentir, Trevor Story, transitionnant de SS en 2B et Kiké Hernandez ont été moins en réussite que la saison précédente.

Alex Verdugo a su maintenir son niveau, mais il est à un âge où son potentiel doit commencer à vraiment s’exprimer. Mais le flop vient de la 1B. Promise à Bobby Dalbec, le désormais plus trop jeune a produit une saison pourrie (moy .215, 15HR, 38 RBI en 117 matchs), ce qui a été le cas de tous les joueurs essayés à ce poste. Franchy Cordero, Triston Casas, Eric Hosmer ont tous subis la malédiction de la first base en 2022.
Ces problèmes de première base mettent en exergue un contretemps dans la stratégie du front office bostonien : le développement des prospects.
N’ayant pas décider d’investir dans le marché des agents libres (à part Trevor Story, pour calmer le public après le départ de Betts), on peut s’attendre à ce que le farm system finisse par produire des remplaçants. Que nenni ! A part Rafael Devers, qui est dans un monde à part, et les 2 lanceurs Whitlock et Houck, tous les talents maisons ont stagnés ou bien souvent régressés au cours de la saison. Et l’inculsion de Triston Casas s’est avérée trop rapide, autant que celle de Brayan Bello (2 victoires, 8 défaites, ERA 4.71).
Une saison a oublier dans le Massachussetts.
Saison 2023 : Sur le fil du rasoir
Après le calvaire de 2022, la saison morte était attendu de pied ferme dans le Massachussetts. Et elle n’a pas déçu les fans des Red Sox.
Comme mentionné lors de la précédente preview, le cas Bogaerts a été la question épineuse de l’intersaison. Ayant décidé de s’affranchir de sa dernière année de contrat pour tester le marché des agents libres, il a signé chez les San Diego Pardres (11 ans, 280M$). Le shortstop parti, le dossier suivant était celui de Nathan Eovaldi. Le lanceur au club depuis 2018, a fourni de solides saisons au Red Sox et s’attendait peut être à faire fructifier cela sur le marché. Bingo (pour lui), il renforce la toute nouvelle rotation des Rangers (2 ans, 34M$).

A l’instar de la saison précédente, Chain Bloom se retrouve dans une position précaire vis à vis de sa fan base et de ses propriétaires. Les fans lui reprochant d’être mou et de ne rien faire pour garder les chouchous au club (Betts, Price, Bogaerts, Eovaldi, Vasquez), ses propriétaires lui mettant la pression car eux pensent qu’ils dépensent beaucoup pour peu de résultats. Selon certaines estimations, le roster de 40 joueurs coûte autour de 225M$, ce qui les placent autour de la 10e équipe la plus dispendieuse.
Comme c’est le cas depuis plusieurs saisons, la rotation est toujours en “construction”. Entre les blessures et méformes des titulaires ces dernières années, il est difficile de pointer un ace dans cette rotation. 5 ans en arrière, la signature de Corey Kluber s’ajoutant à Chris Sale et James Paxton auraient placé la rotation des bostoniens au top de l’AL. Cette saison, les 3 anciens semblent sur la pente descendante, le front office espérant qu’ils retrouvent de leur superbe. L’essentiel du travail sera de nouveau sur les épaules de Nick Pivetta et des trois talents maisons, Brayan Bello, Garrett Whitlock et Tanner Houck.
Avec la possibilité de lancer Houck et Whitlock dans la rotation des titulaires, le bullpen a été renforcé lui aussi via la free agency, amenant Joely Rodriguez (Mets), Chris Martin (solide en 2e partie de 2022 chez les Dodgers) et Kenley Jansen, l’un des meilleurs closer des 10 derniéres années (on surveillera son mouvement de lancer en 2 phases, qui risque de faire tousser sous la nouvelle règle du pitch clock).
Et ce qui été attendu par tout le peuple bostonien est enfin arrivé. Rafael Devers s’est vu prolongé au club pour 11 ans et 330M$. Et pour essayer de protéger Devers dans l’alignement après les départs de Martinez et Bogaerts, Justin Turner (Dodgers) et Masataka Yoshida (ORIX Buffaloes).

Si l’arrivée de Turner peut être vu comme un échange standard avec JD Martinez (âge, position DH, stats), le pari semble plus risqué avec Yoshida, un des frappeurs les plus réguliers de NPB ces 5 dernières années, mais dont on ne saura qu’après les premiers mois si l’adaptation prend.
Enfin, au rayon des arrivées significatives, on relèvera celle d’Adam Duvall, ancien leader de NL en RBI et Gold Glove en 2021, et celle du rapide Adalberto Mondesi, qui est clairement un pari sur l’incitation à voler les nouvelles bases plus larges.
Tout cela aurai été bien beau si Trevor Story, la signature star de la saison dernière, ne doivent pas se faire opérer du Tommy John. Saison out, et le problème de savoir qui mettre en shorstop. Si le polyvalent Kiké Hernandez devrait remplir le spot régulièrement, permmettant à Jarren Duran de parfaire son développement dans l’outfield, le probleme de la profondeur de l’effectif en infield se posera. Et va fatalement influer sur le développement des prospects, Marcelo Mayer en tête. On a vu la saison dernière les résultats obtenus en faisant jouer les jeunes trop tôt, trop longtemps.
Le joueur à suivre (et la star ?) : Chris Sale

The Conductor se sait épié cette saison. La 4e année de son contrat (5 ans, 145M$) commence et pour le moment, cela a été un désastre. Pour le front office, pour les propriétaires, pour le public.
Entre 2019 et aujourd’hui, Sale a lancé un total de 195 manches en MLB. 2019 a été réduit à cause d’une inflammation du coude. 2020, la courte saison Covid, a été raccourcie à rien avec la chirurgie pour son Tommy John. La rééducation lui a permit de revenir pour 9 départs en 2021. Enfin, 2022, 5 manches lancées, suite à :
- Fracture de fatigue des côtes, lors d’un batting practice avant le Spring Training
- Fracture du doigt en juillet sur une comebacker du Yankee Aaron Hicks
- Fracture du poignet après une chute à vélo en août
Sale est un lanceur qui ne manque pas de confiance et de panache. Sa 9e manche du match décisif face aux Dodgers lors des WS’18 parle pour lui. Il a toujours eu cette attitude du gars qui arrive et qui sait ce qu’il va faire, comment, quand, puis ne se retourne pas quand tout explose.

Cette année n’est pas en reste, amenant cette confiance au Spring Training, assurant que les Red Sox ont du caractère, et qu’ils sont là pour faire du bruit dans l’AL East. Dans une équipe qui a perdu ses leaders, c’est nécessaire d’avoir ce type de joueur. Mais une petit phrase en a dit long sur la “nouvelle” approche de Sale pour 2023. Quand un journaliste lui a demandé s’il est dans une position où il doit prouver qu’il vaut son contrat, sa réponse est brutalement honnête
I wouldn’t necessarily say proving a contract, as much as I need to live up to what I need to be for my teammates, for my coaching staff, the fans, for our owners … I was given that (contract) to do a job, and I haven’t done that. It has eaten me alive.”
Chris Sale, Spring Training media daySeeing Chris Sale smile after all the shit he’s been through the last few years. Can’t beat it. https://t.co/ADfBYLk0Wg
— Jared Carrabis (@Jared_Carrabis) March 6, 2023
En gros, il n’a pas été à la hauteur des espérances placées en lui et ça le bouffe de l’intérieur. En 2023, Chris Sale a besoin de redevenir le lanceur dominant qu’il fut.
- Pour remonter le moral des fans des Red Sox. Betts et Bogaerts ont été recruté, formé et ont gagné pour Boston. Mais ne sont plus là.
- Pour montrer aux propriétaires que l’investissement dans de gros noms peut être bénéfique pour l’équipe.
- Et pour prouver à lui même que les espoirs portés en lui étaient justifiés. Et pouvoir se projeter sur les prochaines saisons.
Pronostic :
Saison qui sera encore de transition, le management sera tout de même sous pression pour accrocher une Wild Card. Le manque de profondeur de l’effectif risque d’être rédhibitoire dans le sprint final.
Prono TSO : 4e de l’AL East, 85-77
Une réflexion sur “Preview 2023 : Boston Red Sox, ça passe ou ça casse”